Acculés par la crise, les fonctionnaires libanais en grève

Une manifestante libanaise à l'occasion du premier anniversaire du mouvement national de contestation antigouvernementale dans la capitale Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
Une manifestante libanaise à l'occasion du premier anniversaire du mouvement national de contestation antigouvernementale dans la capitale Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 27 mai 2021

Acculés par la crise, les fonctionnaires libanais en grève

  • Les employés vivent constamment sous le couperet des licenciements arbitraires
  • Le nombre de familles sous le seuil de la pauvreté se chiffre à présent entre 700 000 et 800 000

BEYROUTH: Les employés du secteur public au Liban ont organisé une grève mercredi dans les administrations publiques et les écoles, en réponse à un appel de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL). Parmi leurs revendications, une augmentation des salaires, mais aussi l’amélioration de leur pouvoir d'achat, miné par l'inflation, la hausse des prix et la dégringolade de la livre libanaise face au dollar.

En l'absence de données officielles sur le nombre de fonctionnaires, les chiffres disponibles les plus précis parlent de 320 000 employés du secteur public. Ils se répartissent entre 120 000 dans l'armée et les forces de sécurité intérieure, 40 000 dans les écoles publiques, 30 000 dans les ministères et l'administration publique, 130 000 dans les institutions publiques et les municipalités, ainsi que 120 000 entre soldats et enseignants à la retraite.

Béchara Asmar, chef de la CGTL, a participé à un sit-in au siège du syndicat à Beyrouth. «Les employés souffrent, les forces armées se plaignent et le pays s’effondre. La demande est à présent un ordre: formez un gouvernement avant l'effondrement intégral de la structure de l’État», insiste-t-il.

Asmar ajoute que près de 250 000 diplômés des universités libanaises sont au chômage. De plus, les employés vivent constamment sous le couperet des licenciements arbitraires.

«Former un gouvernement apporterait sans aucun doute une certaine stabilité politique, ouvrirait la voie à la stabilité économique, et rétablirait les liens qui ont été coupés avec les pays arabes, les communautés occidentales et les institutions donatrices», a-t-il souligné.

Asmar rappelle que le Liban aura «besoin d’aide pendant au moins cinq ans. Comment vont-ils assurer le financement? Des dépôts bancaires du peuple, encore une fois? On en a assez du partage de quotas, des échanges d’accusations et des levées aléatoires de subventions, sans présenter de plan alternatif, comme c’est le cas aujourd'hui avec les produits alimentaires, les médicaments et le matériel médical».

Pour Asmar, «un exécutif compétent peut aider à lutter contre la corruption, mener des audits juricomptables, ainsi qu’assurer le retour des fonds transférés clandestinement à l'étranger et des dépôts bancaires aux Libanais».

Il a aussi mis en garde contre «l'effondrement de l'écosystème de la sécurité sociale, notamment du Fonds national de sécurité sociale».

Lamia Yammine, ministre du Travail par intérim, a exprimé son soutien à la grève. «Ils payent le prix de l'impasse politique au détriment de leur vie et de leur intégrité», a-t-elle tweeté.

Avant d'approuver la loi sur les salaires du secteur public en 2017, un montant de LBP 8300 milliards ($5,4 millions) était alloué chaque année aux salaires des employés du secteur public. Ce chiffre est passé à LBP 12 000 milliards après 2017, soit 86% des revenus totaux de l'État, qui s'élevaient à environ LBP 14 000 milliards.

Le pouvoir d'achat des citoyens, dont les salaires sont payés en livre libanaise, a chuté de 85%. L'effondrement fiscal a affecté toutes les procédures salariales correctives adoptées en 2017.

Pendant ce temps-là, les Libanais font la file dans les épiceries et les supermarchés pour acheter les quelques produits encore subventionnés, ainsi que devant les stations d’essence. La Banque du Liban a compliqué les procédures d'importation de produits pétroliers par une pénurie de dollars qui a causé une pénurie de carburant.

Le nombre de familles sous le seuil de la pauvreté se chiffre à présent entre 700 000 et 800 000.

