A l'approche d'une échéance-clé, Biden tente de relancer le processus de paix afghan

Le président des Etats-Unis Joe Biden (Photo, AFP).
Le président des Etats-Unis Joe Biden (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 mars 2021

A l'approche d'une échéance-clé, Biden tente de relancer le processus de paix afghan

  • Joe Biden est confronté au dilemme d'une date butoir rapprochée fixée par Donald Trump pour quitter l'Afghanistan
  • Washington propose de relancer les pourparlers de paix entre Kaboul et les insurgés «dans les prochaines semaines» en Turquie

WASHINGTON: Partir ou rester? Confronté au dilemme d'une date butoir rapprochée fixée par Donald Trump pour quitter l'Afghanistan, Joe Biden espère contourner l'obstacle en forçant la main de Kaboul et des talibans pour relancer le processus de paix avec une nouvelle initiative aussi ambitieuse que périlleuse.

« Nous continuons à encourager toutes les parties à participer de manière constructive et avec un certain empressement » aux négociations de paix interafghanes lancées en septembre au Qatar, a déclaré lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, assurant que des progrès étaient « possibles ».

Sans entrer dans le détail de ce qui se joue en coulisses, il a reconnu que les Etats-Unis avaient « avancé des idées » pour « accélérer le processus ».

La démarche a en réalité surpris les observateurs, qui en saluent l'audace ou déplorent une fuite en avant, au moment où le président Biden est confronté à une décision cruciale. Il doit en effet annoncer s'il respecte l'échéance du 1er mai pour retirer d'Afghanistan les 2 500 derniers soldats américains, conformément à un calendrier fixé par son prédécesseur dans le cadre d'un accord historique conclu il y a un an avec les talibans.

La chaîne afghane TOLOnews a révélé une lettre du secrétaire d'Etat Antony Blinken pressant les dirigeants afghans d'accepter un projet d'accord prévoyant un « nouveau gouvernement inclusif », auquel participeraient les talibans. Il resterait en place pendant une période de transition d'une durée indéterminée doublée d'un cessez-le-feu permanent et censée aboutir à des élections libres après rédaction d'une nouvelle constitution.

Afin d'y parvenir, Washington propose de relancer les pourparlers de paix entre Kaboul et les insurgés « dans les prochaines semaines » en Turquie, tout en instaurant pendant ce temps une période de « réduction de la violence » de 90 jours pour éviter la traditionnelle offensive de printemps des talibans.

« Raccourci » vers la paix ?

« On dirait que l'objectif, c'est de tenter de trouver d'autres options que simplement devoir partir ou rester le 1er mai. Y a-t-il un raccourci vers un processus de paix ? », dit Laurel Miller, ex-émissaire américaine pour l'Afghanistan, aujourd'hui experte de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group. Selon elle, les diplomates américains "lancent quelques hameçons pour voir si ça mord".

L'accord américano-taliban prévoyait le retrait total des Américains à condition que les insurgés rompent avec les groupes jihadistes comme Al-Qaïda, dont la présence en Afghanistan avait provoqué l'intervention américaine après les attentats du 11 septembre 2001. L'administration Biden a estimé publiquement que cet engagement n'était pas tenu.

L'autre condition était l'ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et Kaboul. Or les pourparlers de Doha piétinent.

Quant à la réduction de la violence, censée accompagner ce processus de paix, elle ne s'est jamais vérifiée sur le terrain -- bien au contraire.

En toute logique, Joe Biden devrait donc maintenir des troupes en Afghanistan. Sauf que, comme Donald Trump, le démocrate veut mettre fin à la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis.

Dans sa lettre, Antony Blinken met la pression sur le président afghan Ashraf Ghani, en prévenant que l'option d'un retrait total au 1er mai reste d'actualité. Auquel cas, prévient-il sans détour en justifiant « l'urgence » de sa requête, « la situation sécuritaire risque de se dégrader » et les talibans pourraient réaliser « des gains territoriaux rapides ».

« Exigences illégitimes »

Le vice-président afghan Amrullah Saleh a dénoncé les propositions américaines qui signeraient la fin des actuelles autorités élues en faveur d'un gouvernement de transition. Les talibans peuvent participer à de futures élections en cas d'accord, mais l'avenir du pays ne peut être scellé par « 20 personnes dans une pièce », a-t-il lancé lundi.

« Notre dépendance au monde extérieur ne signifie pas que nous devions obéir à des exigences illégitimes », a-t-il encore fustigé.

Selon Laurel Miller, il est aussi « quasiment impossible que les talibans acceptent » le plan Blinken, car ils ont toujours refusé d'entrer dans un gouvernement d'union.

« Les talibans veulent toujours la résurrection de leur émirat islamique totalitaire » renversé par l'intervention américaine de 2001, acquiesce Thomas Joscelyn, du cercle de réflexion Foundation for Defense of Democracies, trouvant la position de Washington sévère à l'égard du président Ghani alors que les insurgés sont les « principaux » responsables de la violence actuelle.

Scott Warden, du think tank US Institute of Peace, se veut plus optimiste.

« Il n'est pas très réaliste d'avoir un accord final, ou même un pré-accord, d'ici mai », reconnaît-il. Mais la lettre peut permettre « certains progrès importants », et enclencher enfin les discussions sur les « questions-clés » après des mois d'enlisement.


Washington dénonce une enquête pénale contre X en France

Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
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  • Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère
  • Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère.

"Dans le cadre d'une enquête criminelle, un procureur français militant demande des informations sur l'algorithme propriétaire de X et a classé X comme un groupe criminel organisé", a indiqué le département d'Etat américain dans un message vendredi sur ce même réseau.

"Les gouvernements démocratiques devraient permettre à toutes les voix de s'exprimer, et non pas museler les discours qui leur déplaisent", a accusé le Bureau des droits humains, de la démocratie et du travail, qui dépend du département d'Etat, dans ce message sur X.

"Les Etats-Unis défendront la liberté d'expression de tous les Américains contre les actes de censure étrangère", a-t-il ajouté.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe.

Visée par une enquête pénale de la justice française, la plateforme X, suspectée d'avoir biaisé son algorithme après des accusations d'ingérence étrangère, a dénoncé lundi dernier un "agenda politique", et dit avoir refusé d'accéder aux demandes du parquet de Paris requérant l'accès à son algorithme.

Selon X, les autorités françaises ont requis l'accès à son algorithme de recommandation ainsi qu'aux données en temps réel concernant toutes les publications des utilisateurs de la plateforme.

Le Parquet de Paris avait indiqué le 11 juillet qu'une enquête avait été confiée à la gendarmerie concernant le réseau X, en tant que personne morale, et contre les "personnes physiques" qui le dirigent.

Cette enquête, confiée à la Direction générale de la gendarmerie nationale, porte "notamment" sur l'altération du fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée et l'extraction frauduleuse de données d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée.

L'enquête intervient après deux signalements reçus en janvier qui "faisaient état de l'utilisation supposée de l'algorithme de X (ex-Twitter) à des fins d'ingérence étrangère", selon le ministère public.

X "nie catégoriquement" les accusations de manipulation de son algorithme à des fins d'ingérence étrangère, "une allégation qui est totalement fausse", a répondu le réseau social lundi, dans un post partagé par le département d'Etat américain.


Efforts à l'ONU pour raviver la solution à deux Etats, israélien et palestinien

Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
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  • Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien
  • Après plus de 21 mois de guerre à Gaza, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain

Nations unies, États-Unis: Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, une réunion sans Israël, sous pression pour cesser la guerre à Gaza.

La conférence convoquée par l'Assemblée générale des Nations unies, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, devait avoir lieu en juin au plus haut niveau. Reportée en raison de la guerre déclenchée par Israël contre l'Iran, un premier segment au niveau ministériel commence lundi à New York avant un sommet attendu en septembre.

Juste avant cette réunion, le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il reconnaîtrait solennellement un Etat de Palestine en septembre.

Alors que la conférence semblait "vouée à l'insignifiance", "l'annonce de Macron change la donne", estime Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group. "D'autres participants vont réfléchir à la hâte pour savoir s'ils doivent aussi déclarer une intention de reconnaître la Palestine", explique-t-il à l'AFP.

Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de sauter le pas, le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique Keith Starmer a répété vendredi qu'une reconnaissance devait "s'inscrire dans un plan plus global". Tandis que l'Allemagne ne l'envisage pas "à court terme".

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 des 193 Etats membres de l'ONU -- en comptant la France -- reconnaissent désormais l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

En 1947, une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé le partage de la Palestine alors sous mandat britannique, en deux Etats indépendants, l'un juif et l'autre arabe. L'année suivante, l'Etat d'Israël était proclamé.

- "Plus nécessaire que jamais" -

Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité.

Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d'annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain.

D'où l'idée de cette conférence à laquelle sont notamment attendus le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa et plusieurs dizaines de ministres du monde entier.

La réunion intervient à un moment où à la fois la solution à deux Etats est "plus affaiblie que jamais", mais aussi "plus nécessaire que jamais", a commenté une source diplomatique française.

Au-delà de créer une dynamique pour la reconnaissance de l'Etat palestinien, la conférence se concentrera sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et enfin la normalisation des relations avec Israël par les Etats arabes qui ne l'ont pas encore fait.

Mais la source diplomatique a prévenu qu'aucune annonce de normalisation avec Israël n'était attendue la semaine prochaine.

- "Opportunité unique" -

La conférence "offre une opportunité unique de transformer le droit international et le consensus international en un plan réaliste, et de prouver la détermination de mettre fin à l'occupation et au conflit une fois pour toute", a plaidé cette semaine l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour, réclamant du "courage".

Israël et les Etats-Unis en revanche ne participeront pas à la réunion.

L'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon "a annoncé qu'Israël ne prendra part à cette conférence qui ne répond pas à l'urgence de condamner le Hamas et de permettre le retour de tous les otages", a déclaré à l'AFP Jonathan Harounoff, un porte-parole de la mission israélienne.

La pression internationale ne cesse de s'intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023.

La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé devrait donc être au coeur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi.

Richard Gowan prédit ainsi des "critiques très féroces contre Israël" de la part d'Etats membres de plus en plus frustrés.


Gaza: le Hamas «ne voulait pas d'accord», veut «mourir», dit Trump

Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
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  • "Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse
  • Le président américain Donald Trump a minimisé vendredi les déclarations de son homologue français Emmanuel Macron sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, disant qu'elles n'avaient guère "de poids" et "ne changeront rien"

WASHINGTON: Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail".

"Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse.

"On en est arrivé à un point où il va falloir finir le travail", a-t-il dit, soulignant que le mouvement islamiste palestinien ne souhaitait pas conclure un accord car "ils savent ce qui se passe après qu'on a récupéré les derniers otages".

"Je vous l'ai dit (...), il sera très difficile pour le Hamas de conclure un accord, car il perdra son bouclier, sa couverture", a poursuivi le président américain, disant s'attendre à ce qu'ils soient "traqués".