Des doutes planent sur la tactique turque de rapprochement envers l’Egypte

Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu. (Photo, AFP)
Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 06 mars 2021

Des doutes planent sur la tactique turque de rapprochement envers l’Egypte

  • Les relations bilatérales entre les deux pays sont tendues depuis ces dernières années à cause des Frères musulmans, du conflit en Libye et d'autres sujets qui fâchent
  • Ankara affiche une volonté de réduire les politiques d’escalade dans la région afin de contourner toute critique de Bruxelles et de l’administration Biden

ANKARA : La Turquie a fait récemment allusion à un éventuel accord avec l'Égypte sur la délimitation des zones maritimes exclusives dans la Méditerranée orientale riche en gaz.  L'impact d'un tel accord sur les routes de transit énergétique et les concessions politiques qu’Ankara pourrait être obligée de faire ont été sous le feu des projecteurs.

Le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, Mevlut Cavusoglu, a déclaré mercredi que le pays souhaitait signer un accord sur les frontières maritimes avec l’Égypte.

Toutefois, cette volonté se limite actuellement aux déclarations du côté turc, sans réaction tangible de la part des Égyptiens.

La décision tactique d’Ankara indique une volonté de réduire les politiques d’escalade dans la région afin de contourner toute critique de Bruxelles et de l’administration du président américain Joe Biden.

Des sanctions potentielles contre les activités exploratoires controversées de la Turquie en Méditerranée orientale seront débattues lors du sommet européen des 25 et 26 mars, la poussant à ne pas prendre de mesures agressives avant cette réunion.

Mais les experts considèrent qu'un tel accord est encore improbable, du moins à court terme, car l'Égypte a conclu un accord sur leurs zones économiques exclusives (ZEE) avec la Grèce depuis l'année dernière.

Ce pacte a irrité la Ankara parce qu'elle a des désaccords de longue date avec la Grèce sur la délimitation de leurs plateaux continentaux respectifs.

Le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont eu un appel téléphonique mercredi soir, après la déclaration de Cavusoglu, sur des questions régionales d'intérêt commun, avec un accent particulier sur l'énergie et les questions de la Méditerranée orientale, un autre signal fort que la Grèce ferait de son mieux pour ne pas permettre un rapprochement turco-égyptien.

La Turquie a déclaré que l'accord entre la Grèce et l'Égypte n'incluait pas la zone contestée au sud de l'île grecque de Kastellorizo, qu’Ankara revendique sous sa propre zone économique exclusive.

Les relations avec l'Égypte ont été tendues après que Mohammed Mursi, membre des Frères musulmans, soutenu par la Turquie, a été évincé par El-Sissi en 2013.

L'année dernière, l'Égypte, Chypre et la Grèce ont publié une déclaration commune accusant la Turquie de mener des «provocations» en Méditerranée orientale, et l'Égypte est également engagée dans le Forum du gaz de la Méditerranée orientale depuis 2019 sans inclure la Turquie.

La Turquie et l’Égypte ont en outre soutenu des camps opposés dans la guerre civile en Libye.

«Ankara a tenté d'attirer Le Caire pour qu'il signe un accord de zone économique exclusive avec elle en affirmant qu'il recevra une part plus importante que ce qu'il recevra d'un accord bilatéral avec la Grèce», a déclaré Gallia Lindenstrauss, chercheuse à l'Institut des études sur la sécurité nationale en Israël, à Arab News. «De la même manière, la Turquie a présenté l'affirmation selon laquelle l'accord sur la zone économique exclusive entre Israël et Chypre donne à Israël moins que ce qu'il recevrait s'il avait signé un accord avec Ankara».

Tandis qu'un relâchement des tensions entre Ankara et Le Caire était plausible, Lindenstrauss ne s'attendait pas à un rapprochement sérieux pour bientôt, de sorte qu'un accord de zone économique exclusive entre les deux pays n'était pas susceptible de se concrétiser sur le terrain.

