Libye: les dates-clés depuis l'insurrection contre Kadhafi en 2011

Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale (GNA) de la Libye, assiste à une cérémonie d'allumage de la torche sur la place des Martyrs à Tripoli, la capitale, à la veille du 10e anniversaire de la révolution, le 16 février 2021. (AFP)
Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale (GNA) de la Libye, assiste à une cérémonie d'allumage de la torche sur la place des Martyrs à Tripoli, la capitale, à la veille du 10e anniversaire de la révolution, le 16 février 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 17 février 2021

Libye: les dates-clés depuis l'insurrection contre Kadhafi en 2011

  • Le 19 mars, une opération est lancée par Washington, Paris et Londres après un feu vert de l'ONU, avant que l'Otan n'en prenne les commandes fin mars
  • Celui qui a gouverné la Libye pendant 42 ans et qui insultait les "rats" ayant osé se soulever contre son pouvoir a été capturé rampant dans un égout en bord de route avant d'être tué

Dix ans après le soulèvement appuyé par l'Otan qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est toujours minée par les luttes de pouvoir, divisée entre deux autorités rivales, sur fond d'implications étrangères.

Répression sanglante 

Le 15 février 2011, dans le sillage du Printemps arabe, la police disperse par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, deuxième ville de Libye (est), et des affrontements opposent manifestants et forces de l'ordre.

La contestation se transforme en insurrection, sévèrement réprimée (des milliers de morts).

Le 19 mars, une opération est lancée par Washington, Paris et Londres après un feu vert de l'ONU, avant que l'Otan n'en prenne les commandes fin mars.

Le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, va s'imposer peu à peu sur la scène internationale.

Le 20 octobre, Mouammar Kadhafi, en fuite depuis la chute de Tripoli aux mains des insurgés, est tué près de Syrte, sa région d'origine à l'est de Tripoli.

Celui qui a gouverné la Libye pendant 42 ans et qui insultait les "rats" ayant osé se soulever contre son pouvoir a été capturé rampant dans un égout en bord de route avant d'être tué.

En août 2012, le CNT remet ses pouvoirs au Congrès général national (Parlement), élu un mois plus tôt.

Ambassades attaquées 

Après des attaques contre les ambassades américaine et française, qui ont causé la mort de quatre Américains dont l'ambassadeur Christopher Stevens et blessé deux gardes français, la plupart des ambassades en Libye ferment.

Les travailleurs étrangers et les représentations diplomatiques sont la cible d'attaques et d'enlèvements par des milices ou groupes jihadistes.

Autorités rivales 

En mai 2014, Khalifa Haftar, proche de l'Egypte et des Emirats arabes unis, lance une opération contre les groupes jihadistes à Benghazi. Plusieurs officiers de la région orientale rallient sa force paramilitaire, autoproclamée "Armée nationale libyenne" (ANL).

En juin, à la suite de nouvelles élections, le Congrès général national est remplacé par un Parlement dominé par les anti-islamistes.

Mais fin août, après des semaines de combats, une coalition de milices s'empare de Tripoli et réinstalle l'ancien Parlement, le CGN, et un nouveau gouvernement.

Le gouvernement en place jusque-là et le Parlement élu en juin s'exilent dans l'Est. Le pays se retrouve avec deux gouvernements et deux parlements.

Fin 2015, des représentants de la société civile et des députés signent à Skhirat (Maroc) un accord parrainé par l'ONU. Le Gouvernement d'union nationale (GNA) est proclamé.

Son chef Fayez al-Sarraj parvient à s'installer à Tripoli en mars 2016. Mais dans l'Est, le cabinet parallèle, soutenu par Haftar, et le Parlement lui sont opposés.

Offensives de Haftar 

Début juillet 2017, Haftar annonce la "libération totale" de Benghazi des jihadistes, après plus de trois ans de combats. Il a pu compter sur le soutien de l'Egypte voisine et des Emirats, avant de se rapprocher de la Russie.

Fin juin 2018, ses forces s'emparent de Derna, bastion des islamistes radicaux et seule ville de l'Est qui échappait à son contrôle.

Début 2019, Haftar se lance à la conquête du Sud désertique. Il s'empare de Sebha, chef-lieu de cette région, et d'Al-Charara, un des plus importants champs pétroliers du pays.

Le 4 avril, il ordonne à ses forces d'"avancer" vers Tripoli.

Implications étrangères 

Début novembre 2019 , The New York Times fait état du déploiement de mercenaires du groupe Wagner, entreprise russe de sécurité privée.

En décembre, un rapport de l'ONU épingle plusieurs sociétés et pays accusés d'avoir violé l'embargo décrété en 2011 en livrant armes ou combattants aux deux camps.

Le 5 janvier 2020, la Turquie annonce le début du déploiement de ses soldats pour soutenir le gouvernement de Tripoli.

Début juin, les forces pro-gouvernementales annoncent avoir pris le contrôle de l'ensemble de l'Ouest, infligeant une défaite cinglante au camp Haftar chassé de son dernier fief dans cette région. 

Cessez-le-feu 

Le 23 octobre, les deux parties rivales signent un accord de cessez-le-feu permanent avec "effet immédiat", après cinq jours de discussions à Genève sous l'égide de l'ONU. Le 26, la Compagnie nationale de pétrole annonce la réouverture du dernier champ pétrolier bloqué.

Le 13 novembre, l'ONU annonce que 75 délégués libyens de tous bords, réunis en Tunisie, sont parvenus à un accord prévoyant "des élections nationales" le 24 décembre 2021.

Le 5 février, les 75 délégués libyens réunis en Suisse désignent l'ingénieur et homme d'affaires Abdel Hamid Dbeibah comme Premier ministre par intérim, aux côtés d'un Conseil présidentiel transitoire de trois membres, pour assurer la transition jusqu'au scrutin de décembre.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Short Url
  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

Short Url
  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.