Armes chimiques: Damas sous la menace de sanctions de l'OIAC

Un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques atteste que le régime syrien avait utilisé du sarin et du chlore lors d'une attaque en 2017 sur un village tenu par des rebelles. (Photo, AFP Archives)
Un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques atteste que le régime syrien avait utilisé du sarin et du chlore lors d'une attaque en 2017 sur un village tenu par des rebelles. (Photo, AFP Archives)
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Publié le Mardi 20 avril 2021

Armes chimiques: Damas sous la menace de sanctions de l'OIAC

  • Si la proposition de la France est approuvée, ce serait la première fois que l'organisation impose sa sanction maximale
  • Le directeur général de l'OIAC, Fernando Arias, a déclaré mardi que les réponses de la Syrie aux questions sur ses armes chimiques ne pouvaient toujours pas «être considérées comme précises et complètes»

LA HAYE: Les pays occidentaux ont sommé mardi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de frapper la Syrie de sanctions sans précédent pour son utilisation présumée d'armes chimiques et pour n'avoir pas déclaré tout son stock. 

Accusé d'attaques en 2017 contre le village de Latamné, Damas se voit menacé de perdre ses « droits et privilèges », dont son droit de vote, au sein de l'organisation, une mesure inédite dans l'histoire de l'OIAC basée à La Haye et fondée voilà près d'un quart de siècle.  

Les 193 Etats membres de l'organisation devraient voter mercredi sur une proposition en ce sens de la France, soutenue par 46 pays. 

Selon le régime syrien, qui a toujours nié toute implication, les attaques chimiques ont été mises en scène. Damas et son allié Moscou accusent les puissances occidentales de mener, à travers l'OIAC, une campagne « politisée ». 

« Nous ne pouvons laisser cette tragédie perdurer une décennie de plus », a déclaré à l'OIAC l'ambassadeur français Luis Vassy. « Nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle, qui exige que nous prenions des mesures en conséquence ». 

La Syrie se voit reprocher d'avoir laissé sans réponses des interrogations de l'OIAC après la publication l'année dernière d'une enquête de l'instance attestant que le régime syrien avait utilisé du sarin et du chlore lors de trois attaques en mars 2017 sur le village de Latamné tenu par des rebelles. 

Damas n'a ensuite pas respecté le délai de 90 jours établi par l'OIAC pour déclarer les armes utilisées et révéler ses stocks restants. 

« Le refus de la Syrie de fournir fidèlement les informations demandées ne peut et ne doit pas rester sans réponse », a déclaré l'Union européenne dans une déclaration commune à l'ONU la semaine dernière. « Il appartient maintenant à la communauté internationale de prendre les mesures appropriées ». 

Explications « insuffisantes » 

La pression est montée d'un cran la semaine dernière après la publication d'un deuxième rapport de l'OIAC incriminant Damas, cette fois-ci pour une attaque au chlore dans la ville de Saraqeb en 2018. 

Le directeur général de l'OIAC, Fernando Arias, a déclaré mardi que les réponses de la Syrie aux questions sur ses armes chimiques ne pouvaient toujours pas « être considérées comme précises et complètes » malgré des années d'inspections. 

Selon le dernier exemple en date, l'OIAC a ouvert une nouvelle enquête après des explications « insuffisantes » fournies par la Syrie après la découverte de produits chimiques en septembre 2020 sur un site où elle avait nié produire des armes chimiques. 

Selon l'ONU, Damas n'a toujours pas répondu à 19 questions posées depuis des années sur des installations qui auraient pu être utilisées dans la production ou le stockage d'armes chimiques. 

La Syrie a qualifié d'« arrogante » la déclaration française, comparant la situation aux fausses allégations sur la présence d'armes de destruction massive en Irak avant l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003. 

« Nous démentons avoir jamais utilisé des gaz toxiques », a déclaré l'ambassadrice syrienne à l'OIAC Rania Al Rifai. « Je vous demande de voter non, pour rejeter cet agenda hostile à la Syrie ». 

La Russie a également rejeté la proposition. « C'est très grave. Nous n'avons jamais eu ce genre de cas auparavant où un Etat membre soit privé de ses droits et privilèges », a déclaré l'ambassadeur russe Alexandre Choulguine. 

« Ne vous laissez pas duper », a toutefois insisté l'ambassadeur français, soulignant que la proposition « ne vise pas à exclure la Syrie des enceintes de l'OIAC » et qu'elle « pourra continuer à s'y exprimer, conformément aux règles de procédures appropriées ». 

En 2018, une majorité des Etats membres de l'OIAC avaient voté en faveur du renforcement de ses pouvoirs, l'autorisant à désigner l'auteur d'une attaque chimique et non plus seulement à documenter l'utilisation d'une telle arme. 

La Syrie et la Russie - elle-même sous pression à l'OIAC suite à l'empoisonnement d'Alexeï Navalny - ont toujours été contre ces nouveaux pouvoirs. 

Damas affirme avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques sous supervision internationale aux termes d'un accord conclu en 2013, lorsque la Syrie a rejoint l'OIAC, après une attaque présumée au sarin, un agent neurotoxique, qui a tué 1.400 personnes dans la banlieue de Damas. 

L'OIAC, prix Nobel de la paix en 2013, sert parallèlement d'arène aux tensions croissantes entre la Russie et les Occidentaux. En 2018, les Pays-Bas ont expulsé quatre agents russes qui préparaient une cyberattaque visant l'OIAC. 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.