Fin février, l'Égypte et Israël ont convenu de relier un champ de gaz naturel offshore israélien à des installations de gaz naturel liquéfié dans le nord de l'Égypte via un gazoduc sous-marin pour répondre à la demande accrue de gaz naturel en Europe.

Le pipeline partira du champ gazier israélien de Léviathan, puis se dirigera vers l’Égypte par voie terrestre avant d’arriver en Crète via la zone économique exclusive gréco-égyptienne.

Cette route contourne Chypre. En d'autres termes, il est peu probable que le gaz soit exporté via des zones contestées qui pourraient susciter des objections turques.

Emre Caliskan, chercheur au Centre de politique étrangère du Royaume-Uni, a estimé que les efforts récents d’Ankara pour améliorer ses relations avec Tel-Aviv et Le Caire étaient motivés par la nécessité de rompre l’alliance entre la Grèce, Israël, Chypre et l’Égypte.

«Ces pays se sont tous unis contre l'influence croissante de la Turquie et ses recherches constantes de gaz en Méditerranée orientale»,  a-t-il déclaré à Arab News. «Du point de vue stratégique des décideurs politiques turcs, les intérêts de la Grèce et de Chypre sont en contradiction avec les ambitions de la Turquie dans la région. Par conséquent, la Turquie essaiera à tout prix d'éloigner la Grèce et Chypre de l'Égypte et d'Israël».

Ces mesures nécessitent un changement dans le soutien d’Ankara à l’idéologie des Frères musulmans qui inspire le Hamas afin de mettre Le Caire de son côté et de mettre fin au conflit bilatéral. La Turquie accueille plusieurs membres et sympathisants de l’organisation depuis l’interdiction des activités du groupe en Égypte.

Le mois dernier, le ministère israélien de la Défense a annoncé la saisie de marchandises d'une valeur de 121 000 dollars envoyées par des membres du Hamas installés en Turquie à des personnes en Cisjordanie via deux sociétés turques.

«Nous avons récemment entendu des affirmations selon lesquelles Ankara réévaluait ses liens avec les Frères musulmans et le Hamas. Il est trop tôt pour évaluer tout changement de politique à cet égard. Toute réconciliation réelle avec Israël et l'Égypte obligera la Turquie à rompre ses relations avec les Frères musulmans », a souligné Caliskan.

Pour Caliskan, les relations d’Ankara avec les Frères musulmans reposaient non seulement sur l’idéologie mais aussi sur un partenariat stratégique.

«Mettre fin aux relations de la Turquie avec les Frères musulmans aurait un impact sur l’influence de la Turquie en Libye, par exemple. Ankara est susceptible de cloisonner ses relations avec les Frères musulmans, réduisant son soutien à leur présence en Égypte et en Palestine, mais continuera à les soutenir en Afrique du Nord, en particulier en Libye et en Tunisie».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les forces israéliennes pénètrent dans des villages de la campagne syrienne

Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • SANA indique que les incursions font partie des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien
  • Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer

DUBAI : Les forces israéliennes ont pénétré mercredi dans deux zones de la campagne de Quneitra en Syrie avant de se retirer, selon l'agence de presse syrienne SANA.

Un correspondant de SANA a rapporté qu'une unité israélienne composée de huit véhicules militaires, d'un véhicule lourd et de deux chars a avancé de Tal Kroum vers la ville orientale d'Al-Samadaniyeh Al-Sharqiya, y restant pendant plusieurs heures avant de retourner vers la ville détruite de Quneitra.

Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer.

SANA a déclaré que ces incursions s'inscrivaient dans le cadre des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien, qui, selon Damas, violent l'accord de désengagement de 1974 et le droit international.

Les autorités syriennes ont appelé la communauté internationale à adopter une position ferme pour mettre fin à ces actions.


