Adepte de la ligne dure, Raïssi pourrait être source de problèmes pour l’Occident

Selon les experts, l'hostilité de Raïssi envers les États-Unis rend peu probable qu'il accepte les demandes occidentales d'un accord plus large qui couvrirait le programme balistique de Téhéran, l'ingérence chez ses voisins et la détention de ressortissants occidentaux en Iran. (Photo, AFP)
Selon les experts, l'hostilité de Raïssi envers les États-Unis rend peu probable qu'il accepte les demandes occidentales d'un accord plus large qui couvrirait le programme balistique de Téhéran, l'ingérence chez ses voisins et la détention de ressortissants occidentaux en Iran. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 25 juin 2021

Adepte de la ligne dure, Raïssi pourrait être source de problèmes pour l’Occident

  • L'élection à la présidence de l'Iran d’un fidèle de Khamenei, pourrait faciliter les relations entre l'Occident et Téhéran, avec davantage de cohérence à la tête du pays
  • Mais son ultraconservatisme et son bilan sur le plan des droits humains, pourraient être pour autant sources de complications et de conflits

PARIS : L'élection à la présidence de l'Iran d'Ebrahim Raïssi, un fidèle du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, pourrait faciliter les relations entre l'Occident et Téhéran, avec davantage de cohérence à la tête de l'Iran, mais sa ligne dure et son bilan côté droits humains pourraient être sources de problèmes, estiment des analystes.

M. Raïssi qui affrontera une économie iranienne en crise en raison des sanctions imposées par l'ex-président américain Donald Trump, ne devrait pas s'opposer à la relance de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien si la nouvelle administration américaine dirigée par Joe Biden le réintègre.

Cependant, selon les experts, son hostilité envers les États-Unis - ennemi juré de l'Iran depuis quatre décennies - rend peu probable qu'il accepte les demandes occidentales d'un accord plus large qui couvrirait le programme balistique de Téhéran, l'ingérence chez ses voisins et la détention de ressortissants occidentaux en Iran.

Khamenei dirige l'Iran depuis la mort du leader révolutionnaire l'ayatollah Rouhollah Khomeini en 1989 et son poste, qui est à vie, lui donne le dernier mot sur toutes les questions de politique étrangère, même si le président n'est pas sans influence.

"Raïssi, comme Khamenei, est méfiant et sceptique face aux intentions occidentales concernant l'Iran. Il sera prudent quant à l'engagement occidental futur", a estimé Sanam Vakil, chargée de recherche principale au groupe de réflexion Chatham House, basé à Londres.

"Cela laisse présager un schéma continu de résistance anti-américaine, de nationalisme économique et de répression interne, ponctué de moments de pragmatisme", a-t-elle ajouté.

« Plus monolithique »

Après sa victoire le 18 juin, lors d'une élection marquée par une abstention record et la disqualification de rivaux importants, la République islamique aura un président en totale harmonie avec le guide suprême, "le premier, sous le règne de Khamenei dont les opinions (...) reflètent celles du leader suprême", pointe une note d'International Crisis Group (ICG).

Cela devrait contribuer à clarifier la politique occidentale à l'égard de l'Iran, brouillée, ces dernières années, par les différends internes entre l'équipe du président sortant Hassan Rohani et les partisans de la ligne dure dirigés par Khamenei.

"Une structure de pouvoir plus monolithique sera moins embourbée dans les luttes intestines, qui ont souvent entravé le programme de Rouhani et de ses envoyés", ont commenté les analystes d'ICG Ali Vaez et Naysan Rafati.

Khamenei a précédemment travaillé avec quatre présidents, dont aucun n'était en accord total avec lui. Hachémi Rafsandjani (1989-1997) était un rival politique de longue date, Mohammad Khatami (1997-2005) un réformateur, Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) un franc-tireur qui s'est brouillé avec lui lors de son second mandat ; enfin, Hassan Rohani était favorable à de meilleurs liens avec l'Occident.

Un dialogue « compliqué »

M. Raïssi, 60 ans, est également le premier président iranien à être personnellement sanctionné par les États-Unis avant même son élection, par un décret du Trésor de novembre 2019, qui cite son bilan en matière de droits de l'Homme, notamment comme chef de l'Autorité judiciaire auquel il s'est hissé après une carrière entamée à l'âge de 20 ans en tant que procureur régional.

Amnesty international l'accuse d'avoir été membre d'une "commission de la mort" responsable de l'exécution de milliers de prisonniers en 1988, alors qu'il était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran.

"Le passé de Raïssi fait de lui le premier président iranien sur lequel les groupes nationaux et internationaux de défense des droits de l'homme souhaitent que des enquêtes soient menées pour crimes contre l'humanité, avant même qu'il n'ait commencé son mandat", a relevé Ali Reza Eshraghi dans une étude sur les élections pour le Conseil européen des relations extérieures (ECFR).

"Cette dynamique va certainement compliquer le dialogue entre l'Iran et l'Occident dans les années à venir, même si son administration est susceptible de soutenir le rétablissement de l'accord nucléaire pour le moment", a-t-il ajouté.

Les négociations laborieuses menées à Vienne pour relancer l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) ont progressé ces derniers jours, avec une réelle perspective de compromis avant même l'entrée en fonction de M. Raïssi dans un mois.

L'économie iranienne a plongé dans la crise avec les sanctions, qui seraient progressivement levées si les États-Unis réintégraient l'accord, et les dirigeants ont tout intérêt à ce qu'il soit pleinement mis en œuvre.

"Les sanctions levées, le potentiel économique développé au cours de la dernière décennie serait libéré et la dynamique serait complètement différente", a indiqué Bijan Khajehpour, associé directeur du cabinet de conseil Eurasian Nexus Partners, basé à Vienne.


Liban: trois morts dans un raid israélien visant un véhicule

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
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  • Trois personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Dans un communiqué, le ministère a indiqué que "la frappe menée par un drone de l’ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et deux Syriens"

BEYROUTH: Trois personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban, a indiqué le ministère de la Santé libanais.

Dans un communiqué, le ministère a indiqué que "la frappe menée par un drone de l’ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et deux Syriens". Israël mène régulièrement des frappes au Liban principalement dans le sud du pays, affirmant cibler le Hezbollah libanais, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu.

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
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  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

BEYROUTH: Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire. Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG.