Finul: Le bras de fer entre les États-Unis et la France est engagé

(Mahmoud ZAYYAT/AFP)
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Publié le Lundi 24 août 2020

Finul: Le bras de fer entre les États-Unis et la France est engagé

Finul: Le bras de fer entre les États-Unis et la France est engagé
  • Les États-Unis s’opposent à la résolution émise vendredi dernier par la France pour renouveler le mandat de la Finul et réclament la réduction des militaires
  • Tout autre changement de la Finul pourrait fragiliser encore plus le Liban, actuellement dans une situation très difficile

Quelques jours avant le renouvellement, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) prévu le 28 août, un bras de fer s’est engagé à New York entre les États-Unis et les autres membres permanents. Les États-Unis s’opposent à la résolution émise vendredi dernier par la France pour renouveler le mandat de la Finul.

Les Etats-Unis réclament la réduction des militaires présents à 11 000, un renouvellement de la Finul semestriel (et non plus annuel) et un accès libre à la totalité du Sud-Liban. En effet, le Hezbollah et l’armée libanaise interdisent jusqu’à présent certains lieux au prétexte qu’ils constituent des propriétés privées. Les États-Unis, eux, menacent d’utiliser leur veto si leurs demandes ne sont pas prises en compte.

La France, qui compte le plus gros contingent de la Force avec 800 soldats (sur les 10 500 casques bleus qui seraient actuellement engagés) voit dans la demande des Américains un risque de diminution constante des effectifs pour les années à venir.

La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU avait renforcé la Finul dans ses effectifs (à 15 000 soldats dont la moitié européens) après l’attaque israélienne au Liban en 2006. L’objectif était d’encadrer les 15 000 soldats de l’armée libanaise pour former une zone tampon entre le Liban et Israël.  

Or, le nombre de soldats de l’armée libanaise déployés au Sud-Liban dans le cadre de cette mission n’a jamais atteint ce chiffre malgré les nombreuses pressions internationales sur le gouvernement libanais.

Pour Israël, le retrait de la Finul du Sud-Liban ou la réduction de ses effectifs n’est pas souhaitable car cela laisserait le champ libre au Hezbollah.

À l’instar de la France, les autres membres du Conseil de sécurité, à l’exception des États-Unis donc, souhaitent renouveler la Finul et en améliorer les moyens techniques et informatiques tel que proposé dans le rapport du secrétaire des Nations unies. Tout autre changement pourrait fragiliser encore plus le Liban, actuellement dans une situation très difficile. La France pourrait également proposer prochainement un nouveau projet de résolution.

Selon des sources diplomatiques occidentales, le bras de fer entre les États-Unis et l’Europe sur le sujet de la Finul est lié au refus des Européens de suivre les Américains dans leur volonté d’utiliser à nouveau le mécanisme de « snapback » contre l’Iran et ainsi prolonger l’embargo sur les armes imposé à ce dernier. Pour rappel, les États-Unis ont dénoncé l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, (ou Joint comprehensive plan of action, JCPOA) signé en 2015, par les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne.

Randa Takieddine est correspondante en chef d’Arab News en français à Paris.

Twitter : @randaparis

NDLR : Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.