Pourparlers de crise à Téhéran sur l'ultimatum nucléaire

Le principal négociateur nucléaire iranien Abbas Araqchi assiste à une réunion de la Commission mixte du plan d'action global conjoint (PAGC) à Vienne, en Autriche, le 1er septembre 2020 (Photo, Commission européenne SEE – SEAE/REUTERS).
Le principal négociateur nucléaire iranien Abbas Araqchi assiste à une réunion de la Commission mixte du plan d'action global conjoint (PAGC) à Vienne, en Autriche, le 1er septembre 2020 (Photo, Commission européenne SEE – SEAE/REUTERS).
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Publié le Dimanche 21 février 2021

Pourparlers de crise à Téhéran sur l'ultimatum nucléaire

  • Le directeur général de l’AIEA «se réjouit du succès» concernant l’accord nucléaire
  • Dans son dernier ultimatum, Téhéran a fixé le 23 février comme date limite pour que les États-Unis reviennent au plein respect de l'accord

DJEDDAH: Le directeur général de l’agence de surveillance nucléaire de l’ONU est arrivé samedi à Téhéran pour une réunion de crise, alors que l’ultimatum fixé par l’Iran pour un retour des États-Unis à l’accord visant à freiner le programme nucléaire de Téhéran s’approche.

Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré qu'il « rencontrerait de hauts responsables iraniens dans le but de trouver une solution mutuellement acceptable, compatible avec la loi iranienne, afin que l'AIEA puisse poursuivre les activités de vérification essentielles en Iran ». Il a ajouté: « J'ai hâte de réussir car c'est dans l'intérêt de tous ».

Le Plan d’action global conjoint (PAGC) a été signé en 2015 pour limiter les activités nucléaires de l’Iran en échange de la levée des sanctions économiques. Depuis que l'ancien président américain Donald Trump s'est retiré de l'accord en 2018 et a commencé à réimposer des sanctions, Téhéran a progressivement manqué à ses obligations en vertu du PAGC, en enrichissant de l'uranium à des niveaux de pureté interdits.

Dans son dernier ultimatum, Téhéran a fixé le 23 février comme date limite pour que les États-Unis reviennent au plein respect de l'accord. Sans quoi l'Iran refusera de se conformer à une section du PAGC qui autorise des inspections surprise et instantanées par l'AIEA. Le délai, fixé à l’aide d’une loi adoptée par le parlement iranien, a alimenté l'inquiétude internationale concernant une éventuelle expulsion des inspecteurs de l'ONU.

Rafael Mariano Grossi (à droite), directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, s'entretient avec le porte-parole de l'agence atomique iranienne Behrouz Kamalvandi à son arrivée à l'aéroport Imam Khomeini de Téhéran, en Iran, le 20 février 2021 (Photo, l’Organisation de l'énergie atomique iranienne/AP).

L'Iran a informé l'AIEA qu'elle suspendrait les « mesures de transparence volontaires », en particulier les visites d'inspection sur les sites non nucléaires, et notamment les sites militaires soupçonnés d'activités liées au nucléaire.

« Si l’autre partie n’a pas rempli ses obligations de lever les sanctions, les inspections au-delà des mesures de sauvegarde seront suspendues », a déclaré samedi le chef iranien de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi.

Vendredi, le président américain Joe Biden a exhorté les puissances européennes à travailler ensemble pour freiner les « activités déstabilisantes » de Téhéran. Il a déclaré que « La menace de prolifération nucléaire continue également de nécessiter une diplomatie et une coopération prudentes entre nous. C’est pourquoi nous avons annoncé que nous étions prêts à reprendre les négociations… sur le programme nucléaire iranien ».

Washington insiste sur le fait que Téhéran doit se conformer au PAGC avant d'envisager un assouplissement des sanctions, mais l’Iran maintient que les sanctions doivent d'abord être levées. Dans un geste d'ouverture, l'administration Biden a abandonné la menace d’un accroissement des sanctions proposées par Trump et elle a supprimé les restrictions sur les diplomates iraniens accrédités auprès de l'ONU.

Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei, a confié samedi que la date limite nucléaire de Téhéran ne l’empêcherait pas de réagir à toute action de bonne volonté de la part de Washington.

« Nous prévoyons avec confiance que les initiatives diplomatiques aboutiront à un résultat favorable malgré les querelles diplomatiques, qui est un prélude naturel au retour des parties à leurs engagements, notamment la levée de toutes les sanctions dans un proche avenir », a-t-il assuré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président syrien à la Maison Blanche le 10 novembre

Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
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  • Le président syrien Ahmad al-Chareh sera reçu lundi à la Maison-Blanche par Donald Trump, une première historique qui s’inscrit dans les efforts américains pour la paix mondiale
  • Les discussions porteront sur la levée des sanctions, la lutte contre l’État islamique et la reconstruction de la Syrie, après plus de 14 ans de guerre

WASHINGTON: La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a indiqué mardi que le président syrien Ahmad al-Chareh serait reçu lundi à la Maison Blanche par Donald Trump.

