HRW: le Qatar ne protège pas les droits des travailleurs avant la Coupe du monde

HRW a déclaré avoir interrogé plus de 93 travailleurs migrants travaillant pour plus de 60 entreprises ou employeurs et examiné des documents juridiques dans le cadre de son enquête. (Fichier/AFP)
HRW a déclaré avoir interrogé plus de 93 travailleurs migrants travaillant pour plus de 60 entreprises ou employeurs et examiné des documents juridiques dans le cadre de son enquête. (Fichier/AFP)
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Publié le Mardi 25 août 2020

HRW: le Qatar ne protège pas les droits des travailleurs avant la Coupe du monde

  • Les droits des employés ont été fréquemment ignorés par plus de 60 grands employeurs du pays
  • « Nous avons entendu parler de travailleurs affamés en raison de retards de salaire, de travailleurs endettés qui peinent au Qatar pour n’obtenir que des salaires médiocres et de travailleurs piégés par des conditions de travail abusives »

LONDRES: Les efforts du Qatar pour protéger le droit des travailleurs migrants à percevoir un salaire décent ont largement échoué, a indiqué Human Rights Watch (HRW) dans un rapport.

Les droits des employés ont été fréquemment ignorés par plus de 60 grands employeurs du pays, et les promesses faites en 2017 à l’Organisation internationale du travail concernant la protection des travailleurs migrants contre les abus de salaire et l’abolition du système de visa kafala n’ont pas été tenues. C’est ce que révèle un rapport intitulé « Comment pouvons-nous travailler sans salaire: les abus de salaire auxquels sont confrontés les travailleurs migrants avant la Coupe du monde de la Fifa 2022 au Qatar. »

HRW a affirmé avoir trouvé de nombreux exemples d'abus de salaire visant des personnes travaillant dans les secteurs les plus variés, du personnel de sécurité jusqu’aux nettoyeurs et aux ouvriers de la construction.

« Dix ans après que le Qatar a obtenu le droit d'accueillir la Coupe du monde 2022 de la Fifa, les travailleurs migrants sont toujours confrontés à des retards de salaire, à des salaires impayés et déduits », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein de HRW.

« Nous avons entendu parler de travailleurs affamés en raison de retards de salaire, de travailleurs endettés qui peinent au Qatar pour n’obtenir que des salaires médiocres et de travailleurs piégés par des conditions de travail abusives, redoutant des représailles », a-t-il ajouté.

« Le Qatar a encore deux ans avant que les joueurs ne frappent le premier ballon de la Coupe du monde. Le temps presse et le Qatar doit montrer qu’il tiendra ses promesses: abolir le système de la kafala, améliorer ses systèmes de suivi des salaires, accélérer ses mécanismes de redressement et adopter des mesures supplémentaires pour lutter contre les abus de salaire. »

Le Qatar dépend d'une main-d'œuvre migrante qui compte plus de 2 millions de personnes pour l'aider à construire les infrastructures de sa Coupe du monde.

Cependant, de nombreux travailleurs migrants se trouvent pris au piège de dettes et sont à la merci d'employeurs sans scrupules.

L'apparition de la pandémie de coronavirus a aggravé les conditions, certains employeurs utilisant cette crise sanitaire comme prétexte pour retenir les salaires et récupérer de force les sommes dues.

HRW a déclaré que le système de la kafala, qui lie les visas des travailleurs aux employeurs et que le Qatar a promis de supprimer, a facilité les abus.

De plus, certains travailleurs ont dû payer en amont jusqu'à 2 600 dollars pour trouver un emploi au Qatar, tout cela pour arriver dans le pays endettés et pour toucher des salaires inférieurs à ceux qu’on leur avait promis. Le retard de paiement pose également un problème.

Le Qatar a mis en œuvre le système de protection des salaires en 2015, les Commissions de résolution des conflits du travail en 2017 et le Fonds de soutien et d'assurance pour les travailleurs migrants en 2018.

Il a également annoncé des réformes censées mettre en place un salaire minimal pour tous les travailleurs migrants au Qatar et leur permettre de quitter leur emploi sans le consentement de l'employeur.

Mais HRW a déclaré que ces changements pourraient être facilement contournés par les employeurs, que poursuivre les grandes entreprises en justice s’avérait souvent coûteux et inefficace pour les individus, et que ceux-ci pouvaient s’exposer à des représailles.

L'instance dirigeante du football mondial, la Fifa, déclare qu'elle a « une politique de tolérance zéro à l'égard de toute forme de discrimination et d'abus de salaire. La Fifa est consciente de l'importance des mesures de protection des salaires [au Qatar]. C’est pourquoi la Fifa et les autres organisateurs de tournois ont mis en place des systèmes forts pour prévenir et limiter les abus de salaire sur les sites de la Coupe du monde de la Fifa, ainsi que des mécanismes destinés aux travailleurs et leur permettant de dénoncer pratiques afin que des sanctions puissent être prises lorsque les entreprises ne respectent pas les règles. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.