Dans un entretien avec ANFr, l’ambassadeur des EAU en France commente le plan de paix avec Israël

Ali Abdallah Al Ahmad, ambassadeur des Émirats Unis en France, avec le président Macron (WAM)
Ali Abdallah Al Ahmad, ambassadeur des Émirats Unis en France, avec le président Macron (WAM)
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Publié le Samedi 15 août 2020

Dans un entretien avec ANFr, l’ambassadeur des EAU en France commente le plan de paix avec Israël

  • Interviewé par Randa Takieddine, correspondante en chef d’Arab News en français, Abdallah Al Ahmed, ambassadeur des Émirats arabes unis en France, porte un éclairage approfondi sur les raisons qui ont porté son pays à conclure un accord de normalisation
  • « Cet accord trilatéral entre les Émirats et Israël, avec les États-Unis comme acteur principal va, selon notre conviction, contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de la région » a souligné Al Ahmed

PARIS : Ce 13 août, dans un climat de tension régionale et de stagnation diplomatique, tombait comme un coup de théâtre l’annonce d’un accord de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis, membres de la Ligue arabe, et de l’État d’Israël. Cet accord historique conclu sous les auspices des États-Unis et annoncé sous la forme d’un communiqué de la Maison blanche portant la signature des présidents Donald Trump et Benjamin Netanyahou et de Cheikh Mohammed Ben Zayed, prince héritier et ministre de la Défense d’Abou Dhabi, doit être officialisé dans les prochaines semaines. Avec cette normalisation, les Émirats unis rejoignent deux autres États arabes : l’Égypte qui l’a signée en 1979 et la Jordanie, en 1994.

Parmi les réactions, positives ou hostiles, qui n’ont pas manqué de pleuvoir, celle du président français Emmanuel Macron qui a à travers un tweet, a déclaré : Je salue la décision courageuse des Émirats arabes unis et souhaite qu’elle contribue à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. »

Dans un entretien avec Arab News en français, l’ambassadeur des Émirats unis en France, Ali Abdallah Al Ahmed, déclare pour sa part que « la décision du gouvernement israélien d’annexer une partie des territoires palestiniens avait été déjà prise antérieurement à cet accord, soulevant l’inquiétude et la préoccupation de la communauté internationale. Depuis Les accords d’Oslo jusqu’à il y a quelques années, ce problème était la clef de voûte de la solution à deux États ». « Si le gouvernement israélien, poursuit Al Ahmed, met à exécution son plan d’annexion des territoires palestiniens, cela signifie qu’il faudra mettre une croix sur la solution à deux États, ce qui nous ramènerait trente ans en arrière ». L’ambassadeur Al Ahmed ajoute cependant que « cet accord trilatéral entre les Émirats et Israël, avec les États-Unis comme acteur principal et le renforcement de la présence des États-Unis dans notre région, va selon notre conviction contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de la région ».

Concernant les déclarations israéliennes selon lesquelles l’annexion serait seulement suspendue et non annulée, Al Ahmed répond qu’« il n y a pas un début de relation idéal. Aujourd’hui, malgré tout, un pas a été franchi avec l’acceptation du gouvernement israélien de geler l’annexion. Ce n’est certes pas une solution finale, sûrement pas, on verra ce qui va suivre ».  Le diplomate ajoute que « le début de la relation entre les Émirats et Israël ouvre des portes, et la suite ne sera pas uniquement politique mais également économique, technologique, académique, et il est fort possible que le tempo du développement de ces relations soit plus rapide, on verra bien ».

Pour Al Ahmed, le retour de la solution à deux États sur la table des négociations est sans aucun doute un accomplissement. Sur le rejet de cet accord par l’Autorité palestinienne, l’ambassadeur rétorque : « Il vaudrait mieux pour l’autorité palestinienne remercier la diplomatie émirienne. La décision des Émirats est souveraine et elle a été précédée par l’Égypte, la Jordanie et les palestiniens eux-mêmes. Nous ne négocions pas au nom des Palestiniens et il ne nous appartient pas de le faire. Mais notre position sur la cause palestinienne est en lien avec consensus arabe sur Jérusalem-Est. Par ailleurs, nous adhérons à tous les paramètres de l’unanimité arabe et nous ne nous en écartons guère ». 

À la question de savoir si l’ambassade des Émirats en Israël sera située à Jérusalem, Al Ahmed répond : « Nous en sommes encore au tout début de l’ouverture des relations, mais on verra comment tout cela va progresser dans les jours prochains. On est encore au stade d’un contact téléphonique sur lequel repose l’ouverture d’une relation diplomatique dans le cadre de laquelle tous les détails seront décidés. Les Émirats ont mis pour condition de cet accord - et les États unis ont accepté- le retour de la solution à deux États à la table des négociations.

 

« Le début de la relation entre les Émirats et Israël ouvre des portes, et la suite ne sera pas uniquement politique mais également économique, technologique, académique, et il est fort possible que le tempo du développement de ces relations soit plus rapide, on verra bien »

Ali Abdallah Al Ahmad

À la question de savoir si cet accord entre les Émirats et Israël signifie que le plan de paix arabe, ou l’initiative arabe du roi Abdallah d’Arabie saoudite, n’est plus valable, Al Ahmed répond : « certainement pas, puisque l’initiative du roi Abdallah elle-même repose sur la solution à deux États qui en est le point essentiel.

Interrogé sur la possibilité que cet accord Émirati-israélien vise à renforcer les chances de Donald Trump pour sa réélection, Al Ahmed explique que d’une part, il est connu que l’électeur américain est très peu concerné par la politique étrangère ; « d’autre part, ajoute-t-il, si les États-Unis n’étaient pas les garants de cet accord, il n’aurait pas pu se faire ».

À la question de savoir si cet accord vise à confronter l’Iran et la Turquie dans la région, Al Ahmed explique que les relations diplomatiques entre deux pays concernent plusieurs domaines : le social, le politique, le culturel, etc. et la conviction émiratie est que non seulement Israël peut bénéficier énormément des États arabes, mais que les Émirats, qui sont la deuxième économie mondiale, peuvent eux aussi tirer profit d’une relation avec Israël. « On a déjà eu une expérience de coopération au niveau scientifique médical sur la Covid-19, entre une compagnie émiratie et une autre israélienne pour la recherche pharmaceutique.

Enfin, à la question, posée par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, de savoir quel sera le prochain pays arabe à suivre cette initiative, l’ambassadeur émirati pense que si Israël veut vivre en paix dans la région arabe et si les pays arabes veulent une économie épanouie, il faut que d’autres accords soient conclus avec d’autres pays arabes dans l’intérêt des deux parties.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".