Georges Corm: C’est le dirigisme bancaire qui a mené le Liban à la catastrophe

L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon» opprimé par les appétits des grandes puissances. (Photo fournie)
L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon» opprimé par les appétits des grandes puissances. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 02 juin 2021

Georges Corm: C’est le dirigisme bancaire qui a mené le Liban à la catastrophe

  • «Ce qui a fait de la livre libanaise une des monnaies les plus solides, est le taux de change flottant de la livre»
  • «Le gouvernement central emprunte afin de rembourser ses emprunts. Toutes ces recettes ont asphyxié l’économie du pays»

BEYROUTH: Au lendemain du rapport publié par la Banque mondiale, intitulé «Le naufrage du Liban: Top 3 des pires crises mondiales», Arab News en français revient sur la situation économique désastreuse qui prévaut au pays du Cèdre.

Georges Corm est économiste et historien libanais, spécialiste du Moyen-Orient et de la Méditerranée consultant auprès d’organismes internationaux et d’institutions financières. Il a été ministre des Finances du Liban durant les années 1999-2000.

Il livre pour Arab News en français sa lecture de la situation financière au Liban, pour tenter de mieux comprendre la source et l’ampleur de l’effondrement.

Pour Corm, la faillite dans laquelle le Liban est plongée est le résultat de trente années de mauvaise gouvernance. De modèle en matière de libéralisme financier, le pays a sombré dans un dirigisme économique orchestré par le système bancaire. 

«Il faut repenser les fondements de l’économie libanaise.» Georges Corm

Pour aborder la crise libanaise, Georges Corm remonte le fil du temps et rappelle que durant les années 1950-1960, le Liban était le pays le plus développé de la région. «À la fois hôpital, école et banque du Moyen-Orient», souligne-t-il.

En terme de développement économique, il n’était pas loin du Portugal voire de la Grèce.

Alors que l’économie des pays voisins du monde arabe a prospéré, le Liban d’après-guerre (1975-1990), ravagé, s’est fait prendre dans une spirale d’endettement dans le but de financer la reconstruction et le redressement financier et économique. Le Liban porte désormais les cicatrices des trente années passées. 

L’historien a souvent qualifié le Liban d’«État tampon», théâtre des conflits extérieurs et dont les ressources, surtout humaines, sont menacées par les appétits des grandes puissances. Ce constat est plus actuel que jamais.

Les accords de libre-échange ont dévasté le Liban, son agriculture et son industrie. Ils se sont traduits par la suppression des droits de douane et autres taxes à l’importation, avec l’Union européenne (UE) et des partenaires arabes (entre 2008 et 2015). Cette vulnérabilité s’est aggravée avec l’adoption d’un taux de change fixe, dont le système bancaire a grandement profité. Les banques se sont ainsi servies de cette configuration pour attirer les dépôts en dollars, profitant d’une fiscalité accommodante et de taux d’intérêt élevés.

Selon lui, «personne n’a analysé correctement les statistiques concernant les dépenses publiques pour s’alarmer de son déséquilibre flagrant : la moitié du budget servait au service de la dette». A cela, il a ajouté: « La politique adoptée par les gouvernements successifs a fait choir le pays dans le cercle vicieux de la dette : l’Etat emprunte, en vendant des bons du Trésor, dans le but de combler le déficit budgétaire. Le poids de la dette publique augmentait et tire vers le haut les taux d’intérêt sur cette dette, ceci oblige l’Etat à s’endetter davantage : c’est ce que les économistes appellent « l’effet boule de neige » 

 «Le gouvernement central emprunte afin de rembourser ses emprunts. Toutes ces recettes ont asphyxié l’économie du pays.»

 À la question de savoir si le refus du gouvernement libanais de coopérer avec le Fonds monétaire international (FMI) a précipité la descente aux enfers, Georges Corm répond sans ambages: «Je préfère qu’on reste loin du FMI et de la Banque mondiale, les expériences réussies par ces institutions étant peu nombreuses. Ces deux organismes nous obligeraient à adopter une politique d'austérité et contribueraient à engager l'économie du pays sur la mauvaise voie.»

Dans une économie reposant principalement sur le billet vert, certains comptaient sur les transferts de fonds en provenance des grosses fortunes du Golfe et de la diaspora libanaise, assortis à une recette pyramidale assez bénéfique à travers une rémunération très généreuse de l’épargne. Oubliant que ces fortunes n’appartiennent qu’aux épargnants et non pas à l’État libanais. D’autres envisageaient la paix avec Israël, accompagnée d’une naturalisation des réfugiés palestiniens afin de sauver le Liban de sa dette.

Le secret bancaire institué en 1956 avec l’objectif de soutenir l’économie libanaise, sui generis, était le pilier de sa réussite.

Désormais, il a servi de facto à camoufler le système de corruption, parrainer les milices, couvrir les transferts de fonds qui ont nourri les différents rivaux, et déguiser toute sorte de trafic: place à une évasion fiscale à grande échelle et au transfert d'argent vers les paradis fiscaux. En somme, «Il s’agit d’un grand mensonge, d’un vol organisé, tout simplement d’un gâchis», regrette l’économiste.

Comme bon nombre d’analystes, Georges Corm condamne un fléau national, qui d’ailleurs fait ravage dans la plupart des pays en développement : la corruption endémique.

Dans un pays où la classe dirigeante est accusée de favoriser un climat d’affairisme, les partis politiques ont bâti un système de patronage communautaire.

Georges Corm n’est pas tendre avec l’ère Hariri: «Depuis les années 1990, nous sommes en train de payer les conséquences du règne de la famille Hariri, père d’abord, fils ensuite.» La politique de Rafic Hariri a consisté à quémander sans répit de l’argent à l’extérieur. Il y a eu une politique méthodique consistant à écraser l’État sous le poids du surendettement, à la grande joie des banquiers.

Le Liban a la capacité de se remettre sur pied. Il faut simplement lui en fournir les moyens.

«Je vous explique une donnée très simple: à la tête d’une immense fortune, Rafic Hariri disposait d’une fortune de 3 milliards de dollars (1 dollar = 0,82 euro). À sa sortie du pouvoir, sa richesse a franchi le seuil des 17 milliards de dollars. Un système aberrant a été installé; en 1995, tout le monde s’en mettait plein les poches: avec un taux de change fixe, on s’endette en dollars à 6-7 % d’intérêt, pour acheter des bons du Trésor en livres rapportant plus de 30 %, ou bien on les place en livre libanaise dont les taux pouvaient atteindre 40 %. C’est ce que j’appelle le suicide de l’économie libanaise. Nous payons les pots cassés encore aujourd’hui.»

Le système bancaire s’est transformé en un système mafieux, renchérit Georges Corm: «Un régime unique au monde où les banquiers manipulent le moindre souffle de chaque citoyen. Une première dans l’histoire de l’humanité.»

Pour un pays qui a été un modèle de liberté économique et de libre entreprise, il s’est retrouvé plongé dans ce que l’économiste appelle «un dirigisme bancaire». Selon Georges Corm, c’est ce dirigisme qui a mené le pays à l’effondrement total.

Le Dr Corm n’est cependant pas aussi pessimiste quant à l'avenir du pays. Selon lui, le Liban a la capacité de se remettre sur pied. Il faut simplement lui en fournir les moyens.

«Je rappelle toujours que ce qui a garanti la prospérité du Liban dans le temps, et a fait de la livre libanaise une des monnaies les plus solides, est le taux de change flottant de la livre libanaise.»

Il faut réévaluer les moteurs traditionnels de l’économie du Liban. Ils sont actuellement au point mort.

La réserve d’or du pays du Cèdre est parmi les plus élevées de la région. Elle a une valeur symbolique et j'espère qu’elle restera intacte.

C’est Elias Sarkis, désigné en 1968 gouverneur de la Banque du Liban, qui a procédé à l'acquisition massive d’or. Au cours de la présidence de la Chambre de Hussein Husseini (1984-1992), une loi a été adoptée afin d'empêcher une quelconque mainmise sur cette réserve.

