Aide transfrontalière en Syrie: à l'ONU, Etats-Unis, Irlande et Norvège pressent pour une prolongation

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield (Photo, AFP)
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 06 juillet 2021

Aide transfrontalière en Syrie: à l'ONU, Etats-Unis, Irlande et Norvège pressent pour une prolongation

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield (Photo, AFP)
  • En vigueur depuis 2014, l'autorisation transfrontalière de l'ONU expire samedi. Certains diplomates occidentaux continuaient mardi à croire possible son extension, même si cela ne pourrait être que pour six mois
  • Si la Russie et la Chine mettent leur veto à une prolongation du mécanisme transfrontalier, «les répercussions sont évidentes, les gens mourront de faim», a abondé Linda Thomas-Greenfield

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis, l'Irlande et la Norvège ont plaidé mardi à l'ONU en faveur d'une prolongation d'un an, lors d'un vote attendu jeudi du Conseil de sécurité, du mécanisme transfrontalier qui permet d'acheminer de l'aide internationale en Syrie sans l'aval de Damas, la Russie maintenant pour sa part son souhait de le voir s'achever. 

« Nous ne pouvons accepter moins que ce que nous avons aujourd'hui », à savoir « un point de passage pour 12 mois qui permet d'approvisionner des millions de Syriens », a affirmé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil sur la situation humanitaire en Syrie. 

En vigueur depuis 2014, l'autorisation transfrontalière de l'ONU expire samedi. Certains diplomates occidentaux continuaient mardi à croire possible son extension, même si cela ne pourrait être que pour six mois. 

Après une suppression de plusieurs points de passage imposée l'an dernier par la Russie, l'aide transfrontalière ne passe plus aujourd'hui que par Bab al-Hawa (nord-ouest), à la frontière avec la Turquie. Elle dessert plus de trois millions de personnes dans la région d'Idleb, un dernier bastion rebelle qui continue d'échapper au contrôle de Damas. 

La Russie, détentrice d'un droit de veto et soutien de la Syrie, veut voir rétablir la pleine souveraineté du régime syrien sur l'ensemble de son territoire et a affirmé plusieurs fois dans le passé son opposition à une nouvelle prolongation de l'autorisation transfrontalière. 

Lors de la réunion, Moscou est « resté sur la même position, qui est claire depuis longtemps », a confié un diplomate russe sous couvert d'anonymat. 

« Nous espérons voir un renouvellement plus tard cette semaine », avait pour sa part déclaré avant la session l'ambassadrice irlandaise à l'ONU, Geraldine Byrne Nason, en évoquant le risque à défaut d'« une catastrophe humanitaire ». « Il y a beaucoup en jeu », a renchéri son homologue norvégienne, Mona Juul. « C'est vraiment une question de vie ou de mort » pour des « millions de personnes » », a-t-elle ajouté. 

Ces deux ambassadrices, en charge du dossier, ont proposé un projet de résolution prévoyant une extension pour un an du point de Bab al-Hawa et une réouverture, aussi pour un an, d'un accès via l'Irak, à al-Yarubiyah, qui permettrait d'alimenter comme dans le passé le nord-est de la Syrie. 

« Argent occidental »  

Si la Russie et la Chine mettent leur veto à une prolongation du mécanisme transfrontalier, « les répercussions sont évidentes, les gens mourront de faim », a abondé Linda Thomas-Greenfield. 

Comme les Occidentaux, la Russie reconnaît une aggravation de la situation humanitaire en Syrie mais en attribue la responsabilité aux sanctions occidentales. Moscou considère qu'un acheminement de l'aide à partir de Damas à travers les lignes de front pourrait remplacer le mécanisme transfrontalier. 

« Nous continuerons à travailler pour soutenir l'acheminement de l'aide à travers les lignes de front et augmenter la capacité du transfrontalier », a indiqué l'ambassadrice américaine. Mais « passer par les lignes de front n'est pas un substitut au transfrontalier », a-t-elle insisté, en rejetant l'idée que les Etats-Unis pourraient alléger leurs sanctions pour obtenir en échange un adoucissement de la position russe. 

La Chine de son côté « veut voir des solutions sur les sanctions unilatérales, le franchissement des lignes de front, la transparence du mécanisme transfrontalier », a fait valoir l'ambassadeur chinois, Zhang Jun. « Nous ne voulons pas seulement une extension du mécanime transfrontalier, mais aussi la lutte contre les sanctions unilatérales, leur impact, et aussi un développement futur de l'aide à travers les lignes de front », a-t-il dit.  

Selon l'ambassadeur français à l'ONU, Nicolas de Rivière, depuis le début de l'année « 50% des demandes d'acheminement d'aide humanitaire à travers des lignes de front ont été rejetées par le régime syrien ». 

« 92% de l'aide humanitaire à la Syrie est fournie par l'Union européenne, les Etats-Unis, le Canada et le Japon. C'est essentiellement de l'argent occidental. Personne ne devrait s'attendre à ce que cet argent soit réattribué à l'acheminement à travers les lignes de front, qui ne fonctionne pas », a-t-il aussi averti. 


