Au Liban, le volontarisme courageux du président Macron

Emmanuel Macron a réussi à mobiliser une aide d’urgence internationale de plus de 250 millions d’euros pour Beyrouth lors d’une visioconférence dimanche. (Christophe SIMON/POOL/AFP)
Emmanuel Macron a réussi à mobiliser une aide d’urgence internationale de plus de 250 millions d’euros pour Beyrouth lors d’une visioconférence dimanche. (Christophe SIMON/POOL/AFP)
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Publié le Lundi 10 août 2020

Au Liban, le volontarisme courageux du président Macron

  • Le président français a été profondément ému par la colère d’une population venue lui crier sa haine et sa révolte contre un pouvoir politique libanais incompétent et corrompu
  • Macron a dit à son entourage avoir confiance dans l’avenir du Liban, et a probablement demandé à Donald Trump de desserrer la pression sur le Liban, liée au Hezbollah

PARIS: A peine revenu de son voyage éclair au Liban, Emmanuel Macron a réussi à mobiliser une aide d’urgence internationale de plus de 250 millions d’euros pour Beyrouth lors d’une visioconférence « pour l’avenir » du Liban, afin de soutenir le pays - dévasté par l’explosion des 2700 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans un hangar du port de Beyrouth - ainsi que la population libanaise, gravement touchée par l’explosion.

Le président français a été profondément ému par la colère d’une population venue lui crier sa haine et sa révolte contre un pouvoir politique libanais incompétent et corrompu. Il s’est attelé à consulter, réfléchir et travailler à aider à une solution politique, et est bien décidé à agir vite et avec efficacité. C’est d’ailleurs ce qu’il a demandé aux représentants des 38 pays réunis autour de la table de la visioconférence dimanche.

Dès son retour à Paris, il s’était attelé à appeler le président américain Donald Trump pour le convaincre de ne pas déserter la scène libanaise, et de faire le jeu de l’Iran et du Hezbollah qui n’attendent que ça. Il a également invité le président américain à se réengager au Liban aux côtés de la France et d’autres pays arabes. La relation de confiance que le président Macron a su établir avec un président américain avec qui il est souvent difficile de traiter, permet à Macron de pouvoir faire passer des messages et parfois même de convaincre, comme cette fois-ci.

Le président français est en tout cas pleinement conscient du désarroi de la population libanaise qui met beaucoup d’espoir en lui. Il a déambulé courageusement jeudi dernier dans le quartier de Gemmayzé, à Beyrouth, pouvant ressentir le désespoir de la population qui a hurlé sa haine contre la classe politique. Avant son passage dans ce quartier atteint par l’explosion, aucun homme politique libanais n’avait osé s’y aventurer.

 Une visite qui fait penser à celle du président Jacques Chirac à Bab el Oued, dans la capitale Alger dévastée par un tremblement de terre, et où Chirac avait entraîné le président Abdelaziz Bouteflika dans un quartier qu’il n‘avait pas eu le courage de visiter seul. Les Algériens avaient alors crié leur colère à Chirac et demandé des visas pour la France, un peu comme les Libanais à Gemmayzé qui, eux, ont demandé à Emmanuel Macron de les débarrasser du président Michel Aoun et de le ramener en France où il a vécu en exil. Certains ont même exprimé leur souhait d’un retour du mandat français au Liban !

Tenter de desserrer les pressions sur le Liban

Alors que le pays s’enfonce dans la crise, une série de démissions de députés et de ministres libanais ont signalé la fin imminente du gouvernement de Hassan Diab qui vient de jeter l’éponge, un cabinet qui a brillé par sa nullité et son incompétence. L’économie et les finances du pays sont effondrées. Malgré cela, Macron veut aider et pousser au changement avec la vigueur et l’optimisme de sa jeunesse. Il a dit à son entourage  qu’il avait confiance dans l’avenir du pays et qu’il ne voulait pas rester les bras croisés.

Il propose ainsi que les experts de la banque de France fassent l’audit de la Banque du Liban pour faire avancer des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), seule solution pour rétablir les finances du pays. Il souhaite également pour le Liban un gouvernement capable d’accomplir les réformes, un gouvernement qui réponde aux aspirations du peuple. Comment cependant résoudre le problème du Hezbollah, allié de l’Iran qui domine la politique libanaise ? A Beyrouth, le Hezbollah est faiseur de présidents, de ministres et détient la décision de maintenir la paix ou de déclencher la guerre, et Emmanuel Macron le sait bien. Pourra-t-il convaincre le parti chiite de laisser se former un gouvernement indépendant, capable de restaurer l’économie du Liban ?

Sur ce plan, le président français a probablement demandé à Donald Trump de desserrer la pression sur le Liban liée au Hezbollah, bien que ce parti ne fasse qu’exécuter la politique des régimes iranien et syrien. Pour mémoire, Macron avait déjà tenté d’œuvrer à une rencontre entre le président américain et le président iranien Rouhani en marge de l’Assemblée générale des Nations-Unies. A l’époque, Rouhani n’était pas venu au rendez-vous fixé dans un hôtel à minuit par le président français, sur ordre du Guide suprême iranien. Les Iraniens, « marchands de tapis » qu’ils sont, ne feront pas beaucoup de concessions sur le Liban, une carte importante, qu’ils contrôlent à travers le Hezbollah. Mais le président français table peut-être sur le fait qu’un Liban dévasté, appauvri et effondré n’est pas dans l’intérêt du parti chiite libanais qui, néanmoins, fait passer l’intérêt de l’Iran en priorité.

Emmanuel Macron retournera au Liban le 1er septembre pour célébrer le centenaire de la déclaration du grand Liban par le général Gouraud, avec des idées qu’il aura mûries pour tenter d’amorcer ce changement politique souhaité. La tâche est ardue, certes, mais qui ne tente rien n’a rien. Après tout, Emmanuel Macron a bien promis aux libanais « qu’il ne les lâcherait pas. »


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.