Maroc : le journaliste Soulaimane Raissouni condamné à cinq ans de prison

En grève de la faim depuis 93 jours, le journaliste n'était pas présent au tribunal. La dernière fois qu'il est apparu à la cour, le 10 juin, il marchait en titubant, son corps amaigri et la peau sur les os. (Photo, AFP)
En grève de la faim depuis 93 jours, le journaliste n'était pas présent au tribunal. La dernière fois qu'il est apparu à la cour, le 10 juin, il marchait en titubant, son corps amaigri et la peau sur les os. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

Maroc : le journaliste Soulaimane Raissouni condamné à cinq ans de prison

  • Face aux critiques, les autorités marocaines, elles, ont toujours mis en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures
  • A peine le verdict prononcé, quelques voix de protestation ont rompu le silence pesant dans la salle et avant même la levée de l’audience, ses proches et avocats, dépités, l’ont quittée

CASABLANCA: La justice marocaine a condamné vendredi le journaliste Soulaimane Raissouni à cinq ans de prison pour "agression sexuelle", en son absence car il est en grève de la faim depuis 93 jours.


Depuis mai 2020, M. Raissouni, 49 ans, est en détention provisoire à la suite d'une plainte d'un militant LGBT pour "agression sexuelle", des faits qu’il conteste. Ses soutiens dénoncent un "procès politique", tandis que le plaignant se défend d’être "instrumentalisé politiquement".


Au Maroc comme à l'étranger, le cas du journaliste mobilise: des défenseurs des droits humains, des intellectuels, des responsables politiques avaient réclamé sa libération provisoire, en vain. 


Face aux critiques, les autorités marocaines, elles, ont toujours mis en avant l'indépendance de la justice et la conformité des procédures.


Vendredi, le juge a ordonné de faire venir le journaliste, absent de son procès depuis la mi-juin, afin qu'il entende sa condamnation, mais le prévenu a "refusé", d'après un procès-verbal lu au cours de l’audience à la cour d'appel de Casablanca.


A peine la sanction prononcée, quelques voix de protestation, parmi les soutiens du journaliste, ont rompu le silence pesant dans la salle et avant même la levée de l’audience, ses proches et avocats, dépités, l’ont quittée.


"C'est une boucherie judiciaire, comment peut-on condamner un accusé en son absence ? C’est du jamais vu ! Le verdict est à l’image de ce procès", a déclaré Me Miloud Kandil, un des avocats de M. Raissouni, à la sortie de la salle d'audience.


La défense ne plaidait plus depuis mardi pour protester contre le refus du juge d'hospitaliser puis de faire venir le prévenu, qui n’a pas été auditionné par la cour.


Le journaliste s’est dit prêt à assister à son procès, à condition "d'être transporté en ambulance et d'avoir un fauteuil roulant". Son absence a été considérée comme un "refus" par la cour qui a décidé de poursuivre sans lui.

Santé «critique»
Durant l'ultime audience, le parquet a requis la peine maximale, estimant que les déclarations du journaliste étaient "contradictoires" tandis que celles du plaignant étaient "concordantes et cohérentes".


Le plaignant, lui, a réaffirmé durant son audition jeudi devant le juge "sa version des faits telle que racontée à la police et au juge d'instruction", niant que cette affaire soit "instrumentalisée politiquement", a indiqué son avocat Me Omar Alouane.


La santé "critique" de l'éditorialiste inquiète ses soutiens et ses proches, surtout depuis que M. Raissouni n'a pas renoncé à sa grève de la faim, entamée depuis le 8 avril contre une "grande injustice ressentie". 


L'administration pénitentiaire (DGAPR) avait affirmé mardi que le journaliste usait de sa "prétendue grève de la faim" pour "pousser le tribunal compétent à le remettre en liberté".


La dernière fois qu'il est apparu à la cour, le 10 juin, il marchait en titubant, son corps amaigri et la peau sur les os. 


La peine de M. Raissouni a été assortie d'un dédommagement au plaignant de 100.000 dirhams (environ 9.500 euros).


Ce procès s'est ouvert en février, alors que le journaliste avait été placé en détention préventive en mai 2020. Il a été arrêté suite à la publication par le plaignant d'un post sur Facebook accusant le journaliste de l’avoir "agressé sexuellement". 

«Apaisement»
Après son arrestation, une pétition de soutien signée par une centaine de défenseurs des droits humains, des politiques et intellectuels avait dénoncé le "ciblage des journalistes et des défenseurs des droits humains critiques à l'égard des autorités, avec les mêmes méthodes basées sur des accusations sexuelles".


Plus récemment, des partis politiques avaient appelé à la libération de journalistes et à "créer un climat général positif basé sur un apaisement politique et la protection des droits humains". 


Le rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum –- en cessation de paiements depuis mars -- signait régulièrement des éditoriaux critiques.


Sa nièce Hajar Raissouni, reporter au même journal, avait été condamné à un an de prison pour "avortement illégal" et "relations sexuelles hors mariage" en 2019 avant d'être gracié par le roi Mohammed VI.


Le fondateur du quotidien arabophone Taoufik Bouachrine avait lui été condamné à 12 ans de prison en 2018, une peine alourdie à 15 ans en appel, pour des violences sexuelles qu'il a toujours niées.


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com