Le Liban sommé de débuter les réformes et relancer les pourparlers avec le FMI

Un homme se tient devant un muret recouvert de graffiti le 11 août 2020, à l'extérieur du port de Beyrouth, à la suite de l'explosion massive qui a endommagé une grande partie de la capitale libanaise. (Photo, Reuters)
Un homme se tient devant un muret recouvert de graffiti le 11 août 2020, à l'extérieur du port de Beyrouth, à la suite de l'explosion massive qui a endommagé une grande partie de la capitale libanaise. (Photo, Reuters)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

Le Liban sommé de débuter les réformes et relancer les pourparlers avec le FMI

  • Sereni rappelle que «l'Italie considère le Liban comme un acteur clé de la stabilité et de la paix au Moyen-Orient»
  • De nouvelles inquiétudes accompagnent le rationnement sévère de l'électricité et la pénurie d'essence et de médicaments, ce qui ravive les manifestations

BEYROUTH: La vice-ministre italienne des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Marina Sereni a réitéré lundi au président libanais Michel Aoun la nécessité «d'engager des réformes profondes et structurelles à travers la formation d'un gouvernement qui assume tous ses pouvoirs».

Elle a réitéré son appel à tous les partis politiques du Liban de mettre leurs divergences de côté, donner la priorité à l'intérêt national, et collaborer pour former un exécutif.

Sereni affirme que les Libanais ont besoin d'un gouvernement qui remette le pays sur la voie du développement durable et relancer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).

Le responsable italien a rappelé au président libanais que «les mécanismes démocratiques doivent continuer à se dérouler normalement selon le calendrier électoral prévu en 2022».

Son commentaire fait référence aux élections législatives prévues pour mai de l'année prochaine. Des voix politiques à l'intérieur du Liban cherchent à reporter la date du vote pour maintenir l'actuelle autorité au pouvoir.

Sereni rappelle que «l'Italie considère le Liban comme un acteur clé de la stabilité et de la paix au Moyen-Orient».

Sereni affirme que l'Italie «soutient les forces de la FINUL dirigées par le général italien Stefano Del Col, qui jouent un rôle clé dans le maintien de la stabilité et la prévention des tensions le long de la Ligne bleue, en particulier à la lumière de la situation actuelle, avec toutes ses tensions».

Le Liban connaît un vide exécutif depuis la démission du gouvernement de Hassan Diab après l'explosion du port de Beyrouth, et la désignation de Saad Hariri comme Premier ministre le 22 octobre.

Le vide se poursuit en raison du refus d'Hariri de former un gouvernement de technocrates, et de l'insistance d'Aoun pour détenir le tiers de blocage dans ledit gouvernement, en plus de ce qu'il appelle «la charte et l'équilibre national».

L'initiative française n'a pas réussi à former un gouvernement de spécialistes apolitiques, ce qui a incité les Français à brandir la menace des sanctions contre ceux qui bloquent les réformes.

Les espoirs que Hariri puisse s’acquitter de sa mission étaient élevées avant la fête de l'Aïd Al-Fitr. Mais le secrétaire général du Mouvement du futur Ahmad Hariri a qualifié ces attentes lundi de «fuites médiatiques».

Hariri parle d’une «poursuite du statu quo», et rappelle qu’aucune déclaration n’a émané du Premier ministre désigné, qui «prendra des positions claires dans la prochaine étape qui touchent les intérêts du pays et les préoccupations du peuple», et qu’il étudie toutes ses options pour arriver à la bonne décision».

Le vice-président du Mouvement du futur, le Dr Moustafa Alloush, a déclaré à Arab News que « le président de la république ne veut pas que Hariri démissionne, mais ce discours est dépourvu de toute indication positive claire».

«Si Aoun fait preuve d’ouverture, Hariri est prêt à présenter une nouvelle mouture», dit-il.

Alloush ajoute que «le discours d’Aoun au sujet de son adhésion à la charte et à l’équilibre national n’a aucun sens, car la charte est garantie par une participation musulmane et chrétienne au gouvernement, conformément à la constitution». «En ce qui concerne le maintien du pouvoir décisionnel au sein du gouvernement, ceci n’est pas une charte, mais plutôt la prise en otage du pays».

En attendant, la liste des crises économiques et sociales qui accablent les Libanais s'allonge.

De nouvelles inquiétudes accompagnent le rationnement sévère de l'électricité et la pénurie d'essence et de médicaments, ce qui ravive les manifestations.

Lundi, des manifestants ont bloqué des routes à Beyrouth avec des bennes à ordure, et à Tripoli avec des voitures. Les forces de sécurité ont rouvert les routes.

Des dizaines de propriétaires de stations-service à Hermel, dans le nord de la vallée de la Bekaa, ont protesté contre une décision judiciaire de fermer plus de 40 stations sans licence.

Ils ont organisé un sit-in devant le grand sérail de Beyrouth, siège du gouvernement.

Dans la région du Hermel se croisent plusieurs itinéraires de contrebande de carburant subventionné vers la Syrie.

Pour tenter de contrôler l'instabilité du taux de change du dollar sur le marché noir, la Banque du Liban a lancé lundi une plate-forme de banque électronique pour améliorer la transparence du marché du dollar.

La plate-forme sécurise le processus d'achat et de vente de devises étrangères, en particulier le dollar, à un prix qui détermine l'offre et la demande des banques.

Ces opérations réglementées sont accessibles aux commerçants, importateurs, institutions, ainsi que les particuliers.

La Banque centrale intervient pour limiter les fluctuations des taux de change du marché, réduire la spéculation et contrôler le dollar.

Le Dr Louis Hobeika, économiste, affirme cette plate-forme est une «mesure temporaire pour gagner du temps».

Il explique à Arab News que la «plate-forme ne réduira pas de façon permanente le taux de change du dollar, car le problème réside dans l’offre du dollar sur le marché, qui est faible».

«Il est peu probable que les gens qui conservent leur argent à la maison utilisent la plate-forme, car leur problème ne réside pas (là), mais plutôt dans le manque de confiance dans le pays, les banques et la Banque centrale.

Il a ajouté: «L’objectif de la plate-forme est organisationnel. S'il parvient à attirer de l'argent de l'étranger, alors c'est bien, et le Liban aura un taux de change moyen compris entre 4 000 LBP et 5 000 LBP pour le dollar, mais ça dépend de la stabilité du pays. Le marché noir subsistera tant que des dollars y sont échangés.

«Nous devons donner à cette plate-forme un mois et voir», dit-il.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.