A l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire de la fête des forces de sécurité intérieure, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a voulu encore une fois délimiter son territoire politique, mais aussi rappeler à toute la classe politique et notamment ses adversaires qu’il était le commandant suprême de toutes les forces armées, y compris ce qu’il appelle les forces armées civiles, c’est-à-dire les forces de la sécurité intérieure. Des déclarations qui ont provoqué un tollé, d’autant plus que le ton utilisé par le Président de la République pour rappeler tout le monde à l’ordre, preuves constitutionnelles et légales à l’appui, était fort, catégorique et sans précédent.
Kaïs Saïed a assuré que tant que la Constitution n’avait pas spécifié, il ne pouvait avoir lieu de réduire ses prérogatives aux forces militaires, et qu’il était de son droit de désigner ou de limoger, après consultation du Chef du gouvernement, les hauts cadres des forces armées. Le locataire de Carthage met dans le viseur les forces armées intérieures, jusque-là sous les commandes de Hichem Mechichi, Chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur par intérim.
Des déclarations qui ont officialisé la rupture entre les deux têtes de l’Exécutif, d’autant plus que, pour sa part, le Chef du gouvernement a également opté pour l’escalade. D’ailleurs, c’est pour la première fois qu’un Chef du gouvernement s’adresse en ces termes au Président de la République. Voulant lui-même délimiter son territoire politique et protéger ses prérogatives, Mechichi hausse le ton et affirme que ces propos étaient «inutiles» et «hors contexte» en cette fête des forces sécuritaires, soulignant que les circonstances ne se prêtent pas aux lectures «individualistes» de la Constitution.
Pour Hichem Mechichi, les propos de Kaïs Saïed selon lesquels il s’est déclaré commandant suprême de toutes les forces armées — militaires et sécuritaires confondues — renvoient à «la nécessité et la priorité absolue de mettre en place la Cour constitutionnelle, unique structure habilitée à trancher sur ce genre de questions». Or, la mise en place de ladite Cour pose déjà problème du fait qu’elle soit au cœur d’un blocage entre les trois présidences, le Président de la République accuse des intentions de règlements de comptes politiques derrière son installation.
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