L'Arabie saoudite : un acteur clé dans la lutte contre la criminalité financière, selon Nathalie Goulet

La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume, selon Nathalie Goulet, dispose aujourd’hui des moyens économiques et techniques pour s’imposer comme acteur clé du dispositif mondial AML/CFT
  • L'Arabie saoudite ouvre une nouvelle ère de transparence, selon M. Goulet

DUBAÏ: À quelques semaines de la conférence internationale “Sanctions, AML & CFT for Banking and Finance in the Kingdom of Saudi Arabia”, qui se tiendra à Riyad les 21 et 22 octobre 2025, la sénatrice française Nathalie Goulet, dans un entretient accordé à Arab News en français, salue l’ambition et l'engagement de l’Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

« L'Arabie saoudite a été en tête de ‘No Money for Terror’ dans le temps. Elle en est absolument capable, et en plus, elle a un leader très fort et une vision claire, » declare la sénatrice.

Une volonté politique affirmée

Pour Nathalie G., l’évolution du Royaume ne fait aucun doute.

« Le Prince Mohammed Ben Salman, dès son arrivée au pouvoir, a immédiatement réglé les questions de corruption. Il a insufflé une politique et une volonté. »

Cette transformation accompagne l’ouverture rapide du Royaume, notamment dans le cadre de la Vision 2030, et s’inscrit dans un effort plus large pour assainir le climat des affaires et attirer des investissements étrangers dans un cadre juridico-financier stable.

« Ça se passe très bien. Mais c’est aussi une question de volonté. Et la volonté en Arabie saoudite est très marquée. »

Riyad, prochain centre de gravité régional pour la compliance

L’événement d’octobre réunira régulateurs, banquiers, juristes et spécialistes de la conformité du monde entier. Pour Nathalie Goulet, c’est une opportunité cruciale :

« Ce que j’attends, ce sont des échanges de bonnes pratiques très concrets. Car parfois, ce ne sont pas les lois qui changent les choses, ce sont aussi les interactions entre professionnels, au quotidien. »

Elle y partagera notamment son expérience sur les enjeux de transparence financière et de coopération internationale.

Des progrès significatifs et une coopération régionale renforcée

à la suite de sa participation au sommet Fighting Financial Crime à Abou Dhabi les 10 et 11 septembre derniers, Nathalie Goulet a salué les efforts des Émirats arabes unis, récemment sortis de la liste grise du GAFI.

« Il y a une vraie volonté au plus haut niveau. Et cette volonté est contagieuse. On voit aussi l’implication saoudienne, à travers (a titre d’exemple, la Nazaha, l’agence anti-corruption. »

Pour elle, la dynamique régionale est en marche : extraditions facilitées, respect accru des règles de coopération judiciaire, montée en compétence des autorités locales.

Un enjeu global et des réponses encore fragmentées

Malgré ces progrès, selon la sénatrice, le constat demeure alarmant : entre 2 et 5 % du PIB Mondial, seraient issus du blanchiment d’argent, mais seulement 1 à 2 % des fonds sont effectivement récupérés.

« Ce sont des milliards qui échappent aux écoles, aux hôpitaux, aux routes. Et un immense manque à gagner pour les citoyens. »

Outre l’utilisation massive de cryptoactifs non régulés et le traffic de migrants, Nathalie Goulet alerte sur les techniques des réseaux criminels de plus en plus inventives : trafic d’or déguisé en café et cargaisons de bananes trafiquées.

Enjeux spécifiques au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient n’échappe pas à ces mutations. Nathalie Goulet pointe plusieurs problématiques: le trafic d’or, l’usage débridé des crypto-actifs, et la contrefaçon massive.

« La contrefaçon, ce ne sont pas que des faux sacs. Ce sont aussi des faux médicaments, des pièces détachées défectueuses, du tabac illicite… Le coût global est estimé à plus de 650 milliards de dollars par an soit 2.5% du commerce mondial, (NDLR: Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, 2022). »

Elle insiste sur la nécessité de renforcer la traçabilité, même dans des réseaux informels comme les systèmes de transfert d’argent ou certaines plateformes numériques.

La coopération et la formation au cœur de la réponse

Face à ces défis, Nathalie Goulet appelle à une action multilatérale renforcée : formations spécialisées, partage d’informations, benchmarking international et adoption des nouvelles technologies.

« Il faut former les magistrats, les douaniers, les régulateurs. Mais aussi renforcer la coopération entre pays et partager les bonnes pratiques. »

Elle évoque aussi le rôle central de l’intelligence artificielle dans la détection des flux suspects, et appelle à la création de bourses d’étude sur les crypto-actifs et leurs mécanismes.

Arabie saoudite : vers un rôle structurant dans le système international

Alors que l’Arabie saoudite s’impose de plus en plus comme un hub régional de la finance, la question de son influence future au sein d’organisations comme le GAFI se pose.

« Le Royaume a les moyens, l’ambition et la volonté. Il applique déjà les règles, coopère efficacement, et montre l’exemple. »

La nomination d’un Émirien à la tête d’Interpol illustre aussi l’émergence de la région dans la gouvernance sécuritaire globale.

Un combat global au service des citoyens

Selon Nathalie Goulet, l’enjeu dépasse largement les frontières des États et des institutions financières et ne peut être reléguée au second plan, même en temps de crise économique.

« Justement, parce que le climat économique est dégradé, on ne peut pas laisser l’argent échapper à la société. La criminalité détourne les ressources publiques. C’est un combat pour le citoyen, pour l’école, pour l’hôpital, » explique la sénatrice.

Riyad marquera une nouvelle étape. Et pour elle, chaque conférence, chaque échange entre professionnels, chaque progrès technique ou réglementaire contribue à une économie plus saine et plus équitable.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.