Loi César : La Turquie cible la monnaie syrienne

Un employé trie des billets en livres turques dans une banque de la ville de Sarmada, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 14 juin 2020. (Aaref WATAD/AFP)
Un employé trie des billets en livres turques dans une banque de la ville de Sarmada, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 14 juin 2020. (Aaref WATAD/AFP)
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Publié le Samedi 11 juillet 2020

Loi César : La Turquie cible la monnaie syrienne

  • En injectant des lires turques dans les enclaves du nord de la Syrie, Ankara vise le régime syrien
  • Le changement de devise, visant à marginaliser la livre syrienne en établissant une zone de lire turque de facto, dépendra du soutien des États-Unis

ANKARA: Le gouvernement Erdogan a injecté des lires turques dans les enclaves du nord de la Syrie sous son contrôle militaire, en prévision de nouvelles sanctions américaines prises en vertu de la loi César, visant le régime du président Bachar al-Assad.

Depuis début juin, les billets de banque turcs ont été mis en circulation par les agences locales du service postal turc opérant dans le nord de la Syrie. Les fonctionnaires sont également payés en monnaie turque, alors que le carburant et les produits alimentaires de base sont facturés en lires.

Les experts estiment cependant que le changement de devise, visant à marginaliser la livre syrienne en établissant une zone de lire turque de facto, dépendra du soutien des États-Unis.

Le professeur Michael Tanchum, chercheur à l'Institut autrichien de politique européenne et de sécurité, a déclaré que l'objectif immédiat de l'approvisionnement en lires turques, des zones sous son contrôle, était de minimiser l'impact économique négatif des sanctions de la loi César, qui a pris effet mercredi.

« Toutefois, cette mesure contribue à faciliter le paiement de l'armée nationale syrienne en lires turques, car plus la monnaie turque est utilisée, plus la nécessité de convertir les salaires en livres syriennes pour acheter des articles de base diminue », a-t-il expliqué à Arab News.

Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), le groupe extrémiste qui contrôle la province d'Idlib, a également commencé à utiliser la lire turque.

« Le gouvernement rebelle de la province d'Idlib, soutenu par le groupe HTS, avait autrefois envisagé de passer au dollar américain, mais sa rareté – d'autant plus qu'il y a une ruée mondiale sur les dollars en raison de la pandémie de la Covid-19 – fait de la lire une alternative attrayante », a indiqué M. Tanchum.

Ankara a accueilli favorablement les sanctions américaines, dans l'espoir qu'elles conduiraient à l'effondrement du régime de Bachar al-Assad.

Selon M. Tanchum, si Ankara réussissait à créer une zone utilisant la lire turque dans les régions de la Syrie qu'elle domine militairement, celles-ci tomberont sous son influence à long terme.

« Pour cela, il faudrait que les zones sous contrôle turc génèrent plus de revenus grâce aux exportations vers la Turquie. Actuellement, la plupart des ventes de marchandises dans ces territoires sont destinées aux zones sous contrôle du gouvernement syrien », a-t-il affirmé.

Cependant, le professeur Tanchum affirme que la capacité de la Turquie à faire circuler une plus grande partie de sa monnaie dépendra finalement de la mise à disposition de dollars américains supplémentaires à Ankara.

« En ce sens, une zone en lires turques en Syrie peut nécessiter le consentement tacite de Washington », a-t-il déclaré.

Navvar Saban, un analyste du Centre Omran pour les études stratégiques à Istanbul, a pour sa part expliqué que la mise en circulation de lires turques en Syrie était une précaution contre les retombées économiques dues aux sanctions américaines.

« Cette mesure avait été étudiée avant même la loi César car la livre syrienne était en déclin, avec des problèmes économiques et des troubles internes entre Assad et les hommes d'affaires syriens », a-t-il confié à Arab News.

Les contacts commerciaux entre le régime syrien et les rebelles dans les zones tenues par l'opposition ont également été réduits, diminuant la quantité de livres syriennes.

Selon M. Saban, cette mesure découragera également la vente de dollars sur le marché noir.

Avant le début des sanctions, la monnaie syrienne a perdu près de 44 % de sa valeur, tandis que le prix des denrées alimentaires avait triplé en un an.

« Le dollar américain était plus utilisé dans les régions du nord-ouest tenues par l'opposition, et son taux était plus élevé avant que la lire turque ne le remplace. Mais je ne pense pas que ce mouvement va mettre la livre syrienne sur la touche. Ce n’est qu‘une précaution pour le moment », a déclaré M. Saban.

Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a récemment déclaré que la campagne de pression américaine était « en pleine coopération avec d'autres pays partageant les mêmes idées ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".