La Chine met au pas ses géants du numérique

Depuis novembre, Alibaba semble particulièrement dans le viseur de Pékin (Photo, AFP).
Depuis novembre, Alibaba semble particulièrement dans le viseur de Pékin (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 22 mars 2021

La Chine met au pas ses géants du numérique

  • Les entreprises de l'internet et du numérique sont particulièrement dynamiques en Chine où la législation jusque-là relativement laxiste en matière de données personnelles a permis à des géants locaux d'émerger
  • Début mars, 12 entreprises - dont les mastodontes du commerce en ligne Alibaba et JD.com - ont été condamnées à des amendes pour avoir enfreint les règles anti-monopole

SHANGHAI: Pékin a sifflé la fin de la récréation : après avoir longtemps fermé les yeux sur leurs pratiques, la Chine veut ramener dans le rang ses géants technologiques à l'influence démesurée.

Les entreprises de l'internet et du numérique sont particulièrement dynamiques en Chine où la législation jusque-là relativement laxiste en matière de données personnelles et l'absence de concurrents étrangers - majoritairement bloqués - a permis à des géants locaux d'émerger.

Le vent est cependant en train de tourner. 

Début mars, 12 entreprises - dont les mastodontes du commerce en ligne Alibaba et JD.com - ont été condamnées à des amendes pour avoir enfreint les règles anti-monopole. 

Pékin se montre également plus pointilleux en matière de données personnelles : lundi, le régulateur a ainsi fixé un cadre pour définir ce que les applications mobiles peuvent ou ne peuvent plus collecter. 

Et depuis novembre, Alibaba semble particulièrement dans le viseur de Pékin.

Les autorités ont d'abord suspendu une colossale entrée en Bourse à 34 milliards de dollars d'Ant Group, sa filiale de paiements en ligne.

Le mois suivant, le groupe fondé par Jack Ma était visé par une enquête sur ses pratiques commerciales, jugées anti-concurrentielles.

« Trop puissant »

Quelques semaines plus tôt, l'excentrique milliardaire avait publiquement accusé les régulateurs d'entraver l'innovation dans le secteur de la finance en ligne -- apparemment un crime de lèse-majesté pour le pouvoir du président Xi Jinping.

Ant Group détient Alipay, une application ultra populaire qui permet de régler ses achats par téléphone ou faire des réservations en ligne, dans un pays où l'argent liquide a quasiment disparu.

Ant a par ailleurs prospéré dans les prêts bancaires, la gestion de patrimoine et l'assurance, en profitant d'une législation moins contraignante que celle qui s'applique aux banques publiques traditionnelles.

En ce sens, Alibaba était devenu « trop puissant », à l'image d'autres acteurs de la tech qui se jouent de la réglementation, souligne dans une note le cabinet d'études Eurasia Group.

Désormais, Pékin veut que les géants de la tech se recentrent sur leur cœur de métier ou respectent les mêmes règles que les acteurs traditionnels.

Pour continuer à proposer des prêts, Ant devra se plier à la réglementation bancaire, chose que les géants du secteur évitaient jusqu'ici.

Désormais, « ces derniers devront créer des sociétés » spécifiques pour leurs activités bancaires, remarque l'analyste Ke Yan, du cabinet DZT Research spécialisé dans les investissements.

« Ils ne pourront pas y échapper », estime-t-il.

Et ce, au moment où Pékin s'inquiète de l'endettement alarmant du pays, qui fait peser un risque sur le système financier.

« Préoccupations légitimes »

Le pouvoir communiste aurait également demandé à Alibaba de se désengager des médias, inquiet de l'influence du groupe fondé par Jack Ma, rapportait la semaine dernière le Wall Street Journal.

Dans le viseur notamment : le South China Morning Post (SCMP), un grand quotidien anglophone de Hong Kong, dont la ligne éditoriale est parfois critique de Pékin.

Le serrage de vis dans la tech n'est toutefois pas propre à la Chine, nuance Jeffrey Towson, auteur de la lettre d'information Asia Tech Strategy. 

Aux Etats-Unis, les géants Apple, Google, Facebook et Amazon, accusés d'abus de position dominante, sont également sous la menace d'un durcissement de la législation.

Simplement, Pékin a opté pour une approche « très chinoise », fait remarquer Towson : « D'abord, le laissez-faire pour ne pas entraver l'innovation, puis l'intervention » avec un durcissement du cadre réglementaire.

Les internautes sont par ailleurs de plus en plus sensibles aux questions de vie privée alors que le recours à la reconnaissance faciale et à d'autres technologies avancées se banalise en Chine.

« En Chine, on ramène tout au Parti communiste mais si le gouvernement britannique avait procédé de la même façon, personne n'aurait rien trouvé à y redire », estime Towson. 

Pékin a des « préoccupations légitimes » du fait du développement du secteur, selon Towson, estimant ces mesures « raisonnables ». 


IA: Microsoft annonce 15,2 milliards de dollars d'investissements aux Emirats arabes unis

Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
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  • Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis
  • Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42

ABOU DHABI: Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe.

Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis, a indiqué son président Brad Smith, dans une lettre publiée en marge d'une visite à Abou Dhabi.

Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42, dirigée par le conseiller à la sécurité nationale et frère du président émirati, Tahnoon ben Zayed.

"Du début de l'année 2026 à la fin de l'année 2029, nous dépenserons plus de 7,9 milliards de dollars" supplémentaires pour continuer à développer l'infrastructure d'IA et de cloud dans le pays, portant l'enveloppe totale à 15,2 milliards, a-t-il ajouté.

L'Etat du Golfe, qui figure parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, a fait de l'IA l'un des piliers de sa stratégie de diversification économique, avec l'ambition de devenir un leader mondial d'ici 2031.

Il subit toutefois les règles imposées par les Etats-Unis pour restreindre les exportations de certaines puces d'IA avancées vers la Chine, dont l'une prévoit des autorisations pour toute exportation ou réexportation afin de limiter toute opération consistant à contourner les restrictions en passant par des pays tiers.

Des exemptions sont prévues pour des pays considérés comme amis des Etats-Unis, mais la plupart se voient imposer des plafonds.

Lors de la visite du président américain Donald Trump à Abou Dhabi en mai, les Emirats et les Etats-Unis ont conclu un partenariat stratégique dans l'IA, laissant espérer un assouplissement de ces règles à l'égard du pays.

Sous l'administration de Joe Biden, Microsoft avait été "l'une des rares entreprises" à obtenir des licences d'exportation pour les Emirats, permettant d'accumuler dans le pays l'équivalent de 21.500 puces A100 de la compagnie Nvidia, selon son président.

Et pour la première fois depuis l'arrivée de M. Trump, elle a obtenu en septembre des licences "permettant d'expédier l'équivalent de 60.400 puces A100 supplémentaires", impliquant dans ce cas des technologies encore plus avancées, a-t-il ajouté en soulignant que ces autorisations étaient basées sur "des mesures de protection technologique strictes".


Saudi Eksab et le Guyana s’allient pour développer des investissements dans des secteurs clés

Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
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  • Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un MoU pour développer des investissements conjoints dans des secteurs stratégiques clés
  • L’accord, conclu en marge de la Future Investment Initiative à Riyad, vise à renforcer la coopération économique et la diversification durable

RIYAD : Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un protocole d’accord (MoU) visant à explorer une collaboration en matière d’investissements dans des secteurs stratégiques clés, en marge de la Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le protocole a été signé par Yazeed Alyahya, PDG de Saudi Eksab, et Zulfikar Ally, ministre guyanais du Service public, de l’Efficacité gouvernementale et de la Mise en œuvre, en présence du président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali.

Selon un communiqué, cet accord ouvre la voie à un renforcement de la coopération pour promouvoir des opportunités d’investissement stratégiques et identifier de nouveaux domaines d’intérêt commun. Il consolide également le rôle de Saudi Eksab en tant que partenaire de confiance soutenant la croissance durable et la diversification économique.

« Le Guyana entre dans une phase de développement transformateur. À travers cette collaboration avec Saudi Eksab, nous souhaitons explorer des partenariats capables d’accélérer le développement des infrastructures et la diversification économique tout en favorisant la coopération mondiale », a déclaré Ally dans le communiqué.

De son côté, AlYahya a ajouté : « Ce partenariat marque une étape prometteuse dans notre mission visant à identifier des initiatives d’investissement à fort impact, génératrices d’une croissance économique partagée. Nous sommes impatients de concrétiser des opportunités significatives. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le PIF en passe d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de l’année, selon Al-Rumayyan

M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
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  • Les actifs du PIF ont triplé depuis 2015 et devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, avec plus de 100 entreprises créées pour diversifier l’économie
  • Une nouvelle stratégie du fonds, centrée sur six secteurs clés dont le tourisme, la logistique et l’énergie renouvelable, vise à renforcer la transformation économique du Royaume

RIYAD : Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Fonds public d’investissement (PIF), a déclaré que les actifs du fonds ont triplé depuis 2015, ajoutant que l’objectif d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de cette année est presque atteint.

Le PIF constitue la pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Son effectif est passé d’environ 40 employés en 2015 à quelque 4 000 aujourd’hui, et le fonds dispose désormais de bureaux dans plusieurs grandes capitales mondiales.

Al-Rumayyan a indiqué que le PIF a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de stimuler la diversification économique.

Il a révélé qu’une nouvelle stratégie du PIF sera annoncée prochainement, celle-ci étant actuellement dans les dernières étapes d’approbation. Cette stratégie se concentrera sur six secteurs clés : le tourisme, les voyages et le divertissement, le développement urbain, la fabrication avancée et l’innovation, la logistique, l’énergie renouvelable et NEOM.

Cet axe stratégique, a-t-il souligné, permettra au fonds de hiérarchiser ses investissements selon des calendriers précis : « Nous ne voulons pas aborder tous les investissements avec le même niveau de priorité, » a-t-il ajouté.

Al-Rumayyan a également mis en avant le succès du PIF dans la relance de la King Abdullah Economic City, qui fait partie de son portefeuille. Il a expliqué que le PIF a augmenté sa participation de minoritaire à majoritaire, transformant une entreprise restée largement inactive pendant près de deux décennies en un pôle dynamique attirant ports, entreprises et industries automobiles, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com