Israël poursuit ses frappes sur Gaza, violences sanglantes en Cisjordanie

Une explosion massive suite à une frappe aérienne sur le complexe Al Ansar, lié au Hamas, à Gaza. (Photo, AFP)
Une explosion massive suite à une frappe aérienne sur le complexe Al Ansar, lié au Hamas, à Gaza. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 mai 2021

Israël poursuit ses frappes sur Gaza, violences sanglantes en Cisjordanie

  • Les civils palestiniens continuent à payer un lourd tribut : 126 morts dont 31 enfants, et 950 blessés
  • Tirs de missiles depuis la Syrie, un membre du Hezbollah tué lors d’une manifestation à la frontière libanaise

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : Des avions de combat israéliens ont frappé des cibles dans le centre de Gaza pendant la nuit de vendredi à samedi, selon l'armée israélienne, à l'issue d'une journée de violences meurtrières en Cisjordanie, alors que des troubles sans précédent persistent en Israël.

Depuis lundi, le bilan des victimes palestiniennes des raids aériens à Gaza s'élève à 126 morts, dont 31 enfants, et 950 blessés, selon les autorités palestiniennes.

Tôt samedi, l'armée israélienne a déclaré qu'elle avait frappé un « bureau d'opération » du Hamas près du centre de la ville de Gaza, avec des frappes supplémentaires nocturnes visant ce que l'armée a appelé des « sites de lancement souterrains » de roquettes. Elle a également frappé « un site de renseignement militaire », a-t-elle aussi indiqué sur Twitter, ainsi que des « sites de lancement de fusées sol-surface » et « deux escouades terroristes ».

Plus de 2000 roquettes ont été lancées sur le territoire israélien depuis lundi, tuant 9 personnes, dont un enfant et un soldat, et faisant plus de 560 blessés. Selon l'armée, le bouclier antimissile "Dôme de fer" a intercepté environ 90% de ces roquettes.

Malgré les appels internationaux à la désescalade, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son armée infligerait de « sérieux revers » au mouvement « terroriste » Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne de Gaza. « Ils payent et continueront de payer chèrement. Ce n'est pas encore fini. »

En Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis plus de 50 ans, les accrochages ont été très violents avec 11 Palestiniens tués, la plupart par des balles réelles tirées par les soldats israéliens, et plus de 150 blessés, selon les autorités palestiniennes.

« On n'a pas vu des affrontements et des manifestations (de cette ampleur) depuis la deuxième Intifada », le soulèvement palestinien de 2000 à 2005, a déclaré à l'AFP un responsable palestinien.

« Ce serait une honte de ne rien faire quand on voit ce qu'il se passe à Gaza, si nos dirigeants ne font rien, nous devons faire quelque chose », a déclaré, keffieh enroulé sur la tête, Ouday Hassan, un manifestant de 21 ans, à El-Bireh près de Ramallah.

A Ramallah à Hébron et à travers tout le territoire occupé par Israël depuis 1967, les Palestiniens ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et d'autres projectiles sur les forces israéliennes, qui ont riposté avec des balles en caoutchouc et, dans certains cas, des balles réelles.

Un Palestiniens a été abattu après avoir tenté de poignarder un soldat au nord de Ramallah, a déclaré l'armée israélienne, qui a fait état tôt samedi d'une nouvelle tentative d'attaque au couteau pendant « une violente émeute » à Naplouse.

 De nouvelles tensions nocturnes ont par ailleurs frappé le quartier de Shuafat à Jérusalem-Est, où de jeunes manifestants palestiniens masqués ont incendié des débris, et la police israélienne a répondu avec des gaz lacrymogènes.

 

Maintenant la pression, l'armée israélienne avait renforcé vendredi ses raids aériens et tirs d'artillerie sur la bande de Gaza densément peuplée et sous blocus israélien depuis plus de 10 ans.

Les explosions et leurs champignons de fumée visibles à des kilomètres, ont laissé des pâtés de maisons entiers en ruines dans le petit territoire palestinien où s'entassent quelques deux millions de Palestiniens.

« Je suis plus effrayée aujourd'hui que pendant toutes les autres périodes d'escalade, le bruit des missiles israéliens est très fort, terrible, fou », a lancé Dima Talal, une lycéenne de 17 ans, à Gaza.

Face aux tirs de chars massés le long de Gaza ceinte d'une épaisse barrière ultrasécurisée, environ 1000 habitants du territoire ont fui leur maison et trouvé refuge dans des bâtiments de l'ONU, selon son coordinateur onusien sur place.

Parmi les cibles visées, selon l'armée israélienne, figurent le réseau de tunnels souterrains qui permettent aux combattants et dirigeants du Hamas de se déplacer, ainsi qu'une « brigade terroriste » responsable des tirs de roquettes.

Le Hamas et les autres groupes palestiniens à Gaza ont eux continué à tirer des roquettes sur Israël. Dans la soirée, les sirènes ont retenti dans plusieurs localités du Sud, dont Beersheva, limitrophes de l'enclave.

Israël combat également sur un autre front: l'escalade depuis mardi avec des heurts et échanges de coups de feu entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes du pays. Près de 1000 policiers ont été appelés en renfort et plus de 450 personnes, Juifs et Arabes, ont été arrêtées au total dont 52 vendredi.

A Lod, juifs et arabes s'apprêtaient à vivre leur quatrième nuit de couvre-feu.

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Des soldats israéliens près de Sderot se préparent à bombarder Gaza. (AFP).

Les émeutiers arabes israéliens, « sont une minorité significative qui mine les liens tissés entre Juifs et Arabes », a commenté M. Netanyahu, en annonçant le déploiement de nouvelles forces. Les Arabes Israéliens sont les Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948.

Et peut-être un quatrième front ? A la frontière israélo-libanaise, des soldats israéliens ont tiré sur des manifestants libanais qui ont réussi à brièvement s'introduire du côté israélien. Un membre du Hezbollah participant à la manifestation a succombé vendredi à ses blessures infligées par les tirs israéliens, ont indiqué le  mouvement chiite libanais et l'agence nationale d'information (ANI).

Trois roquettes ont été tirées vendredi soir depuis la Syrie en direction d'Israël, les premières depuis le début de l'escalade de violences, selon une source militaire à Jérusalem.

Une roquette est tombée en territoire syrien et les deux autres se sont abattues sur des zones non-habitées du nord d'Israël, a indiqué l'armée israélienne.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), « trois explosions » ont été entendues près de Qouneïtra, en Syrie, à la frontière avec le plateau du Golan occupé par Israël.

L'OSDH n'était en revanche pas en mesure de préciser s'il s'agissait de tirs visant Israël ou résultant de combats sporadiques en cours entre l'armée syrienne et des groupes d'opposition armés.

Face à l'escalade, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir dimanche.

Et l'émissaire américain, en charge des relations israélo-palestiniennes, Hady Amr, est arrivé en Israël, selon l'ambassade des Etats-Unis.

 

 

 

 



 

 

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Des soldats israéliens patrouillent dans Acre, ville israélienne mixte. (AFP).

 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.