Macron au Rwanda pour ouvrir «une nouvelle page» 27 ans après le génocide

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président rwandais Paul Kagame à son arrivée pour un dîner au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 mai 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président rwandais Paul Kagame à son arrivée pour un dîner au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 26 mai 2021

Macron au Rwanda pour ouvrir «une nouvelle page» 27 ans après le génocide

  • Macron se rendra directement au Mémorial du génocide, situé à Gisozi, un quartier de la capitale, où sont inhumés les restes de plus de 250 000 victimes
  • Pour Paris, il s'agit d'envoyer un message global d'ouverture à la jeunesse africaine, qui peine à être convaincue de la volonté de l'ancienne puissance coloniale de tourner la page de la «Françafrique»

KIGALI: Emmanuel Macron est attendu jeudi au Rwanda avec l'ambition de normaliser enfin des relations bilatérales empoisonnées depuis plus d'un quart de siècle par le rôle joué par la France dans le génocide des Tutsi de 1994.

Ce court déplacement au "pays des mille collines" s'ouvre dans un climat d'optimisme aussi bien à Paris qu'à Kigali. 

Le président français a affirmé la semaine dernière qu'il aura "à coeur d'écrire une nouvelle page" entre la France et le Rwanda, deux pays qui, selon son homologue Paul Kagame, "ont désormais l'opportunité" de "créer une bonne relation".

Cette visite devrait consacrer l'"étape finale de normalisation des relations", résume la présidence française.

Pour cela, Emmanuel Macron aura à trouver les mots justes dès son arrivée jeudi matin à Kigali pour son premier déplacement lointain depuis le début de la crise de Covid-19. Il se rendra directement au Mémorial du génocide, situé à Gisozi, un quartier de la capitale, où sont inhumés les restes de plus de 250 000 victimes.

Au cours de ce moment de "solennité particulière" selon l'Elysée, il prononcera un discours très attendu en s'adressant notamment aux "rescapés" de ce génocide qui a fait plus de 800 000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsi, entre avril et juillet 1994.

Certaines associations attendent que le président exprime, au nom de la France, des "excuses" pour le rôle joué par Paris entre 1990 et 1994. "Des excuses ne peuvent venir à la demande. Elles doivent être sincères. Ce n'est pas à moi, ou à quiconque, de demander des excuses", a estimé Paul Kagame dans un récent entretien au Monde.

Des controverses à l'apaisement entre Paris et Kigali

Retour sur les relations entre Paris et Kigali, des décennies de vives controverses autour de l'attitude de la France face au génocide de 1994 jusqu'à l'apaisement récent, avant la visite prévue d'Emmanuel Macron jeudi et vendredi au Rwanda.

Avant le génocide

Au début des années 1990, la France soutient le président Juvénal Habyarimana, un Hutu en butte à la rébellion majoritairement tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), basée en Ouganda et menée par Paul Kagame.

Après une offensive du FPR déclenchée le 1er octobre 1990, Paris envoie jusqu'à 600 soldats qui participent à l'évacuation d'étrangers.

Génocide

Le 6 avril 1994, l'avion du président Habyarimana est abattu au-dessus de Kigali. S'ensuivent des massacres à grande échelle de Tutsi, accusés par les extrémistes hutu de collusion avec le FPR.

Quelque 500 parachutistes français évacuent plus d'un millier de ressortissants français et étrangers.

Opération Turquoise

Le 22 juin, l'ONU donne son feu vert à la France pour Turquoise, une opération militaire à but humanitaire. Le FPR accuse Paris de chercher à sauver le régime et les auteurs du génocide.

Turquoise mobilise jusqu'à août 2 500 soldats français et crée une "zone humanitaire sûre" (ZHS) dans le sud-ouest du Rwanda, freinant de facto la progression du FPR. En juillet, celui-ci s'empare de Kigali, mettant fin au génocide (plus de 800 000 morts selon l'ONU).

