Libye: Aguila Saleh révèle la teneur de sa rencontre avec l’ambassadeur américain

Dans une interview exclusive accordée à Arab News, Saleh précise qu’ils ont discuté des pertes subies par la Libye ainsi que d’autres pays, causées par le blocage du pétrole en raison de la guerre civile dans le pays, ainsi que de la nécessité de s’assurer que les revenus provenant des exportations de pétrole ne finiraient pas entre les mains de milices ou d’intermédiaires étrangers. (Photo AFP).
Dans une interview exclusive accordée à Arab News, Saleh précise qu’ils ont discuté des pertes subies par la Libye ainsi que d’autres pays, causées par le blocage du pétrole en raison de la guerre civile dans le pays, ainsi que de la nécessité de s’assurer que les revenus provenant des exportations de pétrole ne finiraient pas entre les mains de milices ou d’intermédiaires étrangers. (Photo AFP).
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Publié le Jeudi 13 août 2020

Libye: Aguila Saleh révèle la teneur de sa rencontre avec l’ambassadeur américain

  • Lors d’une interview exclusive, Aguila Saleh nous explique que Richard Norland soutient la mise en application de la Déclaration du Caire et la formation d’un nouveau gouvernement
  • Les deux hommes ont discuté de la reprise des exportations de pétrole, de la perspective d’un cessez-le-feu et du projet de baser la nouvelle administration libyenne à Syrte

LE CAIRE : Aguila Saleh, le président de la Chambre des Représentants libyenne nous explique que la reprise des exportations de pétrole, la situation à Syrte, ainsi que la perspective d’un cessez-le-feu font partie des sujets dont il s’est entretenu avec l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland, au cours de deux journées d’entretiens cette semaine au Caire.

Dans une interview exclusive accordée à Arab News, Saleh précise qu’ils ont discuté des pertes subies par la Libye ainsi que d’autres pays, causées par le blocage du pétrole en raison de la guerre civile dans le pays, ainsi que de la nécessité de s’assurer que les revenus provenant des exportations de pétrole ne finiraient pas entre les mains de milices ou d’intermédiaires étrangers.

Ils sont tombés d’accord sur le fait que pour empêcher que les revenus du pétrole ne soient volés ou détournés, ils devraient être gardés à l’Arab Foreign Bank de Libye, et non à la Banque Centrale de Tripoli, jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement. Saleh affirme que Norland a accepté que le quartier général de la nouvelle autorité soit établi dans la ville de Syrte, protégée par l’armée libyenne.

Les espoirs d’un cessez-le-feu et d’un retrait des milices et des mercenaires ont été également discutés, en parallèle avec les pourparlers avec les Nations unies visant à accélérer les négociations en vue d’une solution politique qui permettrait la formation d’un nouveau gouvernement et d’un Conseil de la Présidence en septembre.

Arab News : Quels sont les résultats des réunions que vous avez eues avec la délégation américaine au Caire ?

Aguila Saleh : J’ai rencontré l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland, et nous avons soulevé un grand nombre de questions importantes, dont celle de tenter de convaincre le peuple libyen de reprendre les exportations de pétrole, étant donné que la situation actuelle des groupes pétroliers a des effets négatifs sur les pays qui bénéficient des exportations, dont la Libye elle-même.

Il a été convenu de conserver les revenus du pétrole à l’Arab Foreign Bank libyenne, afin d’empêcher que les mercenaires ne s’en emparent à la Banque Centrale de Tripoli. Nous le savons, les désaccords entre les membres du Conseil présidentiel ont mis en évidence le haut degré de corruption dans ce secteur… Par conséquent, les revenus pétroliers ne seront accessibles qu’après la formation d’un nouveau Conseil de la présidence et d’un nouveau gouvernement.

Les discussions ont-elles porté sur la situation à Syrte ? L’Armée nationale libyenne se retirera-t-elle comme cela a été rapporté ?

