Optimisme et prudence à Paris après l’élection des autorités de transition en Libye

Dépouillement des votes désignant le gouvernement de transition libyen, le 5 février en Suisse (Photo, AFP).
Dépouillement des votes désignant le gouvernement de transition libyen, le 5 février en Suisse (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 24 février 2021

Optimisme et prudence à Paris après l’élection des autorités de transition en Libye

  • En dépit d’une coloration kadhafiste indéniable du nouvel exécutif, Paris considère que cette nouvelle période ne démarre pas trop mal
  • Al-Sarraj et Haftar sont appelés à renoncer à leurs alliances douteuses, s’ils veulent éviter que le processus entamé à Genève subisse le même sort que celui de Skhirat en 2015, qui avait été torpillé par les chefs de guerre

PARIS: Après une plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les Libyens entrevoient enfin une lueur d’espoir après l’élection à Genève sous l’égide de l’ONU de nouvelles autorités de transition. Le résultat du scrutin suscite également de l’espoir dans les capitales occidentales, notamment Paris, qui l’a accueilli positivement.

La diplomatie française estime que les élections de Genève sont le résultat d’un processus dans lequel elle s’est impliquée, favorisant un dialogue avec l’ensemble des tendances politiques, ethniques et sociales du pays, ce qui n’était pas arrivé jusqu’ici.

Émaillées de marchandages et de tractations, les négociations de Genève ont fini par aboutir à la désignation d’un président du Conseil présidentiel intérimaire, Mohamed Younes Menfi,  et de deux vice-présidents, Abdallah al-Lafi et Moyssa al-Koni. Abdel Hamid Obeibah a été choisi comme Premier ministre intérimaire.

En dépit d’une coloration kadhafiste indéniable du nouvel exécutif intérimaire, Paris estime qu’il faudra voir à l’œuvre l’équipe fraîchement installée, soulignant que sa tâche sera loin d’être facile. En effet, sa mission consistera à réunifier un pays qui pâtit de divisions énormes, et reste soumis à un jeu d’influences extérieures aux intérêts divergents. La Libye est donc dans une phase de transition qui doit s’achever à la fin de l’année avec l’organisation d’élections législatives.

Mais malgré ces difficultés, Paris considère que cette nouvelle période ne démarre pas trop mal, et que l’équipe intérimaire sera renforcée si elle parvient à accomplir la première tâche qui lui incombe: constituer un gouvernement d’ici au 26 février. Un objectif complexe, dans la mesure où le Premier ministre a fait aux uns et aux autres des promesses difficiles à tenir et souvent contradictoires. Si ce gouvernement était constitué à la date prévue, il devrait ensuite obtenir la confiance du Parlement, dont le président Aguila Saleh est le premier perdant de l’accord conclu à Genève.

Paris, grâce à ses multiples contacts, incite les différents acteurs libyens à s’entendre pour former un gouvernement et plaide auprès de Saleh pour qu’il use de son influence afin que le Parlement vote la confiance au futur gouvernement. Cela suffira-t-il pour autant à résoudre les nombreux problèmes de la Libye? Non, concède Paris, qui estime cependant que certains problèmes pourront commencer à être résolus.

S’il y a un exécutif représentatif et qui fonctionne, il sera possible d’avancer sur un certain nombre de dossiers, en particulier sécuritaires et économiques. D’un point de vue strictement militaire, Paris considère que les signes sont encourageants, puisque des groupes militaires rivaux se sont rencontrés à l’Est et à l’Ouest de la Libye, et ont signé un accord de cessez-le-feu. Des zones de flou demeurent cependant selon Paris, puisque le président du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, n’a pas donné d’instructions pour la mise en œuvre concrète de l’accord de cessez-le-feu, à commencer par l’ouverture de la route côtière qui va de Syrte à Misrata.

Cette première mesure prévue par l’accord doit ensuite se traduire par des mesures comme le départ des forces étrangères et des mercenaires du pays, ainsi que par le démantèlement des milices et leur réintégration dans des forces armées réunifiées. Paradoxalement, Al-Sarraj, ainsi que son principal opposant et homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, sont désormais conscients qu’il n’existe pas de victoire militaire possible pour l’un ni pour l’autre, et qu’il faut tenter d’assurer la stabilité de la Libye et sa réunification.

Cependant, jusqu’ici, Al-Sarraj, ne donne pas l’impression de vouloir le départ de ses alliés turcs, pas plus que le maréchal Haftar, qui n’a pas montré sa volonté de s’émanciper du soutien de la Russie, présente à l’Est du pays à travers les mercenaires de la société privée militaire Wagner. Il est pourtant évident que le maintien des Russes comme des Turcs n’est pas un bon signe dans la période transitoire actuelle. L’Europe et les États-Unis font du départ de ces forces étrangères une priorité, et s’activent pour y parvenir. Cette question a d’ailleurs été abordée par le président Emmanuel Macron, lorsqu’il s’est entretenu au téléphone avec Abdel Hamid Obeibah et Mohamed Younes Menfi, qui se rendront probablement à Paris au cours des prochaines semaines.

