Aziza Nait Sibaha: «Nous voulons mettre en avant les exploits sportifs féminins dans la région Mena»

Aziza Nait Sibaha (Photo, Fournie)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Aziza Nait Sibaha: «Nous voulons mettre en avant les exploits sportifs féminins dans la région Mena»

  • «Il existait un manque flagrant de modèles auxquels les petites filles qui rêvent de sport pouvaient s’identifier»
  • Taja a pour ambition de s’adresser aujourd’hui à près de 220 millions de femmes et de jeunes filles de la région Mena

Journaliste, présentatrice et rédactrice en chef à France 24, enseignante à Sciences Po Paris et fondatrice du cabinet de conseil Lead up, Aziza Nait Sibaha multiplie les projets, avec succès. Le dernier en date, Taja, est le premier magazine qui se consacre à la pratique sportive féminine dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). En ligne et gratuit, il a pour objectif de promouvoir le sport auprès des jeunes filles et des femmes de la région. 

Arab News en français a rencontré à Paris cette journaliste qui milite depuis de longues années pour la cause féminine, le women empowerment («autonomisation des femmes»), notamment dans le monde arabe. 

D’où vient le nom du magazine et de la plate-forme en ligne Taja

Taja veut dire «la couronne» en langue arabe. Le mot existe également au masculin: Taj. Toutefois, si le masculin du mot est familier à beaucoup de gens, son féminin est largement ignoré. C’est un peu comme le sport: que sa pratique soit masculine ou féminine, cela reste du sport. Pourtant, le public connaît davantage le sport masculin que le sport féminin. La plate-forme Taja est là pour rétablir l’équilibre et rappeler que le sport n’a pas de genre. Le choix du mot «Taja» pour son titre est donc approprié, car il représente ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui. 

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Hend Sabri marraine du 1er numéro (Photo, Fournie)

Journaliste, présentatrice et rédactrice en chef à France 24, vous êtes également à la tête du cabinet de conseil Lead up, et vous venez de lancer Taja, un nouveau projet de média bilingue exclusivement consacré au sport féminin dans le monde arabe. Comment est-il né? 

Taja est né de plusieurs facteurs. Depuis quelques années, je discutais avec une amie journaliste de l’idée qui consistait à lancer un magazine féminin différent de l’offre qui existe actuellement sur les marchés, et qui casse les idées reçues selon lesquelles les femmes ne s’intéressent qu’à la mode et aux voyages. Puis est arrivée la pandémie de Covid-19 et le confinement, et ma réflexion s’est accélérée. L’une des idées sur la table était le sport; j’étais confortée dans ce choix par le fait que, dans l’émission Daif wa massira [un magazine politique créé en 2017, NDLR], j’avais reçu beaucoup de sportives qui parlaient des mêmes difficultés: leurs exploits étaient peu médiatisés, même lorsqu’ils étaient reconnus au niveau international, et les sponsors leur manifestaient peu d’intérêt. Surtout, il existait un manque flagrant de modèles auxquels les petites filles qui rêvent de sport pouvaient s’identifier. En discutant avec des amis, devenus ensuite mes premiers associés, l’idée de la plate-forme Taja s’est donc imposée à nous. Cela a été l’occasion pour moi de mettre à profit mes vingt-cinq années d’expérience journalistique ainsi que de solliciter mon réseau et mes contacts dans la région Mena. 

Pourquoi lancer un média exclusivement consacré au sport féminin dans la région Mena? 

La problématique du peu de médiatisation du sport au féminin est mondiale, mais les mentalités ont commencé à bouger sérieusement depuis la Coupe du monde de football féminin organisée en France en 2019. Or, les pays arabes étaient totalement absents de cette compétition. 

Étant d’origine marocaine, et travaillant sur l’antenne arabophone de France 24, je connais bien cette région du monde et je savais qu’il n’y avait aucune offre médiatique sur la thématique du sport et des femmes. 

