Un missile houthi frappe une école et tue trois enfants à Taïz

Les miliciens houthis ont tiré un missile sur une école où sont stationnées des forces pro-gouvernementales dans la région de Taïz, tuant quinze soldats ainsi que trois enfants qui se trouvaient à proximité. (Photo, Fichier/AFP)
Les miliciens houthis ont tiré un missile sur une école où sont stationnées des forces pro-gouvernementales dans la région de Taïz, tuant quinze soldats ainsi que trois enfants qui se trouvaient à proximité. (Photo, Fichier/AFP)
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Publié le Lundi 15 mars 2021

Un missile houthi frappe une école et tue trois enfants à Taïz

  • Les unités de déminage de l’armée yéménite ont passé samedi et dimanche à extraire des dizaines de mines terrestres posées par les Houthis dans les zones récemment libérées
  • Les avions de combat de la coalition arabe, dirigée par l'Arabie saoudite, ont joué un rôle clé dans la défaite des Houthis sur le champ de bataille de Hajja

AL-MUKALLA: Trois enfants et quinze soldats ont été tués dimanche lorsqu’un missile houthi a frappé une école au Yémen.

Des sources militaires expliquent que l'école du district de Kadha, à l'ouest du gouvernorat de Taïz, a déjà été utilisée comme base par la milice soutenue par l'Iran. Les forces du gouvernement l’ont reprise après qu’elles aient saisi Kadha la semaine dernière.

Les quinze soldats de l’armée se tenaient à l'intérieur de l'école lorsque le missile Houthi a atterri. Les enfants morts, deux frères et un cousin, se trouvaient à proximité.

Les combats entre les Houthis et les troupes loyales au gouvernement internationalement reconnu se sont récemment intensifiés à Taïz, dans le sud-ouest du Yémen.

Les unités de déminage de l’armée yéménite ont passé samedi et dimanche à extraire des dizaines de mines terrestres posées par les Houthis dans les zones récemment libérées, à l’ouest de la ville de Taïz.

Le porte-parole de l’armée yéménite, le colonel Abdel Basit Al-Baher, révèle à Arab News que l’armée et les forces de l’ordre locales ont déployé des patrouilles conjointes dans les zones libérées des districts d’Al-Maafer et de Maqbanah. Elles ont sommé les personnes déplacées de rentrer chez elles.

«Les affrontements entre l'armée nationale et les Houthis étaient moins intenses dans certains secteurs de Taïz dimanche. L'armée désamorce actuellement les mines terrestres et établissent un périmètre autour des zones libérées», a déclaré Al-Baher.

Au cours des dernières 24 heures, à Abbes et Mastaba, dans la province septentrionale de Hajja, les combats ont fait rage entre les forces gouvernementales et les Houthis, quand ces derniers ont lancé une contre-attaque pour reprendre des territoires perdus. Des dizaines de miliciens ont été tués dans les combats sans le moindre progrès.

Les avions de combat de la coalition arabe, dirigée par l'Arabie saoudite, ont joué un rôle clé dans la défaite des Houthis sur le champ de bataille de Hajja quand ils ont frappé leur matériel militaire et leurs points de rassemblement. Des images de chars incendiés et de véhicules blindés ont fait le tour dimanche des réseaux sociaux.

Les affrontements à Taïz et Marib dans le nord ont lieur alors que les États-Unis et l'ONU intensifient leurs efforts pour un cessez-le-feu, en vue de relancer les pourparlers de paix parrainés par l'ONU.

L'envoyé américain au Yémen a déclaré la semaine dernière qu'un «plan solide» pour une trêve est entre les mains des Houthis depuis «quelques jours», mais que ces derniers priorisent leur offensive à Marib.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’éducation en crise: les écoles de Gaza détruites par les attaques israéliennes

Des enfants marchent avec d’autres Palestiniens déplacés qui empruntent la route côtière de Rachid pour retourner dans la ville de Gaza, en passant par le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (Photo, AFP)
Des enfants marchent avec d’autres Palestiniens déplacés qui empruntent la route côtière de Rachid pour retourner dans la ville de Gaza, en passant par le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (Photo, AFP)
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  • Selon un rapport publié en mars, 87,7% des établissements scolaires de Gaza ont été endommagés ou détruits
  • Save the Children exige que le gouvernement israélien mette un terme aux attaques illégales contre les établissements d’enseignement et mette pleinement en œuvre la déclaration sur la sécurité dans les écoles

LONDRES: La guerre entre Israël et le Hamas menace gravement le potentiel à long terme des enfants de Gaza et les possibilités qui s’offrent à eux, déclare l’organisation caritative Save the Children.

Toutes les écoles de Gaza sont fermées depuis le début de l’offensive israélienne en octobre, ce qui a affecté 625 000 élèves. Par ailleurs, des frappes aériennes incessantes ont détruit toutes les universités de la bande de Gaza.

Ahmed, un père déplacé à Rafah, a fait part de son désespoir quant à l’avenir de ses trois enfants. «Je ne vois plus de vie pour eux», confie-t-il.

