La plus haute juridiction de Turquie annule une interdiction des organes de presse

Des membres de l’Union des journalistes de Turquie (TGS) scandent des slogans lors d’une manifestation marquant la Journée mondiale de la liberté de la presse, en Turquie, le 3 mai 2017. Sur la pancarte, nous pouvons lire : Assez ! (Reuters)
Des membres de l’Union des journalistes de Turquie (TGS) scandent des slogans lors d’une manifestation marquant la Journée mondiale de la liberté de la presse, en Turquie, le 3 mai 2017. Sur la pancarte, nous pouvons lire : Assez ! (Reuters)
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Publié le Samedi 10 avril 2021

La plus haute juridiction de Turquie annule une interdiction des organes de presse

  • Plusieurs organes de presse qui ont fermé leurs portes, pour la plupart issus des mouvements politiques turcs de gauche et pro-kurdes, devraient demander leur réouverture et exiger des compensations pour les pertes financières
  • En Turquie, 90% des principaux médias (télévision et radio) sont détenus par des personnalités et des conglomérats pro-gouvernementaux, tandis que le journalisme indépendant existe principalement dans la sphère numérique

ANKARA : La plus haute juridiction de Turquie a annulé un décret sur l’état d’urgence publié en 2016 qui a conduit à la fermeture de dizaines de médias qui auraient « menacé la sécurité intérieure ».

Cette décision devrait ouvrir la voie au retour de plusieurs chaînes d’information et de stations de radio indépendantes dans le pays.

La Cour constitutionnelle de Turquie a statué que le décret violait « les principes de nécessité et de proportionnalité » et que la fermeture des organes de presse sans effectuer d’inspections détaillées constituerait une violation des droits et des libertés.

À la suite de l’échec de la tentative de coup d’État en juillet 2016, de nombreux médias ont été fermés de force après la promulgation du décret. Cela a poussé le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti de l’opposition, à déposer une requête pour révoquer le décret à cause du fait qu’il empêchait les gens d’exercer leur droit à l’information, qui est pourtant garanti par la  constitution.

Plusieurs organes de presse qui ont fermé leurs portes, pour la plupart issus des mouvements politiques turcs de gauche et pro-kurdes, devraient demander leur réouverture et exiger des compensations pour les pertes financières, y compris les actifs saisis.

Les dossiers seront examinés par la Commission d’enquête sur l’état d’urgence avant qu’une décision ne soit prise.

Hayatin Sesi TV faisait partie des chaînes de télévision qui ont fermé à la suite du décret. Dans le cadre de la répression, les bâtiments de la chaîne ont été perquisitionnés par la police, son site Web a été bloqué, elle a été retirée de la plate-forme satellitaire nationale et ses actifs ont été saisis.

Les propriétaires de la chaîne ont également été condamnés à des peines de prison pour « diffusion de propagande terroriste ».

La chaîne a contesté l’ordre de fermeture à plusieurs reprises par le passé, mais un tribunal d’Ankara a rejeté ces appels. Les avocats représentant la chaîne se préparent maintenant à demander une licence de radiodiffusion.

« Nous avons toujours affirmé que la fermeture n’était pas fondée sur des bases légales. Maintenant, nous allons utiliser tous nos droits légaux pour récupérer nos biens mobiliers et immobiliers et pour récupérer nos droits de radiodiffusion », a déclaré à Arab News Devrim Avci, un avocat représentant Hayatin Sesi TV.

La chaîne, comme d’autres qui saisiront le tribunal, calculera également le montant des recettes publicitaires perdues en raison de la fermeture.

En Turquie, environ 90% des principaux médias (télévision et radio) sont détenus par des personnalités et des conglomérats pro-gouvernementaux, tandis que le journalisme indépendant existe principalement dans la sphère numérique.

Alpay Antmen, député du CHP et avocat de profession, a indiqué que les autorités ont profité du coup d'État pour cibler les médias et les journalistes dissidents sous prétexte de lutter contre le terrorisme.

« Toutefois, il s’agissait de mesures à motivation politique visant à faire de l’état d’urgence un état permanent. Les autorités ont contourné le parlement, essayé de gouverner le pays avec des décrets présidentiels, ignoré l’équilibre des pouvoirs dans la gouvernance et rendu le pays dépendant du pouvoir d’un seul homme », a-t-il confié à Arab News.

Selon M. Antmen, lors de la période qui a suivi le coup, l’économie, l’état de droit et la démocratie se sont toutes « effondrées », alors que l’environnement médiatique était « sérieusement polarisé ».