Pourtant, un bon nombre d’initiatives de ce genre existaient déjà ailleurs dans le monde. Taja a pour ambition de s’adresser aujourd’hui à près de 220 millions de femmes et de jeunes filles de cette région. Par ailleurs, étant donné qu’une partie d’entre elles n’a pas accès à l’éducation, notre offre éditoriale écrite se trouve complétée par une offre vidéo et par des podcasts qui s’adressent à toutes. 

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Portrait de Ray Bassil (Photo, Fournie)

À votre avis, dans quelle mesure ce magazine contribuera-t-il à favoriser et à encourager l’épanouissement des femmes arabes à travers le sport? 

Le magazine Taja n’a pas la prétention de palier à lui seul le manque que l’on constate aujourd’hui, mais il a pour objectif de jouer un rôle afin de mettre en avant dans la région les exploits sportifs féminin, qui méritent autant d’attention que la pratique sportive. C’est une première action destinée à reconnaître ces championnes, à faire découvrir leurs parcours et à donner aux jeunes filles l’occasion de rêver et de se projeter en découvrant des carrières sportives féminines. 

En outre, notre ambition est de mettre en lumière des initiatives d’autonomisation économique de femmes par le sport, de présenter des exemples de réussite de femmes d’affaires dans le secteur sportif, car le sport peut être également un outil de développement.  

En faisant la promotion du sport auprès des femmes en général, nous voulons par ailleurs que ces dernières se réapproprient leurs corps et qu’elles s’imposent, à travers la pratique sportive, dans l’espace public. Les femmes doivent quitter le banc de touche pour jouer pleinement leur rôle sur le terrain. Et, si elles arrivent à le faire grâce au sport, elles y parviendront dans d’autres domaines. 

Enfin, nous mettons en avant des profils de femmes qui sont journalistes dans le domaine du sport, car c’est un domaine où l’expertise féminine existe depuis des décennies et qui, pourtant, reste majoritairement masculin. Il est donc grand temps de mettre en évidence cette expertise. 

C’est à travers ces actions que Taja pourra faire évoluer les mentalités et promouvoir l’épanouissement comme l’autonomisation des femmes par le sport. 

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Portrait de Najwa Awan (Photo, Fournie)

Aujourd’hui, le magazine est bisannuel. Comptez-vous accélérer sa fréquence de publication? 

En effet, si le site tajasport.com est actualisé à un rythme hebdomadaire, le magazine, pour sa première année, est bisannuel. Mais nous avons pour projet de changer sa périodicité chaque année et de passer à un rythme trimestriel dès l’année prochaine. Il devrait ensuite devenir bimestriel pour devenir mensuel à l’horizon 2025. 

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Portrait de Hiba Yousifi (Photo, Fournie)

Quel message aimeriez-vous transmettre aujourd’hui? 

Le message que nous voulons transmettre à travers Taja est que le sport n’a pas de genre et que, si sa pratique revêt pour les femmes une importance primordiale au niveau de la santé, elle est encore plus importante pour l’affirmation de soi et pour notre place dans l’espace public. Dans la région Mena, des sportives ont réalisé des exploits incroyables dans toutes les disciplines. Des particuliers proposent également des initiatives très intéressantes pour promouvoir le sport auprès des femmes, qui méritent toute notre attention. 

J’invite vos lecteurs à se rendre sur tajasport.com afin de découvrir ces portraits de femmes inspirantes et de constater à quel point nos pays gagneraient aujourd’hui à miser sur le sport au féminin. J’adresse le même message aux sponsors et aux médias, qui se battent encore sur un marché saturé lorsqu’il s’agit des sportifs. Il y a des sportives incroyables, dont les parcours méritent vraiment d’être médiatisés: vous pouvez leur donner un coup de pouce, alors à vous de jouer! 


