Abbas annonce le report des premières élections palestiniennes en quinze ans

Les gens regardent un discours télévisé du président palestinien Mahmud Abbas concernant les prochaines élections palestiniennes. (Photo, AFP)
Les gens regardent un discours télévisé du président palestinien Mahmud Abbas concernant les prochaines élections palestiniennes. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

Abbas annonce le report des premières élections palestiniennes en quinze ans

  • « Nous avons décidé de reporter la date des élections jusqu'à ce que notre peuple puisse exercer ses droits démocratiques à Jérusalem »
  • A Ramallah, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer la décision du président

RAMALLAH, TERRITOIRES PALESTINIENS : Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi un report des premières élections en 15 ans dans les Territoires palestiniens tant que la tenue du scrutin n'était pas « garantie » à Jérusalem-Est, portion de la ville sainte annexée par Israël.

« Nous avons décidé de reporter la date des élections jusqu'à ce que (...) notre peuple puisse exercer ses droits démocratiques à Jérusalem », a déclaré M. Abbas à l'issue d'une rencontre de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) portant sur les législatives prévues le 22 mai prochain. 

Et dans la foulée de cette décision, la Commission électorale palestinienne a annoncé l'arrêt de ses activités visant à préparer ces élections. 

Plus tôt en soirée, le président palestinien avait déclaré que ces élections pouvaient avoir lieu si l'Etat hébreu donnait son feu vert dans les prochains jours à la tenue du vote à Jérusalem-Est, avant d'annoncer plus tard un report du scrutin à une date indéterminée.  

A Ramallah, où l'Autorité palestinienne de M. Abbas a plus l'habitude d'organiser des manifestations que les subir, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer tout report du scrutin, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Un temps nouveau ?

« Comme jeunes Palestiniens, nous sommes une génération entière à ne pas savoir ce que signifie des élections, (...) cette nouvelle génération a le droit de choisir ses leaders et de faire partie du processus de décision », a dit Tariq Khudairi, un manifestant de 25 ans. 

« Il est temps que les jeunes décident », a-t-il ajouté dans un message direct au président Abbas, 85 ans.

Les rumeurs fusent de toutes parts depuis plusieurs semaines à propos de la tenue ou non des législatives du 22 mai, puis d'une présidentielle en juillet, selon le calendrier annoncé par Mahmoud Abbas, dans le cadre d'un accord de réconciliation entre son parti laïc, le Fatah, et les islamistes du Hamas.

Maintien, report ou annulation ? Les Palestiniens ont attendu la déclaration jeudi soir de M. Abbas à l'occasion d'une réunion à Ramallah, en Cisjordanie occupée, de l'exécutif de l'OLP, rassemblement de nombreuses factions palestiniennes. 

Après les dernières élections législatives, en 2006, les tensions entre le Fatah et le Hamas avaient mené à des affrontements musclés et à une scission géographique du pouvoir entre l'Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah et qui siège en Cisjordanie occupée, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Quant à Jérusalem-Est, portion orientale de la Ville sainte considérée par les Palestiniens comme la capitale de leur futur Etat, elle n'est contrôlée par aucun de ces deux camps car annexée depuis plus de 50 ans par Israël, d'où la requête à l'Etat hébreu pour que le vote puisse y être tenu.

La Commission électorale palestinienne avait assuré récemment pouvoir mettre sur pied des bureaux de vote dans des villes voisines de Jérusalem, en Cisjordanie occupée. 

Mais Mahmoud Abbas a rejeté jeudi soir cette option, disant vouloir que le vote puisse être tenu à Jérusalem, et que les partis puissent y mener leur campagne électorale alors que l'Etat hébreu y a interpellé ces dernières semaines des candidats aux législatives.  

Cette annonce intervient alors que Jérusalem-Est est déjà le théâtre depuis deux semaines de manifestations quotidiennes de jeunes Palestiniens contre la police israélienne.

Ces manifestations avaient fait la semaine dernière plus d'une centaine de blessés en une seule nuit alors qu'un groupe de juifs d'extrême-droite avaient chanté « mort aux Arabes ».

« Inacceptable »

Si Mahmoud Abbas joue la carte de Jérusalem-Est pour reporter, voire annuler, les élections c'est qu'il est confronté à une fronde au sein de son parti, le Fatah, estiment ses détracteurs.

Au total, plus d'une trentaine de listes électorales rivalisaient pour les législatives, dont deux courants défiant le Fatah de l'intérieur: celui de l'opposant de longue date Mohammad Dahlane, exilé aux Emirats, et celui du neveu de Yasser Arafat, Nasser al-Kidwa.