Une proposition nous avait été précédemment formulée sur le fait que Syrte soit le siège de la nouvelle autorité, du Conseil de la présidence ainsi que du gouvernement, de sorte que ceux de l’est et de l’ouest puissent s’y rendre. Norland est convaincu du bien-fondé de cette proposition et par l’idée que l’Armée nationale libyenne puisse protéger le quartier général et les institutions de l’État. Il a également appuyé un cessez-le-feu instauré avec le soutien des Nations unies et de l’administration américaine.

L'autre partie dans le conflit, conduite par le gouvernement Al-Wefaq et la Turquie, acceptera-t-elle un cessez-le-feu ?

Norland a promis de les convaincre de mettre fin à ce sabotage qui détruit l'État libyen. Je pense que la rencontre avec lui s'est bien déroulée et qu’il a compris mes propositions pour la mise en œuvre de la Déclaration du Caire. Cela inclut toutes les initiatives requises pour une solution politique qui épargne à la Libye et à son peuple les dangers de la guerre, qui souligne l'importance de la paix et rejette l'ingérence étrangère.

Quel sera le rôle de l'ONU au cours de la phase suivante ? La coordination et la communication ont-elles déjà commencé ?

Nous avons demandé à l'ONU de superviser dans un proche avenir la restructuration du Conseil de la présidence et du gouvernement, conformément à la Déclaration du Caire, qui a obtenu le soutien quasi unanime des Libyens et de toutes les parties qui souhaitent la fin d'une guerre qu'ils considèrent comme une perte pour tous. L’idée est que ce qui peut être réalisé dans le cadre d’un processus de paix est de loin préférable à la poursuite de la guerre.

Une proposition américaine de démilitariser Syrte et de déployer des forces internationales a-t-elle été discutée ?

Cette question n'a pas été discutée, et nous n'avons vu aucune proposition sur la présence de forces étatiques. Bien au contraire, l'Armée nationale libyenne protégera la ville et le nouveau quartier général de l'autorité.

Qui choisira les membres du nouveau gouvernement et du Conseil de la présidence ? Cela garantira-t-il que le modèle mis en place par le Premier ministre Fayez Al-Sarraj, chef du Gouvernement d'accord national, ne se reproduira pas ?

Le gouvernement choisira les membres d’un comité de dialogue formé par la Chambre des représentants et le Conseil d’État, connu sous le nom de « 13+13 », conformément à la Déclaration du Caire.

Il prend en considération les trois régions et, sur cette base, un conseil présidentiel sera formé, composé de trois membres : le président et deux députés, un de chacune des trois régions. Ensuite, un Premier ministre sera désigné – d'une région autre que celle du président – et formera un gouvernement qui soumettra son programme à la Chambre des représentants pour approbation.

Un calendrier a-t-il été fixé pour atteindre cette phase ?

Nous sommes convenus d'un calendrier pour la mise en œuvre des phases de la Déclaration du Caire. Des réunions auront lieu avec l'ONU du 16 août au 16 septembre, jusqu'à la formation de la nouvelle autorité. Norland a confirmé son accord pour ces dates.

Al-Sarraj peut-il être convaincu d’apporter son soutien sur ce sujet ?

Al-Sarraj ne fait pas partie de la résolution de la crise. La solution est entre les mains de la Chambre des représentants et du Conseil d’État.

Comment la Turquie explique-t-elle son déploiement continu de mercenaires et d'armes à Misrata et à Tripoli ?

L'enjeu est de défendre nos intérêts, qui ne nous seront pas imposés par la force. Si la Turquie veut poursuivre ses intérêts à travers la paix, il n'y aura pas de désaccord. Nous avons donc insisté auprès de Norland sur l'importance du départ des mercenaires du territoire libyen – et ils commencent à partir.

Nous avons précédemment assuré à l'Union européenne (UE) que la poursuite de la guerre turque (en Libye) et une escalade entraîneront de grandes pertes et des dommages à toute l'Europe. Ils en sont convaincus et sont donc désireux de trouver une solution calme et pacifique, une sortie de la crise actuelle pour tous.

Comment voyez-vous la position russe sur la Libye ? Y a-t-il des mises à jour ?

J'ai visité la Russie et rencontré le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Ils soutiennent la Déclaration du Caire et la vision du Parlement, et ils ont écouté avec attention ce que nous leur avons exposé. Comme cela a été le cas lors de ma tournée en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Jordanie. J'ai senti que tout le monde, y compris Berlin, soutenait une solution politique et la Déclaration du Caire qui est l'aboutissement de toutes les initiatives.

Pensez-vous qu'il existe aujourd’hui un consensus américano-russe sur la Libye ?

Certainement, parce que chacun est convaincu que ses intérêts seront atteints à travers la paix, non à travers une guerre qui empêche qu’ait lieu le pompage du pétrole.

Comment expliquez-vous le ton du gouvernement Al-Wefaq, qui continue d’insister sur l’importance de restituer Syrte et de poursuivre la guerre ?

Le gouvernement Al-Wefaq se trouve dans une impasse et n'a rien proposé. Récemment, ils ont commencé à être en désaccord et à porter des accusations flagrantes de corruption. Al-Sarraj ne peut pas prendre de décisions, du fait qu'elles sont censées être prises à l'unanimité, mais vu son désaccord avec ses députés, tous ses arguments sont écartés.

Et cela, en plus des allégations de corruption faites récemment par le Vice-Premier ministre, Ahmed Maiteeq, signifie qu'Al-Sarraj ne peut rien proposer. Il a perdu sa légitimé aux yeux du peuple et des membres de la Chambre des représentants. Il souhaite continuer à occuper son poste pour mettre en œuvre ce que veut le régime turc.

La légitimité en Libye repose donc désormais sur la « ligne rouge » – comme la ville stratégique de Syrte a été décrite en juin par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi – qui ne doit pas être franchie, pour empêcher une nouvelle escalade des hostilités ?

La ligne rouge a certainement permis d'éviter l'escalade et a joué un rôle majeur dans la protection de l'unité de la Libye, de sa terre et de son peuple. C'est à mon avis une étape importante et décisive pour parvenir à une paix que tout le monde attend, dans une crise qui a duré plus longtemps qu'elle n'aurait dû.

Par conséquent, la ligne rouge annoncée par le président Al-Sissi est considérée comme un effort important pour arrêter l'effusion de sang parmi les Libyens, et pour convaincre que trouver une solution politique vaut mieux que de continuer à se battre. Je la considère comme une position historique pour l'Égypte et ses dirigeants.

Avez-vous arrêté avec Richard Norland un programme sur de nouvelles séries de négociations ?

Nous sommes convenus de poursuivre le dialogue. L'ambassadeur a mis en relief les intérêts de l'administration américaine, qui est intervenue au moment opportun – et c'est une intervention très importante. Il est prévu que je me rende aux États-Unis pour m’exprimer devant le Congrès américain et leur présenter les faits réels concernant la situation sur le terrain, ainsi que la vision de la Déclaration du Caire et le mécanisme de mise en application.

Quel est à ce stade le rôle de la Chambre des représentants libyenne ? Se réunira-t-elle bientôt ?

Le conseil est prêt à prendre toutes les dispositions concrètes, et il n'y a pas de désaccord relatif à la solution politique. Nous avons une déclaration constitutionnelle selon laquelle les amendements requis concernant la nouvelle autorité peuvent être introduits et approuvés.

Qu’en est-il de la réconciliation nationale ?

Les efforts sont constants et il n'y a pas de différend parmi les Libyens concernant le soutien à une solution politique et à une répartition équitable du pouvoir et des ressources. Ces tâches seront accomplies par la nouvelle autorité après sa formation sur la base des trois régions.

Quel est votre avis sur la situation sécuritaire et économique en Libye ?

La situation sécuritaire est stable et sous le contrôle de l'Armée nationale. Il en est de même pour la situation économique. Les salaires sont payés régulièrement et les produits alimentaires sont disponibles.


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.