En 2005, une enquête est ouverte à Paris sur le massacre de Bisesero en juin 1994 dont des rescapés accusent les soldats français d'avoir abandonné des centaines de Tutsi aux génocidaires. Enquête close sans mise en examen.

En 2020, le site d'information français Mediapart dévoile un télégramme diplomatique révélant que Paris a décidé en juillet 1994 de ne pas arrêter les autorités rwandaises responsables du génocide présents dans la ZHS. 

«Dysfonctionnements»

Le 15 décembre 1998, une mission parlementaire française exonère la France, "nullement impliquée" dans le génocide, mais retient une certaine responsabilité due à "une erreur globale de stratégie" et à des "dysfonctionnements institutionnels".

Le lendemain, Kigali accuse la France d'être "coupable de crimes de génocide".

Rupture des relations

Le 17 novembre 2006, le juge français Jean-Louis Bruguière recommande des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Kagame pour sa "participation présumée" à l'attentat déclencheur du génocide, puis émet des mandats d'arrêt contre neuf de ses proches. Kigali rompt ses relations diplomatiques avec Paris, rétablies trois ans plus tard.

La cour d'appel de Paris confirme mi-2020 l'abandon des poursuites contre les proches de M. Kagame, faute de "charges suffisantes". Pourvoi en cassation des avocats des familles.

Rapports

En 2008, une commission d'enquête rwandaise accuse Paris d'avoir activement "participé" à l'exécution du génocide.

En 2010, un rapport rwandais sur l'attentat désigne comme responsable une frange extrémiste des Forces armées rwandaises. Un rapport d'expertise français conclut en 2012 que l'avion a été abattu par des missiles tirés depuis un camp tenu par des loyalistes.

Procès liés au génocide

Deux procès liés au génocide débouchent en France sur trois condamnations définitives: l'ex-officier de la garde présidentielle Pascal Simbikangwa a été condamné à 25 ans de prison et Octavien Ngenzi et Tito Barahira, anciens bourgmestres de Kabarondo, théâtre de massacres, à la perpétuité.

Une trentaine d'enquêtes se poursuivent.

«Esprit nouveau»

Les relations s'améliorent fin 2018 après le soutien appuyé de Paris à la nomination de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de la Francophonie.

En février 2020, Paul Kagame salue un "esprit nouveau" et une "amélioration" des relations bilatérales. 

Fin juin, Paris et Kigali signent des accords de financement pour près de 50 millions d'euros, notamment pour lutter contre la Covid-19.

«Responsabilités lourdes et accablantes»

Fin mars 2021, un rapport de plus de 1.000 pages, fruit de deux années d'analyse des archives françaises, dresse un bilan sans concession de l'implication militaire et politique de Paris, tout en écartant la "complicité" de génocide. 

La France "est demeurée aveugle face à la préparation" du génocide et porte des "responsabilités lourdes et accablantes", assène la commission de 14 historiens mise en place en 2019 par Emmanuel Macron.

Le 7 avril, Paul Kagame salue un "important pas en avant". Paris annonce l'ouverture au grand public d'importantes archives, notamment celles du président socialiste de l'époque, François Mitterrand.

Un nouveau rapport, commandé par Kigali et publié le 19 avril, conclut que la France "porte une lourde responsabilité" dans le génocide. Ce texte rédigé par un cabinet d'avocats américains affirme qu'elle fut un "collaborateur indispensable" du régime hutu.

«Normalisation»

Le 17 mai, Paul Kagame estime que les deux pays ont désormais l'occasion de bâtir "une bonne relation".

Emmanuel Macron annonce le lendemain qu'il se rend fin mai au Rwanda. Cette visite, prévue jeudi, "devrait consacrer une nouvelle étape dans le rapprochement et sans doute une étape finale de normalisation des relations", selon la présidence française.

Retour d'un ambassadeur 

Précédent président à s'être rendu à Kigali, en 2010, Nicolas Sarkozy n'avait pas été aussi loin: il avait reconnu de "graves erreurs" et "une forme d'aveuglement" des autorités françaises ayant eu des conséquences "absolument dramatiques". 

