Le pari risqué d'Emmanuel Macron au Liban

Le président français Emmanuel Macron prononce son discours lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le 6 août 2020. (Thibault CAMUS / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce son discours lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le 6 août 2020. (Thibault CAMUS / POOL / AFP)
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Publié le Samedi 29 août 2020

Le pari risqué d'Emmanuel Macron au Liban

  • « Il va revenir constater les non-progrès. C'est un risque politique car il a engagé sa parole, la parole de la France », relève Joseph Bahout, directeur de l'Institut Fares de Politiques publiques et d'Affaires internationales à Beyrouth
  • Une victoire du démocrate Joe Biden pourrait conduire à une détente dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran et conforter ainsi indirectement le puissant mouvement chiite libanais pro-iranien Hezbollah

PARIS : Le président français Emmanuel Macron, qui se rend lundi pour la seconde fois en moins d'un mois au Liban, fait un pari risqué en misant sur une nouvelle ère politique dans ce pays, après la gigantesque explosion du 4 août, afin de le sortir de la crise.

Les images de sa première visite, deux jours après la catastrophe qui a dévasté des quartiers entiers de Beyrouth, ont fait le tour du monde : le chef de l'Etat, acclamé par des habitants en colère contre leurs dirigeants, appelait à un "ordre politique nouveau" et à des réformes d'urgence pour conjurer les vieux démons libanais.

Déambulant dans la capitale, sous les cris de "Vive la France", il promettait de revenir "faire un point d'étape" sur les progrès accomplis le 1er septembre, le jour même où sera commémoré le centenaire de la création du Grand-Liban, acte fondateur du Liban moderne, alors sous mandat français.

Emmanuel Macron, qui avait déjà aidé en 2017 le Premier ministre libanais Saad Hariri à sortir d'Arabie saoudite où il était "retenu", s'inscrit là dans une relation traditionnelle très forte entre la France et le Liban.

Trois semaines plus tard, cette visite historique semble toutefois loin même si le pays, déjà meurtri par une crise économique et sociale sans précédent, reste sous le coup de l'explosion qui a soufflé le port et fait environ 180 morts.

"Il va revenir constater les non-progrès. C'est un risque politique car il a engagé sa parole, la parole de la France", relève Joseph Bahout, directeur de l'Institut Fares de Politiques publiques et d'Affaires internationales à Beyrouth, interrogé par l'AFP.

La classe politique libanaise, dont les Libanais dénoncent à l'envi l'incurie et la corruption, semble restée sourde à ses injonctions et son mot d'ordre, "pas d'aide financière internationale sans réformes".

Un Premier ministre lundi ?

Seul signe notable, des consultations parlementaires se tiendront lundi, soit quelques heures avant le retour du président français à Beyrouth, pour désigner un nouveau Premier ministre, le gouvernement de Hassan Diab ayant démissionné à la suite de l'explosion.

"Des efforts sont actuellement déployés pour nommer un Premier ministre avant la visite du président français, mais cela ne veut pas dire que la formation du gouvernement se fera sans encombres", met toutefois en garde une source diplomatique à Beyrouth.

Ce processus peut prendre des mois en raison des profondes divergences politiques et jeux d'intérêts entre clans confessionnels, repoussant d'autant toute perspective de réformes.

"Avec cette classe politique, aucune réforme sérieuse n'est possible parce que sa raison d'être c'est le clientélisme, le confessionnalisme, la corruption", note Ziad Majed, professeur à l'Unversité américaine de Paris.

"Ils veulent juste un statu quo, de l'argent qui arrive pour pouvoir calmer un peu certaines colères, et attendre les élections américaines", dit-il à l'AFP.

Une victoire du démocrate Joe Biden pourrait conduire à une détente dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran et conforter ainsi indirectement le puissant mouvement chiite libanais pro-iranien Hezbollah.

"En première ligne"

Le Hezbollah et ses alliés contrôlent la majorité du Parlement et conservent de facto une influence majeure dans les arbitrages politiques.  

En face, le mouvement de contestation populaire qui avait émergé à l'automne 2019 peine à se faire entendre, malgré l'exaspération suscitée par l'explosion.

"Tout le monde pensait que le ras-le-bol avait atteint un sommet. Mais il n'y a pas vraiment eu de sursaut populaire, au contraire", ce qui conforte les dirigeants actuels, relève Joseph Bahout.

Au final, le président français reste seul en piste sur ce dossier, avec une marge de maoeuvre limitée. 

Les Etats-Unis de Donald Trump, qui poursuivent leur stratégie de pression maximale à l'encontre de l'Iran et du Hezbollah, se tiennent à l'écart.

"Ils sont assez satisfaits de voir les Français monter en première ligne", souligne un observateur régional. L'Arabie saoudite, qui s'inquiète du poids grandissant de son rival iranien au Liban, est tout autant aux abonnés absents.

In fine, s'il n'obtient pas de résultats tangibles, Emmanuel Macron pourrait bien "devoir ranger ce dossier libanais pour longtemps", pointe Joseph Bahout. Et avec lui, une part d'influence française dans la région.