«Il est grand temps de retourner à l’économie productive, loin de celle de la rente et du monde artificiel.» «Le Liban pourra rapidement devenir un pays autosuffisant sur le plan alimentaire», estime Georges Corm. «Nous avons des ressources agricoles et des capacités industrielles formidables. Avec une forte coopération avec la Syrie, notre prolongement naturel, elles nous ouvrent une capacité d’exportation vers le reste du monde arabe voisin.

Il faut également empêcher la fuite des cerveaux et retenir la jeunesse, qui est douée pour l’informatique, un secteur stratégique.»

Selon le Dr Corm, il faut «célébrer la diversité de la population libanaise afin de mettre un terme aux conflits au profit de la coexistence: un État fort, placé au-dessus des communautés et non pas à la merci du bon vouloir communautaire».


ONU Climat appelle à une action urgente pour augmenter le financement climatique en Afrique

Vue de l’Arctique norvégien en 2015. (Photo ONU/Rick Bajornas)
Vue de l’Arctique norvégien en 2015. (Photo ONU/Rick Bajornas)
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  • ONU Climat appelle à une action urgente pour augmenter le financement climatique en Afrique lors du dialogue ministériel de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE)
  • À l’occasion du dialogue ministériel de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE), tenu à Nairobi, l’ONU Climat a lancé un appel fort et sans équivoque en faveur d’un financement climatique accru et mieux ciblé

NAIROBI: À l’occasion du dialogue ministériel de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE), tenu à Nairobi, l’Organisation des Nations Unies pour les changements climatiques (ONU Climat) a lancé un appel fort et sans équivoque en faveur d’un financement climatique accru et mieux ciblé pour le continent africain.

Prenant la parole au nom du secrétaire exécutif de la CCNUCC, Mme Cecilia Kinuthia-Njenga, directrice du soutien intergouvernemental et des progrès collectifs, a affirmé que « le financement de la lutte contre les changements climatiques n’est pas seulement un choix politique, c’est une question de survie, de développement, de dignité et d’équité ».

L’Afrique, en première ligne de la crise climatique

Le continent africain subit déjà de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, perdant jusqu’à 9 % de son PIB chaque année en raison de ses impacts. Pourtant, les besoins financiers pour l’adaptation, la résilience et la transition énergétique s’élèvent à des milliers de milliards de dollars, dans un contexte où les pays africains doivent consacrer davantage de ressources au service de la dette qu’à la santé ou au climat.

Face à cette réalité, ONU Climat souligne que le manque de financement ne peut plus être toléré. « L’Afrique n’est pas à court d’ambition ou de solutions », a insisté Mme Kinuthia-Njenga. « Nous devons passer de cycles d’insuffisance à des cycles de réalisation. »

Vers un nouveau cadre de financement mondial

L'intervention fait écho à l’accord historique conclu lors de la COP 29 à Bakou, où les États membres se sont engagés à un nouvel objectif collectif quantifié de 300 milliards de dollars par an d’ici 2030, avec une montée en puissance à 1 300 milliards de dollars d’ici 2035.

Mme Kinuthia-Njenga a précisé que ce montant de 300 milliards de dollars doit être un plancher, pas un plafond, appelant à un financement prévisible, accessible et équitable, particulièrement pour les pays en développement qui en ont le plus besoin.

Renforcer les capacités nationales et mobiliser des financements innovants

ONU Climat met également l’accent sur le renforcement des cadres institutionnels et la création d’environnements nationaux propices à la mobilisation des financements. Par le biais de ses chantiers sur la transparence, les capacités et la préparation au financement climatique, l’organisation accompagne les pays africains dans la planification, la réforme réglementaire et la constitution de pipelines de projets bancables.

Des exemples concrets, tels que les projets solaires en Zambie, démontrent la viabilité de financements structurés hors des bilans souverains, permettant de concilier viabilité budgétaire et investissements climatiques.

Appels à l’action : financer l’adaptation, capitaliser les fonds multilatéraux

ONU Climat appelle à tripler les financements multilatéraux et à doubler les flux dédiés à l’adaptation d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2019. Cette ambition nécessite une reconstitution significative de fonds internationaux clés tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial, le Fonds d’adaptation et le tout nouveau Fonds pour les pertes et dommages.