Le Louvre va augmenter ses tarifs, à six mois des JO

Des ouvriers de la galerie retirent le tableau "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix (1798-1863) au musée du Louvre à Paris (Photo, AFP).
Des ouvriers de la galerie retirent le tableau "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix (1798-1863) au musée du Louvre à Paris (Photo, AFP).
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  • À partir du 15 janvier, l'entrée passe à 22 euros, après être conservée à 17 euros depuis 2017
  • Le Louvre est le musée le plus visité du monde, avec 86 000 m² d'espaces ouverts au public, et 7,2 millions de visiteurs en 2022

PARIS: Entrer au Louvre va être plus cher en 2024, année olympique à Paris : le musée a annoncé vendredi une hausse du prix du billet, qui n'avait pas bougé en sept ans.

À partir du 15 janvier, l'entrée passe à 22 euros, après être conservée à 17 euros depuis 2017.

Cette augmentation de 29% est à comparer à une inflation de 30% sur la même période, selon l'indice des prix à la consommation de l'Insee.

Pour les nombreux touristes qui viendront à Paris durant les JO, du 26 juillet au 11 août, ce n'est pas la seule hausse de prix annoncée.

Le prix du ticket de métro va presque doubler pendant l'événement, à 4 euros l'unité (contre 2,10 euros aujourd'hui) et 32 ​​euros les dix (contre 16,90 euros). Et le prix moyen d'une nuit d'hôtel en Île-de-France est passé de 169 euros, en juillet 2023, à 699 euros durant les JO, selon un relevé en septembre de l'Office du tourisme.

Le Louvre est le musée le plus visité du monde, avec 86.000 m² d'espaces ouverts au public, et 7,2 millions de visiteurs en 2022 (après un record de 10,2 millions en 2018).

Sa billetterie a rapporté 76,5 millions d'euros l'an dernier, d'après le rapport annuel. Cela ne couvrait qu'un quart de ses charges de fonctionnement, le reste étant financé par les crédits du ministère de la Culture et par d'autres ressources, dont le mécénat.

41% de visiteurs gratuits

Ouvert en 1793 dans un ancien palais royal en plein cœur de Paris, le Louvre est l'un des grands atouts touristiques de la capitale française. Il présente des collections extrêmement riches, qui vont des civilisations de la Méditerranée et du Moyen-Orient plusieurs millénaires avant notre ère jusqu'aux beaux-arts du XIXe siècle.

Des visiteurs viennent du monde entier pour y admirer entre autres la Joconde de Léonard de Vinci (début XVIe siècle), la Vénus de Milo (IIe siècle av. J.-C.) ou des antiquités égyptiennes en excellent état de conservation.

Dans un communiqué, le musée a souligné que "plus d'un visiteur français sur deux entre gratuitement".

Sont concernés les moins de 25 ans, les chômeurs, les bénéficiaires des minima sociaux, les handicapés et accompagnants, les enseignants, et les professionnels de la culture et les journalistes.

Sur les 8,7 millions de visiteurs estimés en 2023, 3,6 millions d'entre eux (soit 41%) ne devraient pas avoir payé d'entrée.

"Je suis heureuse et fière de voir le public français, francilien, parisien, se réapproprier le musée du Louvre. La qualité de cette relation est au cœur de notre mission", s'est félicitée sa présidente, Laurence des Cars, citée dans le communiqué.

Besoin de rénovations 

Celle-ci, arrivée à la tête de l'institution en septembre 2021, a imposé un plafond de 30.000 visiteurs par jour. Il est maintenu en 2024.

Elle souhaite en revanche étendre les horaires d'ouverture. La direction "travaille avec les organisations syndicales afin de proposer une seconde nocturne, chaque mercredi, envisagée à partir d'avril", a précisé le musée.

Le musée espère financer dans les années à venir un projet d'ouverture d'une deuxième entrée, en plus de celle sous la Pyramide inaugurée en 1988, aujourd'hui saturée. Elle se ferait par la façade Est, au niveau du métro Louvre-Rivoli. Le calendrier et le coût ne sont pas connus.