Pour Ahmed et d’innombrables autres parents, l’objectif premier est de garder leurs enfants en vie.

Cependant, selon Save the Children, nombreux sont ceux qui sont conscients que même si leurs enfants survivent aux menaces immédiates des bombardements et de la famine, leur éducation et leur développement seront gravement affectés.

Selon un rapport publié en mars, 87,7% des établissements scolaires de Gaza ont été endommagés ou détruits. Au total, 212 bâtiments scolaires ont été directement touchés, tandis que 282 autres ont subi des dommages plus ou moins importants.

Les difficultés d'accès, en particulier dans les gouvernorats du nord de Gaza, ont conduit le secteur de l’éducation à procéder à une évaluation des dommages par satellite afin de confirmer l’état des établissements d’enseignement.

Selon le droit humanitaire international, les écoles ne devraient généralement pas être prises pour cible et de telles attaques constituent de graves violations à l’encontre des enfants. D’après Save the Children, une absence prolongée de l’école entraîne non seulement une interruption de l’apprentissage, mais aussi une régression des progrès.

Les expériences passées montrent que plus les enfants s’absentent de l’école, moins ils ont de chances d’y retourner, ce qui compromet leurs perspectives de bien-être économique et de santé mentale et physique. Ils sont également plus exposés à la violence et aux abus.

«Les enfants ne peuvent pas échapper à la réalité de la guerre, n’ont pas de routine stable, n’ont pas la possibilité d’apprendre ou de jouer, et nombre d’entre eux n’ont pas de famille. Ce sont des facteurs de protection essentiels dont les enfants ont besoin pour atténuer le risque de dommages mentaux durables», indique un communiqué de Save the Children.

Les enfants de Gaza expriment régulièrement leur profond désir de retourner à l’école, qu’ils considèrent comme l’une de leurs priorités pour rétablir un sentiment de normalité et poursuivre leur développement éducatif et social.

«Il y a quelques jours, l’un de mes enfants m’a dit : “Je veux manger de la nourriture saine. Je veux vraiment aller à l’école et vivre ma vie d’avant, ma vie normale, et je veux jouer”», raconte Maher, un père de famille de Gaza.

Save the Children appelle à un cessez-le-feu immédiat et complet et à la fin du siège de Gaza.

L’organisation exhorte à la réouverture de tous les points de passage afin d’assurer la circulation des biens commerciaux et humanitaires. Elle exige de même que le gouvernement israélien mette un terme aux attaques illégales contre les établissements d’enseignement et mette pleinement en œuvre la déclaration sur la sécurité dans les écoles.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'ONU va lancer un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour Gaza et Cisjordanie

Les Palestiniens font la queue pour acheter du pain subventionné dans une boulangerie de la ville de Gaza, le 14 avril 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Les Palestiniens font la queue pour acheter du pain subventionné dans une boulangerie de la ville de Gaza, le 14 avril 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Avec la communauté humanitaire, nous appelons à 2,8 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes identifiées en Cisjordanie et à Gaza», a déclaré Andrea De Domenico
  • Quelques jours après l'attaque du Hamas sans précédent contre Israël du 7 octobre et le début de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en représailles, l'ONU avait lancé un premier appel aux dons d'urgence de 294 millions de dollars

NATIONS UNIES : L'ONU va lancer mercredi un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour aider la population palestinienne à Gaza et en Cisjordanie en 2024, a indiqué mardi le patron du bureau humanitaire des Nations unies dans les territoires palestiniens.

«Nous publions demain l'appel aux dons jusqu'à la fin de l'année. Avec la communauté humanitaire, nous appelons à 2,8 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes identifiées en Cisjordanie et à Gaza», a déclaré Andrea De Domenico lors d'une conférence de presse par vidéo.

«Evidemment 90% est pour Gaza», a-t-il précisé, notant qu'au départ, le plan humanitaire pour 2024 avait été chiffré à 4 milliards mais réduit à 2,8 milliards compte tenu des limites à l'accès de l'aide humanitaire.

Quelques jours après l'attaque du Hamas sans précédent contre Israël du 7 octobre et le début de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en représailles, l'ONU avait lancé un premier appel aux dons d'urgence de 294 millions de dollars.

L'appel avait été modifié début novembre, pour être porté à 1,2 milliard de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents de 2,7 millions de personnes dans les territoires palestiniens (2,2 millions à Gaza, 500.000 en Cisjordanie) pour la période allant jusqu'à fin 2023.


Après un an de guerre, des Soudanais se remémorent leurs rêves partis en fumée

Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
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  • Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», témoigne depuis les Etats-Unis l’ancienne employée d’une société d'investissement à Khartoum
  • De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR

LE CAIRE : Au début, en 2018, de la révolution au Soudan, Omar Ushari n'aurait jamais imaginé être un jour réfugié au Caire, après avoir fui la guerre sanglante qui ravage son pays depuis maintenant un an.