Gaza : l'OMS plaide auprès d'Israël d'alléger les procédures d'entrée de l'aide

Un garçon palestinien se tient à côté de la tente détruite d'Al Jazeera à l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza. (AFP)
Un garçon palestinien se tient à côté de la tente détruite d'Al Jazeera à l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • Le responsable de l'OMS pour les territoires palestiniens occupés a dénoncé "des procédures lourdes" et des produits de santé "toujours refusés" à l'entrée dans la bande de Gaza
  • Le cabinet de sécurité israélien a validé le plan d'une prise de contrôle de la ville de Gaza, une zone densément peuplée qui échappe pour le moment au contrôle militaire israélien exercé sur quelque 75% du territoire palestinien

Genève: Israël doit alléger les procédures de contrôle de l'aide humanitaire destinée à Gaza où la situation humanitaire "reste catastrophique", a plaidé mardi l'OMS, qui veut reconstituer des stocks en vue de l'offensive sur Gaza City, annoncée par Benjamin Netanyahu.

Le responsable de l'Organisation mondiale de la santé pour les territoires palestiniens occupés, le docteur Rik Peeperkorn, a dénoncé "des procédures lourdes" et des produits de santé "toujours refusés" à l'entrée dans la bande de Gaza, un sujet de négociation constante avec les autorités israéliennes, a-t-il expliqué lors d'un point de presse.

"Nous voulons approvisionner rapidement les hôpitaux... avec toutes les discussions autour d'une incursion à Gaza, nous voulons nous assurer que les hôpitaux soient au moins un peu approvisionnés", a détaillé le responsable en visioconférence de Jérusalem lors du briefing régulier de l'ONU à Genève.

"Nous ne pouvons actuellement pas le faire, et nous voulons également reconstituer nos propres réserves -- et nous ne pouvons actuellement pas le faire de manière appropriée", a-t-il insisté.

"Nous devons pouvoir acheminer tous les médicaments essentiels et le matériel médical", a ajouté le médecin.

Le cabinet de sécurité israélien a validé le plan d'une prise de contrôle de la ville de Gaza, une zone densément peuplée qui échappe pour le moment au contrôle militaire israélien exercé sur quelque 75% du territoire palestinien, dévasté par 22 mois de guerre.

Les autorités israéliennes, soumises à un barrage de critiques y compris de certains pays alliés sur ce plan, ont promis plus d'aide humanitaire.

"Nous voulons faire constituer des réserves et nous entendons parler de 'davantage de produits humanitaires autorisés à entrer' -- eh bien, ce n'est pas encore le cas, ou cela se passe à un rythme bien trop lent", a déclaré Rik Peeperkorn. Selon lui, 52% des médicaments étaient en rupture de stock dans la bande de Gaza.

Et seulement 50% des hôpitaux et 38% des centres de soins primaires fonctionnent mais seulement partiellement.

Le taux d'occupation des lits a atteint 240% à l'hôpital Al-Chifa et 300% à l'hôpital Al-Ahli, dans le nord de Gaza.

"La situation sanitaire globale reste catastrophique", résume le médecin, selon qui "la faim et la malnutrition continuent de ravager Gaza".

En date du 5 août, 148 personnes étaient mortes des effets de la malnutrition depuis le début de l'année et près de 12.000 enfants de moins de cinq ans à Gaza ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë en juillet. C'est le chiffre mensuel le plus élevé enregistré à ce jour, selon l'OMS.

Ce nombre inclut 2.562 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, dont 40 ont été hospitalisés dans des centres de stabilisation.


Le prince héritier évoque l'État palestinien lors d’un conseil des ministres à Neom

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  • Le cabinet salue le consensus international en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien indépendant

RIYAD : Le prince héritier Mohammed ben Salmane a présidé mardi une séance du cabinet à Neom, informant les ministres de son récent entretien avec le roi Abdallah II de Jordanie.

Les échanges entre les deux dirigeants ont porté sur les relations bilatérales, les enjeux régionaux et les évolutions en Palestine, a rapporté l’agence officielle saoudienne SPA.

Le prince héritier a également fait part de son appel avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a exprimé sa reconnaissance pour les efforts du Royaume en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien et de la promotion de cette reconnaissance à l’échelle internationale.

Le ministre de l’information Salman ben Yousef Al‑Dosari a indiqué que le cabinet saluait les annonces faites par l’Australie et la Nouvelle‑Zélande en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine, témoignant d’un consensus mondial croissant autour d’une solution à deux États basée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem‑Est comme capitale.

Le cabinet a également condamné les actions israéliennes à Gaza, les qualifiant d’occupation et accusant les autorités israéliennes de commettre famine, nettoyage ethnique et autres violations. Il a averti que l’incapacité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l’ONU à mettre fin à ces actes sape le droit international et menace la stabilité mondiale.

Le cabinet a aussi passé en revue la situation en Ukraine, réaffirmant le soutien du Royaume aux efforts diplomatiques visant à résoudre la crise, à la suite d’un appel entre le prince héritier et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le Conseil a en outre salué l’accord de paix récemment annoncé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, exprimant l’espoir d’une stabilité durable dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien et le président ukrainien évoquent les efforts de paix

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a tenu un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour discuter de l'évolution de la crise ukrainienne lundi. (SPA/Capture d'écran)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a tenu un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour discuter de l'évolution de la crise ukrainienne lundi. (SPA/Capture d'écran)
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  • Zelensky a remercié l’Arabie saoudite pour son rôle dans la promotion de la paix

RIYAD : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est entretenu lundi par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour discuter des derniers développements liés à la crise en Ukraine, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Le prince Mohammed a réaffirmé le soutien du Royaume aux efforts visant à résoudre le conflit russo-ukrainien et à encourager le dialogue.

De son côté, Zelensky a exprimé sa gratitude pour le rôle de l’Arabie saoudite dans la promotion de la paix.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com