« L’école des femmes »

Des Algériens tiennent des pancartes avec des portraits de militants détenus en prison, lors d'une manifestation antigouvernementale dans la capitale Alger. Selon le groupe de défense des droits des prisonniers du CNLD, plus de 70 personnes sont incarcérées en Algérie en lien avec le Hirak ou d'autres affaires liées à la liberté d'expression. (Photo, AFP)
Des Algériens tiennent des pancartes avec des portraits de militants détenus en prison, lors d'une manifestation antigouvernementale dans la capitale Alger. Selon le groupe de défense des droits des prisonniers du CNLD, plus de 70 personnes sont incarcérées en Algérie en lien avec le Hirak ou d'autres affaires liées à la liberté d'expression. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 mai 2021

« L’école des femmes »

  • Pourquoi s’embarrasser de visages de candidates qui ne sont ici que pour la figuration et que nous ne verrons ni faire campagne ni siéger à l’Assemblée nationale ?
  • La plus grande campagne de répression jamais entreprise par le pouvoir contre les militants démocrates vise justement à s’assurer un nième semblant d’élection

Sur l’affiche électorale d’El-Ménéa qui fait le buzz, une ébauche de visage de femme voilée figure la candidate dont le nom souligne le dessin. La même image, dupliquée en trois exemplaires horizontalement alignés, illustre le nom de chacune des trois femmes de la liste qui compte trois hommes aussi.

Au dessus, trônent les trois photos, des photos celles-là, des trois mecs qui, eux, sont les véritables candidats de la liste en question. Tout “distingue” ces hommes des femmes, venues là pour assurer, dans la clandestinité, une fonction accessoire : remplir les cases que l’hypocrite règle de parité hommes-femmes impose aux partis et aux meneurs, toujours hommes, des listes indépendantes (même si, pour cette fois-ci, des dérogations sont prévues).

Les trois hommes de l’affiche, corsetés dans des chemises mal taillées d’arrivistes politiques, bombent le buste pour se donner déjà l’allure que leur conférera leur statut à venir.

D’un certain point de vue, le procédé est conforme à cette démocratie qui, par sa conception même, se renie : pourquoi s’embarrasser de visages de candidates qui ne sont ici que pour la figuration et que nous ne verrons ni faire campagne ni siéger à l’Assemblée nationale ?

La seule concession faite au vingt et unième siècle par notre système consiste en ce formalisme électoral auquel il tient si éperdument. Il y tient jusqu’au paradoxe absolu : la plus grande campagne de répression jamais entreprise contre les militants démocrates, celle qu’il mène actuellement, vise justement à s’assurer un nième semblant d’élection !

L’impuissance politique de la société est le résultat sur les multiples fractures qui la traversent et qui sont entretenues par le système : des fractures à base régionale, idéologique, culturelle… mais aussi des fractures reposant sur le rapport à la rente, le rapport au pouvoir.

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NDLR: Mosaïque est une revue de presse qui offre au lecteur un aperçu sélectif et rapide des sujets phares abordés par des quotidiens et médias de renommée dans le monde arabe. Arab news en français se contente d’une publication très sommaire, revoyant le lecteur directement vers le lien de l’article original. L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.


Hasna El Becharia décède à l’âge de 74 ans : L’icône de la chanson diwane tire sa révérence

Hasna El Becharia a enchanté des générations d’Algériens (Photo, El Watan).
Hasna El Becharia a enchanté des générations d’Algériens (Photo, El Watan).
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  • Le parcours musical de Hasna est atypique
  • Autodidacte, elle a appris toute seule la musique et les instruments musicaux traditionnels qu’elle maniait avec doigté

Hasna El Becharia, l’icône de la chanson traditionnel diwane, est décédée à l’âge de 74 ans, le 1er mai à Béchar.

Le milieu de l’art musical traditionnel dans la région du sud-ouest-est en deuil. Hasna El Becharia, l’icône de la chanson traditionnel diwane, est décédée laissant sa famille et son public inconsolables. La nouvelle de sa disparition a jeté la consternation de la population et de ses admirateurs. Sa vie a été consacrée à la chanson.

Le parcours musical de Hasna est atypique. Autodidacte, elle a appris toute seule la musique et les instruments musicaux traditionnels qu’elle maniait avec doigté, tels le gumbri et la guitare électrique. Elle est apparue dans les années 1970 à une période où l’art musical était exclusivement réservé à la gent masculine.

Elle avait donc brisé un tabou, tout en s’imposant dans le milieu artistique créant, toujours dans les années 1970, la première troupe musicale féminine bousculant ainsi les idées reçues de l’époque et utilisant ses instruments musicaux préférés le gumbri et la guitare. Progressivement, ses fans et admirateurs, au début peu nombreux, découvrent au fil des années son talent inné de mettre en transe toute la scène et son cercle d’admirateurs s’élargit.

