Mise en garde contre l’entraînement du Liban dans un «chaos total»

Des soldats de l'armée libanaise à bord de leurs véhicules blindés bloquent une route devant des manifestants palestiniens du côté libanais de la frontière libano-israélienne dans le village sud de Kfar Kila, le 15 mai 2021 (Photo, AP)
Des soldats de l'armée libanaise à bord de leurs véhicules blindés bloquent une route devant des manifestants palestiniens du côté libanais de la frontière libano-israélienne dans le village sud de Kfar Kila, le 15 mai 2021 (Photo, AP)
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Publié le Dimanche 16 mai 2021

Mise en garde contre l’entraînement du Liban dans un «chaos total»

  • L'armée libanaise surveille la frontière israélienne après qu'un homme a été tué par des balles israéliennes
  • Le confinement total d’après l’Aid sera levé après deux jours

BEYROUTH: Des personnalités politiques et du monde économique ont exprimé leur opposition à l’entraînement du le Liban dans un conflit régional au milieu de la crise Israélo-palestinienne et des affrontements violents.

Le vice-président de la Confédération générale du travail, Hassan Fakih, a mis en garde contre le fait de «plonger le pays dans un chaos total qui anéantira ce qui reste du Liban».

Ses déclarations interviennent après que les gens ont recommencé samedi à faire la file dans les stations-service et chercher les médicaments manquants dans les pharmacies.

Les ventes de viande ont chuté après que le prix du kilogramme de bœuf non subventionné a dépassé 120 000 LBP (80 $).

Fakih a affirmé que «les choses au Liban ont atteint un niveau insupportable, car la situation économique est devenue une menace réelle pour toutes les catégories de personnes».

Il a ajouté que la population «a franchi le seuil de pauvreté à cause des politiques adoptées par le système politique qui dirige le pays depuis de nombreuses années».

L'économie libanaise tente de se remettre des doubles pertes qu'elle a subies du fait des mesures prises pour lutter contre la maladie du coronavirus (Covid-19) et de la situation économique dévastatrice.

Des espoirs ont été soulevés pour des améliorations économiques suite à une baisse remarquable des cas de la Covid-19.

Pendant ce temps-là, l'armée libanaise a empêché samedi des citoyens non libanais de se rendre dans la zone frontalière sud au milieu des appels lancés par les factions palestiniennes aux réfugiés afin de protester contre les attaques israéliennes dans les territoires occupés.

Des membres du Hezbollah en civil ont participé aux mesures de prévention dans la zone frontalière, en particulier dans les points proches de la Ligne bleue face aux colonies israéliennes, prouvant que le parti n’a pas l’intention d’aggraver la situation au Liban.

Ces mesures interviennent au lendemain du meurtre du citoyen libanais Mohammed Tahhan, 21 ans, par un soldat israélien.

L'un des militants de la région de Tyr qui a accompagné les manifestants jusqu'à la clôture barbelée a déclaré à Arab News: «Un groupe de manifestants portant des drapeaux palestiniens et des banderoles du Hezbollah a tenté de franchir les barbelés du côté libanais en face de la colonie de Mutla, vendredi.

«Tahhan s'est avancé et a cassé une caméra de sécurité israélienne. Les Israéliens ont tiré sur Tahhan, le tuant d'une balle dans le flanc. », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah a pleuré la perte de Tahhan et a participé à ses funérailles samedi dans la ville méridionale d’Adloun et a enveloppé son corps dans la bannière du parti.

Toutefois, l'activiste, qui connaît bien la famille Tahhan, a révélé: «Le jeune homme est un gauchiste et les membres de sa famille sont communistes, et ils ont accepté leur sort en silence».

Selon des informations non confirmées, le Hezbollah a demandé à une faction palestinienne au Liban de revendiquer la responsabilité du lancement de roquettes de type Grad, jeudi soir du sud du Liban vers la Palestine occupée, mais la faction a refusé.

Samedi, l'armée libanaise a renforcé les mesures de sécurité sur le littoral menant au sud. Les soldats ont mis en place des points de contrôle afin de vérifier l'identité de ceux qui se rendent dans la zone frontalière.

Seuls les citoyens libanais étaient autorisés à traverser, tandis que les non-libanais auraient besoin d'un permis spécial.

L'armée a fermé toutes les routes menant à la région de Marjayoun, en face de la colonie de Mutla, en Palestine occupée.

Les soldats ont empêché samedi quatre Palestiniens qui ont tenté de traverser la clôture de barbelés.

L'activiste Ali al-Amin, qui s'oppose au Hezbollah, a déclaré à Arab News: «Le parti ne tolère aucune escalade israélienne envers le Liban en raison des conditions internes et régionales, et ses choix sont ainsi limités. »

«S'il est vrai que les Palestiniens ont rejeté la demande du Hezbollah d’assumer la responsabilité des tirs de roquettes, cela signifie que la capacité et l’influence du parti à inciter les gens de sortir dans les rues au Liban ont vraiment diminué. Le Hezbollah ne peut pas faire d'erreur car le coût de cette erreur surtout, à la lumière des développements internes et régionaux, n'est pas encore clair», a-t-il ajouté.

Le porte-parole de l'armée israélienne Avichai Adraee a justifié les tirs contre les manifestants libanais et palestiniens ainsi que le meurtre de Tahhan.

Le porte-parole a déclaré: «Les suspects ont agi de manière ordonnée et ont laissé derrière eux des engins explosifs suspects. Ils ont agi d'une manière qui a révélé leur intention de s'infiltrer en territoire Israélien et de commettre une opération de sabotage en Israël».

Adraee a également tenu le Liban «responsable de ce qui se passe à l'intérieur du Liban et de tout ce qui en découle, et il assumera la responsabilité de toute tentative de nuire aux citoyens d'Israël».

Hussein Ezz El-Din, un activiste de Tyr, a signalé que des centaines de jeunes Palestiniens «ont tenté samedi de traverser la route principale menant à la zone frontalière, et certains d'entre eux sont venus des camps de l'extrême nord afin de manifester devant la frontière. Mais un cordon de sécurité formé par l'armée et d'autres éléments de sécurité affiliés au Hezbollah a empêché ces jeunes de traverser la rue jusqu'à la Ligne bleue».

Ezz El-Din a en outre ajouté: «Les habitants de la région frontalière sud sont divisés en deux parties. Un groupe est affilié à l'axe de la résistance et tente, à travers les événements qui se déroulent, de chercher une nouvelle victoire. Il y a aussi un axe qui n'est affilié ni au Hezbollah ni à aucun autre parti, qui est inquiet et soutient l'intérêt national».

Il a ajouté: «Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti n'ont pas répondu à l'appel de se rendre à la frontière dans l’intention de protester malgré leur entière sympathie pour la cause palestinienne. Certains d'entre eux croient même que se rendre aux frontières syriennes pour y protester contre les opérations de contrebande est plus bénéfique pour le Liban et ses intérêts que d'aller aux frontières sud car ce n'est rien de plus que de la propagande».

Tandis qu'une atmosphère prudente régnait à la frontière sud, le Liban a retrouvé sa vie presque normale samedi, à la lumière de la levée de l'état de confinement total qui a duré deux jours en raison de la fête de l'Aïd Al-Fitr.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.