« Si Abbas reporte les élections, nous organiserons des manifestations », avait prévenu cette semaine Daoud Abou Libdeh, un candidat de la liste de Mohammad Dahlane. 

Outre ces deux courants, Mahmoud Abbas fait face aux islamistes armés du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, territoire de deux millions d'habitants, mais cherche aussi à étendre son influence en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens.

Dans un entretien à l'AFP la semaine dernière, le chef de la liste du Hamas pour les législatives, Khalil al-Hayya, avait averti qu'un report des élections « pousserait le peuple palestinien dans l'inconnu » et créerait une « grande frustration parmi la population » pouvant entraîner « de graves réactions ».

 


Les voix féminines algériennes refont surface à travers les archives

Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
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  • L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays.
  • Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

RIYAD :  Des tracts jaunis, des bulletins ronéotés, des lettres manuscrites, des cassettes VHS. Autant de fragments oubliés qui reprennent vie grâce à un projet inédit : Les Archives des luttes des femmes en Algérie, une initiative indépendante portée par un collectif de militantes, d’archivistes et de chercheuses.

L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays. Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre.

Entre 1988 et 1991, l’Algérie traverse une phase d’ouverture politique inédite. La fin du parti unique, les émeutes d’octobre 1988, puis l’adoption d’une nouvelle Constitution permettent l’émergence d’une société civile dynamique. C’est dans ce contexte que de nombreuses femmes s’organisent pour revendiquer leurs droits, dans la sphère publique comme dans la sphère privée.

« Nous étions peu nombreuses, mais déterminées. Les intimidations étaient constantes, mais nous avions la conviction que notre combat était juste », confie Nassira Belloula, journaliste et militante de la première heure.

Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

« Le Code de la famille nous avait reléguées au rang de mineures à vie. Il fallait dénoncer cette injustice », rappelle la juriste Nadia Aït-Zaï.

Mais au-delà des lois, c’est la question de la place des femmes dans l’espace public qui est au cœur de ces mobilisations.

« Ce n'était pas une question de religion, mais de droits. On voulait pouvoir exister dans l'espace public », explique Anissa Boumediene, ancienne Première dame et militante engagée.

Sur le terrain, l’organisation militante repose sur des méthodes artisanales, souvent menées dans la clandestinité. Les collectifs rédigent, impriment, distribuent des tracts, organisent des réunions, planifient des actions dans des conditions précaires.

« On écrivait, on collait des affiches la nuit, on se réunissait en secret. C’était un féminisme de terrain, dans l’urgence », raconte Latifa Ben Mansour, écrivaine et activiste.

Pour beaucoup de femmes, manifester ou militer était un acte de bravoure. Le contexte sécuritaire était tendu, et les violences,qu’elles soient policières ou familiales étaient omniprésentes.

« J’ai manifesté pour la première fois en 1989. J’avais peur, mais j’étais fière de marcher aux côtés de mes sœurs », se souvient Souhila Bensalah.

« Ma famille ne savait pas que je militais. Si mon frère l’avait su, il m’aurait battue. Mais je ne pouvais pas me taire », confie une militante anonyme d’Alger.

Les archives révèlent aussi la surveillance constante à laquelle étaient soumises les militantes.

« Le harcèlement policier était constant. Ils nous suivaient, nous photographiaient. Mais ça ne nous a pas arrêtées », témoigne Fatiha Maamoura, également active durant ces années.

À travers ce projet, ce sont des dizaines de documents, en arabe, tamazight ou français, qui ont été rassemblés et numérisés : croquis, bulletins, lettres collectives, extraits vidéo, dessins de presse. Autant de supports qui témoignent de la diversité des voix et des expressions féminines.

« Ce projet n’est pas seulement un regard tourné vers le passé, mais un outil pour le présent et l’avenir », souligne l’une des coordinatrices. « Nos archives parlent d’un temps où la rue appartenait aussi aux femmes. Il est temps de le rappeler. »

Comme la lutte ne s’est jamais arrêtée !  Aujourd’hui encore, dans un climat socio-économique marqué par le chômage, la précarité, les inégalités d’accès aux opportunités et une pression sociale constante, les femmes algériennes doivent sans cesse rappeler qu’elles ont le droit d’exister, de choisir, de s’exprimer.

Leur combat ne se limite plus aux rues ou aux tribunaux. Il se poursuit dans les universités, les entreprises, les médias, les réseaux sociaux, les espaces culturels et politiques. Elles innovent, créent, résistent, et affirment chaque jour leur rôle indispensable dans la construction du pays.