Même les soldats faisaient la queue devant un supermarché subventionné dédié à l'armée. Une fois rentrés, ils se ruaient sur les marchandises subventionnées à peine posées sur les étagères.

Présidé par Aoun, le Conseil suprême de la défense a tenu une session mercredi. Mohammed Fahmi, ministre de l'Intérieur par intérim, a expliqué en détail, aux hauts responsables militaires et politiques, les mesures prises afin de lutter contre la contrebande, notamment celle des stupéfiants, à travers l’ensemble des territoires libanais. Le briefing venait en réponse à la dernière décision de l'Arabie saoudite d'interdire les importations de produits agricoles libanais.

Dans un communiqué, le Conseil affirme que «grâce aux mesures rapides prises par les douanes et les services militaires et sécuritaires, un nombre d’opérations de contrebande ont été déjouées».

Il a de plus ajouté qu’un «processus d’appel d’offres sera organisé dans un délai d’un mois, une fois les critères déterminés, pour équiper les points frontaliers de scanners».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël accuse la Finul d'avoir abattu un de ses drones au Liban

Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
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  • L’armée israélienne accuse la Finul d’avoir abattu un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban, alors que l’accord de cessez-le-feu limite les forces dans la zone aux Casques bleus et à l’armée libanaise
  • La Finul affirme que le drone israélien a survolé ses patrouilles de manière agressive et que ses contre-mesures défensives étaient nécessaires ; aucune victime n’a été signalée

Jérusalem: L'armée israélienne a accusé lundi la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) d'avoir abattu l'un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, dont deux mois de guerre ouverte.

L'armée israélienne occupe toujours cinq positions dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël, et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais en affirmant viser le Hezbollah, malgré l'accord.

"Une première enquête suggère que les forces de la Finul ont délibérément tiré sur le drone et l'ont abattu", a écrit sur X le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée, en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Selon lui, "l'activité du drone ne représentait aucune menace pour la Finul. Après la destruction du drone, les troupes israéliennes ont largué une grenade vers la zone où le drone est tombé".

Dimanche, la Finul a affirmé dans un communiqué qu'"un drone israélien a survolé l'une de (ses) patrouilles de manière agressive. Les Casques bleus ont appliqué les contre-mesures défensives nécessaires pour neutraliser le drone".

Elle a plus tard indiqué qu'"un drone israélien s'est approché d'une patrouille de la Finul opérant près de Kfar Kila et a largué une grenade". "Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques bleus", a-t-elle ajouté sans faire état de victime.

"Il convient de souligner qu'aucun tir n'a été dirigé contre les forces de la Finul", a dit Nadav Shoshani.

En septembre, la Finul avait affirmé que des drones israéliens avaient largué quatre grenades près de ses positions dan le sud du Liban, Israël affirmant alors qu'il n'y avait eu "aucun tir intentionnel" contre la mission de l'ONU.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban.


Trois morts dans des frappes israéliennes au Liban

Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
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  • Trois personnes, dont deux membres présumés du Hezbollah, ont été tuées dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, notamment à Naqoura et dans la région de Baalbek, malgré un cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre 2024
  • La FINUL a dénoncé des violations israéliennes après qu’un drone et un char ont visé une de ses patrouilles, tandis qu’Israël affirme frapper pour empêcher le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaires

BEYROUTH: Trois personnes ont péri dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, ont indiqué les autorités libanaises, l'armée israélienne affirmant avoir tué deux membres du Hezbollah dans l'est et le sud du pays.

Depuis jeudi, 11 personnes ont péri dans les raids aériens israéliens au Liban, malgré un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais entré en vigueur fin novembre 2024 après une guerre ouverte. Le Hezbollah est sorti très affaibli de ce conflit.

"Une frappe israélienne sur un véhicule a fait un mort à Naqoura (sud)", a indiqué le ministère libanais dans un communiqué avant de faire état d'un autre mort dans une frappe dans la région de Baalbek (nord-est).

