«M. Macron, ayez du courage»: des spécialistes de l'enfance pour un rapatriement massif de Syrie

Des enfants syriens jouent avec un pneu dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur de la ville de Maaret Misrin, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 8 mai 2021 (Photo, AFP)
Des enfants syriens jouent avec un pneu dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur de la ville de Maaret Misrin, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 8 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 juin 2021

«M. Macron, ayez du courage»: des spécialistes de l'enfance pour un rapatriement massif de Syrie

Des enfants syriens jouent avec un pneu dans un camp pour personnes déplacées à l'intérieur de la ville de Maaret Misrin, dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 8 mai 2021 (Photo, AFP)
  • La plupart sont âgés de moins de six ans et détenus depuis parfois plusieurs années avec leurs mères françaises, une soixantaine, en Syrie
  • «Ce sont des enfants prisonniers, qui n'ont pas de livre, pas d'école, pas d'occupations», dit Suzanne, grand-mère de plusieurs enfants détenus dans le camp de Roj

PARIS: « On doit et on sait les accueillir »: des professionnels de l'enfance réclament à l'Elysée un rapatriement massif des enfants français de djihadistes et de leurs mères détenues en Syrie, « par humanité » mais aussi « pour la sécurité » de la France. 

« Je ne comprends pas qu'un pays comme le nôtre laisse cette situation se pérenniser » alors qu'« on sait traiter ces problèmes ». Le pédopsychiatre Serge Hefez a enfoncé le clou à propos des 200 à 300 enfants français détenus en Syrie, lors d'un colloque sur ce thème organisé lundi au Théâtre du Rond-Point à Paris par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). 

La plupart sont âgés de moins de six ans et détenus depuis parfois plusieurs années avec leurs mères françaises, une soixantaine, en Syrie. 

Dans leurs camps de tentes posés sur la plaine aride du nord-est syrien, chaque jour de détention « aggrave les choses pour le développement des enfants et des adultes », abonde Leila Férault, psychologue clinicienne à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui a vu passer ces dernières années près d'une centaine d'enfants, la plupart de moins de 7 ans, de retour de la zone irako-syrienne. 

« Il y a urgence à tous les prendre en charge et à les soigner » en France, ajoute-t-elle, approuvée par les quelque 250 personnes venues assister au colloque, en grande majorité des proches des Français détenus en Syrie par des milices kurdes alliées aux Occidentaux. 

Au dessus de la scène, l'écran géant fait défiler des dessins faits par ces enfants, envoyés à leurs grands-parents en France. Sur l'un est juste écrit « Mamie » avec un coeur. D'autres semblent montrer leurs rêves: un avion qui les transporte sous le soleil, une oasis dans le désert...   

En France, « il y a des professionnels » qui depuis des années prennent en charge les enfants et adultes revenus d'Irak ou de Syrie, et « avec des résultats extrêmement positifs », souligne M. Hefez. Les adultes sont incarcérés, et les enfants pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance. 

« Besoin de jouer »  

« Ce sont des enfants prisonniers, qui n'ont pas de livre, pas d'école, pas d'occupations », dit Suzanne, grand-mère de plusieurs enfants détenus dans le camp de Roj. Ils vivent, dit-elle, « une vie de frustration » et de « peurs »: « voir leur tente brûler ou être emportée par une tempête », attraper des « maladies », sentir »la guerre proche ». 

Depuis des années, les proches des détenus réclament à la France de rapatrier les adultes, pour les juger en France, comme les enfants. Mais Paris refuse, n'autorisant que des retours d'enfants « au cas par cas ». Trente-cinq, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici. 

En Europe, l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas ont procédé à des rapatriements, et le Danemark et la Belgique ont annoncé en préparer. 

« M. Macron, n'ayez pas peur de les faire revenir, ouvrez les bras à ces enfants, faites les revenir, faites les soigner et tout ira bien », a lancé le médecin humanitaire Pierre Dutertre, autre invité du colloque. 

Pour ces médecins, la possible déradicalisation des parents, et le retour des enfants à une vie normale passe par un retour en France. Ces enfants ont « d'abord besoin de jouer, d'aller à l'école » dans un cadre apaisé, a souligné Claire Paucher, juge des enfants au tribunal de Bobigny.  

« Il y a une volonté de vie chez ces enfants, de reprendre le cours de leur existence, de se réinsérer dans une famille. Il faut travailler sur cette histoire et cette transmission », tout en soignant les traumatismes de la guerre et de la détention, explique Serge Hefez.  

« Nous ne sommes pas angéliques non plus, tous les cas ne sont pas faciles à gérer, surtout ceux qui sont restés longtemps dans le huis clos des camps » encore très radicalisés, explique un professionnel de l'accompagnement sous couvert d'anonymat. « Mais ce sera pire à bien des égards si on ne fait rien ». 

« Si on laisse les enfants dans ces chaudrons, et qu'ils reviennent un jour tous seuls, chargés de colère (envers la France), de haine et de violence, ça risque de poser de gros problèmes », abonde Pierre Dutertre. 


