Afghanistan : attentat dans une mosquée, au deuxième jour du cessez-le feu

Des policiers montent la garde devant l'Université de Kaboul à Kaboul le 2 novembre 2020 / AFP
Des policiers montent la garde devant l'Université de Kaboul à Kaboul le 2 novembre 2020 / AFP
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Publié le Vendredi 14 mai 2021

Afghanistan : attentat dans une mosquée, au deuxième jour du cessez-le feu

  • L'attentat s'est produit lors des prières du vendredi, faisant outre les victimes une quinzaine de blessés parmi les fidèles, selon la police
  • Il est intervenu au deuxième jour d'un cessez-le feu de trois jours conclu entre les talibans et les forces afghanes à l'occasion de l'Aïd el-Fitr

KABOUL : Un attentat à l'explosif a fait au moins 12 morts vendredi dans une mosquée en banlieue de Kaboul, au deuxième jour du cessez-le-feu provisoire annoncé par les talibans et le gouvernement à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

Le drame s'est produit au cours des prières, provoquant notamment la mort de l'imam et faisant 15 blessés, selon la police. Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a précisé que les explosifs avaient été placés à l'intérieur de cet édifice religieux avant les prières du vendredi.

Cet attentat n'a pour le moment pas été revendiqué et les talibans ont nié en être responsables.

Il a eu lieu au deuxième jour d'un cessez-le feu de 72 heures conclu entre les insurgés et les forces gouvernementales pour l'Aïd el-Fitr.

Le gouverneur de la province d'Uruzgan, Fazel Ahmad Shirzad, a accusé les talibans d'avoir violé par deux fois le cessez-le-feu en lançant des attaques contre les forces de sécurité vendredi, au lendemain de l'explosion d'une mine qui a causé la mort de plusieurs civils a Kunduz (nord), selon les autorités locales.

Depuis le 1er mai, date à laquelle les Etats-Unis étaient supposés avoir retiré leurs 2 500 soldats encore présents sur place, l'Afghanistan est en proie à une recrudescence des violences alors que les militaires américains continuent de quitter son sol.

Le semaine dernière encore, des avions américains décollaient de la base aérienne de Kandahar, l'une des plus importantes sur le territoire afghan, dans le sud, afin de prêter main forte aux unités gouvernementales qui tentaient de repousser une vaste offensive des insurgés.

Depuis, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a confirmé sur Twitter avoir "passé le relais cette semaine aux forces afghanes sur la base aérienne de Kandahar".

"Cette base ne nous a pas été officiellement rendue mais je peux confirmer qu'ils (les soldats américains) l'ont quittée mercredi", avait peu avant déclaré Khoja Yaya Alawi, un porte-parole de l'armée afghane dans cette ville.

"Ils ont remis toutes les installations aux forces afghanes", a précisé le directeur de l'aéroport de Kandahar.

Une passation de pouvoir officielle doit avoir lieu après la fête musulmane qui, jusqu'à samedi, marque la fin du jeûne du ramadan, ont dit ces deux responsables.

"Opérations nocturnes difficiles" 

A un moment, cette base a été la deuxième plus importante pour les troupes internationales, en particulier américaines, présentes en Afghanistan.

La province de Kandahar est un ancien bastion des talibans et, ces derniers mois, elle a été le théâtre d'affrontements entre les insurgés et les forces gouvernementales.

Les Etats-Unis et l'Otan se sont engagés à parvenir au départ de l'ensemble de leurs contingents encore présents en Afghanistan d'ici au 11 septembre, la date du 20e anniversaire des attentats de 2001.

L'armée américaine a à cet égard annoncé mardi être parvenue à retirer 12% de ses effectifs et de ses équipements contre 6% une semaine auparavant.

Condamnant vendredi les récentes attaques en Afghanistan, au cours d'un entretien téléphonique avec le président afghan Ashraf Ghani, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a quant à lui fait part du "soutien indéfectible" des Etats-Unis aux forces de sécurité afghanes, selon un communiqué diffusé à Washington.

Rares sont ceux qui pensent que les soldats afghans pourront faire face aux talibans sans la protection des forces aériennes et des forces spéciales américaines.

"Ca va être très difficile pour nous d'effectuer des opérations", a déclaré à l'AFP un officier afghan sous couvert d'anonymat. "Nos appareils ne peuvent pas voler la nuit, donc les opérations nocturnes vont être difficiles".

"Les forces aériennes afghanes n'ont pas les moyens de remplacer les forces américaines", a fait valoir l'analyste afghan Kabir Darwish, soulignant le caractère stratégique de la base de Kandahar. "Avec le temps, la flotte afghane cessera d'être opérationnelle en raison d'un manque d'entretien", a-t-il prévenu.

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés dans certaines provinces et, mardi, les talibans se sont emparés d'un district à la périphérie de Kaboul.

Les insurgés encerclent de plus en plus les grands centres urbains, laissant suggérer qu'ils attendent le retrait des Américains avant de déclencher de vastes offensives contre les villes.

Le 8 mai, plus de 50 personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans un quartier hazara chiite de l'ouest de la capitale dans une série d'explosions de bombes placées devant une école de filles. Il s'agissait de l'attentat le plus meurtrier en un an. 

Les autorités ont accusé les talibans d'avoir été les responsables de ces violences mais ceux-ci ont nié en avoir été les auteurs.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.