Erdogan perd le soutien des jeunes électeurs

Le président turc Recep Tayyip Erdogan arrive à une conférence de presse, après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres au Palais présidentiel d’Ankara, le 24 août 2020. (AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan arrive à une conférence de presse, après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres au Palais présidentiel d’Ankara, le 24 août 2020. (AFP)
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Publié le Mercredi 26 août 2020

Erdogan perd le soutien des jeunes électeurs

  • « La divergence grandissante entre les Turcs les plus jeunes et les plus âgés au sujet de la sphère médiatique, qui reste discrète, ne fera qu’élargir le fossé entre les générations aura de graves répercussions politiques sur Erdogan et l’AKP »
  • La génération des 18-29 ans représente aujourd’hui le plus grand bloc électoral et un sujet de politique intérieure majeur

ISTANBUL: Selon une étude réalisée par le Center for American Progress (CAP), dont le siège se trouve à Washington, les jeunes électeurs nationalistes de droite, notamment les jeunes conservateurs, soutiennent de moins en moins Erdogan.

L’étude conclut que le dirigeant radical turc perd du terrain pour la première fois depuis des années. Elle alerte sur le fait qu’il pourrait chercher à trouver de nouveaux soutiens, ce qui entraînerait des « actions plus agressives à l’étranger » et aggraverait les tensions régionales.

Le sondage dévoile que les groupes d’intérêt clés qui soutiennent Erdogan ne sont pas satisfaits de l’action du gouvernement.

La jeune génération, familière des actualités en ligne, dénonce les tentatives du Parti de la justice et du développement (AKP) d’imposer des contraintes sur les réseaux sociaux. À ce jour, plus de 400 000 sites internet sont bloqués en Turquie.

« En 2018, 70 % des personnes interrogées estimaient que les médias étaient “partiels” et “peu fiables”. Ce pourcentage a atteint 77 % en 2020, avec une forte hausse parmi les électeurs de l’AKP », indique le rapport du CAP.

« La divergence grandissante entre les Turcs les plus jeunes et les plus âgés au sujet de la sphère médiatique, qui reste discrète, ne fera qu’élargir le fossé entre les générations sur les sujets portant sur la vie politique et culturelle. Elle aura de graves répercussions politiques sur Erdogan et l’AKP », selon l’étude.

La génération des 18-29 ans représente aujourd’hui le plus grand bloc électoral et un sujet de politique intérieure majeur. On estime à 5 millions le nombre d’électeurs qui voteront pour la première fois lors des prochaines élections parlementaires et présidentielle de 2023.

Max Hoffman est directeur associé pour les questions de sécurité nationale et de politique internationale au Center for American Progress. Selon lui, la stagnation économique du pays constitue l’un des facteurs qui empêchent Erdogan d’obtenir le soutien de la droite conservatrice.

Les jeunes Turcs sont confrontés à un marché de travail très difficile, sur lequel 25 % des jeunes sont sans emploi. L’année dernière, environ 2,5 millions de personnes ont perdu leur emploi, tandis que la Banque centrale s’efforçait de maintenir la valeur de la lire turque en utilisant les réserves nettes du pays.

« De plus, une colère généralisée est suscitée par la crise des refugiés et la présence visible de réfugiés syriens dans les villes principales, provoquant une anxiété d’ordre économique chez les Turcs, qui ont du mal à joindre les deux bouts. D’autres considèrent que la culture turque est menacée, et éprouvent, par conséquent, un ressentiment “culturel” », confie Hoffman à Arab News.

Certaines actions controversées, comme la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée, sont vues comme des tentatives pour obtenir des soutiens en flattant les conservateurs religieux.

Hoffman considère que le dynamisme qu’a connu l’AKP durant ses premières années a presque disparu, les gens s’étant habitués aux services offerts par le gouvernement. Ils ciblent davantage la petite corruption qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne, qu’elle concerne le traitement préférentiel accordé aux cadres de l’AKP ou la nécessité de « connaître quelqu’un » pour obtenir un emploi.

Une enquête sur les jeunes a récemment été conduite en Turquie par la Fondation pour la social-démocratie (Sodev). Elle révèle que 70 % des personnes interrogées, toutes tendances politiques confondues, estiment qu’un jeune Turc talentueux ne peut pas réussir sur le plan professionnel sans avoir des « connexions politiques ».

« Tout cela contribue à un changement générationnel qui pourra tempérer l’enthousiasme de l’AKP et menacer l’emprise d’Erdogan sur le pouvoir. »

Lisel Hintz, experte du dossier turc à l’université Johns-Hopkins, estime que la frustration grandissante parmi les électeurs s’explique par la corruption et le gaspillage durant le « règne » de l’AKP.

« La disparité est énorme entre un président qui vit dans un palais de plus de 1 000 chambres et le citoyen ordinaire qui voit les prix des produits quintupler. Cela ne peut que nourrir la rancune. S’ajoute à cette situation la présence des Syriens, qui menacent le statu quo économique et culturel des Turcs », explique-t-elle.