« Nous avons les instruments. Nous avons les institutions. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une volonté collective pour concrétiser l’ambition climatique de l’Afrique. »

Ce dernier, souligne Mme Kinuthia-Njenga, doit être pleinement capitalisé et opérationnel sans délai, afin de répondre rapidement et équitablement aux catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes.

Conclusion : transformer les promesses en résultats

En conclusion de son allocution, la représentante d’ONU Climat a exhorté les dirigeants africains et leurs partenaires à s’engager avec clarté, coopération et volonté politique, afin que le prochain bilan mondial en 2028 témoigne de progrès concrets en matière de résilience, d’emplois, d’accès à l’énergie et d’espoir.


Le dollar remonte avec le rétropédalage de Trump sur le renvoi du patron de la Fed

Le dollar regagne jeudi le terrain qu'il avait brièvement perdu la veille, porté par le fait que Donald Trump a finalement minimisé la possibilité qu'il puisse licencier le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell. (AFP)
Le dollar regagne jeudi le terrain qu'il avait brièvement perdu la veille, porté par le fait que Donald Trump a finalement minimisé la possibilité qu'il puisse licencier le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell. (AFP)
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  • Selon la Maison Blanche, le président américain a bien rencontré mardi soir des élus républicains afin de discuter avec eux du sujet, une source précisant à l'AFP que le président réfléchissait à le faire, même si ce n'était pas imminent
  • Cette éventualité a provoqué une chute soudaine et brutale du dollar, le marché estimant que l'éventuel "remplaçant de Powell réduirait agressivement les taux pour plaire à Trump", explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank

LONDRES: Le dollar regagne jeudi le terrain qu'il avait brièvement perdu la veille, porté par le fait que Donald Trump a finalement minimisé la possibilité qu'il puisse licencier le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell.

Selon la Maison Blanche, le président américain a bien rencontré mardi soir des élus républicains afin de discuter avec eux du sujet, une source précisant à l'AFP que le président réfléchissait à le faire, même si ce n'était pas imminent.

Cette éventualité a provoqué une chute soudaine et brutale du dollar, le marché estimant que l'éventuel "remplaçant de Powell réduirait agressivement les taux pour plaire à Trump", explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

Le chef d'Etat a ensuite soufflé le chaud et le froid mercredi, assurant d'abord réfléchir à licencier M. Powell, avant de considérer la possibilité comme "très improbable".

"Après une heure de frénésie", "les marchés ont immédiatement opéré un renversement", constate Stephen Innes, de SPI AM.

Vers 09H25 GMT (11H25 à Paris), le billet vert se redressait de 0,37% par rapport à l'euro, à 1,1598 dollar, et regagnait 0,14% face à la livre, à 1,3402 dollar, revenant à ses niveaux précédents la brève panique liée à la Fed.

"Après cette frayeur, l'attention s'est recentrée sur le macroéconomique": "l'inflation n'est pas encore assez maîtrisée pour justifier un véritable virage" vers des baisses des taux d'intérêts, souligne M. Innes.

L'inflation américaine en juin publiée mardi s'est en effet avérée plus forte qu'escomptée par les analystes, à 2,7% sur un an, contre 2,4% en mai.

Les investisseurs ont écarté la possibilité que la Fed abaisse ses taux plus tard ce mois-ci, mais hésitent toujours sur la plausibilité d'une coupe en septembre.

Les ventes au détail pour le mois de juin aux Etats-Unis seront donc particulièrement scrutées plus tard dans la séance.

Enfin, les négociations commerciales se poursuivent, avec la venue à Washington jeudi du négociateur en chef de l'Union européenne, Maros Sefcovic, chargé d'arracher un accord commercial avec les Etats-Unis au nom des 27 Etats membres.

 


Knight Frank: Riyad bientôt un centre mondial de premier plan dans un contexte de boom économique

Riyad attire les capitaux humains et financiers. (Getty via AN )
Riyad attire les capitaux humains et financiers. (Getty via AN )
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  • L'édition de Riyad de la série "Emerging Wealth Hub" note que la capitale saoudienne est en train de passer d'une économie dépendante du pétrole à une puissance financière, culturelle et de style de vie.
  • L'un des principaux moteurs a été le programme des sièges régionaux, qui a déjà dépassé son objectif pour 2030, avec 600 entreprises mondiales, dont Bechtel, PwC et Northern Trust, qui ont établi des bases régionales à Riyad.