S’il est évident que les Russes tiennent à leur présence en Libye pour des objectifs qui leur sont propres, les Turcs ont pour leur part d’ores et déjà mis a profit leur présence sur place pour signer des accords sur la sécurité et la délimitation maritime qui sont attentatoires à la souveraineté du pays.

Al-Sarraj et Haftar sont appelés à renoncer à leurs alliances douteuses, s’ils veulent éviter que le processus entamé à Genève subisse le même sort que celui de Skhirat adopté en 2015, également sous l’égide de l’ONU, et pulvérisé par les chefs de guerre soucieux de protéger leurs pouvoirs. Une nécessité, alors que le pays commence à fonctionner sur le plan économique avec la reprise de la production pétrolière à hauteur d’un million de barils de brut par jour. À ce titre, la communauté internationale a obtenu que les revenus pétroliers soient conservés par la National Oil Company (NOC), en attendant la création d’un mécanisme de répartition équitable des revenus pétroliers. Jusqu’à il y a quelques mois, ces revenus allaient directement à la Banque centrale libyenne et étaient dépensés sans aucun contrôle par le gouverneur, qui favorisait les milices auxquelles il était lié.


Israël poursuit ses opérations à Gaza en dépit des appels à cesser la guerre

Des personnes inspectent les dégâts causés par une frappe israélienne qui a touché une tente utilisée par des Palestiniens déplacés dans le voisinage de l'hôpital Shuhada al-Aqsa (Martyrs d'Aqsa) à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 1er octobre 2025. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
Des personnes inspectent les dégâts causés par une frappe israélienne qui a touché une tente utilisée par des Palestiniens déplacés dans le voisinage de l'hôpital Shuhada al-Aqsa (Martyrs d'Aqsa) à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 1er octobre 2025. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
Short Url
  • Malgré l'accord du Hamas pour entamer des négociations sur la libération des otages dans le cadre du plan Trump, l'armée israélienne poursuit son offensive sur Gaza
  • Le plan américain prévoit un cessez-le-feu, un retrait progressif de l’armée israélienne, la libération des otages et l’instauration d’une autorité de transition sans implication du Hamas

Territoires palestiniens: L'armée israélienne a annoncé samedi son intention de poursuivre ses opérations à Gaza malgré des appels des familles d'otages et de Donald Trump à cesser immédiatement les bombardements, après un accord du Hamas pour libérer les captifs.

Vendredi, le mouvement islamiste palestinien Hamas s'est dit prêt à des négociations immédiates en vue de la libération des otages et de la fin de la guerre qui ravage depuis près de deux ans la bande de Gaza, dans le cadre d'un plan proposé par le président américain.

M. Trump a aussitôt appelé Israël à "arrêter immédiatement les bombardements à Gaza, pour que nous puissions faire sortir les otages rapidement et en toute sécurité".

Mais la Défense civile locale a fait état d'un pilonnage israélien "violent" nocturne ayant fait six morts dans le territoire palestinien affamé et assiégé, où Israël mène une offensive destructrice en riposte à une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

"Les troupes israéliennes mènent toujours des opérations à Gaza-ville, et il est extrêmement dangereux d'y retourner. Pour votre sécurité, évitez de retourner dans le nord ou de vous approcher des zones où les troupes sont actives, y compris dans le sud de la bande de Gaza", a déclaré pour sa part Avichay Adraee, un porte-parole de l'armée israélienne.

"Les bombardements ont été intenses toute la nuit. J'étais heureuse lorsque Trump a annoncé un cessez-le-feu, mais les avions de combat n'ont pas cessé leurs attaques (...)", a déclaré Jamila al-Sayyed, jointe au téléphone à Gaza-ville.

M. Bassal, dont l'agence opère sous l'autorité du Hamas, a ajouté que 20 maisons avaient été détruites dans les frappes.

L'armée israélienne, qui contrôle environ 75% de la bande de Gaza, veut s'emparer de Gaza-ville qu'elle présente comme le grand bastion du Hamas. Elle y a lancé le 16 septembre une offensive majeure poussant des centaines de milliers de personnes à la fuite.

- "Essentielle" -

"La demande du président Trump de mettre immédiatement fin à la guerre est essentielle pour éviter que les otages ne subissent des atteintes graves et irréversibles", a déclaré le Forum des familles d'otages dans un communiqué.

