Sarkozy au tribunal: les moments forts d'un procès inédit

L'ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au palais de justice de Paris pour le dernier jour de son procès pour corruption. Le 1er mars 2021, le tribunal de Paris se prononcera sur le sort de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, contre lequel le parquet a demandé la prison pour corruption et trafic d'influence.  (Bertrand GUAY / AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au palais de justice de Paris pour le dernier jour de son procès pour corruption. Le 1er mars 2021, le tribunal de Paris se prononcera sur le sort de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, contre lequel le parquet a demandé la prison pour corruption et trafic d'influence. (Bertrand GUAY / AFP)
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Publié le Samedi 27 février 2021

Sarkozy au tribunal: les moments forts d'un procès inédit

  • Celui que les Français surnomment "Sarko" et dont la présidence fut marquée par une ligne dure sur la sécurité et l'immigration avait pourtant juré qu'on "n'entendrait plus parler de lui"
  • Ses démêlés judiciaires, sa vie médiatique avec l'ex-mannequin franco-italienne et chanteuse Carla Bruni épousée en 2008 ont fait mentir cette prédiction

PARIS : Pour la première fois sous la Ve République, un ancien président a comparu devant ses juges: voici les moments forts du procès pour corruption et trafic d'influence de Nicolas Sarkozy, avant le jugement du tribunal lundi.

"Sarkozy de Nagy-Bocsa" 

Le 23 novembre, l'ex-chef de l'Etat est debout face au tribunal, vêtu d'un costume sombre et dûment doté d'un masque chirurgical dans une salle bondée. Comme d'usage, la présidente Christine Mée décline son identité complète: Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa.

"Sarkozy, c'est suffisant", répond celui qui est dorénavant prévenu. La magistrate explique qu'elle doit citer l'état civil complet pour le casier judiciaire. "Pour l'instant, je n'ai pas eu besoin de l'utiliser", rétorque l'ancien président au casier vierge, déclenchant des murmures amusés.

"Je veux la vérité" 

Après un faux départ, le procès entre dans le vif le 30 novembre. Pendant deux jours, le tribunal plonge dans les arcanes feutrées de la Cour de cassation.

L'ex-haut magistrat Gilbert Azibert a-t-il transmis des informations voire tenté d'influencer la décision attendue sur un pourvoi de Nicolas Sarkozy, en échange d'un coup de pouce pour un poste à Monaco?

Les débats sont arides et l'ancien locataire de l'Elysée trépigne sur sa chaise. "Moi, je veux la vérité, donc je m'expliquerai", lance-t-il soudainement, en plein interrogatoire de M. Azibert. 

"Lavé de cette infamie" 

M. Sarkozy doit attendre une semaine, le 7 décembre, vers 16H20, pour que la présidente l'invite à la barre. 

"Indigné" d'être poursuivi, Nicolas Sarkozy affirme d'emblée n'avoir "jamais commis le moindre acte de corruption". "Moi, je veux être lavé de cette infamie", clame-t-il. 

Pendant plusieurs heures, il passe de la colère à la boutade, donnant parfois des airs de meeting à son interrogatoire. Deux de ses fils sont au premier rang. Sa femme Carla Bruni-Sarkozy se déplacera à la fin du procès.

"Un avocat affectueux" 

"Madame la présidente, je vous demande de me croire": avec insistance, Nicolas Sarkozy assure n'avoir jamais eu d'information privilégiée sur le pourvoi en cassation visant à se faire restituer ses agendas présidentiels, saisis dans l'affaire Bettencourt. 

A la base de ces soupçons: des conversations entre lui et son avocat Thierry Herzog, enregistrées par la justice sur un téléphone officieux. L'ancien président relativise: il s'agit de discussions avec un "frère", qui lui donnait seulement des "impressions" sur la procédure.

Lui qui n'y "compre[nait] rien" se jetait "comme un affamé sur chaque bonne nouvelle", l'année 2014 n'ayant "pas été sur un plan judiciaire un très bon cru", ironise l'ex-chef de l'Etat. 

Il résume sa vision de l'affaire: "un justiciable inquiet, un avocat affectueux qui rassure".

"Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption, jamais", avait affirmé lors de son procès l'ancien chef de l'Etat (2007-2012), voulant "être lavé de cette infamie" qui pourrait lui valoir de la prison ferme.

"Le PNF est fait pour moi" 

A l'époque, Nicolas Sarkozy a "le sentiment d'être traqué". "J'ai l'impression que le parquet national financier est fait pour moi", ose-t-il.

Créé sous le quinquennat Hollande en 2014, le PNF représente l'accusation et se retrouve jour après jour visé par les assauts de la défense.

Au coeur des tensions: une enquête parallèle, finalement classée sans suite, qui visait à débusquer une éventuelle taupe ayant prévenu Me Herzog que la ligne officieuse était écoutée. Pour la défense, il s'agit d'un "scandale procédural".

Le 8 décembre, jour du réquisitoire, le patron du PNF se déplace en personne. "Personne ici ne cherche à se venger d'un ancien président de la République", tonne Jean-François Bohnert.

"Mes excuses à tous les Bismuth" -

Partie civile surprise, l'avocat Frédérik-Karel Canoy représente d'abord Paul Bismuth, dont le nom a été utilisé pour ouvrir la ligne "secrète", puis un autre Bismuth et lui-même "à titre personnel". Il est vite raillé par la défense.

"Je veux présenter mes excuses à tous les Bismuth", déclare, un sourire en coin, Nicolas Sarkozy. 

"Si WhatsApp avait existé, je n'aurais pas eu besoin de Bismuth" et "avec les messageries cryptées, jamais nous n'aurions utilisé ce nom", affirme-t-il.

"Ma vie a été de donner des coups de pouce" -

Oui, Nicolas Sarkozy a envisagé de "rendre service" à son "ami Thierry" Herzog en appuyant la candidature de Gilbert Azibert, un proche de son avocat. Mais "c'est une folie de voir un pacte" de corruption, s'insurge-t-il.

"Ma vie a été de donner des coups de pouce, parce que ma vie c'est 40 ans de politique, et pendant 40 ans on m'a demandé de donner des coups de pouce, sans espoir de retour", lance-t-il.

Un plaidoyer qui n'a pas convaincu l'accusation: quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme sont requis à l'encontre des trois prévenus.


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.