Il a aussi besoin de rénovations. C'est ce qu'a montré une exposition consacrée au dessinateur Claude Gillot, fermée en raison d'une infiltration d'eau. Ouverte le 9 novembre, elle s'est définitivement arrêtée le 11, pour mettre à l'abri les œuvres.

Le Louvre poursuit aussi ses acquisitions d'œuvres. Il a lancé un appel aux mécènes début novembre pour devenir propriétaire d'une nature morte de Chardin, "Le Panier de fraises des bois" (1761), qui coûte 24,3 millions d'euros.


«Il ne possédait qu'un stylo»: Le poète palestinien Refaat Alareer tué dans une frappe à Gaza

La famille et les amis du poète palestinien Refaat Alareer, mort sous les bombes à Gaza, ont rendu vendredi un vibrant hommage à cet intellectuel féru de Shakespeare (Photo, X/ Refaat Alareer).
La famille et les amis du poète palestinien Refaat Alareer, mort sous les bombes à Gaza, ont rendu vendredi un vibrant hommage à cet intellectuel féru de Shakespeare (Photo, X/ Refaat Alareer).
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  • Le professeur de littérature anglaise à l'Université islamique de Gaza a été tué après des frappes meurtrières dans le nord de la bande de Gaza
  • «Nous sommes enveloppés dans d'épaisses couches de poudre à canon et de ciment», écrivait Refaat Alareer dans l'un de ses derniers messages

GAZA: "Refaat ne possédait qu'un stylo". La famille et les amis du poète palestinien Refaat Alareer, mort sous les bombes à Gaza, ont rendu vendredi un vibrant hommage à cet intellectuel féru de Shakespeare mais critiqué pour des déclarations controversées sur Israël.

Le professeur de littérature anglaise à l'Université islamique de Gaza a été tué après des frappes meurtrières dans le nord de la bande de Gaza, ont indiqué dans la nuit de jeudi à vendredi ses proches et le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans ce territoire palestinien.

"Nous sommes enveloppés dans d'épaisses couches de poudre à canon et de ciment", écrivait Refaat Alareer dans l'un de ses derniers messages sur le réseau social X, le 4 décembre.

"Nombreux sont ceux qui restent piégés à Chajaya", dans l'ouest de la ville de Gaza, "dont quelques-uns de mes enfants et des membres de ma famille", s'alarmait-il le même jour.

Israël a lancé une vaste opération pour "anéantir" le mouvement islamiste Hamas, en riposte à l'attaque de ses commandos sur son sol le 7 octobre qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

A Gaza, l'offensive et les bombardements de l'armée israélienne ont fait près de 17.500 morts, à 70% des femmes, des enfants et des jeunes de moins 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Quelques jours après le début des opérations terrestres israéliennes fin octobre, Refaat Alareer avait dit refuser de quitter le nord de Gaza, épicentre alors des combats.

"Il n'existe aucun endroit sûr à Gaza, c'est pourquoi il a choisi de rester dans sa maison", explique à l'AFP son cousin Mohamed Alareer, qui a perdu "un ami à vie, tombé en martyr".

"Toute la famille lui avait demandé de partir car c'était très dangereux mais il répondait toujours: +je suis seulement un universitaire, un civil, chez moi. Je ne partirai pas+", confie ce professeur d'histoire, présent vendredi à ses funérailles. "L'occupation (israélienne) est sans pitié et n'a aucune considération pour les universitaires, les médecins, les enseignants ou les journalistes".

Passionné de Shakespeare

Il avait publié sur X un poème devenu viral intitulé "If I must die" ("Si je devais mourir") qui se conclut par ces mots: "Que cela apporte de l'espoir, que cela soit un conte".

"Repose en paix Refaat Alareer. Nous continuerons à être guidés par ta sagesse, aujourd'hui et pour l'éternité", a aussi témoigné l'auteur et journaliste Ramzy Baroud.

