La Côte d'Ivoire sonnée par la mort de son Premier ministre

Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, est décédé à 62 ans quelques jours après son retour d'une hospitalisation et d'une convalescence de deux mois en France (Photo, AFP)
Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, est décédé à 62 ans quelques jours après son retour d'une hospitalisation et d'une convalescence de deux mois en France (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 11 mars 2021

La Côte d'Ivoire sonnée par la mort de son Premier ministre

  • C'était « un homme avenant, flexible, capable de franchir des lignes pour obtenir des résultats », note le politologue ivoirien Jean Alabro
  • «La Côte d'Ivoire perd un homme de convictions et de compromis», a réagi l'ex-président Henri Lonan Bédié

ABIDJAN: La Côte d'Ivoire pleurait jeudi son Premier ministre Hamed Bakayoko décédé la veille, un homme populaire et apprécié dans tous les camps politiques d'un pays divisé à la recherche de l'apaisement. 

Le décès en Allemagne des suites d'un cancer de celui que les Ivoiriens appelaient « Hambak » à l'âge de 56 ans, est survenu quatre jours après les législatives du 6 mars qui se sont déroulées dans le calme et dont les résultats donnant la victoire au parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), n'ont pas été contestées dans la rue. 

Une exception en Côte d'Ivoire où les récents scrutins ont été émaillés de violences, en particulier la dernière présidentielle, le 31 octobre, boycottée par l'opposition et largement gagnée par le sortant Alassane Ouattara, réélu à un troisième mandat controversé: avant et après l'élection, ces violences ont fait 87 morts et 500 blessés. 

Mais pour la première fois depuis dix ans, l'ensemble des forces politiques qui comptent ont décidé de participer aux législatives, à l'issue desquelles l'opposition a obtenu 91 élus contre 137 au parti au pouvoir. 

De par ses connexions et le respect qu'il inspirait dans l'ensemble de la classe politique, M. Bakayoko a contribué à l'apaisement de la vie politique ivoirienne. 

Sa mort n'a pas été une réelle surprise, puisqu'il avait été évacué à Paris pour y être hospitalisé le 18 février, alimentant les plus folles rumeurs sur son état de santé et la nature de son mal. 

« La Côte d'Ivoire perd un homme de convictions et de compromis », a réagi l'ex-président Henri Lonan Bédié, chef du principal premier parti d'opposition, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). 

Le Front populaire ivoirien (FPI) de l'ex-président Laurent Gbagbo, rival d'Alassane Outarra, « s'incline avec respect devant la mémoire du grand serviteur de l'Etat qu'a été » Hamed Bakayoko. Il ajoute que sa mort « est ressentie » par Laurent Gbabo comme celle « d'un jeune frère ». 

C'était « un homme avenant, flexible, capable de franchir des lignes pour obtenir des résultats », note le politologue ivoirien Jean Alabro. 

Très à l'aise dans tous les milieux, il rencontrait régulièrement à travers le pays les leaders religieux de toutes les communautés et ethnies, les dirigeants politiques, les jeunes et les acteurs de la vie associative, pour les exhorter à s'écouter et se respecter, à ne pas recourir à la violence. 

« La Nation pleure »  

« La Côte d'Ivoire en deuil », « La Nation pleure », « Ouattara pleure un autre fils »: jeudi, tous les titres de la presse ivoirienne étaient bien sûr consacrés à sa mort et des dizaines de personnes, l'air grave, se regroupaient devant les kiosques à journaux pour les lire.  

« Les gens sont abattus, ça fait mal. On a perdu un parent, un homme, un frère », déclare Franck Oulaï, la quarantaine. « C'était un modèle pour la jeunesse », estime Massongué Cissé, employée de bureau, qui confie éprouver « beaucoup de peine ». 

En annonçant la mort de son Premier ministre mercredi soir, le président Ouattara a dit perdre un « fils et un proche collaborateur ». 

Ce terme de « fils », il l'avait déjà utilisé à la mort en juillet 2020 d'Amadou Gon Coulibaly, prédécesseur de Hamed Bakayoko, décédé à 62 ans quelques jours après son retour d'une hospitalisation et d'une convalescence de deux mois en France. 

Egalement très proche du chef de l'Etat, c'est Amadou Gon Coulibaly qu'il avait choisi pour se présenter à la présidentielle, mais sa mort avait poussé Alassane Ouattara à se représenter alors qu'il avait annoncé ne pas vouloir briguer de troisième mandat. 

« Cette perte plonge à nouveau le RHDP dans une dure épreuve », a reconnu jeudi Adama Bictogo, directeur exécutif du parti. 

La charge de Premier ministre est actuellement assurée par Patrick Achi, ex-secrétaire général de la présidence nommé lundi à titre intérimaire. 

Hamed Bakayoko occupait également le poste de ministre de la Défense, et y sera remplacé temporairement par Téné Birahima Ouattara, ministre des Affaires présidentielles et frère cadet du président. 

Les dates du retour de la dépouille de Hamed Bakayoko, ainsi que le deuil national qui devrait être décrété et des funérailles n'ont pas encore été déterminées et le seront en accord avec sa famille, indique-t-on de source proche de la présidence. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.