L'administration se délocalise en pirogue dans des villages amérindiens isolés

Camp militaire à proximité du village de Camopi, en Guyane (Photo, AFP).
Camp militaire à proximité du village de Camopi, en Guyane (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 mars 2021

L'administration se délocalise en pirogue dans des villages amérindiens isolés

  • Etat civil, sécurité sociale, allocations familiales: autant de services dont les amérindiens Wayãpi, qui vivent dans un village isolé de Guyane
  • Une fois par mois, une délégation apporte les services administratifs fondamentaux à ces Français du bout du monde

CAMOPI: Etat civil, sécurité sociale, allocations familiales : autant de services dont les amérindiens Wayãpi, qui vivent dans un village isolé de Guyane, en Amérique du Sud, ont besoin. Une fois par mois, une délégation apporte les services administratifs fondamentaux à ces Français du bout du monde.

Après des semaines de préparation, quatorze représentants des services publics basés à Cayenne et Saint Georges, embarquent dans deux pirogues, avec pour destination Trois-Sauts, assemblage de plusieurs petits villages aux confins du fleuve Oyapock, qui matérialise la frontière avec le Brésil, zone de peuplement permanent la plus isolée de Guyane.

Les Wayãpi, une des six nations amérindiennes du département vivent dans une zone d'accès réglementé (ZAR), interdite aux touristes.

Sur les cinq jours de déplacement, deux sont consacrés au recueil d'informations dans le village, les autres servent au trajet. 

Sur place, les membres de la mission administrative déploient leurs hamacs dans l'annexe de la mairie, le local du Parc amazonien et le logement du médecin. 

Sur le petit ponton du village, deux personnes déchargent une lourde machine, le DR ou dispositif de recueil, qui emmagasine les données biométriques des habitants demandant des papiers d'identité. Ils seront fabriqués en métropole et distribués lors de la prochaine mission.

Une mission très attendue

Dès le premier jour, une file d'attente se forme devant la petite annexe de la mairie où sont déployés les services. Jean-Michel Miso, habitant de Trois-Sauts est arrivé à 7h30. Jusqu'à 12h, il fait le tour des bureaux : « on en a vraiment besoin, les gens sont impatients de les voir », assure celui qui est venu faire des papiers pour ses enfants.

« Avec la crise sanitaire, l'accès aux services est encore plus difficile », enchaîne Florence Kouyouli. Tous deux sont adjoints au maire de Camopi, commune dont dépend Trois-Sauts, mais dont le bourg se trouve à six heures de pirogue. 

Les deux adjoints passent de table en table pour servir d'interprètes entre les services et les habitants âgés qui ne parlent pas toujours français.

A son bureau, Marie-José Ruiz, gestionnaire conseil aux allocations familiales, reçoit Jacky Pawey, le chef coutumier de Trois-Sauts, une des rares personnes à porter le calimbé, habit rouge traditionnel. Mais la saisie des données prend du temps, il n'y a qu'une petite borne wi-fi portable, elle ne suffit pas à alimenter tous les postes.

Fernand Larney, agent des finances publiques, préfère d'ailleurs remplir les déclarations à la main. Quasiment aucun habitant n'est imposable, mais leurs situations fiscales peuvent leur ouvrir des droits.

Dates inconnues et documents manquants

A côté, le DR fonctionne à plein régime. Un tissu blanc tendu en arrière-plan permet de prendre les photos d'identité.

Frédérique Longin, coordinatrice de la mission, se penche sur les états-civils. Certaines feuilles ont pris l'humidité, il a fallu les faire sécher sur les cordes des hamacs. Les plus anciens ignorent leur date de naissance exacte. « Il y a une norme, on inscrit le 1er janvier comme date de naissance, et 1950 si l'année est inconnue aussi », précise-t-elle. Le chef coutumier lui-même estime avoir environ 68 ou 70 ans.

Certains reviennent plusieurs fois car il manque des documents. « On a jusqu'à 60, 70 demandes à chaque fois, c'est énorme par rapport au temps dont on dispose », poursuit Mme Longin.

Parmi les demandeurs, beaucoup de jeunes. « Ils veulent aller travailler sur le littoral, mais n'ont pas de compte bancaire », explique Florence Kouyouli. Ils se renseignent sur les aides auxquelles ils peuvent prétendre et les moyens de les toucher. Germain Charmot, unique conseiller bancaire de la mission, aura reçu « entre 30 et 40 personnes, essentiellement pour ouvrir des comptes ».

