Israël défie la communauté internationale et poursuit ses violences

Des médecins palestiniens évacuent des manifestants blessés, alors que les forces de l’ordre israéliennes lancent des gaz lacrymogènes dans la vieille ville de Jérusalem le 10 mai 2021 (Photo, AFP)
Des médecins palestiniens évacuent des manifestants blessés, alors que les forces de l’ordre israéliennes lancent des gaz lacrymogènes dans la vieille ville de Jérusalem le 10 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Israël défie la communauté internationale et poursuit ses violences

  • «Ce qui se passe à Cheikh Jarrah est une suite de 70 années d'expulsions des Palestiniens, de leurs demeures et de leurs terres»
  • «Un prix doit être payé, et c'est un test pour l'administration Biden. Les Américains doivent dire que ça suffit», estime Hanane Achrawi

AMMAN: Malgré les appels de la communauté internationale pour mettre fin aux hostilités entre les forces de l’ordre israéliennes et les Palestiniens, les affrontements se sont poursuivis à Jérusalem lundi, avec la mosquée Al-Aqsa, le troisième site le plus sacré de l'Islam, comme théâtre des violences pour une deuxième journée consécutive.

Plus de 300 personnes ont été blessées, et Croissant-Rouge rapporte que six Palestiniens se trouvent dans un état critique.

Le Vendredi 7 mai, le porte-parole du département d'État américain Ned Price a appelé les deux parties à faire preuve de retenue. Il a affirmé que Washington est «extrêmement préoccupé par les affrontements en cours à Jérusalem, au Haram al-Sharif/Mont du Temple et à Cheikh Jarrah», en plus de condamner une attaque contre les soldats israéliens et les «attaques de riposte contre les Palestiniens».

Le journal américain Axios affirme que la Maison Blanche a pressé Israël de limiter les célébrations prévues pour la Journée de Jérusalem lundi, date qui marque la saisie de Jérusalem-Est en 1967, afin de ne pas exacerber les tensions dans la ville. Israël aurait rejeté cette suggestion.

Hanane Achrawi a, pour sa part, lancé aux dirigeants américains et européens le défi de «développer une épine dorsale». L'ancienne membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine leur demande de «traduire leurs paroles en action» et de museler Israël face aux fidèles palestiniens.

«Les Américains doivent apprendre à développer une épine dorsale, à travailler fort afin de faire valoir leur position, et à faire usage de leur pouvoir financier et politique. Ce n'est pas grand-chose à demander pour préserver la liberté de culte».

«C'est la seule langue que les Israéliens comprennent; s'ils sont récompensés, rien ne sera accompli», poursuit-elle. «Un prix doit être payé, et c'est un test pour l'administration Biden. Les Américains doivent dire que ça suffit».

Achrawi qualifie la situation de «crime», et déplore les violations évidentes et multiples des droits de l'homme, comme cibler les civils, vandaliser les lieux saints, ainsi que faire usage de force excessive à l’encontre les fidèles.

Les manifestations dans le quartier de Cheikh Jarrah ont par ailleurs attiré des députés de la droite à la Knesset, ainsi qu'un grand nombre de Palestiniens et de supporters.

Le Secrétaire général de l'ONU et les leaders du monde se sont joint au chœur de condamnation de la violence, et ont exprimé leurs préoccupations au sujet des expulsions à Cheikh Jarrah.

La Jordanie a convoqué le chargé d’affaires israélien à Amman, et a menacé de rappeler son ambassadeur à Tel Aviv. Des manifestations animées ont également eu lieu devant l'ambassade d'Israël en Jordanie, appelant à sa fermeture.

L'ancien premier ministre de l'Autorité palestinienne, Salam Fayyad, affirme à Arab News que Jérusalem est l’emblème de la cause palestinienne.

«La réunification de la patrie et de ses institutions nationales nécessite l’entière (coopération) de tous les Palestiniens, où qu'ils se trouvent», poursuit-il.

«Une réaction de ce genre est la réponse on ne peut plus ferme à l'agression israélienne, et à la terreur exercée par son armée et ses colons à l’encontre nos lieux saints et notre peuple à Jérusalem», ajoute Fayyad.

L'ancien premier ministre précise que vivre chez soi et dans sa propre patrie est un droit de base fondamental, «afin de permettre à notre peuple d'arracher son droit à l'autodétermination».

Hazem Kawasmi, un militant de la société civile à Jérusalem, affirme à Arab News que ce qui se passe à Cheikh Jarrah est une continuation des 70 dernières années au pays en termes d'expulsions de Palestiniens de leurs demeures et de leurs terres.

«Tenter d’expulser 28 familles de leurs maisons à Cheikh Jarrah (…) illustre sans équivoque le régime d’apartheid israélien et la politique de transfert établis afin d’exécuter la «judaïsation» de la ville, et la vider de sa population palestinienne native», estime Kawasmi.

«La communauté internationale observe et ne fait rien pour empêcher l'État voyou d'Israël de pratiquer sa politique de nettoyage ethnique, ce qui n’est guère surprenant»

On craint que les actions d’Israël à Jérusalem ne provoquent également des conflits élargis à l’extérieur de la ville. Un haut responsable du Hamas, Salah Arouri, prévient qu’à force de «jouer avec le feu à Jérusalem, les occupants vont obtenir une réponse brûlante sur la tête».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk