Algérie/déchéance de nationalité: un projet pour "faire taire les voix critiques"

Un manifestant anti-gouvernemental algérien crie des slogans lors d'une manifestation dans la capitale Alger, le 12 mars 2021. RYAD KRAMDI / AFP
Un manifestant anti-gouvernemental algérien crie des slogans lors d'une manifestation dans la capitale Alger, le 12 mars 2021. RYAD KRAMDI / AFP
Short Url
Publié le Lundi 15 mars 2021

Algérie/déchéance de nationalité: un projet pour "faire taire les voix critiques"

  • Un projet de loi prévoyant de déchoir des Algériens de la diaspora de leur nationalité, notamment pour des actes "préjudiciables aux intérêts de l'Etat", vise à "faire taire les voix réfractaires de l'étranger"
  • Cet amendement au Code de la nationalité a été présenté début mars, suscitant un tollé au moment où le mouvement pro-démocratie du Hirak, soutenu par une grande partie de la vaste diaspora algérienne, a repris ses manifestations hebdomadaires

ALGER : Un projet de loi prévoyant de déchoir des Algériens de la diaspora de leur nationalité, notamment pour des actes "préjudiciables aux intérêts de l'Etat", vise à "faire taire les voix réfractaires de l'étranger", déplore le politologue Mansour Kedidir.

Cet amendement au Code de la nationalité a été présenté début mars, suscitant un tollé au moment où le mouvement pro-démocratie du Hirak, soutenu par une grande partie de la vaste diaspora algérienne, a repris ses manifestations hebdomadaires.

Cela démontre "une certaine précipitation" de la part du gouvernement, poursuit cet ancien magistrat, qui met en garde contre une "bombe à retardement".

Q: Comment interpréter cet avant-projet dans le contexte de crise actuel?

R: "Ce n'est pas la première fois que la déchéance de nationalité est prévue dans la législation algérienne. Toutefois, tel que cet amendement a été rédigé, il semble qu'il déroge aux textes précédents dans la mesure où l'avant-projet prévoit la déchéance de la nationalité d'origine, ce qui revêt un caractère grave sur le plan des droits humains (...). C'est plus une forme d'intimidation à l'endroit des opposants et des +youtubeurs+ vivant à l'extérieur du pays qu'autre chose.

Si cette hypothèse est exacte, cela dénote une certaine précipitation et un manque de stratégie dans la politique gouvernementale. A l'évidence, les sites internet (réseaux sociaux, sites d'informations et autres supports numériques d'expression, NDLR) mènent une campagne féroce contre les pouvoirs publics, mais je pense que l'Etat ne devrait pas se laisser entraîner dans des flots de passions déchaînées. Les autorités semblent trouver dans la déchéance une nouvelle arme pour faire taire les voix réfractaires vivant à l'étranger. Il apparaît donc que l'avant-projet s'inscrit dans une logique dissuasive."

Q: Quelles seront les conséquences d'un tel amendement?

R: "Il me semble que rien ne justifie cet amendement puisque la déchéance de la nationalité d'origine est une mesure condamnée par les conventions internationales (...) et si les autorités persistent, on aura indubitablement des apatrides, ce qui enfreint le droit international. 

Dans ce cas de figure, il semble aussi qu'on soit en train de fabriquer des bombes à retardement car celui qui sera déchu deviendra un désespéré que rien n'arrêtera. Imaginez le nombre grandissant des harraga (personnes ayant traversé illégalement la Méditerranée, NDLR) qui vont tomber dans les griffes des extrémistes.

Par ailleurs, une précision s'impose: le recours à la déchéance de la nationalité d'origine passe par une procédure fastidieuse (...). Une décision rendue par défaut pour des délits ou par contumace pour des crimes ne permet pas de décider d'un décret de déchéance".

Q: Sur la question des jihadistes, l'Algérie rechigne à récupérer ses ressortissants nés et vivant à l'étranger. N'est-ce pas une façon de régler le problème?

R: "Je ne pense pas. L'Algérie est liée par des accords avec d'autres pays dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et elle gagnerait à recevoir ses jihadistes pour les juger. En matière de stratégie, interroger ses jihadistes et connaître leur mode opératoire renforceraient les capacités des services de sécurité."


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.