A l'époque, cet avocat de 37 ans était derrière les barreaux, comme de nombreux opposants emprisonnés par le régime islamo-militaire d'Omar el-Béchir et, comme eux, il s'était réjoui de ce soulèvement populaire.

Libéré, dans un Soudan assoiffé de changement après la chute d'Omar el-Béchir en 2019, Omar Ushari a décidé de réaliser son rêve: ouvrir un petit café littéraire qu'il a appelé Rateena, un havre de paix où les militants de Khartoum réfléchissaient collectivement à construire «un meilleur Soudan».

Mais quand le 15 avril 2023, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo sont entrés en guerre, M. Ushari a vu son projet «peu à peu partir en fumée».

Pendant des mois, bravant les combats de rue, il s'est rendu à Rateena pour, dit-il, «m'asseoir dans la pénombre, prendre note des pillages survenus depuis ma dernière visite, et me souvenir».

Longtemps, il est resté sidéré, incapable de comprendre «comment la musique, les conférences et les débats avaient disparu au profit des balles perdues éparpillées au sol et l'écho des tirs d'artillerie».

- Une «révolution volée» -

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Le rêve de M. Ushari «n'est qu'un des milliers de rêves qui ont volé en éclat», à l'aune de ce qu'il appelle «une révolution volée».

La transition démocratique enclenchée au départ d'Omar el-Béchir, après 30 ans de pouvoir, a libéré «les espoirs, l'inspiration et l'audace» de la jeunesse, explique à l'AFP Sarah Salmane, qui travaillait à l'époque dans une société d'investissement à Khartoum.

Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», ajoute-t-elle depuis les Etats-Unis.

A elle seule, Mme Salmane a examiné plus de 50 projets de start-up dans des secteurs variés, allant de la télé-santé à la finance.

Un boom initié par l'«énergie de la révolution», ce moment où «les gens avaient espoir que le Soudan emprunte enfin la bonne voie, sorte des ténèbres et atteigne, via une transition civile, la liberté», se souvient M. Ushari.

Comme nombre de ses compatriotes, l'experte en communication Raghdan Orsud, âgée de 36 ans, a pris part au changement.

Elle a co-fondé la plateforme de lutte contre la désinformation Beam Reports, «convaincue du rôle que les médias peuvent jouer dans une transition démocratique», dit-elle à l'AFP depuis Londres.

Mais deux mois après le lancement de sa plateforme, cette fragile transition a déraillé lorsqu'en octobre 2021, les deux généraux aujourd'hui en guerre ont mené ensemble un coup d'Etat et confisqué le pouvoir aux civils.

«C'était une période douloureuse, des manifestants étaient tués toutes les semaines», se souvient M. Ushari.

Pourtant, malgré la répression, la jeunesse soudanaise a continué à battre le pavé pour exiger le retour des civils au pouvoir.

- Rateena incendié -

Puis un samedi, à la fin du ramadan, les habitants de Khartoum se sont réveillés au son des tirs d'artillerie.

En une nuit, les cadavres d'habitants abattus par des snipers ou fauchés par des balles perdues ont jonché les rues de Khartoum.

Plusieurs millions d'habitants ont fui la capitale. Raghdan Orsud a dû abandonner l'équipement sonore flambant neuf qu'elle venait d'acquérir. «Tout était encore empaqueté» quand les paramilitaires se sont emparés de son immeuble.

Omar Ushari tentait de s'établir au Caire quand il a reçu un message vidéo montrant un immense incendie.

«C'est comme ça que j'ai appris que Rateena avait brûlé». Avec le café, des milliers de livres et d'oeuvres d'art ont été réduits en cendres.

De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR.

La cheffe pâtissière Chaimaa Adlan, âgée de 29 ans, raconte que son père, qui vit en Arabie saoudite, «priait pour qu'un bombardement touche la maison». «Il aurait préféré la voir détruite plutôt que transformée en base paramilitaire», ajoute-t-elle.

- «Le Soudan est à nous» -

Mme Adlan, qui venait de lancer une activité de traiteur, s'est retrouvée au Caire, déracinée et sans emploi.

Un an plus tard, elle slalome dans une cuisine animée de la capitale égyptienne, hurlant des ordres à ses équipes tout en mettant la touche finale à ses plats mêlant subtilement arômes soudanais et occidentaux.

Sur scène, M. Ushari, qui s'est associé à Mme Adlan et à d'autres pour ouvrir un restaurant éphémère doublé d'un espace culturel, présente un musicien soudanais qui s'apprête à jouer le répertoire classique du pays.

Cette même jeunesse qui organisait les manifestations rêve toujours de démocratie et chapeaute l'entraide à travers le pays, constituant, d'après l'ONU, «la première ligne» de la réponse humanitaire à la guerre.

Malgré l'exil et la douleur, il reste une «étincelle révolutionnaire» vivace dans le «coeur de tous les Soudanais», dit M. Ushari.

«Le Soudan est à nous tous, alors que faire si ce n'est s'atteler à le reconstruire?», ajoute Mme Orsud.