Bangladesh: au moins 15 morts, 400 disparus et 45 000 déplacés après l'incendie d'un camp de réfugiés rohingyas

Des gens nettoient des débris dans un camp de réfugiés rohingyas à Ukhia le 23 mars 2021, où un énorme incendie a forcé environ 50000 personnes à fuir. AFP
Des gens nettoient des débris dans un camp de réfugiés rohingyas à Ukhia le 23 mars 2021, où un énorme incendie a forcé environ 50000 personnes à fuir. AFP
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Publié le Mardi 23 mars 2021

Bangladesh: au moins 15 morts, 400 disparus et 45 000 déplacés après l'incendie d'un camp de réfugiés rohingyas

  • «Près de 10 000 abris ont été incendiés», a déclaré Mohsin Chowdhury, secrétaire à la gestion des catastrophes et des secours
  • Selon l'Unicef, «des enfants figurent parmi les blessés. Il y a aussi beaucoup d'enfants séparés de leurs familles» 

COX’S BAZAR: Au moins 15 Rohingyas sont morts, 400 portés disparus et 45 000 déplacés après un incendie qui a ravagé un immense camp de réfugiés dans le sud-est du Bangladesh, selon l'ONU et les autorités locales. 

L'incendie gigantesque, maîtrisé vers minuit lundi, a fait rage pendant plus de 10 heures, a raconté Mohammad Yasin, un Rohingya. 

Près d’un million de Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, vivent dans des conditions misérables, dans des abris faits de bambous et de bâches, dans les camps du district bangladais de Cox’s Bazar, après avoir fui les persécutions militaires dans leur pays en 2017. 

Johannes van der Klaauw, responsable du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Bangladesh, a fait état d'au moins 15 morts, 560 blessés, 400 disparus et 45 000 personnes déplacées, un bilan encore provisoire. 

Les réfugiés seront « déplacés vers d'autres abris dans le camp », a indiqué M. van der Klaauw, précisant que le HCR disposait d'« un camp de transit » et qu'il n'était « pas question de les déplacer en dehors de la zone du camp ». 

« Près de 10 000 abris ont été incendiés », a déclaré Mohsin Chowdhury, secrétaire à la gestion des catastrophes et des secours, précisant qu'un comité allait enquêter sur le sinistre. 

« Je n'ai pu sauver aucun de nos biens car j'étais occupée à sauver mes enfants du feu. Nous avons simplement fui notre maison », a témoigné Nasima Khatun. 

« Destruction et désespoir » 

« Les gens se sauvaient en courant car le feu se propageait rapidement. Beaucoup ont été blessés et j'ai vu au moins quatre corps », a raconté Aminul Haq, un autre réfugié. 

Les employés du Programme alimentaire mondial (PAM) rapportaient mardi « de terribles scènes de dévastation, de destruction et de désespoir ». 

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a promis un million de dollars d'aide immédiate. « Il faudra 20 millions de dollars de plus pour répondre aux besoins les plus urgents », selon Angela Well, une porte-parole de l'organisation. 

Il s'agit du troisième incendie à se déclarer dans les camps rohingyas en quatre jours, a déclaré un responsable des pompiers, Sikder. L'origine du sinistre demeure inconnue pour l'heure, selon lui. 

Vendredi déjà, deux incendies avaient détruit des dizaines d'abris. 

Pour l'organisation Refugees international, « cette tragédie est un terrible rappel de la position vulnérable des réfugiés rohingyas pris entre des conditions de plus en plus précaires au Bangladesh et la réalité d'une patrie désormais dirigée par les militaires responsables du génocide qui les a forcés à fuir ». 

« Nous pourvoyons aux secours en fournissant de la nourriture et de l'eau, et en érigeant des abris d'urgence pour les personnes qui ont perdu leur maison », a indiqué M. A. Halim, chef des opérations à Cox's Bazar pour le Croissant-Rouge du Bangladesh. Mais « des efforts encore plus importants » seront nécessaires « dans les semaines à venir, notamment à l'approche de la saison des cyclones », a-t-il prévenu. 

Selon Gazi Salahuddin, un inspecteur de police, l'incendie a pris de l'ampleur avec l'explosion de bonbonnes de gaz dont se servent les réfugiés pour cuisiner. 

« Trop grande coïncidence »  

Un représentant des Rohingyas, Sayed Ullah, a demandé « une enquête immédiate », affirmant que la nature des incendies suscitait de profondes inquiétudes. 

« On ne sait pas pourquoi ces incendies se répètent dans les camps. Il faut une enquête appropriée et complète », a-t-il déclaré. 

« De nombreux enfants sont portés disparus, et certains n'ont pas pu fuir à cause des barbelés installés dans les camps », a-t-il également déploré dans un communiqué. 

Selon l'Unicef, « des enfants figurent parmi les blessés. Il y a aussi beaucoup d'enfants séparés de leurs familles ». 

« Nous n'avons pas pu fuir à cause de la clôture, ma plus jeune fille a été gravement blessée », a confirmé Myo Min Khan, un Rohingya, sur Facebook. 

La police a rejeté cette accusation, affirmant que seule une toute petite partie du camp était clôturée. 

Deux grands incendies s'étaient déjà déclarés dans des camps de réfugiés en janvier, laissant des milliers de Rohingyas sans abri et quatre écoles érigées par l'Unicef détruites. 

Pour Saad Hammadi, responsable de la région Asie du Sud pour Amnesty International, « la fréquence des incendies dans les camps est une trop grande coïncidence, d'autant que les résultats des enquêtes précédentes sur ces incidents ne sont pas connus et qu'ils se répètent ». 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com