La grogne des enseignants au Maroc s’amplifie

Des enseignants marocains applaudissent lors d'une manifestation appelant à des contrats à durée indéterminée au sein du système éducatif national, devant le siège du parlement à Rabat, la capitale, le 25 avril 2019. Archive AFP
Des enseignants marocains applaudissent lors d'une manifestation appelant à des contrats à durée indéterminée au sein du système éducatif national, devant le siège du parlement à Rabat, la capitale, le 25 avril 2019. Archive AFP
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Publié le Lundi 05 avril 2021

La grogne des enseignants au Maroc s’amplifie

  • Le système de contractualisation adopté pour le recrutement régional des nouveaux enseignants est aujourd’hui fortement critiqué et a montré ses limites
  • Les enseignants contractuels ne toucheront que près de 600 euros de retraite, alors que leurs confrères de la fonction publique peuvent percevoir jusqu’à 1 400 euros par mois

CASABLANCA: Le combat des enseignants contractuels se poursuit au Maroc. Après la violente répression par les forces de l’ordre de marches organisées fin mars 2021 à Rabat, toutes les représentations syndicales du corps enseignant marocain sont montées au créneau.

Des grèves, des manifestations et des sit-in seront organisés les prochains jours dans toutes les régions du pays. L’objectif est de sensibiliser l’opinion publique à leurs revendications. Initié en 2016, par le chef du gouvernement islamiste de l’époque, Abdelilah Benkirane, ancien secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), le système de contractualisation est aujourd’hui vivement critiqué.

Désireux de calmer les tensions de la rue en 2016, en raison  de manifestations sans précédent de diplômés chômeurs à Rabat, Benkirane a proposé à ces derniers une intégration au corps enseignant marocain. En agissant ainsi, il a voulu faire d’une pierre deux coups. Cette décision permettait à la fois de calmer la colère des diplômés chômeurs, tout en contribuant à pallier l’énorme déficit en enseignants dans le pays, estimé à plus de 27 000 cette année.

À la suite de cette réforme, des dizaines de milliers de jeunes ont pu intégrer cette fonction. À l’époque, plusieurs observateurs ont critiqué une décision «improvisée et limitée», susceptible d’avoir des conséquences sur le long terme. Et pour cause, les contrats signés par les jeunes diplômés comprenaient des clauses jugées «abusives» par certains.

Insuffisances du système de contractualisation

Le premier hic concerne la forme du recrutement. Depuis 2016, les nouveaux enseignants sont recrutés par les académies régionales d’éducation et de formation, et non par le ministère de l’Éducation nationale, ce qui veut dire qu’ils n’intégreront pas la fonction publique et ne bénéficieront donc pas de ses multiples avantages, en particulier la retraite.

Les enseignants contractuels ne toucheront en effet que près de 600 euros de retraite, alors que leurs confrères de la fonction publique peuvent percevoir jusqu’à 1 400 euros par mois. Autre point de discorde: la mobilité. Les nouvelles recrues n’ont pas droit à la mobilité professionnelle au niveau national, et ils sont régis par un système avec des avantages sociaux et une couverture médicale moins généreux que dans la fonction publique.

Les enseignants contractuels mettent également en avant la précarité et l’insécurité de leur statut. «En étant recrutés au niveau régional, par les académies, ils peuvent à tout moment être remerciés sans respect de la procédure en vigueur, lorsque l’on est recruté au niveau central, ou par le ministère de tutelle. C’est d’ailleurs le licenciement abusif de quelques enseignants en 2017 qui avait provoqué un énorme tollé de la part des contractuels qui, depuis, militent pour leur intégration dans la fonction publique», explique à Arab News en français un syndicaliste.

La coordination nationale des enseignants contractuels, créée pour défendre les intérêts de cette catégorie d’enseignants, reconnait que ces derniers étaient au courant de toutes ces clauses «abusives». «Cela ne les empêche pas de défendre leurs intérêts, puisqu’au moment de leur recrutement, ils n’avaient pas le choix», poursuit notre interlocuteur.

