Georges Corm: C’est le dirigisme bancaire qui a mené le Liban à la catastrophe

L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon» opprimé par les appétits des grandes puissances. (Photo fournie)
L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon» opprimé par les appétits des grandes puissances. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 02 juin 2021

Georges Corm: C’est le dirigisme bancaire qui a mené le Liban à la catastrophe

  • «Ce qui a fait de la livre libanaise une des monnaies les plus solides, est le taux de change flottant de la livre»
  • «Le gouvernement central emprunte afin de rembourser ses emprunts. Toutes ces recettes ont asphyxié l’économie du pays»

BEYROUTH: Au lendemain du rapport publié par la Banque mondiale, intitulé «Le naufrage du Liban: Top 3 des pires crises mondiales», Arab News en français revient sur la situation économique désastreuse qui prévaut au pays du Cèdre.

Georges Corm est économiste et historien libanais, spécialiste du Moyen-Orient et de la Méditerranée consultant auprès d’organismes internationaux et d’institutions financières. Il a été ministre des Finances du Liban durant les années 1999-2000.

Il livre pour Arab News en français sa lecture de la situation financière au Liban, pour tenter de mieux comprendre la source et l’ampleur de l’effondrement.

Pour Corm, la faillite dans laquelle le Liban est plongée est le résultat de trente années de mauvaise gouvernance. De modèle en matière de libéralisme financier, le pays a sombré dans un dirigisme économique orchestré par le système bancaire. 

«Il faut repenser les fondements de l’économie libanaise.» Georges Corm

Pour aborder la crise libanaise, Georges Corm remonte le fil du temps et rappelle que durant les années 1950-1960, le Liban était le pays le plus développé de la région. «À la fois hôpital, école et banque du Moyen-Orient», souligne-t-il.

En terme de développement économique, il n’était pas loin du Portugal voire de la Grèce.

Alors que l’économie des pays voisins du monde arabe a prospéré, le Liban d’après-guerre (1975-1990), ravagé, s’est fait prendre dans une spirale d’endettement dans le but de financer la reconstruction et le redressement financier et économique. Le Liban porte désormais les cicatrices des trente années passées. 

L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon», théâtre des conflits extérieurs et dont les ressources, surtout humaines, sont menacées par les appétits des grandes puissances. Ce constat est plus actuel que jamais.

Les accords de libre-échange ont dévasté le Liban, son agriculture et son industrie. Ils se sont traduits par la suppression des droits de douane et autres taxes à l’importation, avec l’Union européenne (UE) et des partenaires arabes (entre 2008 et 2015). Cette vulnérabilité s’est aggravée avec l’adoption d’un taux de change fixe, dont le système bancaire a grandement profité. Les banques se sont ainsi servies de cette configuration pour attirer les dépôts en dollars, profitant d’une fiscalité accommodante et de taux d’intérêt élevés.

Selon lui, «personne n’a analysé correctement les statistiques concernant les dépenses publiques pour s’alarmer de son déséquilibre flagrant : la moitié du budget servait au service de la dette». A cela, il a ajouté: « La politique adoptée par les gouvernements successifs a fait choir le pays dans le cercle vicieux de la dette : l’Etat emprunte, en vendant des bons du Trésor, dans le but de combler le déficit budgétaire. Le poids de la dette publique augmentait et tire vers le haut les taux d’intérêt sur cette dette, ceci oblige l’Etat à s’endetter davantage : c’est ce que les économistes appellent « l’effet boule de neige » 

 «Le gouvernement central emprunte afin de rembourser ses emprunts. Toutes ces recettes ont asphyxié l’économie du pays.»

 À la question de savoir si le refus du gouvernement libanais de coopérer avec le Fonds monétaire international (FMI) a précipité la descente aux enfers, Georges Corm répond sans ambages: «Je préfère qu’on reste loin du FMI et de la Banque mondiale, les expériences réussies par ces institutions étant peu nombreuses. Ces deux organismes nous obligeraient à adopter une politique d'austérité et contribueraient à engager l'économie du pays sur la mauvaise voie.»

Dans une économie reposant principalement sur le billet vert, certains comptaient sur les transferts de fonds en provenance des grosses fortunes du Golfe et de la diaspora libanaise, assortis à une recette pyramidale assez bénéfique à travers une rémunération très généreuse de l’épargne. Oubliant que ces fortunes n’appartiennent qu’aux épargnants et non pas à l’État libanais. D’autres envisageaient la paix avec Israël, accompagnée d’une naturalisation des réfugiés palestiniens afin de sauver le Liban de sa dette.