Israël confirme l'identification des deux otages israéliens morts restitués mercredi

L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
Short Url
  • "Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés"
  • Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas.

"Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.

Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova. Sa dépouille avait été emmenée a Gaza, comme celle du sergent Mohammad al-Atrash, soldat d'origine bédouine de 39 ans, tué au combat le 7 octobre.

 


Gaza: Israël menace de reprendre les combats si le Hamas ne rend pas toutes les dépouilles d'otages

 Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
Short Url
  • De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP
  • "Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages.

"Si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement, indique un communiqué de son bureau.

Le Hamas avait affirmé plus tôt avoir remis à Israël toutes les dépouilles d'otages auxquelles il avait pu accéder.

Le mouvement islamiste palestinien continue de nous dire qu'il compte "honorer l'accord" sur Gaza et rendre les corps des otages décédés, a dit à des journalistes mercredi un haut responsable américain, sous le couvert de l'anonymat.

Aux termes de l'accord du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël sur la base du plan du président américain Donald Trump, Hamas devait remettre à tous les otages encore détenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures suivant la cessation des hostilités, soit au plus tard à 09H00 GMT lundi.

Le mouvement palestinien a bien libéré dans les temps les 20 otages vivants, mais il n'a pour l'instant remis que neuf dépouilles de captifs sur les 28 retenues à Gaza: quatre lundi soir, trois mardi et deux mercredi.

"Nous avons rempli notre engagement au titre de l'accord en remettant tous les prisonniers israéliens vivants, ainsi que les corps auxquels nous avons pu accéder", a assuré le Hamas. "Quant aux dépouilles restantes, leur récupération et extraction nécessitent des efforts considérables et un équipement spécial."

En échange du retour mardi des dépouilles de trois captifs, Israël a remis à Gaza 45 dépouilles de Palestiniens.

"Accès totalement libre" 

Accusant le Hamas de jouer la montre et de violer l'accord de cessez-le-feu, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l'extrême droite israélienne, a de nouveau appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à couper totalement l'aide humanitaire pour Gaza.

Plus tôt, la radio-télévision publique israélienne KAN avait présenté comme imminente la réouverture du passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza, crucial pour l'afflux de l'aide humanitaire qui attend du côté égyptien. Mais il est resté fermé jusque-là.

L'ONU a exhorté Israël à ouvrir "immédiatement" tous les accès de la bande de Gaza à l'aide humanitaire.

"Nous voulons que tous (les) points de passage soient ouverts et que l'accès soit totalement libre", a déclaré à l'AFP au Caire Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l'ONU.

"Nous voulons que cela se fasse maintenant, dans le cadre de l'accord" de cessez-le-feu, a dit M. Fletcher, soulignant "l'urgence totale" de la situation et la nécessité de "livrer de l'aide à grande échelle."

Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

"Il ne reste plus rien" 

Israël autorise actuellement l'acheminement de l'aide humanitaire essentiellement via le passage de Kerem Shalom (sud), mais les organisations humanitaires se plaignent des lenteurs administratives et des contrôles de sécurité.

Selon l'ONU et l'Organisation mondiale de la Santé, Israël a permis ces derniers jours l'entrée d'aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine, pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments.

Dans la bande de Gaza, des habitants affamés interceptent régulièrement les camions d'aide pour voler et stocker de la nourriture, ce qui empêche une distribution ordonnée vers les communautés les plus touchées, selon une source humanitaire.

De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

"Il ne reste plus rien à Gaza-ville. Ni arbres, ni bâtiments, ni être humains, ni vie. Juste des destructions", dit un autre Palestinien, Youssef Jodah.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a mené une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait des dizaines de milliers de morts.

L'attaque du Hamas a entraîné, du côté israélien, la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un nouveau bilan établi par l'AFP à partir de données officielles, après l'identification de deux dépouilles d'otages.

Dans la bande de Gaza, la campagne de représailles israélienne a fait 67.938 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.