Plus tard dans la journée, le ministère a annoncé une nouvelle frappe israélienne dans la région de Baalbek, qui a "coûté la vie à un Syrien".

Il n'a pas fourni d'autres précisions sur ces trois morts.

En Israël, l'armée a affirmé avoir ciblé et "éliminé le terroriste Ali Hussein Al-Moussawi, un trafiquant d'armes pour l'organisation terroriste du Hezbollah, dans la région de la Békaa", dans l'est du Liban.

Elle a aussi indiqué avoir "visé dans une frappe le terroriste Abed Mahmoud Al-Sayyed à Naqoura", qu'elle a accusé d'avoir "participé aux tentatives du Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires dans la région".

De son côté, la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), déployée dans le sud du pays, a affirmé qu'"un drone israélien s'est approché d'une de (ses) patrouilles près de Kfar Kila et a largué une grenade".

"Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques Bleus", a-t-elle ajouté dans un communiqué sans faire état de victime. "Ces actions des forces israéliennes (...) constituent une violation de la souveraineté du Liban."

Malgré le cessez-le-feu, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le mouvement pro-iranien pour l'empêcher, selon elle, de reconstruire ses infrastructures détruites durant la guerre.

Israël continue en outre d'occuper cinq positions dans le sud du territoire libanais, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit son retrait du Liban ainsi que celui du Hezbollah.

Selon l'accord, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du pays.

Sous la forte pression des Etats-Unis, l'armée libanaise a élaboré un plan visant à désarmer le Hezbollah, en commençant par le sud du pays, frontalier du nord d'Israël.

Le mouvement libanais refuse de désarmer.


Des mouvements palestiniens d'accord pour la gestion de Gaza par un comité indépendant de technocrates

Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
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  • Réunis au Caire sous médiation égyptienne, le Hamas, le Fatah et d'autres factions palestiniennes ont convenu de confier provisoirement la gestion de Gaza à un comité indépendant de technocrates, à la suite du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre
  • Les groupes ont également annoncé leur volonté de relancer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant légitime du peuple palestinien, marquant une étape vers une possible réconciliation politique entre le Hamas et le Fatah

LE CAIRE: Des mouvements palestiniens réunis au Caire, dont le Hamas, se sont mis d'accord vendredi, dans un communiqué commun, pour remettre provisoirement la bande de Gaza à un comité indépendant de technocrates à la suite de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre et parrainé par Donald Trump.

Selon le document publié sur le site du Hamas, les différents groupes palestiniens ayant participé aux discussions ont convenu de la mise en place d'un "comité palestinien temporaire composé de résidents indépendants +technocrates+ (...) chargé de gérer les affaires de la vie et les services essentiels".

Les groupes palestiniens se sont aussi mis d'accord sur une stratégie nationale visant à "revitaliser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien". Le Hamas ne fait pas partie de l'OLP.

Des délégations du Hamas et de son rival, le Fatah, s'étaient réunies jeudi en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des pourparlers.

Les deux mouvements entretiennent une rivalité politique ancienne, qui a souvent freiné les efforts de réconciliation nationale palestinienne.

Médiatrice de longue date dans le conflit israélo-palestinien, l'Egypte a accueilli ces réunions dans le cadre d'une initiative plus large visant à favoriser un consensus autour du plan de cessez-le-feu.

En parallèle des discussions entre le Hamas et le Fatah, le chef du renseignement égyptien, Hassan Rashad, a rencontré de hauts responsables d'autres factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, allié du Hamas, ainsi que le Front démocratique (FDLP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces deux dernières formations marxistes sont membres de l'OLP.

En décembre 2024, le Hamas et le Fatah avaient annoncé un accord pour créer un comité visant à gérer la bande de Gaza après la guerre contre Israël. L'accord avait été critiqué notamment par des membres du Fatah.

Par la suite, plusieurs responsables politiques palestiniens ont évoqué la création du comité de gestionnaires non affiliés en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Le président américain Donald Trump a de son côté évoqué un "conseil de la paix" qu'il pourrait présider pour piloter l'après-guerre à Gaza.