RIYAD : Selon un récent rapport de Knight Frank, la capitale de l'Arabie saoudite est en train de se transformer rapidement en un centre de richesse mondial de premier plan, grâce à la diversification économique réussie du Royaume dans le cadre de la Vision 2030.

L'édition de Riyad de la série "Emerging Wealth Hub" note que la capitale saoudienne est en train de passer d'une économie dépendante du pétrole à une puissance financière, culturelle et de style de vie, attirant les multinationales, les investisseurs et les expatriés.

L'augmentation de la demande en immobilier commercial et résidentiel, associée à de grands projets d'infrastructure, fait de Riyad un super centre prêt pour l'avenir.

L'un des principaux moteurs a été le programme des sièges régionaux, qui a déjà dépassé son objectif pour 2030, avec 600 entreprises mondiales, dont Bechtel, PwC et Northern Trust, qui ont établi des bases régionales à Riyad.

Cet afflux a fait chuter les taux d'inoccupation des bureaux de catégorie A à seulement 2 %, tandis que les loyers des bureaux de premier ordre ont grimpé en flèche de 23 % l'année dernière et de 84 % depuis 2020.

L'écosystème de startups en plein essor de la ville, soutenu par des incitations gouvernementales, une infrastructure numérique avancée et un réservoir de talents croissant, complète son ascension en tant qu'épicentre financier et commercial.

Amar Hussain, partenaire associé en recherche pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord chez Knight Frank, a noté que la vision stratégique de Riyad, sa croissance économique et son engagement en faveur de la durabilité "la positionnent comme un centre de richesse mondial de premier plan pour l'avenir, attirant les talents, les investissements et le tourisme à une échelle sans précédent".

Il a ajouté : "Son positionnement mondial en tant que destination de loisirs ne fera que s'accroître lorsque les yeux du monde se tourneront vers la ville pour l'Exposition universelle de 2030 et la Coupe du monde de la FIFA de 2034."

Selon le rapport, le Royaume a délivré plus de 160 000 nouvelles licences commerciales au cours du dernier trimestre 2024 - soit une augmentation annuelle de 67 % - portant le nombre total d'entreprises enregistrées à 1,6 million. Le taux de chômage national est tombé à un niveau historiquement bas de 7 %.

Faisal Durrani, associé et responsable de la recherche pour la région MENA chez Knight Frank, a déclaré : "Le secteur privé est en plein essor, les nouvelles licences d'exploitation ayant augmenté de deux tiers en un an et les taux d'inoccupation des bureaux de catégorie A étant parmi les plus bas du monde.

Faisal Durrani a ajouté : "Cette vague d'entrepreneuriat est à la fois le résultat et le catalyseur de l'évolution de l'environnement commercial de Riyad, et la capacité de la ville à attirer des capitaux humains et financiers accélère son émergence en tant que centre mondial de la richesse prêt pour l'avenir."

Pour répondre à la demande future, l'espace de bureaux de Riyad devrait presque doubler, passant de 5,5 millions de mètres carrés à 9,8 millions de mètres carrés d'ici 2027, grâce à des projets d'infrastructure soutenus par le gouvernement et à des investissements institutionnels croissants.

Dans une interview accordée à Arab News en juin, Emmanuel Durou, responsable des technologies, des médias et des télécommunications chez Deloitte Middle East, a souligné l'environnement favorable aux entreprises du Royaume, qui comprend des incitations gouvernementales, des mécanismes de financement substantiels tels que le capital-risque et le capital-investissement, ainsi que des écosystèmes d'incubateurs dynamiques, notamment Garage 46 et Impact 43.

S'adressant également à Arab News en juin, Jasem Al-Anizy, partenaire en financement d'entreprise chez Addleshaw Goddard KSA, a fait la lumière sur les structures juridiques qui s'avèrent efficaces dans le pays.

"Les startups saoudiennes ont toujours préféré un cloisonnement offshore des actifs de propriété intellectuelle en détenant et en protégeant les intérêts de propriété intellectuelle dans une société sœur autonome basée dans une juridiction offshore", a-t-il expliqué à Arab News.