L'universitaire était l'un des cofondateurs du projet "We are not numbers" ("Nous ne sommes pas des chiffres"), jumelant des auteurs de Gaza à des "mentors" à l'étranger qui les aident à écrire des récits en anglais sur leur quotidien.

Refaat Alareer était décrié pour certaines déclarations sur X, où il était suivi par plus de 95.000 abonnés, après le 7 octobre.

Il y a notamment récusé les "mensonges/accusations de viol visant les Palestiniens", des "allégations" utilisées selon lui comme "un écran de fumée pour justifier le génocide de Gaza", en référence aux accusations de violences sexuelles qui auraient été commises par des hommes du Hamas le 7 octobre. Le mouvement islamiste avait rejeté ces accusations.

Des médecins et responsables israéliens affirment de leur côté que de multiples violences --dont des viols, viols en réunion et mutilations--, sont déjà largement documentées, à l'appui de témoignages directs et d'enquêtes médico-légales.

Refaat Alareer avait aussi déclenché une polémique lors d'une interview sur la BBC en qualifiant de "légitime et morale" l'attaque du 7 octobre, la comparant "au soulèvement du ghetto (juif) de Varsovie" durant la Seconde Guerre mondiale.

Le poète palestinien avait édité le livre "Gaza writes back", des chroniques de la vie à Gaza par de jeunes auteurs palestiniens, et publié "Gaza unsilenced", non traduits en français.

Passionné de Shakespeare, Refaat Alareer enseignait l'œuvre du tragédien anglais à ses étudiants à l'université de Gaza.

"Mon coeur est brisé, mon ami et mon collègue Refaat Alareer a été tué avec sa famille (...) Je n'arrive pas à y croire. Nous aimions chacun cueillir des fraises ensemble", relate sur Facebook son ami, le poète gazaoui Mosab Abu Toha.

"Refaat ne possédait qu'un stylo et nous sommes comme lui", fait valoir son cousin Mohamed Al Araeer, et de rendre hommage à l'un de ses poèmes: "Je jetterai mon stylo au visage des soldats s'ils prennent d'assaut ma maison".


Johnny Depp: «Ce qui se passe en Arabie saoudite dans le domaine créatif et artistique est extraordinaire»

Johnny Depp à Djeddah lors de sa rencontre avec un groupe restreint de journalistes. (Photo, Huda Bashatah)
Johnny Depp à Djeddah lors de sa rencontre avec un groupe restreint de journalistes. (Photo, Huda Bashatah)
Johnny Depp à Djeddah lors de sa rencontre avec un groupe restreint de journalistes. (Photo, Huda Bashatah)
Johnny Depp à Djeddah lors de sa rencontre avec un groupe restreint de journalistes. (Photo, Huda Bashatah)
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  • Le Festival international du film de la mer Rouge a accueilli l’acteur Johnny Depp et la cinéaste et actrice Maïwenn lors de la première dans la région Mena de Jeanne du Barry
  • À l’occasion d’une rencontre en petit comité avec des journalistes, la star hollywoodienne a exprimé son admiration pour le Royaume qui «réussit à offrir de nouvelles opportunités aux jeunes»

DJEDDAH: De passage au Festival international de la mer Rouge à Djeddah pour la première régionale du film Jeanne du Barry, où il incarne le roi Louis XV, la star hollywoodienne Johnny Depp a exprimé son admiration pour le Royaume qui, à travers l’ouverture et le soutien au secteur artistique et créatif, «réussit à offrir de nouvelles opportunités aux jeunes».

«Je crois que ce qui se passe ici en Arabie saoudite en ce qui concerne les débouchés artistiques et créatifs tels que l'art et le cinéma est extraordinaire. Cette ouverture permet de donner plus d’opportunités à tout le monde. Ce qui semble vraiment prospérer ici, c’est la culture de la jeunesse», a-t-il déclaré lors d’une rencontre en petit comité avec un groupe de journalistes en marge du festival. «Le titre du festival “Votre histoire, votre festival” est par ailleurs bien choisi, car il insuffle espoir et confiance aux cinéastes en herbe.»