Le secret bancaire institué en 1956 avec l’objectif de soutenir l’économie libanaise, sui generis, était le pilier de sa réussite.

Désormais, il a servi de facto à camoufler le système de corruption, parrainer les milices, couvrir les transferts de fonds qui ont nourri les différents rivaux, et déguiser toute sorte de trafic: place à une évasion fiscale à grande échelle et au transfert d'argent vers les paradis fiscaux. En somme, «Il s’agit d’un grand mensonge, d’un vol organisé, tout simplement d’un gâchis», regrette l’économiste.

Comme bon nombre d’analystes, Georges Corm condamne un fléau national, qui d’ailleurs fait ravage dans la plupart des pays en développement : la corruption endémique.

Dans un pays où la classe dirigeante est accusée de favoriser un climat d’affairisme, les partis politiques ont bâti un système de patronage communautaire.

Georges Corm n’est pas tendre avec l’ère Hariri: «Depuis les années 1990, nous sommes en train de payer les conséquences du règne de la famille Hariri, père d’abord, fils ensuite.» La politique de Rafic Hariri a consisté à quémander sans répit de l’argent à l’extérieur. Il y a eu une politique méthodique consistant à écraser l’État sous le poids du surendettement, à la grande joie des banquiers.

Le Liban a la capacité de se remettre sur pied. Il faut simplement lui en fournir les moyens.

«Je vous explique une donnée très simple: à la tête d’une immense fortune, Rafic Hariri disposait d’une fortune de 3 milliards de dollars (1 dollar = 0,82 euro). À sa sortie du pouvoir, sa richesse a franchi le seuil des 17 milliards de dollars. Un système aberrant a été installé; en 1995, tout le monde s’en mettait plein les poches: avec un taux de change fixe, on s’endette en dollars à 6-7 % d’intérêt, pour acheter des bons du Trésor en livres rapportant plus de 30 %, ou bien on les place en livre libanaise dont les taux pouvaient atteindre 40 %. C’est ce que j’appelle le suicide de l’économie libanaise. Nous payons les pots cassés encore aujourd’hui.»

Le système bancaire s’est transformé en un système mafieux, renchérit Georges Corm: «Un régime unique au monde où les banquiers manipulent le moindre souffle de chaque citoyen. Une première dans l’histoire de l’humanité.»

Pour un pays qui a été un modèle de liberté économique et de libre entreprise, il s’est retrouvé plongé dans ce que l’économiste appelle «un dirigisme bancaire». Selon Georges Corm, c’est ce dirigisme qui a mené le pays à l’effondrement total.

Le Dr Corm n’est cependant pas aussi pessimiste quant à l'avenir du pays. Selon lui, le Liban a la capacité de se remettre sur pied. Il faut simplement lui en fournir les moyens.

«Je rappelle toujours que ce qui a garanti la prospérité du Liban dans le temps, et a fait de la livre libanaise une des monnaies les plus solides, est le taux de change flottant de la livre libanaise.»

Il faut réévaluer les moteurs traditionnels de l’économie du Liban. Ils sont actuellement au point mort.

La réserve d’or du pays du Cèdre est parmi les plus élevées de la région. Elle a une valeur symbolique et j'espère qu’elle restera intacte.

C’est Elias Sarkis, désigné en 1968 gouverneur de la Banque du Liban, qui a procédé à l'acquisition massive d’or. Au cours de la présidence de la Chambre de Hussein Husseini (1984-1992), une loi a été adoptée afin d'empêcher une quelconque mainmise sur cette réserve.

«Il est grand temps de retourner à l’économie productive, loin de celle de la rente et du monde artificiel.» «Le Liban pourra rapidement devenir un pays autosuffisant sur le plan alimentaire», estime Georges Corm. «Nous avons des ressources agricoles et des capacités industrielles formidables. Avec une forte coopération avec la Syrie, notre prolongement naturel, elles nous ouvrent une capacité d’exportation vers le reste du monde arabe voisin.

Il faut également empêcher la fuite des cerveaux et retenir la jeunesse, qui est douée pour l’informatique, un secteur stratégique.»

Selon le Dr Corm, il faut «célébrer la diversité de la population libanaise afin de mettre un terme aux conflits au profit de la coexistence: un État fort, placé au-dessus des communautés et non pas à la merci du bon vouloir communautaire».


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".