Officier d'extrême droite et faux réfugié syrien: un militaire allemand en procès

Dans cette photo d'archive prise le 29 août 2020, un manifestant enveloppé d'un drapeau de l'empire allemand fait face à des policiers anti-émeute qui montent la garde devant le bâtiment du Reichstag, abritant la chambre basse du Parlement du Bundestag. (Photo, AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 29 août 2020, un manifestant enveloppé d'un drapeau de l'empire allemand fait face à des policiers anti-émeute qui montent la garde devant le bâtiment du Reichstag, abritant la chambre basse du Parlement du Bundestag. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 20 mai 2021

Officier d'extrême droite et faux réfugié syrien: un militaire allemand en procès

  • «Je savais que ce que je faisais n'était pas conforme à la loi»
  • Son procès devant un tribunal de Francfort doit se dérouler jusqu'en août et il encourt jusqu'à dix ans de prison

FRANCFORT: Un officier allemand qui s'était fait passer pour un réfugié syrien et aurait préparé un attentat comparaît depuis jeudi à Francfort dans une affaire rocambolesque qui avait ébranlé la Bundeswehr et mis en lumière des dérives d'extrême droite.

Porté par une idéologie «nationale-socialiste», selon l'acte d'accusation, Franco Albrecht, 32 ans, est notamment soupçonné d'avoir voulu préparer en 2017 «un acte de violence grave portant atteinte à la sécurité de l'Etat».

Ce lieutenant prometteur, stationné dans la base franco-allemande d'Illkirch, dans l'est de la France, s'était constitué un véritable arsenal: quatre armes à feu, plus de 1 000 munitions et 50 engins explosifs dérobés à la Bundeswehr. 

Il avait aussi une double identité après avoir réussi à se faire enregistrer comme demandeur d'asile syrien afin, selon ses dires, de tester le système et d'en révéler les failles.

Son procès s'est ouvert devant un tribunal de Francfort et doit se dérouler jusqu'en août. Il encourt jusqu'à dix ans de prison. 

Arrivé libre, l'ancien soldat a une nouvelle fois nié les accusations portées contre lui: «Je n'ai jamais planifié aucune action au détriment de qui que ce soit», a-t-il déclaré devant les journalistes, ajoutant ne pas être d'extrême droite.

 

Concept d'asile «dévoyé»

Pourtant, ce fils d'un travailleur italien n'a jamais caché ni ses opinions extrémistes, ni son opposition à l'immigration. «Mein Kampf», le manifeste raciste et antisémite d'Adolf Hitler, figurait parmi les ouvrages de sa bibliothèque. Des messages xénophobes avaient également été retrouvés sur son téléphone portable. 

Pour tenter de prouver que le concept d'asile avait été détourné, selon lui, après l'arrivée en Allemagne de centaines de milliers de migrants en 2015 et 2016, fuyant pour la plupart la guerre en Syrie, il s'était créé une identité fictive de réfugié.

Le visage grimé, il avait réussi en 2015 à déposer une demande d'asile sous un nom d'emprunt, David Benjamin. Dans un anglais rudimentaire, il avait expliqué aux services de l'immigration ne pas avoir appris l'arabe car ayant fréquenté un collège français près de Damas.

Il reçoit même quelque 400 euros d'indemnité mensuelle et une place en foyer pour réfugiés. Mais il continue sa vie de soldat à la caserne d'Illkirch sous sa véritable identité.

«Je voulais en avoir personnellement le coeur net, et vérifier à quel point le concept d'asile avait été dévoyé par les autorités allemandes, au détriment de la sécurité», a déclaré en mars, au quotidien le Figaro, l'ancien soldat.

«Je savais que ce que je faisais n'était pas conforme à la loi», dit-il encore.

Réfutant toute intention violente, il assure s'être préparé pour «protéger (sa) famille en cas d'urgence».

Une version contestée par le parquet. L'accusé avait «pour projet de commettre une attaque sur de hauts responsables politiques et personnalités publiques» en se faisant sans doute passer pour un réfugié, avait indiqué la Cour de Justice fédérale de Karslruhe, compétente dans les affaires de terrorisme.

Selon cette instance, il souhaitait faire porter la responsabilité de ses actes aux migrants dans le but de fracturer un peu plus la société allemande, profondément divisée lors de l'accueil des réfugiés organisé par le gouvernement d'Angela Merkel.

 

Défaillances

Parmi ses cibles potentielles figuraient notamment, selon l'accusation, un ministre et la vice-présidente du Bundestag.

L'arrestation de Franco Albrecht était survenue début 2017 alors qu'il tentait de récupérer un pistolet qu'il avait caché dans des toilettes de l'aéroport de Vienne, en Autriche.

Ses empreintes avaient alors révélé leur similitude avec celles du réfugié syrien David Benjamin.

Ce scandale avait mis en lumière la gestion erratique de l'accueil des réfugiés en Allemagne malgré les assurances répétées des autorités affirmant contrôler strictement les procédures de demandes d'asile. 

L'armée allemande avait également été accusée de ne pas suffisamment lutter contre les dérives idéologiques parmi ses troupes. Franco Albrecht participait à un groupe clandestin de soldats et policiers d'extrême droite.

L'affaire avait conduit la ministre de la Défense d'alors, Ursula von der Leyen, aujourd'hui présidente de la Commission européenne, à durcir le ton à l'égard de la Bundeswehr. 

En juin 2020, le KSK, un commando d'élite de l'armée, a été en partie dissous car une vingtaine de ses membres étaient soupçonnés d'appartenir à la mouvance néonazie.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Short Url
  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

Short Url
  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.