La spirale vers l’abîme se poursuit au Liban: «Nous n’avons plus de pain!»

Une cliente passe devant des étagères presque vides dans un supermarché de Beyrouth. (Photo, Reuters)
Une cliente passe devant des étagères presque vides dans un supermarché de Beyrouth. (Photo, Reuters)
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Publié le Jeudi 18 mars 2021

La spirale vers l’abîme se poursuit au Liban: «Nous n’avons plus de pain!»

  • Le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé a révélé que le conseil central de l’institution étudiera un nombre de scénarii
  • L'huile de cuisson, le lait, le riz, le sucre et les légumes secs ont disparu des rayons des supermarchés

BEYROUTH: Des manifestants ont tenté mercredi de prendre d'assaut le bâtiment du ministère de l'Économie à Beyrouth, et d'assiéger le domicile d'un ministre alors que la livre libanaise est entraînée dans une spirale vers l’abîme.

La monnaie locale s’échangeait à 15 000 contre le dollar américain sur le marché noir, ce qui n’a fait qu’exacerber les craintes de flambée des prix et de pénurie de denrées alimentaires de base.

Les manifestants ont pris pour cibles les domiciles des politiciens à la suite d'une décision du gouvernement de réduire les subventions pour les produits essentiels.

«Pourquoi vous accrochez-vous à ce poste? Nous n'avons plus de pain! Nous avons faim! Nous sommes en train de mourir!», ont crié les manifestants devant la maison du ministre du Commerce, Raoul Nehmé.

À la suite d’une réunion avec le ministre des Finances Ghazi Wazni mercredi, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé a révélé que le conseil central de l’institution étudiera un nombre de scénarii dans les prochaines 24 heures en vue de renforcer la monnaie locale.

Une source au ministère confie à Arab News que si la banque centrale a refusé d'injecter des dollars sur le marché ces derniers mois, rien ne l’empêche d’intervenir à nouveau «si le conseil le décide».

Cependant, cette même source rappelle que «ce n'est qu'une solution provisoire. Ce qu'il faut vraiment, c'est une volonté politique pour former un nouveau gouvernement. Ceci ne risque pas de se produire, pas à court terme en tout cas».

Wazni a déclaré mardi à Bloomberg que «le Liban perd progressivement ses subventions alimentaires, et augmentera les prix de l'essence pour économiser le peu de devises étrangères qui lui restent».

Le ministre explique que les «réserves de change de la Banque centrale s'élèvent désormais à environ 16 milliards de dollars, mais que le financement des subventions ne peut en aucun cas dépasser les 1,5 milliard de dollars. Cette somme peut durer deux ou trois mois au plus, compte tenu de la baisse des flux de dollars, du manque de confiance et de la crise politique sans issue».

Mercredi, les manifestants ont continué de bloquer les routes à Beyrouth et dans les régions, avec des bennes à ordure et des pneus incendiés.

Ils ont encerclé la voiture du cheikh Hassan Al-Masri, chef adjoint du bureau politique du Mouvement Amal en lui hurlant: «Nous mourons de faim alors que vous êtes payé en dollars».

L'huile de cuisson, le lait, le riz, le sucre et les légumes secs ont disparu des rayons des quelques supermarchés qui ont eu le courage d’ouvrir leurs portes mercredi.

Une femme avoue à Arab News qu’elle «vérifie le prix du produit avant de vérifier le produit lui-même. Les gens subissent une humiliation sans précédent».

Même les propriétaires de pharmacies ont décidé de fermer jeudi à cause des pénuries de médicaments.

Ghassan Al-Amin, chef du syndicat des pharmaciens, déclare que «cette pénurie est le résultat du retard dans l'approbation de la Banque centrale de subventionner les importations de médicaments pendant plus de quatre mois».

Al-Amin a déclaré que les importateurs livrent des médicaments aux pharmacies en petites quantités, et que la pénurie est exacerbée par des achats de panique, le stockage, ainsi que par la contrebande vers l’étranger.

«Nous sommes coincés dans un cercle vicieux et nous savons plus comment nous en sortir», soupire-t-il.

Al-Amin révèle que plus de 600 pharmacies ont fermé leurs portes parce que «les recettes ne suffisent plus à couvrir les dépenses».

Mirna Doumit, présidente de l'Ordre des infirmières au Liban, confirme l’état chaotique du secteur infirmier. «Plus de mille infirmières expérimentées ont fui le pays, laissant un vide professionnel qui se manifeste dans l’absence de formation du jeune personnel infirmier».

Doumit a également déclaré lors de la conférence de presse que plus de deux mille infirmières qui se sont absentées pour avoir contracté la Covid-19 ont vu leurs salaires réduits.

«Nous avons perdu cinq infirmières à cause du virus», se désole-t-elle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com