Transmission à l'homme par un animal intermédiaire, piste privilégiée du rapport conjoint OMS/Chine

La croissance des cas - dopée par les variants plus contagieux et peut être plus mortels - continue sa terrible progression malgré la course à la vaccination (Photo, AFP).
La croissance des cas - dopée par les variants plus contagieux et peut être plus mortels - continue sa terrible progression malgré la course à la vaccination (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mars 2021

Transmission à l'homme par un animal intermédiaire, piste privilégiée du rapport conjoint OMS/Chine

  • Le rapport écarte la thèse d'une fuite d'un laboratoire chinois sur fond de suspicion d'un manque d'indépendance
  • S'il ne résout pas le mystère des origines du SARS-CoV-2 (le virus qui provoque la Covid-19), le rapport souligne la nécessité de réaliser d'autres études en Chine et ailleurs

GENEVE: Le rapport sur les origines de la Covid privilégie l'hypothèse d'une transmission du virus à l'homme par l'intermédiaire d'un animal infecté par une chauve-souris et écarte la thèse d'une fuite d'un laboratoire chinois sur fond de suspicion d'un manque d'indépendance.

Très attendue, la publication de ce rapport conjoint des experts de l'OMS et de Chine, dont les conclusions n'ont pas créé la surprise, intervient quinze mois après l'apparition des premiers cas de Covid-19 fin décembre 2019 à Wuhan. La pandémie a fait depuis au moins 2,7 millions de morts dans le monde, et ravagé l'économie mondiale.

Alors que la croissance des cas - dopée par les variants plus contagieux et peut être plus mortels - continue sa terrible progression malgré la course à la vaccination, les pays alternent les phases de confinement et déconfinement.

Lundi, c'est l'Angleterre, dont les écoles ont rouvert le 8 mars, qui entame la deuxième phase de son très progressif plan de déconfinement, autorisant rencontres et sports en extérieur uniquement, tout en appelant à la vigilance face à certains variants auxquels elle a pour l'instant échappé.

Un coin du voile

S'il ne résout pas le mystère des origines du SARS-CoV-2 (le virus qui provoque la Covid-19), le rapport souligne la nécessité de réaliser d'autres études en Chine et ailleurs, jugeant la transmission à l'homme du virus par un animal intermédiaire « probable à très probable », tandis que l'hypothèse d'un incident de laboratoire reste « extrêmement improbable ».

Cela confirme les premières conclusions des experts présentées lors d'une conférence de presse le 9 février à Wuhan, l'agglomération chinoise considérée comme l'épicentre de la nouvelle maladie.

Ces conclusions ne manqueront pas de faire rejaillir les accusations de complaisance de l'OMS à l'égard de la Chine, certains estimant notamment que la douzaine de spécialistes internationaux a manqué de latitude pour travailler librement lors de son séjour de quatre semaines dans la ville chinoise en janvier et février.

Ces animaux qui nous transmettent des virus

D'après l'Organisation mondiale de la santé animale, 60% des maladies infectieuses humaines sont zoonotiques, c'est-à-dire qu'elles trouvent leur origine chez un autre animal.

Ce pourcentage monte même à 75% pour les maladies infectieuses émergentes, selon une étude britannique publiée en 2001, qui fait référence.

Parmi les agents pathogènes responsables de ces maladies, un sur six serait un virus, un tiers une bactérie, un autre tiers les vers parasites, et pour environ 10% les champignons microscopiques, indique cette étude.

En octobre 2020, le groupe d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES) avertissait que les pandémies allaient « émerger plus souvent, se répandre plus rapidement, tuer plus de gens ».

D'abord, parce que le réservoir est immense : selon des estimations publiées dans la revue Science en 2018, il existerait 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux, et 540 000 à 850 000 d'entre eux « auraient la capacité d'infecter les humains ».

Mais surtout, l'expansion des activités humaines et les interactions accrues avec la faune sauvage augmentent le risque que des virus capables d'infecter l'être humain « trouvent » leur hôte.

« On ne sait pas quand, comment et où » surgira la prochaine pandémie, résume Serge Morand. Selon lui, dans ce contexte, l'urgence est avant tout à « repenser notre lien aux animaux sauvages et domestiques ».

La mission sur les origines de la transmission du virus à l'homme, jugée extrêmement importante pour tenter de mieux lutter contre une possible prochaine épidémie, a eu du mal à se mettre en place, la Chine semblant très réticente à laisser venir ces spécialistes mondiaux de diverses disciplines comme l'épidémiologie mais aussi la zoologie.

Les experts ont été autorisés à mener l'enquête sur le terrain seulement un an après le début de l'épidémie par les autorités chinoises, du 14 janvier au 9 février.

De nouvelles études

Le rapport privilégie la théorie généralement admise de la transmission naturelle du virus d'un animal réservoir - probablement la chauve-souris - à l'homme, par l'intermédiaire d'un autre animal qui n'a pas encore été identifié.

La transmission directe du virus via l'animal réservoir est toutefois jugée « possible à probable », par les experts. Ils n'écartent par ailleurs pas l'hypothèse d'une transmission par de la viande surgelée - piste privilégiée par Pékin - jugeant que ce scénario est « possible ».

Le rapport recommande de poursuivre des études sur la base de ces trois hypothèses, mais il balaie en revanche la possibilité que le virus ait été transmis à l'homme en raison d'un accident de laboratoire.

L'administration de l'ancien président américain Donald Trump avait accusé l'Institut de virologie de Wuhan, qui mène des recherches sur des pathogènes très dangereux, d'avoir laissé s'échapper le coronavirus, volontairement ou non.

Dans leur rapport, les experts indiquent ne pas avoir étudié le cas d'une fuite volontaire, et jugent « extrêmement improbable » un accident.

Dans ses conclusions, le rapport indique que les études de la chaîne d'approvisionnement du marché de Huanan (et d'autres marchés de Wuhan) n'ont pas permis de trouver « des éléments de preuves de la présence d'animaux infectés, mais l'analyse des chaînes d'approvisionnement a fourni des informations » utiles pour des études de suivi ciblées, notamment dans des régions voisines.

Les experts appellent également à « ne pas négliger les produits d'origine animale provenant de régions situées en dehors de l'Asie du sud-est ». 

Et de conclure : « Les enquêtes doivent être conçues (...) dans des zones plus vastes et dans un plus grand nombre de pays ».

L'OMS a prévenu qu'il faudra s'armer de patience avant de trouver une éventuelle réponse.

La mission est née d'une résolution adoptée le 19 mai 2020 par les membres de l'OMS qui lui demandait « d'identifier la source zoonotique du virus et de déterminer par quelle voie il s'est introduit dans la population humaine, (...) notamment moyennant des missions scientifiques et des missions de collaboration sur le terrain ».


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.