« La clause pertinente qui a été annulée était une restriction de la liberté d’expression, de la presse et du droit à l’information », a-t-il ajouté.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
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  •  Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir
  • Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences

DAMAS: Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir, l'ONU dénonçant ces violences "inacceptables" mais aussi l'intervention militaire d'Israël.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Ces affrontements ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

Déclenchés lundi soir dans la localité à majorité druze de Jaramana, les heurts entre groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite et combattants druzes se sont étendus mercredi à Sahnaya, faisant 22 morts -tous des combattants- selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats à Jaramana ont fait 17 morts d'après l'OSDH.

Les forces de sécurité ont annoncé leur déploiement à Sahnaya pour "rétablir l'ordre" après les violences impliquant les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite dont les membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Les autorités syriennes ont averti qu'elles "frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie". Elles ont accusé des "groupes hors-la-loi" d'avoir attaqué "des postes et barrages" des forces de sécurité aux abords de Sahnaya, une localité située à 15 km au sud-ouest de Damas et où vivent des druzes.

Le pouvoir du président Ahmad al-Chareh a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- Sécurité rétablie -

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus tombent sur nos maisons", a raconté à l'AFP Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya, durant les violences. "Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle. Les gens meurent."

Un accord mardi soir entre des représentants du gouvernement et les responsables druzes de Jaramana a mis fin aux affrontements dans cette localité.

Mercredi, un responsable de la région de Damas, Amer al-Cheikh, a affirmé que la plupart des membres des "groupes hors-la-loi avaient été neutralisés" à Sahnaya et que la sécurité y avait été rétablie. Il a en outre fait état de deux morts dans la frappe israélienne menée dans la région de Sahnaya.

L'attaque contre Jaramana, une banlieue de Damas, a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'est dit "alarmé" par le "potentiel d'escalade" après les violences et exigé que cessent les attaques israéliennes.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

- "Alliés locaux" -

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya".

L'armée israélienne a annoncé que ses forces étaient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si "la violence contre la communauté druze persistait".

Elle a en outre affirmé avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers Israël.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt a appelé les druzes à "rejeter toute ingérence israélienne".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Début mars, après des escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Les dignitaires druzes avaient rejeté les menaces israéliennes.


Hajj: arrivée des premiers pèlerins turcs en Arabie saoudite

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
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  • Les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée
  • Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne

Médine: Les premiers vols transportant des pèlerins du Hajj en provenance de Turquie ont atterri mercredi à l’aéroport international Prince Mohammed ben Abdelaziz de Médine. Le grand pèlerinage islamique se déroulera cette année du 4 au 9 juin.

Selon l’Agence de presse saoudienne (SPA), les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée. Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne.

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: plus de 90% de l'infrastructure du Hezbollah démantelée dans le sud

De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires
  • Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli

BEYROUTH: Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable de sécurité.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli, sa direction quasiment décimée.

L'accord prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait des forces israéliennes du sud du Liban.

L'armée israélienne s'est maintenue dans plusieurs positions méridionales au Liban et continue de mener des frappes meurtrières dans ce pays, disant cibler le Hezbollah.

Seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent être déployés dans cette région conformément à l'accord.

"Nous avons achevé le démantèlement de plus de 90% de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il est possible qu'il y ait encore des sites dont nous ignorons l'existence mais si nous les trouvons nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le responsable de sécurité sous le couvert de l’anonymat.

Il a ajouté: "le Hezbollah s'est retiré et a dit +Faites ce que vous voulez+. Le mouvement n'a plus de présence militaire au sud du fleuve Litani".

Le responsable a affirmé que l'armée avait "comblé et scellé de nombreux tunnels" creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Selon lui, les soldats libanais contrôlent désormais les accès à la région au sud du fleuve "pour empêcher le transfert d'armes du nord au sud du Litani".

De son côté, le président libanais Joseph Aoun a affirmé, dans une interview diffusée par la chaîne Sky News Arabia, que l'armée contrôlait désormais plus de 85% du sud du pays.

M. Aoun, en visite aux Emirats arabes unis, a affirmé que "l’armée remplit son rôle sans aucun problème ni aucune opposition".

Il a précisé que la raison pour laquelle elle ne s’est pas encore déployée sur toute la frontière est "l’occupation par Israël de cinq points frontaliers" stratégiques, alors que l'accord prévoit son retrait complet du Liban.

Le responsable de sécurité a affirmé que la plus grande partie des munitions du Hezbollah rassemblées par l'armée était hors d'usage, "soit endommagée" par les bombardements israéliens, "soit en si mauvais état qu'il est impossible de les stocker" et que l'armée les faisant détoner.