Nucléaire: les Français pas assez préparés à un accident, selon des acteurs locaux

Une manifestante se tient sous un parapluie sur lequel est inscrit «Nucléaire Stop!» lors d'un rassemblement anti-nucléaire organisé par le Réseau «Sortir du Nucleaire» pour marquer le 10e anniversaire de l'accident de Fukushima à Paris, le 11 mars 2021. (Photo, AFP)
Une manifestante se tient sous un parapluie sur lequel est inscrit «Nucléaire Stop!» lors d'un rassemblement anti-nucléaire organisé par le Réseau «Sortir du Nucleaire» pour marquer le 10e anniversaire de l'accident de Fukushima à Paris, le 11 mars 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 04 mai 2021

Nucléaire: les Français pas assez préparés à un accident, selon des acteurs locaux

  • «Dans le pays le plus nucléarisé au monde par nombre d'habitants, les moyens mis en oeuvre pour protéger les Français sont inadaptés et insuffisants»
  • La France compte de nombreuses implantations nucléaires: outre les 19 centrales d'EDF, il existe des sites de retraitement comme celui d'Orano à La Hague (Manche) ou encore des sites consacrés à la recherche

PARIS: Les Français sont insuffisamment préparés en cas d'accident nucléaire, selon des acteurs locaux qui veulent associer plus largement le public aux exercices de crise ou encore favoriser la distribution des cachets d'iode.

«Dans le pays le plus nucléarisé au monde par nombre d'habitants, les moyens mis en oeuvre pour protéger les Français sont inadaptés et insuffisants», s'alarme mardi l'Association nationale des comités et commissions locales d'information (ANCCLI) dans un rapport.

«C'est un cri de révolte», a lancé lors d'une conférence de presse Jean-Claude Delalonde, président de l'ANCCLI.

Celle-ci regroupe la trentaine de Commissions locales d'information (CLI) rattachées à chaque site nucléaire français.

La France compte de nombreuses implantations nucléaires: outre les 19 centrales d'EDF, il existe des sites de retraitement comme celui d'Orano à La Hague (Manche) ou encore des sites consacrés à la recherche.

Chaque implantation compte une CLI regroupant élus, associations, syndicats, etc, aux côtés des représentants de l'Etat et des opérateurs comme EDF, Orano ou le CEA.

«Déficit de précaution»

Première cible de ces instances: «les ratés de la dernière campagne de distribution d'iode».

Cette campagne lancée en 2019 concernait 2,2 millions de riverains de centrales nucléaires et des établissements recevant du public, comme les écoles ou les entreprises.

Ils se trouvent dans un rayon de 10 à 20 km autour des centrales d'EDF, les publics plus proches ayant déjà été servis lors de campagnes précédentes.

«Avec un taux d'échec de 75%, le bilan est rude. Sur les 2,2 millions de riverains ciblés, seuls 550 000 sont allés chercher leurs comprimés en pharmacie», regrette l'ANCCLI.

Ces cachets sont pourtant utiles en cas d'accident nucléaire: l'iode radioactif rejeté se fixe sur la glande thyroïde, organe essentiel à la régulation hormonale. 

La prise de comprimés d'iode stable permet de saturer la glande thyroïde, qui ainsi ne peut plus capter ou fixer l'iode radioactif.

Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, avait déjà regretté le faible taux de retrait des comprimés.

«C'était gratuit et il suffisait de se déplacer. On ne prend pas les précautions pour se protéger soi-même!», avait-t-il constaté le mois dernier lors d'une audition au Sénat.

«Il existe un déficit de précaution chez la population», avait-il jugé.

Pour l'ANCCLI, il «faut sortir de l'emprise du lobbying pharmaceutique» et confier la distribution d'iode aux 1 600 maires des communes concernées.

Dans l'entourage de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, on dit avoir «conscience» du problème. 

«L'administration travaille sur le statut de ces pastilles d'iode, qui sont considérées comme des médicaments, pour voir si on pourrait les distribuer plus facilement et plus largement», indique cette source.

Impliquer les riverains

Autre sujet d'inquiétude: les exercices de simulation de crise, dont la population est dans les faits «exclue».

«En pratique, ces exercices sont réservés aux autorités et aux services de secours», regrette l'ANCCLI.

Un constat toutefois «exagéré», selon un industriel du nucléaire interrogé par l'AFP. «Il y a des exercices de confinement locaux et d'évacuation de populations ciblées, comme les écoles», selon cette source.

«Il est temps de développer une conscience du risque nucléaire à la hauteur du danger encouru», estime de son côté l'association, disant vouloir tirer les enseignements de la pandémie de Covid-19 sur la gestion des risques.

«Une implication totale des riverains dans les exercices permettrait d'éviter tout mouvement de panique et limiterait considérablement les conséquences d'un accident majeur», selon l'ANCCLI.

Concrètement, elle prône une multiplication des exercices réalistes avec mise à l'abri et évacuation pour sensibiliser le public.

Avec, comme pour la distribution des cachets d'iode, la nécessité de s'appuyer sur les maires et les Commissions locales d'information.

La culture de la prévention des risques «tient à coeur» à Barbara Pompili, indique son entourage.

Une mission sur la sensibilisation du public aux risques industriels a ainsi été confiée en décembre à Fred Courant, ancien animateur de l'émission de vulgarisation «C'est pas sorcier». Le rapport doit encore être remis au gouvernement.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.