Malgré ces déclarations, les relations entre Paris et Kigali sont depuis restées difficiles, passant par des phases de fortes tensions. 

A son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron relance le travail de rapprochement, notamment en développant de bonnes relations avec Paul Kagame, qui se présente en champion africain de l'environnement et du numérique.

Après l'élection - avec le soutien de Paris - de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie, une nouvelle étape est franchie avec la remise en mars du rapport dirigé par l'historien Vincent Duclert sur le rôle de la France dans le génocide.

Ce rapport conclut aux "responsabilités lourdes et accablantes" et à l'"aveuglement" du président socialiste de l'époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.

"Je peux m'accommoder" de ces conclusions, qui écartent la "complicité" de la France, a commenté Paul Kagame, qui dirigeait en 1994 la rébellion tutsi ayant mis fin au génocide. 

Pour concrétiser la normalisation, les deux présidents pourraient s'entendre sur le retour d'un ambassadeur français à Kigali, où le poste est vacant depuis 2015.

Une autre étape sera l'inauguration par Emmanuel Macron du "centre culturel francophone" de Kigali, un établissement qui "aura vocation à faire rayonner non seulement la culture française mais aussi toutes les ressources de la francophonie, notamment des artistes de la région", selon la présidence.

Car, pour Paris, il s'agit d'envoyer un message global d'ouverture à la jeunesse africaine, qui peine à être convaincue de la volonté de l'ancienne puissance coloniale de tourner la page de la "Françafrique".

Plus ouvert que ses prédécesseurs vers l'Afrique anglophone, Emmanuel Macron est ensuite attendu vendredi en Afrique du Sud pour une courte visite axée sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la crise économique qu'elle provoque. A Pretoria, il rencontrera son homologue Cyril Ramaphosa qu'il a récemment accueilli à Paris à l'occasion du sommet sur le soutien aux économies africaines.


Les sites des JO de 1924 à Paris, un patrimoine en héritage

Yves du Manoir, Georges Vallerey, Jacques Anquetil: plusieurs sites emblématiques des JO de Paris 1924 ont été rebaptisés avec le temps du nom de ces légendes du sport français. (AFP).
Yves du Manoir, Georges Vallerey, Jacques Anquetil: plusieurs sites emblématiques des JO de Paris 1924 ont été rebaptisés avec le temps du nom de ces légendes du sport français. (AFP).
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  • Yves du Manoir, Georges Vallerey, Jacques Anquetil: plusieurs sites emblématiques des JO de Paris 1924 ont été rebaptisés avec le temps du nom de ces légendes du sport français
  • Un siècle plus tard, à quatre mois des Jeux 2024, ces lieux de mémoire entendent porter haut et fort leur héritage olympique

PARIS: Yves du Manoir, Georges Vallerey, Jacques Anquetil: plusieurs sites emblématiques des JO de Paris 1924 ont été rebaptisés avec le temps du nom de ces légendes du sport français.

Un siècle plus tard, à quatre mois des Jeux 2024, ces lieux de mémoire entendent porter haut et fort leur héritage olympique.

Le stade Yves-du-Manoir 

Au bord de l'A86, à Colombes dans les Hauts-de-Seine, se cache un monument du sport hexagonal: le stade départemental Yves-du-Manoir, épicentre des derniers Jeux parisiens.

Cet été, le tournoi olympique de hockey sur gazon se déroulera dans la vaste enceinte, qui a fait peau neuve et deviendra l'unique site à héberger des épreuves des JO pour la deuxième fois, à 100 ans d'intervalle.

Ancien hippodrome, servant aussi de plaine de jeux pour la pratique du sport amateur, le complexe fut désigné comme coeur battant et village olympique des Jeux de 1924.

Locataire des terrains, le Racing Club de France propose alors d’y "bâtir un stade olympique de 60.000 places en se faisant rembourser a posteriori sur les recettes de la future olympiade", raconte l'historien Michaël Delépine, qui a consacré un ouvrage au stade de Colombes ("Le Bel Endormi", aux éditions Atlande).