Gaza: le plan israélien de distribution d'aide «contraire aux principes humanitaires» selon une ONG norvégienne

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  • Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés
  • Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages

OSLO: Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

"Nous ne pouvons pas et ne voulons pas faire quelque chose qui est fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a dit Jan Egeland à l'AFP.

"Les agences des Nations unies et tous les autres groupes humanitaires internationaux ont dit non à cette idée émanant du cabinet israélien et de l'armée israélienne", a-t-il ajouté.

Le cabinet de sécurité israélien estime qu'il y a "actuellement suffisamment de nourriture" dans la bande de Gaza et a consenti à la "possibilité d'une distribution humanitaire" si cela venait à être "nécessaire", a indiqué lundi une source officielle israélienne.

Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages.

Selon le responsable de l'ONG norvégienne, le gouvernement israélien "veut militariser, manipuler et politiser l'aide en ne l'autorisant que dans quelques centres dans le sud, un système où les gens seront contrôlés et où il sera impossible d'agir".

Cela "obligera les gens à se déplacer pour obtenir de l'aide, ce qui prolongera la famine parmi la population civile. Nous ne prendrons donc pas part à cela", a ajouté M. Egeland.

"Si l'une des parties tente de contrôler, de manipuler et de rationner l'aide destinée aux civils de l'autre camp, cela va à l'encontre de toutes nos valeurs", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), a souligné que le "plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza (...) resteront privées d'approvisionnement".

Les organisations d'aide internationale, de même que les Palestiniens de Gaza, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a annoncé le 25 avril y avoir "épuisé tous ses stocks".


Jordanie: une touriste belge et son fils morts dans des inondations 

Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
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  • Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman"
  • "Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision

AMMAN: Une touriste belge et son fils, disparus pendant plusieurs heures, ont péri dans des inondations dans le sud de la Jordanie, ont annoncé lundi les autorités, au lendemain de l'évacuation du site antique de Pétra après des crues.

Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman", selon un communiqué de la Direction de la sûreté générale.

"Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision.

Selon des déclarations du gouverneur de Maan, Hassan al-Jabour, rapportées par la chaîne de télévision officielle Al-Mamlaka, la Belge et ses trois enfants faisaient partie d'un groupe de touristes comprenant également 14 Tchèques en "voyage d'aventure" dimanche, sans guide.

Les autorités ont réussi à évacuer la majorité du groupe mais la Belge et ses trois enfants ont disparu, a-t-il ajouté. Les équipes de secours ont trouvé deux des enfants en "bonne santé".

La veille, les autorités jordaniennes ont évacué près de 1.800 touristes de Pétra, dans le sud du pays, après des crues dans la région, de plus en plus sujette aux pluies intenses et tempêtes. Aucune victime n'a été signalée après que des inondations ont touché le site antique, selon un responsable.

L'autorité météorologique a diffusé une vidéo montrant de violentes crues s'abattant sur le site antique tandis que des visiteurs se rassemblaient à l'entrée de la Khazneh, l'un de ses édifices les plus emblématiques, en attendant leur évacuation.

Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le site de Pétra est célèbre pour ses temples monumentaux taillés dans la roche rose. Il a été désignée en 2007 comme l'une des sept merveilles du monde à l'issue d'un vote en ligne.


Attaque contre une boîte de nuit à Damas, une femme tuée selon une ONG

Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin
  • Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux

DAMAS:  Des inconnus ont tiré à l'arme automatique lundi avant l'aube dans une boîte de nuit en plein centre de Damas, tuant une femme, la deuxième attaque du genre en une semaine, selon un témoin et une ONG.

Les motivations des assaillants n'étaient pas connues dans l'immédiat. Et les autorités n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Après l'arrivée au pouvoir en décembre d'Ahmad al-Chareh, qui a dirigé la coalition de rebelles islamistes radicaux ayant renversé Bachar al-Assad, experts et intellectuels ont dit craindre une islamisation de la société syrienne. La communauté internationale a appelé les nouvelles autorités à respecter les libertés.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des hommes armés non identifiés ont attaqué à l’arme automatique le cabaret al-Karouane dans le quartier Hijaz, tuant une danseuse et blessant plusieurs personnes".

"J’ai entendu des coups de feu à l’aube et je n'ai osé entrer dans la boîte qu'une fois les tirs terminés", a dit à l'AFP un témoin s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "J’ai vu le corps d’une femme, des traces de sang au sol, une scène de chaos."

La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin.

Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux.

L’attaque est survenue quelques heures après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo, filmée par une caméra de surveillance, montrant un groupe armé attaquer une autre boîte de nuit dans le centre de Damas il y a quelques jours.

Dans la vidéo, authentifiée par l’AFP, on voit des hommes armés s’approcher de la boîte de nuit, puis frapper à coups de crosse les clients paniqués, hommes et femmes, en pleine fuite. Une femme y apparaît trébuchant à deux reprises sous les coups.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, selon la chaîne syrienne Al-Ekhbariya dimanche, l’arrestation des assaillants.

La vidéo "montre un groupe de militaires attaquant des civils dans un quartier de Damas. Les auteurs de l’agression ont été identifiés, arrêtés et remis à la justice", a indiqué le ministère.

"Toute agression à l'encontre des citoyens ou des infrastructures publiques sera punie par la justice", a-t-il souligné.