Il sera le premier chef d'Etat syrien à faire cette visite, qui "fait partie des efforts" du président américain "pour la paix dans le monde", a déclaré la porte-parole pendant une conférence de presse.

Elle a rappelé que Donald Trump, pendant un voyage dans le Golfe en mai, avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie, un sujet qui figurera très haut sur l'ordre du jour de la réunion lundi.

Karoline Leavitt a par ailleurs jugé que la Syrie avait fait "des progrès" sur la voie de la paix avec ce nouveau dirigeant.

Ce sera la deuxième visite aux Etats-Unis d'Ahmad al-Chareh après son passage en septembre à l'ONU à New York, où cet ancien jihadiste est devenu le premier président syrien depuis 1967 à s'adresser à l'Assemblée générale.

Selon le ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, la discussion avec Donald Trump portera aussi sur la lutte contre le groupe Etat islamique et sur la reconstruction en Syrie, après plus de 14 ans de guerre.

Le président américain avait dressé en mai un portrait élogieux d'Ahmad al-Chareh, parlant d'un "gars costaud" et assurant que leur première rencontre, qui a eu lieu en Arabie saoudite, s'était "très bien passée".

Il l'avait pressé à l'époque de rejoindre les accords d'Abraham, une initiative diplomatique dont Donald Trump est particulièrement fier, et qui avait vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.


Soudan: le ministre de la Défense affirme que la guerre va continuer

Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
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  • Le ministre soudanais de la Défense, Hassan Kabroun, a annoncé la poursuite de la guerre contre les paramilitaires des FSR, malgré une proposition américaine de cessez-le-feu
  • Depuis la chute d’El-Facher, des exactions massives sont rapportées, tandis que l’aide humanitaire reste bloquée

PORT-SOUDAN: Le ministre soudanais de la Défense a affirmé mardi que la guerre contre les paramilitaires allait continuer, après une réunion gouvernementale qui a discuté d'une proposition américaine de cessez-le-feu.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais sont en cours", a déclaré le ministre, Hassan Kabroun, dans un discours télévisé.

"Nous remercions l'administration Trump pour ses efforts et ses propositions afin de parvenir à la paix", a-t-il dit, tous en affirmant que la guerre était "un droit national légitime".

Aucun détail sur la proposition américaine n'a été rendu public.

Le gouvernement américain "est tout à fait impliqué" pour tenter de trouver une issue "pacifique" au conflit qui ravage le Soudan, a assuré mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, tout en reconnaissant que "la situation sur le terrain est très compliquée".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhane à son ancien allié Mohamed Hamdane Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont pris le 26 octobre El-Facher, dernière ville de la vaste région du Darfour, dans l'ouest, qui échappait à leur contrôle.

Les combats se concentrent désormais sur la région voisine du Kordofan, dans le centre du Soudan, où l'ONU a fait état d'exactions et de déplacements massifs de population ces derniers jours.

- "Incontrôlable" -

Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence, dès maintenant".

"La crise terrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il prévenu, alors que le Conseil de défense et de sécurité présidé par le général Burhane s'est réuni dans la journée pour étudier une proposition américaine de trêve.

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a mené ces derniers jours des entretiens au Caire dans le but de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Le groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions, présentées mi-septembre à Washington, sont restées lettre morte. Jusqu'à présent, le général Burhane a accueilli négativement ce plan prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.

- "Ne tuez pas les enfants" -

Depuis la chute d'El-Facher, après 18 mois de siège par les paramilitaires, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires, documentés par des images satellite et par des vidéos publiées par les combattants eux-mêmes.

Le général Burhane a affirmé sa volonté de "se venger" de la prise de cette grande ville, tandis que le chef des FSR s'est dit déterminé à poursuivre les conquêtes sur le terrain.

Mardi, la représentante de l'ONU en charge des questions humanitaires, Denise Brown, a déploré que la ville d'El-Facher reste "barricadée" et fermée à l'aide humanitaire.

"La livraison d'aide de survie cruciale reste bloquée par les FSR contrairement à leurs obligations à l'égard des lois internationales", a-t-elle déclaré.

Près de 71.000 civils ont fui la ville depuis sa prise par les FSR, certains ayant trouvé refuge à Tawila, à environ 70 km à l'ouest.

"Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes", pouvait-on lire en arabe sur une pancarte écrite à la main lors d'une manifestation lundi d'enfants à Khartoum, la capitale du pays sous contrôle de l'armée.

Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU, se joue sur fond de rivalités régionales.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, d'après des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient leur implication.


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.