Un récent sondage réalisé par Metropoll revèle que le soutien manifesté à l’AKP a baissé de 34 à 30 % ces six derniers mois. Le pourcentage des électeurs « indécis » est de 10 %.

Le Parti de l’avenir et le Parti de la démocratie et du progrès (Deva) se sont séparés de l’AKP. Ils sont dirigés par les alliés d’hier d’Erdogan, respectivement Davutoglu et Ali Babacan. Tous deux gagnent des voix provenant de la base électorale du président turc.

Hoffman affirme que, même si les deux partis n’attirent qu’un nombre restreint de conservateurs, ils offriront aux maires de l’opposition la possibilité de prouver qu’ils sont capables de répondre aux besoins fondamentaux du peuple.

Le CAP a réalisé une enquête nationale entre octobre 2019 et avril 2020. Là encore, le pourcentage des partisans d’Erdogan a baissé de 10 points après avoir précédemment atteint 66 %. En outre, les électeurs de l’AKP qui soutiendraient un autre parti ont augmenté de 21 à 37 %.

Selon Hintz, le gouvernement s’avère contre-productif et conduit les jeunes à exprimer leur frustration, lorsqu’il essaie d’exercer son influence sur les médias pour contrôler l’opinion publique.

La veille des examens d’entrée aux universités, M. Erdogan a rencontré les jeunes Turcs sur YouTube. L’événement a rapidement recueilli environ 300 000 dislike.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


L'Arabie saoudite et la Commission Européenne concluent des négociations exploratoires sur la transition énergétique

Le ministre saoudien de l'énergie Abdulaziz bin Salman Al Saud, et le commissaire européen à l'énergie, Kadri Simson (Fournie)
Le ministre saoudien de l'énergie Abdulaziz bin Salman Al Saud, et le commissaire européen à l'énergie, Kadri Simson (Fournie)
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  • : Le ministre saoudien et le commissaire à l’énergie ont discuté de la coopération dans les domaines de l'énergie et des technologies propres.
  • Ce protocole d'accord, qui couvre de nombreux secteurs énergétiques et met l'accent sur la transition énergétique, devrait constituer une base solide et mutuellement bénéfique.

RIYAD : Le ministre saoudien de l'énergie Abdulaziz bin Salman Al Saud, et le commissaire européen à l'énergie, Kadri Simson, ont tenu des réunions bilatérales en marge du Forum économique mondial de Riyad.

Durant ces réunions, le ministre saoudien et le commissaire européen à l’énergie ont discute de la coopération dans les domaines de l'énergie et des technologies propres afin de renforcer les bilatéraux et de faire progresser les objectifs de l'accord de Paris et les résultats du consensus des Émirats arabes unis atteint lors de la COP28 qui s'est tenue à Dubaï l'année dernière.

Le ministre saoudien de l’énergie et le commissaire européen ont réaffirmé d’importants points auxquels le Royaume et l’Union Européenne sont fermement déterminés à réaliser ensemble.

Il s’agit notamment d’accélérer les investissements privés dans les énergies renouvelables et de coopérer en matière d'interconnexion électrique et d'intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique en renforçant notamment davantage l'infrastructure électrique par la gestion de la demande, le réseau intelligent et les mesures de résilience et de sécurité du réseau.

Ils ont également mis en avant de leurs décisions communes les secteurs de l'hydrogène et des technologies propres, y compris le captage, l'utilisation et le stockage du carbone en soutenant les possibilités de partenariats industriels dans ces secteurs et en garantissant des marchés de l'énergie abordables, sûrs et à l'épreuve du temps.

En s'appuyant sur la CCNUCC, l'accord de Paris et les résultats des récentes COP, l’Arabie saoudite et l’Union Européenne ont conclu des pourparlers en vue d'un protocole d'accord sur la coopération énergétique, concrétisant ainsi leur ambition commune afin d'accélérer les actions visant à tirer parti des opportunités économiques offertes par leurs transitions énergétiques respectives.

Ce protocole d'accord, qui couvre de nombreux secteurs énergétiques et met l'accent sur la transition énergétique, devrait constituer une base solide et mutuellement bénéfique pour orienter et ancrer les décisions d'investissement dans les secteurs de l'énergie et des technologies propres, impliquer et mobiliser les parties prenantes des secteurs publics, privés et financiers.

Ce protocole établit à coup sûr les bases d'un avenir énergétique plus durable et plus sûr, étayé par des marchés de l'énergie prévisibles et stables garantissant l'accès de tous à une énergie sûre, abordable, fiable et durable.

L'Arabie saoudite et la Commission européenne ont l'intention de conclure le protocole d'accord dans les prochains mois.