Jeudi soir, les services rangent le matériel, plient les tables métalliques avant de redescendre le fleuve avec des demandes parfois incomplètes. Si la connexion marche, les papiers manquants seront envoyés par Internet. Sinon, il faudra attendre la prochaine mission.


A Béziers, Robert Ménard instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans

Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
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  • «Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales»
  • En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges

MONTPELLIER: Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans plusieurs quartiers, a-t-il indiqué mardi, jour où syndicats et associations de gauche vont manifester "contre les idées d'extrême droite" dans cette ville.

Ex-proche de Marine Le Pen aujourd'hui fâché avec le Rassemblement national, M. Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers prioritaires".

L'interdiction s'applique "toutes les nuits" du 22 avril au 30 septembre. "En cas d'urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui", ces mineurs pourront être "reconduits à (leur) domicile ou au commissariat", prévoit l'arrêté.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit", ainsi que par une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a pas cité de chiffres précis mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un "angle mort" des statistiques parce qu'on ne les amène pas devant le juge et qu'on ne les condamne pas".

Responsabilité pénale  

En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges des enfants qui les suivent.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

M. Ménard a assuré que sa décision n'avait aucun lien avec la "Marche pour les libertés, contre les idées d'extrême droite" organisée à Béziers mardi à l'initiative de plusieurs syndicats et à laquelle doivent participer la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celui de la FSU, Benoit Teste.

Mardi, le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, a estimé sur BFMTV que "le maire de Béziers a raison" et qu'il souhaitait "renouveler" un arrêté sur les mineurs de moins de 13 ans, qui avait été en vigueur entre 2009 et 2020.

Un tel couvre-feu "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

En 2009, le couvre-feu à Nice avait aussi suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des arrêtés similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui le fait depuis 2004 pour les moins de 13 ans.


L'intelligence artificielle va «simplifier» les démarches administratives, promet Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit
  • Attal a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins

SCEAUX: Gabriel Attal a souhaité mardi mettre l'intelligence artificielle (IA) développée en France "au service" des usagers et des fonctionnaires et annoncé la création de 300 maisons France Services supplémentaires d'ici 2026 pour "simplifier" le quotidien des Français dans leurs démarches administratives.

"Osons mettre l'IA au service des Français. Débureaucratisons l'administration et simplifions les quotidiens", a affirmé le Premier ministre après avoir visité la maison France Services de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, qui utilise déjà une IA générative 100% française.

Gabriel Attal a effectué ce déplacement après avoir réuni une quinzaine de ministres à Matignon pour un 8e comité interministériel de la Fonction publique (CITP).

L'administration fiscale va déployer une IA 100% française nommée Albert, conçue par la direction interministérielle du numérique (Dinum), "pour rédiger les réponses aux 16 millions de demandes annuelles en ligne", a-t-il précisé.

Chaque réponse sera néanmoins validée ou modifiée le cas échéant par un agent. "Mais l'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", a-t-il fait valoir.

De même 4.000 projets environnementaux déposés chaque année dans les directions régionales de l'environnement seront désormais "pré-instruits par une IA", comme des projets de parcs éoliens ou d'aménagement urbain.

Toutes options 

Cette IA servira aussi "dès la fin de l'année" à automatiser la retranscription d'audiences judiciaires, le dépôt de plaintes ou les compte-rendus médicaux. Elle sera également mise au service de la détection des feux de forêts ou de la gestion RH des fonctionnaires.

"A l’IA les tâches rébarbatives, et aux agents publics, le lien avec nos concitoyens", a promis Gabriel Attal.

Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit, "ministère par ministère, pour passer en revue l’intégralité des contenus en ligne et des formulaires" et rendre le langage administratif "intelligible, accessible".

Le chef du gouvernement a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins.

Depuis mi-avril, il est possible, pour peu que l'on dispose d'une carte d'identité nouvelle version, de donner sa procuration pour les élections européennes du 9 juin en ligne, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en brigade de gendarmerie.

Gabriel Attal a également annoncé l'extension des espaces France Services, qui permettent aux usagers de se faire aider dans la plupart de leurs démarches administratives, à 300 villes moyennes d'ici 2026, ce qui portera ces "maisons" à 3.000.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste».