L’expertise tunisienne dans le domaine de l’IA au service des Africains handicapés

Ces mains artificielles légères et imprimées en 3D sont dotées de différentes fonctions en fonction de la tâche que le patient souhaite accomplir. (Fournie)
Ces mains artificielles légères et imprimées en 3D sont dotées de différentes fonctions en fonction de la tâche que le patient souhaite accomplir. (Fournie)
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Publié le Samedi 01 mai 2021

L’expertise tunisienne dans le domaine de l’IA au service des Africains handicapés

  • Désemparé par le manque de prothèses abordables, Mohamed Dhaouafi a créé sa propre gamme de mains artificielles à bas prix
  • En raison de leur coût élevé et de leur disponibilité limitée, seules 5% des personnes ayant besoin de prothèses dans les pays en développement disposent de membres artificiels

TUNIS : Mohammed Dhaouafi commence sa recherche sur les prothèses en 2016 dans le cadre d’un projet universitaire, mais il réalise rapidement qu’il y a un manque de prothèses disponibles et abordables, sachant que les mains artificielles coûtent jusqu’à 50 000 dollars. 

Une fois ses études terminées, M. Dhaouafi, 28 ans, dirige un incubateur de startups ZETA HUB dans une université privée pour s’assurer un revenu, tout en poursuivant ses travaux sur les prothèses. Il lance CURE Bionics fin 2018 et commence à travailler à plein temps dans sa startup basée à Sousse en 2019.

Après avoir fabriqué de nombreux prototypes pour perfectionner le modèle de ses prothèses, l’équipe, composée de cinq membres, décide de commercialiser ses produits au premier semestre de 2021.

« Nous voulons que les personnes qui utilisent nos prothèses soient satisfaites et les utilisent de manière pratique. Nous voulons que nos patients puissent se fier à nos prothèses et s’assurer qu’elles dureront », indique M. Dhaouafi, PDG de CURE.

« Nous apportons les dernières améliorations et nous lancerons ensuite un pilote. Si cela se passe bien, nous lancerons les prothèses en Tunisie avant de nous implanter à l’étranger. La Tunisie est un marché exigeant ; donc, si nous réussissons ici, nous pouvons réussir ailleurs ».

Dans les pays en développement, seuls 5% des 40 millions de personnes ayant besoin de prothèses ont des membres artificiels, à cause de leur coût élevé et de leur disponibilité limitée. Parmi ceux qui en ont, environ 70% ne sont pas satisfaits et 52% les rejettent, selon une étude réalisée par l’Université du Nebraska en 2019. 

« Les gens se sentent généralement confortables lorsqu’ils portent des prothèses, mais elles sont très difficiles et compliquées à contrôler. Les nôtres sont faciles à utiliser puisqu’elles sont très intuitives », affirme M. Dhaouafi.

 

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Mohamed Dhaouafi, PDG de CURE Bionics. (Fournie)

Ces mains artificielles, légères et imprimées en 3D, sont dotées de différenes fonctions en fonction de la tâche que le patient souhaite accomplir. Le cerveau indique aux membres de se déplacer par le biais de signaux électriques transmis par les nerfs, en donnant l’ordre aux muscles appropriés de se contracter ou de se détendre. 

Les mains artificielles de CURE font appel à l’intelligence artificielle (IA) pour lire ces signaux, grâce à des capteurs placés sur la peau, ce qui signifie qu’aucune opération chirurgicale n’est nécessaire pour les installer. 

« Les gens souffrent de traumatismes différents lorsqu’ils perdent leurs mains. Certains sont nés sans mains et n’ont donc jamais fait l’expérience d’ouvrir et de fermer une main — leurs signaux musculaires sont soit faibles, soit absents », souligne M. Dhaouafi.

« Ces différences peuvent être problématiques. L’algorithme IA apprend et identifie donc le signal musculaire. En utilisant l’IA, nous pouvons réduire la nécessité d’avoir recours à des médecins et des ingénieurs pour apprendre aux patients à utiliser une prothèse. S’ils doivent intervenir auprès de chaque patient, nous ne pourrons pas déployer le produit rapidement. C’est pour cela que nous avons rendu l’algorithme plus intelligent ».

Les patients de CURE maîtriseront les mouvements nécessaires à travers la répétition consciente, les imprimant ainsi dans leur subconscient afin qu’ils puissent agir sans réfléchir, un peu comme lorsque nous apprenons à faire du vélo. Pour aider ses patients, CURE a développé un programme d’entraînement en réalité virtuelle.

« Dans cet environnement virtuel, ils peuvent manipuler leur main virtuelle comme une prothèse, mais de manière ludique pour maîtriser les exercices tout en s’amusant », explique M. Dhaouafi. « C’est un entraînement intuitif. Le médecin peut fournir une thérapie à distance sans que le patient ne soit obligé de lui rendre visite en personne ».

Dans les pays en développement, une grande partie de la population ne dispose pas d’électricité fiable. Par conséquent, les utilisateurs de prothèses pourraient être incapables de recharger les batteries de leurs membres artificiels. Les produits de CURE seront donc livrés avec un chargeur sans fil, alimenté par l’énergie solaire.

« En ajoutant cette fonctionnalité, nous pouvons aider davantage de personnes », assure M. Dhaouafi.

Les mains prothétiques existent en plusieurs tailles prédéfinies et l’emboîture est entièrement personnalisable. Elles coûteront probablement entre 2 500 et 3 000 dollars, dépendamment des fonctionnalités spécifiques demandées par le patient.

En dehors de la Tunisie, CURE vendra ses produits par l’intermédiaire de tiers qui se chargeront de la mesure des produits, de l’impression 3D, de l’assemblage, du montage et du service après-vente.

« C’est le meilleur moyen pour nous de déployer le produit rapidement », affirme M. Dhaouafi.

L’entreprise est en négociations avec des partenaires potentiels dans toute l’Afrique, les marchés prioritaires étant le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte et l’Angola. 

« J’ai visité plusieurs de ces pays et je connais plusieurs personnes là-bas », mentionne M. Dhaouafi, qui a participé à des programmes à but non lucratif dans les marchés ciblés. « Il s’agit de trouver le bon partenaire ». 

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* Le Middle East Exchange est l’une des initiatives mondiales de Mohammed ben Rachid Al-Maktoum qui a été lancée pour refléter la vision du premier ministre des Émirats arabes unis et dirigeant de Dubaï dans le domaine du développement humanitaire et mondial, afin d’explorer la possibilité de changer le statut de la région arabe. L’initiative propose à la presse une série d’articles sur des questions qui touchent les sociétés arabes.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.