Le Prix international de la fiction arabe à un Palestinien prisonnier en Israël

Basim Khandaqji, 41 ans, a remporté le prix pour son roman "Masque, la couleur du ciel" qui raconte l'histoire de Nour, un archéologue vivant dans un camp de réfugiés à Ramallah en Cisjordanie occupée par Israël (Photo, X).
Basim Khandaqji, 41 ans, a remporté le prix pour son roman "Masque, la couleur du ciel" qui raconte l'histoire de Nour, un archéologue vivant dans un camp de réfugiés à Ramallah en Cisjordanie occupée par Israël (Photo, X).
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  • En l'absence de l'auteur, le prix a été remis à la propriétaire de la maison d'édition basée au Liban, lors d'une cérémonie à Abou Dhabi
  • Selon le président du jury de cette année, Nabil Suleiman, le roman «dissèque une réalité complexe et amère de fragmentation familiale, de déplacement, de génocide et de racisme»

 

ABOU DHABI: Un romancier palestinien détenu dans les prisons israéliennes depuis 2004 a remporté dimanche le Prix international de la fiction arabe (IPAF), une des récompenses littéraires les plus prestigieuses du monde arabe, ont annoncé les organisateurs.

Basim Khandaqji, 41 ans, a remporté le prix pour son roman "Masque, la couleur du ciel" qui raconte l'histoire de Nour, un archéologue vivant dans un camp de réfugiés à Ramallah en Cisjordanie occupée par Israël, qui trouve la carte d'identité bleue d'un Israélien dans la poche d'un vieux manteau.

Il adopte cette nouvelle identité, ou ce "masque", pour tenter de comprendre "l'occupant" israélien.

En l'absence de l'auteur, le prix a été remis à la propriétaire de la maison d'édition basée au Liban, lors d'une cérémonie à Abou Dhabi.

Réalité complexe et amère

Selon le président du jury de cette année, Nabil Suleiman, le roman "dissèque une réalité complexe et amère de fragmentation familiale, de déplacement, de génocide et de racisme".

Le romancier avait été arrêté en 2004 pour "activités terroristes" à l'âge de 21 ans. Il a été condamné à trois peines cumulées de prison à vie pour avoir "planifié et participé à un attentat suicide" à Tel-Aviv, a indiqué en février le Jérusalem Post quand le roman de Basim Khandaqji a été sélectionné pour l'IPAF.

Pendant son incarcération, le romancier a terminé ses études de Sciences politiques à l'université Al-Qods et a écrit plusieurs recueils de poèmes outre son roman primé.

Le lauréat reçoit 50.000 dollars et un financement sera mis à disposition par l'IPAF pour la traduction anglaise de son roman, selon les organisateurs.

La cérémonie de remise de l'IPAF a coïncidé cette année avec la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien en territoire israélien le 7 octobre.


Irak: une compagnie émiratie suspend ses activités dans un complexe gazier

Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel (Photo, X).
Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel (Photo, X).
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  • Des tirs de roquettes Katyusha non revendiqués ont visé le complexe à plusieurs reprises ces dernières années
  • Les responsables kurdes ont précédemment accusé des groupes pro-iraniens d'être à l'origine de ces attaques

DUBAÏ: La firme émiratie Dana Gas a annoncé lundi la suspension de ses activités dans un complexe gazier de la région autonome du Kurdistan irakien à la suite d'une attaque de drone qui a tué quatre personnes.

Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel.

Quatre travailleurs sont morts et huit autres ont été blessés quand un drone a frappé un réservoir de stockage de condensat, a indiqué Dana Gas dans un communiqué transmis à la Bourse d'Abou Dhabi.

"Pour la sécurité de notre personnel et des installations, qui ont été très légèrement endommagées, nous avons décidé de suspendre temporairement la production et de mettre en place des changements spécifiques de procédure", a indiqué Dana Gas.

Tirs de roquettes

Des tirs de roquettes Katyusha non revendiqués ont visé le complexe à plusieurs reprises ces dernières années, sans causer de dommages significatifs.

Les responsables kurdes ont précédemment accusé des groupes pro-iraniens d'être à l'origine de ces attaques.

L'attaque de vendredi a perturbé l'approvisionnement en gaz des centrales électriques de la région, entraînant la perte de 2.500 mégawatts (MW) d'électricité, selon les autorités locales chargées de l'électricité.

Les forces de sécurité irakiennes ont mis en place une commission d'enquête, promettant de punir les "agresseurs".

Dana Gas a assuré qu'elle était "engagée avec les autorités gouvernementales à renforcer les mesures de sécurité et de défense afin de permettre la reprise de la production à l'installation gazière de Khor Mor".

Le champ gazier de Khor Mor se trouve entre les villes de Kirkouk et de Souleimaniyeh, dans une région administrée par les autorités du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak.

Les quatre personnes tuées dans l'attaque sont toutes de nationalité yéménite, selon Peshawa Hawramani, porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan.

En janvier, deux Katyucha ont pris pour cible le champ gazier, provoquant un incendie mais sans faire de victimes. À l'époque, des groupes irakiens pro-iraniens attaquaient les bases militaires accueillant les forces américaines en Irak et dans la Syrie voisine.