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Rencontre avec la Palestinienne Adania Shibli: «La littérature, pour moi, est le seul lieu qui accepte le silence»

Invitée à la 38e édition de la Foire internationale du livre qui s’est tenue du 18 au 28 avril 2024, la romancière et essayiste palestinienne Adania Shibli a rencontré le public tunisien le dernier jour de la Filt (Photo, La Presse).
Invitée à la 38e édition de la Foire internationale du livre qui s’est tenue du 18 au 28 avril 2024, la romancière et essayiste palestinienne Adania Shibli a rencontré le public tunisien le dernier jour de la Filt (Photo, La Presse).
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  • Née en 1974 en Palestine, Adania Shibli vit et travaille à Berlin et à El Qods
  • Elle incarne une génération d’écrivains et d’artistes palestiniens qui revendiquent un engagement politique autant qu’esthétique

«La langue chez nous cache souvent plutôt qu’elle n’articule, gardant entre son silence des possibilités infinies qui ne se soucient pas de l’expression. La langue peut être attaquée, abusée, mais elle continue à offrir la liberté ultime d’être et d’aimer à laquelle on n’a pas accès dans la réalité», note-t-elle.

Invitée à la 38e édition de la Foire internationale du livre qui s’est tenue du 18 au 28 avril 2024, la romancière et essayiste palestinienne Adania Shibli a rencontré le public tunisien le dernier jour de la Filt. Une occasion de discuter autour de son œuvre, de son rapport à la langue arabe, à son pays et aussi de son dernier roman «Tafsil Thanawi» («Un détail mineur»).

Née en 1974 en Palestine, Adania Shibli vit et travaille à Berlin et à El Qods (Jérusalem). Elle incarne une génération d’écrivains et d’artistes palestiniens qui revendiquent un engagement politique autant qu’esthétique. Docteur en «Media et cultural studies» de l’université de Londres et professeur associée à l’université de Beir Zeit ainsi qu’à l’université de Nottingham, elle parle six langues —l’arabe, le français, l’anglais, l’hébreu, le coréen et l’allemand—, mais écrit uniquement en arabe, «parce que cette langue est un précieux cadeau dont on nous a gratifié, une langue riche et fertile qui ne cède pas à la paresse intellectuelle», a-t-elle affirmé lors de cette rencontre modérée par Olfa Oueslati.

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Épreuves et tribulations d’un correspondant étranger

Un casque taché de sang et criblé d'éclats appartenant à un vidéojournaliste indépendant qui a été blessé alors qu'il faisait un reportage depuis la ville syrienne d'Alep, vu à Antakya, en Turquie, le 24 août 2012 (Photo, AFP).
Un casque taché de sang et criblé d'éclats appartenant à un vidéojournaliste indépendant qui a été blessé alors qu'il faisait un reportage depuis la ville syrienne d'Alep, vu à Antakya, en Turquie, le 24 août 2012 (Photo, AFP).
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  • Mais ce métier n’est plus sans risque et, dans de plus en plus de cas, peut même conduire à la mort
  • Terry Anderson de l'Associated Press, a été libéré après 2 454 jours de détention

Alors que les premiers grondements de guerre se font entendre en Europe, le rédacteur en chef d'un grand journal américain décide d'envoyer un journaliste sur le vieux continent pour voir ce qui s'y passe. Il veut « nos meilleurs et nos plus brillants » pour le poste et trouve que c'est John Jones qui suscite la jalousie des journalistes plus âgés et plus expérimentés.

C’est l’ouverture du film au rythme rapide d’Alfred Hitchcock, « Correspondant étranger » de 1940, avec Joel McCrae dans le rôle titre. L’idée selon laquelle vous avez besoin des meilleurs talents en tant que correspondant à l’étranger existait avant que McCrae ne se retrouve face à la caméra d’Hitchcock et perdure depuis.

Cependant, travailler comme correspondant à l’étranger ne permet pas de conserver le rôle passionnant, sans risque et glamour qu’implique le vieux film. Certes, l’aspect excitant est resté avec les nuances de glamour qui s’estompent. Mais ce métier n’est plus sans risque et, dans de plus en plus de cas, peut même conduire à la mort. Depuis 1991, plus de 2 600 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, pour ainsi dire.

Nous citons la date de 1991 car c'est à sa toute fin que l'un des correspondants étrangers les plus célèbres, Terry Anderson de l'Associated Press, a été libéré après 2 454 jours de détention en otage par le Hezbollah à Beyrouth.

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