Il a par ailleurs exprimé son admiration pour la riche Histoire du Royaume et il a avoué que la perspective de tourner en Arabie saoudite le séduisait: «C'est si beau! Il y a tellement de mystère, tellement de vues magnifiques et époustouflantes et l'Histoire qui se trouve ici est fascinante. Je viendrai ici avec plaisir pour faire un film.»

La vedette hollywoodienne, qui n’en est pas à sa première visite du Royaume (Johnny Depp a confié avoir participé au festival de musique MDLBEAST qui se tient annuellement à Riyad [«une expérience surréaliste»]), a foulé le tapis rouge quelques jours auparavant, accompagnée de la cinéaste et actrice Maïwenn pour la première arabe du film Jeanne du Barry. Le film emmène le public dans un voyage à la Cour de Louis XV, où ce dernier s'éprend de Jeanne du Barry, fille du peuple et courtisane devenue première favorite du roi. Ce sixième long-métrage de Maïwenn a été présenté hors compétition en ouverture du 76e Festival de Cannes.

Depp y livre une performance fascinante dans le rôle de Louis XV. L'acteur y est juste, entre gravité et malice, incarnant un roi taiseux et romantique tandis que la réalisatrice et actrice incarne de manière experte Jeanne, une femme pleine d'esprit. Autour de la scandaleuse gravite aussi un casting prestigieux: Benjamin Lavernhe (merveilleux), Pierre Richard, Noémie Lvovsky, India Hair, Pascal Greggory ou encore Melvil Poupaud.

La star hollywoodienne s’est confiée à Arab News en français sur ce deuxième rôle en langue française, dans un film français. «Les réserves que j’avais dans un premier temps pour la tenue d’un rôle principal dans un film français ont été balayées grâce au soutien de Maïwenn», souligne-t-il.

«Je n'étais pas inquiet de jouer en français, mais ma principale préoccupation était de respecter le bon français, et notamment le français “royal”. De respecter la manière dont le roi Louis XV s'adressait aux différentes branches de son gouvernement et de son peuple», précise-t-il. «Je voulais que la langue devienne instinctive dans ma tête, qu'elle devienne une seconde nature, afin que je ne pense plus à la prononciation.»

L’acteur comprend parfaitement la langue, mais dans le contexte de Jeanne du Barry, «il y a des mots qui n’existent plus aujourd’hui, donc quand je changeais des choses dans les dialogues, il fallait faire attention. C’était cela le défi.»

La seule fois où Johnny Depp a été aperçu dans un film français, c’était pour une courte apparition dans le film Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, d’Yvan Attal, en 2004. «J’aimerais beaucoup jouer encore dans des films français», indique-t-il avec un sourire soulignant son admiration pour Louis de Funès. Passionné d’Histoire, il confie également avoir beaucoup lu et tenté de comprendre comment le roi se comportait avec les différentes personnes de la Cour.

De son côté, la cinéaste Maïwenn déclare à Arab News en français partager un lien profond avec son personnage. «J’ai passé plus de seize ans à lire et me documenter sur Jeanne. Je suis tombée amoureuse d’elle, de son histoire, de son époque. J’ai eu l’impression d’être choisie.» La réalisatrice explique avoir «passé des années à consacrer son temps à décrypter tous ses souvenirs, les événements majeurs qui ont marqué sa vie, ses phrases célèbres. Je la sens si proche. L’expérience a été libératrice.»

Sur la difficulté de réaliser et jouer à la fois, Maïwenn avoue qu’elle savait que ce serait un défi, mais elle a «senti qu'il y avait tellement de similitudes entre elle et Jeanne du Barry qu’il valait mieux faire les deux et le regretter que ne pas faire les deux et le regretter», conclut-elle.

*Le film Jeanne du Barry a bénéficié du fonds de soutien du Festival international de la mer Rouge (Red Sea Fund) dans sa phase de coproduction.