Après la réponse du Hamas au plan Trump, Israël a dit samedi se préparer "pour la mise en oeuvre immédiate de la première étape du plan pour la libération de tous les otages", sans évoquer l'arrêt de ses bombardements.

Le plan américain prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages, le retrait par étapes de l'armée israélienne de Gaza, le désarmement du Hamas et l'exil de ses combattants.

Il prévoit également la mise en place d'une autorité de transition formée de technocrates chapeautée par Donald Trump et le déploiement d'une force internationale. Il exclut tout rôle du Hamas "dans la gouvernance de Gaza".

Dans son communiqué officiel, le Hamas a écrit: "afin de mettre fin à la guerre et d'obtenir le retrait (israélien) complet de Gaza, le mouvement annonce son accord pour libérer tous" les otages vivants et rendre les corps des otages décédés, en échange de prisonniers palestiniens, "selon la formule d'échange proposée par le président Trump".

Il a aussi dit être prêt à des négociations immédiates sur les "détails" des libérations.

- "Toutes les questions" -

Mais le Hamas ne mentionne pas la question de son désarmement et souligne qu'il participera aux discussions sur l'avenir du territoire.

Samedi, un dirigeant du Hamas a déclaré que le mouvement était prêt à entamer des négociations pour résoudre "toutes les questions", après qu'un autre haut responsable du mouvement, Mahmoud Mardawi, a qualifié le plan américain de "vague et ambigu".

Le Hamas a, dans ce contexte, annoncé que l'Egypte allait organiser une conférence réunissant les différentes factions palestiniennes pour décider de l'avenir de la bande de Gaza d'après-guerre, à une date non précisée.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 47 sont toujours otages à Gaza, dont 25 sont mortes selon l'armée israélienne.

Israël a juré de détruire le Hamas et refuse tout rôle dans l'après-guerre pour le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une offensive dévastatrice dans le petit territoire assiégé, qui a fait au moins 66.288 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.


Le ministre saoudien de la Santé s’entretient avec le ministre syrien de la Culture

Le ministre saoudien de la Santé, Fahad Al-Jalajel, rencontre le ministre syrien de la Culture, Mohammed Yassin Saleh. (SPA)
Le ministre saoudien de la Santé, Fahad Al-Jalajel, rencontre le ministre syrien de la Culture, Mohammed Yassin Saleh. (SPA)
Short Url
  • Yassin Saleh, ministre syrien, a visité le centre de commandement et de contrôle de l’hôpital virtuel Seha du ministère de la Santé
  • L’hôpital virtuel a facilité l’accès à des consultations médicales spécialisées pour le ministère syrien de la Santé

​​​​​​RIYAD : Le ministre saoudien de la Santé, Fahad Al-Jalajel, a reçu jeudi le ministre syrien de la Culture, Mohammed Yassin Saleh, au siège du ministère à Riyad, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Lors de la rencontre, les deux parties ont discuté des aspects de coopération conjointe en soutien à l’intégration dans les domaines de la culture et de la santé, ainsi que de l’échange d’expertises et d’expériences contribuant à la promotion de la culture sanitaire en Syrie. Cette collaboration reflète les efforts conjoints des deux secteurs au service de l’humanité et de l’amélioration de la qualité de vie.

La visite comprenait une tournée de M. Saleh au centre de commandement et de contrôle ainsi qu’à l’hôpital virtuel Seha, considéré comme le plus grand de son genre au monde dans la prestation de soins à distance grâce aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle.

Au cours de la visite, l’expérience de connectivité numérique entre l’hôpital virtuel et le ministère syrien de la Santé a été présentée. Cette initiative a permis de faciliter l’accès à des consultations médicales spécialisées et de connecter les équipes de santé entre les deux pays, renforçant ainsi l’usage des solutions numériques dans le développement des services de santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hamas a encore besoin de temps pour étudier le plan de Trump sur Gaza, selon un responsable du mouvement

Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir. (AFP)
Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir. (AFP)
Short Url
  • "Le Hamas poursuit toujours ses consultations concernant le plan de Trump (...) et a informé les médiateurs que les consultations sont en cours et nécessitent encore un peu de temps", a indiqué le responsable
  • Mardi, M. Trump avait donné au Hamas un ultimatum de "trois ou quatre jours" pour accepter son plan visant à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien

NOUSSEIRAT: Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir.

"Le Hamas poursuit toujours ses consultations concernant le plan de Trump (...) et a informé les médiateurs que les consultations sont en cours et nécessitent encore un peu de temps", a indiqué le responsable.

Mardi, M. Trump avait donné au Hamas un ultimatum de "trois ou quatre jours" pour accepter son plan visant à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien.