L'«affaire Sonko», pire crise au Sénégal depuis une décennie

Des manifestants agitent le drapeau national sénégalais lors d'une manifestation à Dakar le 8 mars 2021. (AFP)
Des manifestants agitent le drapeau national sénégalais lors d'une manifestation à Dakar le 8 mars 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 09 mars 2021

L'«affaire Sonko», pire crise au Sénégal depuis une décennie

  • Début février, la presse révèle qu'une jeune masseuse de 20 ans employée par un salon de beauté, Adji Sarr, a porté plainte pour «viols» et «menaces de mort» contre le député Ousmane Sonko, figure de proue de l'opposition au président Macky Sall
  • Plusieurs dizaines de partisans d'Ousmane Sonko sont arrêtés

DAKAR : Le Sénégal a traversé depuis une semaine sa pire crise depuis près de 10 ans. Voici les causes, les acteurs et les perspectives possibles de ces troubles qui ont jeté des milliers de jeunes dans les rues et fait au moins cinq morts.

L'accusation de viols

Début février, la presse révèle qu'une jeune masseuse de 20 ans employée par un salon de beauté, Adji Sarr, a porté plainte pour «viols» et «menaces de mort» contre le député Ousmane Sonko, figure de proue de l'opposition au président Macky Sall.

Le parlementaire, troisième de la présidentielle de 2019, réfute ces accusations et crie au complot pour l'empêcher de se présenter au scrutin de 2024. Le député de 46 ans refuse de se rendre à une convocation de la gendarmerie et des heurts éclatent le 8 février devant son domicile.

Plusieurs dizaines de partisans d'Ousmane Sonko sont arrêtés. Le député voit son immunité levée.

Le 3 mars, lorsqu'il prend le chemin du tribunal, son convoi est stoppé par une foule de partisans, puis par la gendarmerie. Le député est placé en garde à vue pour «troubles à l'ordre public et participation à une manifestation non autorisée». 

Les violences

Son arrestation déclenche plusieurs jours d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. Les scènes de guérilla urbaine font au moins cinq morts, même si la presse locale avance des chiffres plus élevés, difficilement vérifiables. De nombreux intérêts français (Auchan, Total, Eiffage...) sont incendiés et pillés.

Dakar est placée sous la protection de blindés de l'armée, les écoles et de nombreux commerces sont fermés. Lundi, le juge inculpe Ousmane Sonko dans l'affaire de viols, et ordonne qu'il soit relâché sous contrôle judiciaire.

Le Sénégal a connu des accès de violence politique ces derniers mois: un mort lors de la présidentielle de 2019, incidents lors de protestations contre le couvre-feu mi-2020.

Mais pour un bilan d'un tel ordre, il faut remonter à la présidentielle de 2012 et la victoire de Macky Sall sur le sortant Abdoulaye Wade, qui se présentait pour un troisième mandat controversé. Manifestations et violences avaient fait entre six et 15 morts, selon les sources.

Les causes profondes

De nombreux Sénégalais, parmi les manifestants comme chez les observateurs, affirment que l'arrestation d'Ousmane Sonko est le révélateur d'un malaise bien plus profond dans un pays considéré comme un îlot démocratique en Afrique de l'Ouest.

Beaucoup reprochent à Macky Sall des atteintes aux libertés et l'accusent de diriger le pays au profit d'une élite, composée notamment de ses proches, au détriment de l'immense majorité de la population dont les conditions de vie déjà précaires ont été aggravées par le Covid-19.

A cause de la pandémie, la croissance économique jusqu'alors soutenue est devenue atone et de nombreux secteurs, du tourisme à la pêche, sont en grandes difficultés. Le couvre-feu et les restrictions aux déplacements et aux rassemblements affectent durement cette grande majorité de la population active dans le secteur dit informel, des marchands de rue aux ouvriers du bâtiment en passant par les chauffeurs.

Les acteurs

A 59 ans, Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, maintient le flou sur l'éventualité d'une candidature à un troisième mandat en 2024, malgré la limite de deux, instaurée après une révision constitutionnelle approuvée en 2016.

Il est un dirigeant écouté de la communauté internationale, sur la dette ou la crise au Sahel. Mais les démêlés d'Ousmane Sonko ont suscité des parallèles suspicieux à son encontre sur ceux connus par Karim Wade et Khalifa Sall, tous deux frappés par des condamnations pour des malversations financières et empêchés de se présenter à la présidentielle de 2019 contre Macky Sall.

Après un mois de crise, Ousmane Sonko se pose plus que jamais en premier opposant. Il devra gérer les suites judiciaires et faire face à ceux qui pensent que cet épisode a fait plus de tort que de bien au pays.

Quelle sortie ?

L'incertitude est totale sur l'effet qu'aura la libération d'Ousmane Sonko. Les manifestations, largement spontanées, ont certes eu pour mot d'ordre cette libération. Mais le président est pressé de toutes parts de répondre à d'autres aspirations: celles d'une population éprouvée par les effets de la pandémie et d'une jeunesse nombreuse en mal d'emplois et de perspectives.

Le gouvernement a fait miroiter un allègement du couvre-feu. Après des jours de silence, la parole présidentielle est réclamée.

Les chefs religieux, et surtout ceux des confréries à l'influence considérable sur le pouvoir et la société, ont rencontré le chef de l'Etat. M. Sall «nous a écoutés et nous attendons ses décisions», a dit en leur nom le dignitaire Serigne Mansour Sy.

 


Incendies en Turquie: "amélioration" autour d' Izmir, craintes pour les jours à venir

De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
Short Url
  • La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir
  • Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi

ISTANBUL: La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir.

"La situation est bien meilleure qu'hier concernant les incendies (autour) d'Izmir", sur la côte égéenne, a déclaré le ministre İbrahim Yumaklı lors d'un point de presse.

Il a cependant précisé que six incendies sont toujours en cours dans le pays, attisés par des vents violents qui risquent de redoubler encore dans les prochains jours, particulièrement dans la région de Hatay et Antakya (sud), "la plus problématique", selon lui.

Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi et des centaines d'habitations ont été brûlées lundi dans le pays, a annoncé l'autorité turque de gestion des urgences AFAD.

La province de Hatay qui abrite notamment l'antique Antioche avait été dévastée par un violent séisme en février 2023.

Selon M. Yumakli, "342 incendies de forêt se sont déclarés depuis vendredi".

"Nous traversons des périodes difficiles en raison de vents violents et instables" et alors que les températures, normales pour la saison, dépassent les 30°C.

"À partir de demain, des vents violents nous attendent dans une grande partie de Marmara, de l'Égée et de la Méditerranée. Les températures augmenteront de manière significative", a mis en garde le ministre en lançant un appel aux à ne pas allumer de feux à l'extérieur.

"Ne jetez pas vos cigarettes dans les zones herbeuses. Je demande une prise de conscience collective à ce sujet", a insisté le ministre.

La Turquie, épargnée ces derniers jours par les vagues de chaleur qui touchent l'Europe du Sud, est confrontée à des sécheresses récurrentes sous l'effet du changement climatique.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.