A Paris, un repaire d'artistes menacé d'expulsion en pleine crise sanitaire

Une guitare posée sur une armoire au Théâtre de Verre, une association offrant un espace de travail aux artistes et installée dans un bâtiment désaffecté à Paris, le 25 mars 2021. (Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Une guitare posée sur une armoire au Théâtre de Verre, une association offrant un espace de travail aux artistes et installée dans un bâtiment désaffecté à Paris, le 25 mars 2021. (Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

A Paris, un repaire d'artistes menacé d'expulsion en pleine crise sanitaire

  • À bientôt 69 ans, cet Uruguayen d'origine dit ne plus dormir depuis que, fin janvier, la mairie de Paris, propriétaire des lieux, lui a annoncé mettre fin à la convention d'occupation temporaire qui les lie depuis 2015
  • Interpellée aussi par les élus écologistes, communistes et de droite, Carine Rolland s'est engagée à "identifier toute opportunité pertinente" de relogement d'ici mai

PARIS : Danse, musique, chant, théâtre... Le Théâtre de Verre, rare structure parisienne accueillant des dizaines d'artistes pour un prix modique dans un ex-lycée de Belleville, est sommé par la mairie de Paris de quitter les lieux sous trois mois, sans perspective de relogement et en pleine crise sanitaire.

Dans la salle donnant en long sur la cour, une vingtaine de jeunes femmes répètent une chorégraphie de hip-hop. Juste à côté, des comédiens entament leur échauffement dynamique. Au bout d'un couloir, un groupe de musiciens interprète "Sous l'océan", l'hymne joyeux de La petite Sirène. Un étage au dessus, on passe du cinéma à l'opéra, avec deux voix lyriques féminines qui transpercent les murs.

"Notre principe a été d'accueillir tout projet artistique, amateur comme professionnel", explique à l'AFP son directeur Luis Pasina, figure de la contre-culture parisienne depuis les années 1970. "C'est le seul endroit à Paris où il n'y a jamais de sélection", affirme-t-il.

Mais à bientôt 69 ans, cet Uruguayen d'origine dit ne plus dormir depuis que, fin janvier, la mairie de Paris, propriétaire des lieux, lui a annoncé mettre fin à la convention d'occupation temporaire qui les lie depuis 2015.

Issu de la mouvance des squats, le Théâtre de Verre, fondé en 1998 par l'association Co-Arter, accueille environ 500 artistes et compagnies, principalement à des fins de répétition, dans un bâtiment de 1.300 m2 d'un ancien lycée situé près de la place des Fêtes, dans le nord-est parisien. Son quatrième site en 20 ans, après avoir été successivement hébergé dans des friches des XIIe, Xe et XVIIIe arrondissements.

Le 4 mai, les huit salariés devront avoir quitté les lieux qui doivent être transformés en médiathèque et en maison des réfugiés.

Ce double projet reste la "priorité" assumée du maire PS du XIXe arrondissement François Dagnaud, qui ne souhaite plus que "le moindre grain de sable" vienne repousser encore les travaux.

Avec le soutien de la Mairie de Paris. "L'association était parfaitement informée dès le début que cette situation serait temporaire, les travaux devant être lancés en 2020 au plus tard, comme c'est le cas dans toutes les opérations d'urbanisme intercalaire, qui permettent à des associations ou à des collectifs de bénéficier d'espaces temporairement inoccupés pour développer leurs activités", explique à l'AFP l'adjointe PS à la culture Carine Rolland, qui souligne le caractère "gracieux" de l'occupation.

Artistes "dans la misère" 

Luis Pasina évoque lui un loyer de 10.000 euros par an, une somme très modique pour Paris, comme les participations qu'il demande aux artistes: neuf euros par heure pour une salle de répétition, 15 pour la plus grande.

"Ce qui est génial au Théâtre de Verre, c'est que si je n'ai pas assez d'inscrits pour mes stages, j'appelle une semaine avant et je n'ai rien à payer", détaille la clown Carlotina Dupompom, 59 ans, venue manifester mercredi 10 mars devant l'Hôtel de Ville et qui dit avoir basculé "dans la misère" avec la crise sanitaire et et dénonce une décision "ignoble" de la mairie.

Carine Rolland explique elle que "plusieurs pistes ont été évoquées avec l'association, qui les a refusées", affirmant qu'elle "n'a pas participé aux appels à projets de la Ville". Elle souligne que l'entrée en vigueur de la loi Sapin 2, qui oblige à "mettre en concurrence toute mise à disposition de l'espace public lorsque l'usage qui en est fait est commercial", complique également la donne.

Moins de friches

Luis Pasina rétorque lui ne pas avoir été informé et n'avoir reçu qu'une seule proposition de relogement, inadaptée, dans un ancien supermarché. 

Un lieu "effectivement très abîmé", admet François Dagnaud qui reconnaît la "responsabilité morale et politique" de la ville à "trouver des lieux pour que ce type de structures puisse continuer à fonctionner". Mais pour l'édile, le problème vient du fait que "les lieux intermédiaires disponibles" se font de plus en plus rares.

"C'est quand même censé être des socialistes à la mairie", peste la conseillère de Paris LFI Danielle Simonnet, qui demande à l'exécutif parisien de "suspendre l'expulsion" en attendant un relogement.

Interpellée aussi par les élus écologistes, communistes et de droite, Carine Rolland s'est engagée à "identifier toute opportunité pertinente" de relogement d'ici mai.

Mais pour Luis Pasina, "La mairie de Paris ne veut plus soutenir des mouvements populaires comme le nôtre. S'ils ne nous aident plus, c'est le retour à la case départ." C'est-à-dire le squat sans cadre légal.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.