Cette mobilisation qui dure depuis plus de trois ans, a été suivie par plusieurs autres mouvements d’enseignants marocains. Parmi eux, les enseignants titulaires de diplômes supérieurs, auxquels on a refusé, sous l’ère Benkirane, la promotion et le changement du cadre de rémunération. Un blocage qui a été très mal vécu. Il faut savoir que les enseignants ne touchent au début de carrière que près de 500 euros mensuels, et malgré leur montée dans les échelons, leurs rémunérations sont jugées «dérisoires». Sans parler des pensions de retraites, qui, également sous le mandat de Benkirane, ont subi des ponctions.

Le gouvernement fait la politique de l’autruche

Aujourd’hui, tout le corps enseignant marocain se sent lésé. Nouvelles recrues, enseignants disposant du statut de la fonction publique, retraités, tous ont subi des réductions de leurs avantages et acquis, sous le mandat des islamistes du PJD. Toutes les représentations syndicales des enseignants marocains sont aujourd’hui sur le qui-vive et promettent un programme militant bien chargé pour les semaines et mois à venir.

De son côté, le ministère de l’Éducation nationale refuse de poursuivre le dialogue social, déjà entamé il y a quelques mois, avec les syndicats. Le ministre Saïd Amzazi s’était engagé sur plusieurs points, répondant en grande partie aux revendications des enseignants. Or près d’un an plus tard, rien ne semble avoir bougé et c’est le statu quo au ministère et au sein du gouvernement. Ces derniers préfèrent temporiser, attendant les prochaines élections législatives de septembre 2021, laissant au prochain gouvernement la charge de traiter ce dossier.


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.

 


Le pape célèbre une messe en plein air à Beyrouth, moment fort de sa visite

Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité. (AFP)
Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité. (AFP)
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
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  • Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port
  • Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens

BEYROUTH: Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité.

Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port, qui a dévasté la capitale en 2020, faisant plus de 220 morts.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Son voyage qui s'achève mardi a apporté un souffle d'espoir au pays, qui sort d'une guerre meurtrière avec Israël et craint un renouvellement des violences.

Cette visite "nous a rendu le sourire (...) après toutes les difficultés que nous avons traversées", a confié à l'AFP Yasmine Chidiac, qui attendait lundi le passage du convoi papal pour l'acclamer.

Plus de 120.000 personnes se sont inscrites pour assister à la messe sur le front de mer et seront acheminées par bus, selon les organisateurs.

Dès lundi soir, les autorités ont interdit les accès à de larges parties du centre de Beyrouth, où des barrages de contrôle doivent être installés.

"Un avenir meilleur" 

Le chef de l'église catholique va également tenir une prière silencieuse sur le site de l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 202, une catastrophe qui a profondément meurtri le pays.

Il doit saluer certains proches des victimes et des survivants, qui, cinq ans après la catastrophe, continuent de réclamer justice.

La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'Histoire, avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où était stocké sans précaution du nitrate d'ammonium malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

L'enquête n'a toujours pas abouti, des responsables politiques ayant fait obstruction au travail du juge indépendant qui en est chargé.

Peu avant, Léon XIV visitera un hôpital tenu par des religieuses dans la capitale.

Lundi, le souverain pontife a appelé les chefs des différentes communautés religieuses libanaises, réunis à l'occasion de sa visite, à combattre l'intolérance et la violence.

Il s'est également offert un bain de foule géant auprès de 15.000 jeunes du Liban au siège du patriarcat maronite à Bkerké, au nord de Beyrouth, qu'il a appelés à construire "un avenir meilleur".

"Vous avez l'enthousiasme nécessaire pour changer le cours de l'histoire!", a lancé Léon aux jeunes qui l'ont accueilli dans une ambiance survoltée.