Du stade d'origine, théâtre du duel épique entre les sprinters britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell -- immortalisé dans le film multi-oscarisé "Les Chariots de feu" sur une musique de Vangelis -- et du sacre au saut en longueur de DeHart Hubbard, premier athlète noir américain à remporter une médaille olympique, ne subsiste que la tribune d'honneur de 6.000 places.

Pour les JO 2024, elle sera complétée par des gradins éphémères. Deux terrains synthétiques éclairés de hockey sur gazon ont également été construits, l'un doté d'une tribune moderne de 1.000 places.

Ce chantier de réhabilitation, achevé en décembre et inauguré en mars, a coûté 101 millions d'euros, dont un peu plus de 90 millions financés par le département des Hauts-de-Seine, collectivité propriétaire des lieux.

Le stade, qui porte le nom d'un joueur de rugby du Racing, décédé en 1928 aux commandes de son avion, a connu des heures glorieuses après 1924: une finale de Coupe du monde de football en 1938 remportée par l'Italie, 42 finales de coupes de France, des dizaines de rencontres des Bleus dont un France-Brésil en 1963 avec un triplé de Pelé, des matches de boxe...

L'avènement en 1972 du nouveau Parc des Princes, où évolue le PSG, a relégué au second plan Yves-du-Manoir, jugé trop loin du centre de la capitale.

"Le stade de Colombes a continué sa vie sportive en accueillant des événements de moindre envergure: les jeunes, les équipes du Racing, notamment le Racing Club de France Rugby dans les années 1980 ou le Racing 92 jusqu'en 2017", détaille Michaël Delépine.

Au tournant des années 2000, le site est vendu au département. Il est mis en avant lors des candidatures de Paris 2012 et Paris 2024.

Après les JO, Yves-du-Manoir abritera le siège de la Fédération française de hockey sur gazon. Les terrains de foot et de rugby ainsi que l'anneau d'athlétisme seront réservés au public scolaire et associatif.

"C'est extrêmement émouvant de se dire que ce lieu qui accueillait des sportifs il y a des décennies va peut-être encore en accueillir pendant plusieurs décennies", s'enthousiasme Michaël Delépine.

La piscine Georges-Vallerey

Les anneaux olympiques sur la façade de la piscine Georges-Vallerey, porte des Lilas dans le 20e arrondissement, rappellent son illustre passé.

C'est dans les longueurs de ce complexe aquatique, alors nommé piscine des Tourelles, que l'Américain Johnny Weissmuller, qui incarna Tarzan sur grand écran, remporta trois titres olympiques en natation et une médaille de bronze en water-polo en 1924.

Rebaptisé Georges-Vallerey, en hommage à un nageur tricolore médaillé aux Jeux de Londres en 1948, le stade a abrité le siège de la Fédération française de natation et accueilli dans son bassin de 50 mètres de nombreuses compétitions nationales et internationales.

Au milieu des années 1980, elle a subi une importante rénovation, menée par Roger Taillibert, l'architecte du Parc des Princes moderne.

Une nouveau chantier, débuté à l'été 2022, a été engagé avant les JO-2024. A cette occasion, la piscine servira de site d'entraînement pour la natation, la nage en eau libre et le triathlon.

Les travaux ont permis la réfection du toit rétractable. La charpente a été remplacée par du bois issu de forêts éco-certifiées et des panneaux en polycarbonate ont été installés.

La ventilation et la filtration du complexe ainsi que les espaces d'accueil des usagers (vestiaires, zones de déchaussage) ont aussi été modernisés.

"On en a profité pour remettre à niveau un équipement qui puisse avoir une durée de vie sur les 30-40 prochaines années sans avoir de nouveau une réhabilitation", explique Nessrine Acherar, responsable service technique des piscines parisiennes.

Coût total du projet: 13 millions d'euros.