"Cela a aidé les startups à s'étendre à l'échelle mondiale et à simplifier les stratégies de sortie", a ajouté M. Al-Anizy.

La durabilité et l'habitabilité au centre des préoccupations

Riyad intègre la durabilité dans son expansion rapide, avec des initiatives telles que le King Abdullah Financial District - le plus grand centre d'affaires à usage mixte certifié LEED Platine au monde - et le système d'évaluation des bâtiments écologiques Mostadam. Le programme Green Riyadh, qui vise à planter 7,5 millions d'arbres, améliore la qualité de l'air et l'habitabilité urbaine.

"La mobilité urbaine à Riyad est en train d'être redéfinie grâce à des investissements majeurs dans l'infrastructure", a déclaré Harmen De Jong, partenaire régional et responsable du conseil pour la région MENA chez Knight Frank.

D'importants travaux de modernisation des transports, notamment le métro de Riyad, l'agrandissement de l'aéroport international King Khalid et le boulevard sportif de 220 km, améliorent la connectivité et réduisent les embouteillages.

"Ces améliorations des transports permettent non seulement de réduire les embouteillages, mais aussi d'améliorer la qualité de l'air et la résilience urbaine en général", a déclaré M. De Jong : "Si l'on ajoute à cela l'augmentation du nombre de grandes multinationales qui ouvrent des bureaux dans la ville et les développements résidentiels et de loisirs de grande qualité, Riyad a une offre unique et convaincante en tant que destination pour vivre, travailler et se divertir, tant au sein du CCG (Conseil de coopération du Golfe) qu'à l'échelle mondiale."

Les loisirs, le tourisme et les événements mondiaux alimentent la croissance

Riyad est en passe de devenir une destination de loisirs de premier plan, avec la Riyadh Season 2024 qui a attiré 18 millions de visiteurs. Les candidatures retenues par la ville pour accueillir l'Exposition universelle de 2030 et la Coupe du monde de football de 2034 devraient amplifier son profil mondial, l'Expo à elle seule devant générer un impact économique de 94,6 milliards de dollars.

Le tourisme est en plein essor, l'Arabie saoudite ayant dépassé l'objectif initial de Vision 2030 en accueillant 106,2 millions de visiteurs en 2023. Le nouvel objectif est de 150 millions de visites d'ici 2030, grâce à l'exemption de visa pour 66 pays et au lancement de Riyadh Air. L'offre hôtelière se développe rapidement, avec 30 000 chambres attendues d'ici 2027.

Les dépenses liées au tourisme entrant dans le Royaume ont atteint le chiffre record de 153,61 milliards de SR (40,95 milliards de dollars) en 2024, soit une augmentation annuelle de 13,82 %, selon les données de la Banque centrale saoudienne.

Cette hausse a également porté l'excédent de la balance des voyages du Royaume à son plus haut niveau annuel, soit 49,78 milliards de SR, en hausse de 7,81 % par rapport à l'année précédente.

Le marché résidentiel s'envole face à une demande croissante

Le secteur résidentiel de Riyad connaît une croissance sans précédent, les prix des appartements ayant augmenté de 75 % et ceux des villas de 40 % depuis 2019. Pour la seule année 2024, les prix ont augmenté de 10,6 % pour les appartements et de 6,3 % pour les villas, tandis que les volumes de vente ont bondi de 44 % en glissement annuel.

Les nouveaux visas de résidence Premium, liés à la propriété, ouvrent le marché aux investisseurs internationaux. Avec 305 000 nouveaux logements nécessaires au cours de la prochaine décennie, les promoteurs et les investisseurs ont d'importantes opportunités à saisir.

M. Hussain, de Knight Frank, a déclaré : "Avec l'évolution du profil des acheteurs, l'intérêt croissant des investisseurs internationaux et la demande locale soutenue, le marché immobilier de Riyad est en mesure de poursuivre son expansion et sa diversification.

Il a ajouté : "Nos dernières projections soulignent l'ampleur des opportunités qui s'offrent aux investisseurs et aux promoteurs sur l'un des marchés résidentiels qui évoluent le plus rapidement dans la région." 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com