Les Arméniens de New York entre joie et frustration après l'annonce de Biden

Ils étaient environ 400 à marcher samedi sur Washington Square, dans le quartier de Greenwich Village, pour célébrer la journée annuelle du souvenir du génocide arménien. (Photo, AFP)
Ils étaient environ 400 à marcher samedi sur Washington Square, dans le quartier de Greenwich Village, pour célébrer la journée annuelle du souvenir du génocide arménien. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 25 avril 2021

Les Arméniens de New York entre joie et frustration après l'annonce de Biden

  • Ils regrettent que le président américain n'ait pas mis davantage de pression sur la Turquie
  • «Nous devons agir pour empêcher de futurs massacres ou génocides»

NEW YORK: La communauté arménienne de New York a accueilli avec satisfaction mais sans euphorie la reconnaissance du génocide arménien par Joe Biden samedi, regrettant notamment que le président américain n'ait pas mis davantage de pression sur la Turquie.

Ils étaient environ 400 à marcher samedi sur Washington Square, dans le quartier de Greenwich Village, pour célébrer la journée annuelle du souvenir du génocide arménien, qui a correspondu avec l'annonce du chef de l'Etat américain.

«Nous sommes reconnaissants que le gouvernement de notre pays ait finalement fait entendre sa voix», s'est réjoui le primat de l'Eglise apostolique arménienne pour l'est des Etats-Unis, Anoushavan Tanielian, qui menait le cortège. «Nous devons agir pour empêcher de futurs massacres ou génocides.»

Autrefois concentrée au coeur de Manhattan, la communauté arménienne de New York s'est désormais disséminée dans la région, surtout dans le quartier de Bayside à Brooklyn et dans le nord-est du New Jersey, mais se rassemble encore chaque année pour célébrer les disparus du génocide.

Nés en Turquie, en Arménie, en Iran, en Syrie, au Liban ou même aux Etats-Unis, les Arméniens de New York ont des parcours différents, mais une histoire commune, qu'ils s'attachent à préserver. Tous ont grandi avec le souvenir des événements de 1915, transmis par les anciens.

A Aram Bowen, on a parlé de cet arrière grand-père décapité par des soldats ottomans. A Ani Tervizian, sa grand-mère a raconté comment sa propre mère et son oncle avaient été massacrés.

La Turquie pas mentionnée

Mesurée, Yvette Gevorkian voit dans l'annonce de samedi une «victoire», qui récompense «tout le temps que nous avons consacré à en arriver là.»

Arrivée à 9 ans d'Iran avec sa famille, cette femme aujourd'hui âgée de 51 ans se souvient des Etats-Unis comme d'un pays «où les gens ne savaient pas» le sort réservé aux Arméniens, qui estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués par les troupes de l'Empire Ottoman.

Depuis, la communauté s'est mobilisée, se félicite-t-elle, mentionnant également le coup de pouce du clan Kardashian, dont Kim, membre la plus visible de la famille de téléréalité d'origine arménienne, réclame depuis plusieurs années la reconnaissance du génocide.

Il n'aura échappé à aucun des marcheurs présents samedi que Joe Biden n'a parlé que des Ottomans, tous y décelant le souci de ménager, au moins en partie, la Turquie, allié stratégique des Etats-Unis et membre de l'Otan.

«Ce n'est qu'un petit pas parce qu'il n'a pas mentionné la Turquie», a regretté Yvette.

«D'un côté, vous reconnaissez le génocide arménien, mais en même temps, vous leur donner de l'équipement, vous soutenez leur armée», s'insurge Mher Janian, du Comité national arménien des Etats-Unis (ANCA), accusant certains les Etats-Unis et d'autres pays qui avaient déjà reconnu le génocide de jouer un double jeu.

Tous voient en Recep Tayyip Erdogan, le président turc, non seulement un ennemi mais aussi une forme d'héritier des Ottomans génocidaires, à travers son soutien à l'Azerbaïdjan lors du récent conflit avec l'Arménie autour du sort du Nagorny-Karabakh.

Pour Aram Bowen, il suffirait pourtant de «simples excuses» pour normaliser les relations avec la Turquie. «Regardez ce qu'on fait les Kurdes», dit-il, en référence à la reconnaissance, par une partie de la communauté kurde, du rôle qu'elle a joué dans les massacres de 1915, au côté des Ottomans.

Mais il se reprend vite, comme sorti brusquement d'un songe. «La Turquie ne va jamais reconnaître le génocide. Cela n'arrivera jamais.»

Le combat continue, mais Ani Tervizian veut surtout retenir de ce rassemblement les grappes d'adolescents et de jeunes adultes venus par dizaines, avec pancarte et drapeau arménien rouge, bleu et orange.

«Le fait qu'après tant de générations», s'enthousiasme la quinquagénaire, «tous ces jeunes, dans un pays étranger, se sentent arméniens, c'est une victoire.»


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.