Ces archives ne sont pas seulement des fragments du passé. Elles sont des repères vivants, des héritages transmis, des sources d’inspiration pour toutes celles et ceux qui continuent à se battre pour une société plus juste, plus équitable, plus libre. 


Le chef du Hezbollah exclut de « capituler » sous la menace d'Israël

Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
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  • « La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé.
  • Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah, mouvement chiite pro-iranien au Liban, a affirmé dimanche que sa formation, sortie très affaiblie d'une guerre avec Israël, n'allait pas « capituler » ou rendre ses armes, alors qu'elle est sous forte pression pour désarmer.

« La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé retransmis devant des milliers de ses partisans rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, à l'occasion de la commémoration religieuse chiite de l'Achoura.

Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année, selon une source officielle ayant requis l'anonymat.

Naïm Qassem a affirmé qu'Israël devait d'abord appliquer l'accord de cessez-le-feu avec le Liban, « se retirer des territoires occupés, arrêter son agression (…), libérer les prisonniers » libanais, et que la reconstruction des zones dévastées par la guerre, qui a pris fin en novembre, devait être entamée.

« À ce moment, nous serons prêts pour la deuxième étape, qui consistera à discuter de la sécurité nationale et de la stratégie de défense du Liban », a-t-il ajouté, un terme qui inclut la question du désarmement du Hezbollah.

Naïm Qassem a succédé au charismatique chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth en septembre dernier, au cours de la guerre qui a opposé le mouvement chiite à Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités incluant deux mois de guerre ouverte, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser la formation pro-iranienne.

L'armée israélienne, qui devait retirer complètement ses troupes du Liban, maintient également cinq positions dans le sud du pays.


Trêve à Gaza : Israël envoie une équipe de négociateurs au Qatar

Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
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  • Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis.
  • Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

JERUSALEM : Israël a annoncé samedi soir l'envoi d'une équipe de négociateurs au Qatar, dimanche, dans le but d'aboutir à un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages dans la bande de Gaza, où les opérations de l'armée israélienne ont fait 42 morts samedi, selon la Défense civile locale.

Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis et transmise par le Qatar et l'Égypte, à laquelle il avait dit avoir présenté « sa réponse », sans donner plus de détails sur son contenu.

Dans un communiqué publié peu avant minuit (21 h 00 GMT) samedi, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

M. Netanyahu a néanmoins « donné l'instruction de répondre à l'invitation pour des pourparlers indirects et de poursuivre les efforts en vue de récupérer nos otages sur la base de la proposition qatarie qu'Israël a acceptée », ajoute le texte, précisant que « l'équipe de négociation se rendra demain (dimanche) pour des discussions au Qatar ».

Deux sources palestiniennes proches des négociations ont indiqué à l'AFP que la proposition soumise au Hamas comprenait une trêve de 60 jours, durant laquelle le mouvement islamiste relâcherait 10 otages encore en vie ainsi qu'un certain nombre de corps, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. 

Selon deux sources palestiniennes, les modifications demandées par le Hamas concernent les modalités du retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza, les garanties qu'il souhaite obtenir pour assurer la poursuite de l'arrêt des combats au-delà de la période de 60 jours, ainsi que la reprise en main de la distribution de l'aide humanitaire par l'ONU et des organisations internationales reconnues.

Le président américain, Donald Trump, qui doit accueillir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lundi à Washington, a estimé qu'un accord pourrait être conclu « la semaine prochaine ».

Selon son ministère, le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, a discuté au téléphone avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, des « préparatifs en vue de la tenue de réunions indirectes entre les deux parties concernées ».

À l'occasion d'un rassemblement hebdomadaire à Tel-Aviv, le Forum des familles d'otages a de nouveau appelé les dirigeants israéliens à conclure un « accord global » qui permettrait de libérer tous les captifs d'un seul coup. 

« Il est temps de conclure un accord qui sauve tout le monde, sans sélection », a déclaré à la tribune Macabit Mayer, la tante de deux otages, Gali et Ziv Berman. « Quel Dieu peut composer une telle liste ? Et qu'est-ce que cela signifie pour nous : qu'un seul est sauvé et que l'autre reste captif ? »

Sur le terrain, l'armée israélienne étend son offensive militaire dans la bande de Gaza, plongée dans une situation humanitaire critique depuis près de 21 mois.

Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile gazaouie, une organisation de premiers secours, 42 personnes y ont été tuées samedi.