La piscine sera de nouveau accessible au grand public au printemps, puis, de manière permanente, après les JO.

Le vélodrome Jacques-Anquetil

Avant l'emblématique arrivée du Tour de France sur les Champs-Elysées, le parcours du peloton s'achevait au vélodrome de la Cipale (renommé Jacques-Anquetil en 1987).

C'est sur cette piste en béton armé de 500 m, nichée dans le bois de Vincennes, que le "Cannibale" Eddy Merckx a célébré, entre 1969 et 1974, ses cinq triomphes au classement général.

La construction du site remonte à la fin du 19e siècle. En 1924, s'y tiennent les épreuves olympiques de cyclisme sur piste où la France remporte plusieurs médailles.

Enceinte municipale, identifiable à ses tribunes aux poutres d'acier conçues par Gustave Eiffel, le vélodrome de Vincennes est aujourd'hui un temple pour les cyclistes amateurs.

Il accueille tous les samedis matin, de mars à octobre, les tournois organisés par le Vélo Club des vétérans parisiens (VCVP).

"On a un écrin qui a tout un passé", décrit Jean Delahousse, le président du VCVP.

"On sait que de grands champions sont passés dans les cabines qu'on utilise, qu'on roule à des endroits où il y avait d'immenses courses", poursuit-il.

Le VCVP compte parmi ses membres une galerie de personnages hauts en couleur, comme le chansonnier Pierre Douglas, fringant octogénaire et mémoire vivante de la Grande Boucle, ou le négociant en pierres précieuses et romancier Jacques David.

Le vélodrome, dont la pelouse centrale sert de terrain de rugby au Paris Université Club (PUC), a été rénové de 2012 à 2015. Pour faire vivre le lieu, le VCVP essaye d'y attirer un public plus jeune.

"Si les gens ont le courage de se lever à 8h30, c'est le coup de coeur!", promet Jean Delahousse.

Des sites détruits ou réaménagés

Plusieurs sites des JO de 1924 ont été démolis.

C'est le cas du Vélodrome d'Hiver, tristement célèbre pour la rafle de juillet 1942 au cours de laquelle plus de 13.000 Juifs furent arrêtés par la police française et déportés.

Le stade Bergeyre, près des Buttes-Chaumont, où se tinrent des matchs olympiques de football, a également été détruit.

D'autres lieux ont été réagencés, comme le stade Pershing, à l'est du bois de Vincennes, devenu complexe omnisports dans les années 1960, ou le fronton de pelote basque sur les quais de Seine dans le 16e arrondissement, près duquel a été construit en 1988 un trinquet dédié à la pratique de ce sport.


Le professeur havrais ayant sorti un couteau devant ses élèves jugé vendredi

L'incident était survenu le 21 octobre 2023 au lycée Claude-Monet du Havre. (AFP).
L'incident était survenu le 21 octobre 2023 au lycée Claude-Monet du Havre. (AFP).
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  • L'incident était survenu le 21 octobre 2023 au lycée Claude-Monet du Havre lors d'un cours de ce professeur d'histoire-géographie âgé d'une cinquantaine d'années qui évoquait l'actualité
  • "Ses élèves lui demandent ce qu'il ferait s'il était agressé comme Samuel Paty ou Dominique Bernard, il répond +Paty avait un marteau dans son sac, moi j'ai ça 'et il sort son Opine'l" a déclaré son avocat

CAEN: Un enseignant mis en cause au Havre (Seine-Maritime) pour avoir tenu des propos violents et sorti un couteau devant ses élèves, est jugé vendredi par le tribunal correctionnel pour "violence psychologique avec arme" et "port d'arme prohibé".

L'incident était survenu le 21 octobre 2023 au lycée Claude-Monet du Havre lors d'un cours de ce professeur d'histoire-géographie âgé d'une cinquantaine d'années qui évoquait l'actualité, quelques jours après l'hommage à Samuel Paty et l'assassinat de Dominique Bernard.

"Ses élèves lui demandent ce qu'il ferait s'il était agressé comme Samuel Paty ou Dominique Bernard, il répond 'Paty avait un marteau dans son sac, moi j'ai ça 'et il sort son Opinel" a déclaré son avocat Antoine Siffert à l'AFP.

Quatre élèves ayant assisté à la scène avaient porté plainte, selon le parquet.

Les deux enseignants ont été assassinés dans des attentats islamistes, Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine en octobre 2020 et Dominique Bernard à Arras, le 13 octobre 2023, quelques jours seulement avant l'épisode havrais.

"Il s'agit d'un prof, référent laïcité, pas très apprécié, épuisé avant les vacances et obnubilé par le contexte terroriste des assassinats de professeurs, qui va basculer à l'acmé de son délire" a ajouté Me Siffert.

Un psychiatre a décelé le 26 mars un "épuisement psychologique" chez ce professeur "fragile et vulnérable" selon l'avocat.

L'enseignant a été placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès selon Bruno Dieudonné, procureur de la République au Havre. Il a interdiction d'exercer et de paraître au sein de son établissement.


Aya Nakamura aux JO? Pas "quand on a été condamné pour violences", tacle Bardella

Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
Un manifestant appose un autocollant "Madame Le Pen, la France n'est pas humiliée par les Noirs, elle est humiliée par les racistes" sur le siège du Rassemblement national (RN) lors d'un rassemblement organisé par l'association française SOS Racisme à Paris, le 24 mars 2024, en soutien à Aya Nakamura(AFP)
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  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny
  • La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny

PARIS : "Quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France", a estimé mercredi le patron du RN Jordan Bardella pour contester le projet de faire chanter Aya Nakamura lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris.

La star de la R'n'B-pop Aya Nakamura et son ex-conjoint, Vladimir Boudnikoff, ont été respectivement condamnés le 23 février à 10.000 et 5.000 euros d'amende pour des violences sur conjoint datant d'août 2022 par le tribunal correctionnel de Bobigny. Mme Nakamura n'a pas interjeté appel.

Le nom de la chanteuse revient avec insistance pour participer à la cérémonie d'ouverture des JO, notamment pour interpréter une chanson d'Edith Piaf, au grand dam de l'extrême droite et de l'ultra droite, qui fustigent cette idée.

"Ce n'est pas un beau symbole, honnêtement, c'est une provocation supplémentaire d'Emmanuel Macron qui doit tous les matins se lever en disant +Tiens, comment est-ce que je vais réussir à humilier le peuple français?+", avait notamment déclaré Marine Le Pen la semaine dernière sur France Inter.

Jordan Bardella, tête de liste aux européennes, a pour sa part considéré mercredi sur France 5 que, "quand on a été condamné pour violences conjugales, on ne peut pas représenter la France dans un événement sportif qui nécessite l'unité, l'apaisement et le rassemblement", en précisant qu'il s'agissait de sa "conviction personnelle".

"Je pense qu'on aurait peut-être pu, au regard de la vie des Français, choisir un artiste plus consensuel", a ajouté le président du Rassemblement national, en faisant valoir un sondage Odoxa réalisé il y a quinze jours dans lequel seules 35% des personnes interrogées considéraient que la participation de la chanteuse aux JO était une "bonne idée" (une "mauvaise idée" pour 63%), bien que 64% des sondés reconnaissaient qu'il s'agissait d'une artiste "populaire".

Chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, la star franco malienne née à Bamako il y a 28 ans qui avait grandi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a connu un premier succès planétaire avec son tube "Djadja" en 2018.

Aya Nakamura qui a sorti l'an passé son quatrième disque, "DNK", joue depuis dans la cour des très grands: elle a livré fin 2022 un show interactif dans "Fortnite", blockbuster du jeu vidéo friand de ce genre de collaborations, un type de passerelles réservé aux mégastars mondiales comme le rappeur américain Travis Scott ou la vedette brésilienne du foot Neymar.