Les talibans se considèrent «plus qualifiés» que Kaboul pour gouverner l'Afghanistan

Le porte-parole des talibans Souhail Chahine, à gauche, avec d'autres membres de la délégation politique du mouvement des talibans afghans, lors d'une conférence de presse à Moscou. (Photo, AFP)
Le porte-parole des talibans Souhail Chahine, à gauche, avec d'autres membres de la délégation politique du mouvement des talibans afghans, lors d'une conférence de presse à Moscou. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 16 juillet 2021

Les talibans se considèrent «plus qualifiés» que Kaboul pour gouverner l'Afghanistan

  • «Nous devons d'abord parvenir à une solution concernant la feuille de route politique, puis nous allons opter pour un cessez-le-feu»
  • «L'Afghanistan ne sera jamais un centre de rivalités pour les pays voisins»

DUBAÏ : Les talibans sont plus qualifiés pour diriger une future organisation politique en Afghanistan que le gouvernement actuel de Kaboul, a déclaré mercredi un porte-parole du groupe à Arab News dans une interview exclusive, au milieu d'une flambée de violence et de doutes croissants sur l'avenir des négociations de paix soutenues par les États-Unis.

Des responsables talibans ont affirmé la semaine dernière que le groupe a pris le contrôle de 85% du territoire afghan. Une affirmation que Kaboul rejette comme une campagne de propagande acharnée, au moment où les forces étrangères, notamment des États-Unis, se retirent de l’Afghanistan après près de vingt ans de combats.

Le porte-parole des talibans, Souhail Chahine, a révélé que «des dizaines de secteurs» se rendent quotidiennement aux insurgés, malgré les «armes et les armements» disponibles avec les forces de sécurité afghanes.

Au cours des deux dernières semaines, les talibans ont envahi des zones frontalières de cinq pays : l'Iran, le Tadjikistan, le Turkménistan, la Chine et le Pakistan.

Lorsqu'on lui a demandé si les talibans disposent de l'expertise et du budget nécessaires pour gérer les affaires quotidiennes des zones qu'ils prennent, Chahine a répondu : «Nous sommes le peuple d'Afghanistan. Nous vivons parmi les gens. Nous avons de l'expérience non seulement depuis un an mais depuis 25 ans. Nos gouverneurs, chefs de sécurité, chefs de sécurité provinciaux, les juges... et tous les comités, qui effectuent le travail d’un ministère, existent déjà depuis 25 ans. Donc, tous nos gens ont de l'expérience. Ils sont plus expérimentés que ceux de l'administration de Kaboul».

Il a signalé qu'il n'y a eu aucun changement dans la circulation des personnes et des marchandises aux postes frontaliers contrôlés par les talibans, et que les commerçants poursuivent leurs activités «normalement».

«À présent, sous le contrôle de l'Émirat islamique d'Afghanistan, ils le font normalement, sans la moindre corruption ou entrave. Ils en sont très contents», poursuit-il.

Chahine explique que les écoles, les bureaux et tous les autres établissements des territoires expropriés par les talibans restent ouverts et opérationnels.

Néanmoins, il a appelé l'ONU et d'autres organisations internationales ainsi que d’autres pays à aider financièrement les talibans.

«C'est important pour que les services soient fournis aux civils», ajoute-t-il. «Nous avons maintenant 85% du territoire afghan sous notre contrôle. Donc, afin de garder tous ces fonctions intactes, opérationnelles et actives, nous avons besoin d'une aide financière».

Une partie de l'accord du retrait américain signé par les talibans et Washington en février de l'année dernière prévoit l'engagement du groupe à accomplir un cessez-le-feu et un accord de partage du pouvoir avec le gouvernement de Kaboul.

Mais peu de progrès ont été réalisés sur ce front, même les nombreux cycles de négociations depuis septembre.

«Nous devons d'abord parvenir à une solution concernant la feuille de route politique, puis nous allons opter pour un cessez-le-feu», précise Chahine lorsqu'on lui a demandé quelles sont les conditions des talibans pour accepter un cessez-le-feu. «C’est un processus ordonné».

Chahine assure par ailleurs qu'aucun individu ou groupe ne serait autorisé à utiliser le sol afghan pour attaquer un autre État. Il cite en particulier Al-Qaïda et les talibans de Tehrik Pakistan (TTP), responsables de dizaines d'attaques très médiatisées au pays voisin, et dont les leaders et les combattants seraient cachés en Afghanistan.

«En ce moment... nous n'avons pas l’ensemble du territoire de l'Afghanistan sous notre contrôle. Quand un nouveau gouvernement islamique sera en place, cette politique (de ne laisser personne utiliser le sol afghan) sera réellement mise en œuvre», dit-il.

«Nous nous sommes engagés de ne pas permettre à qui que ce soit d'utiliser le sol afghan pour mener des attaques contre les États-Unis, leurs alliés ou d'autres pays», maintient Chahine. Il affirme que les talibans ont déjà «envoyé leur message» à Al-Qaïda.

On lui a également demandé comment un nouveau gouvernement des talibans ferait l’équilibre dans ses relations entre le Pakistan et l'Inde, qui ont tous deux des intérêts en Afghanistan.

«Nous ne voulons pas que l'Afghanistan soit un terrain de rivalités d'aucun pays… Une fois un gouvernement islamique en place, je crois que nous consacrerons notre temps à reconstruire le pays. Par conséquent, nous aimerions avoir une coopération avec d'autres pays, ce qui profite à notre peuple, mais, en même temps, nous ne voulons jamais que l'Afghanistan soit un centre de rivalités», affirme Chahine.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

A Spin Boldak, les talibans se vengent sur les biens des officiels en fuite

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Des talibans en liesse hissant le drapeau blanc du mouvement dans la ville afghane de Spin Boldak non loin de la frontière pakistanaise. (Photo, AFP)

Peu après s'être emparés d'une zone frontalière clé avec le Pakistan, des combattants talibans ont envahi la ville afghane de Spin Boldak, pillant les domiciles des responsables gouvernementaux et fonctionnaires en fuite, ont raconté à l'AFP des habitants, joints par téléphone depuis Kandahar.

Les insurgés se sont emparés mercredi du principal poste-frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan et de la localité-clé de Spin Boldak, chef-lieu du district du même nom, située sur la route reliant Kandahar, la grande ville du Sud afghan, à la frontière pakistanaise.

"Les talibans rôdent sur des motos et dans des voitures à travers le marché" de Spin Boldak, à une trentaine de km de la frontière, raconte jeudi Sanaullah, un habitant. "Les maisons des responsables gouvernementaux sont pillées (...) on dirait que les insurgés ont attendu leur revanche durant deux décennies", depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis.

Des photos postées sur les réseaux sociaux - dont l'authenticité n'a pu être vérifiée - montrent des talibans hissant le drapeau blanc du mouvement sur des bâtiments officiels. D'autres montrent des combattants se reposant dans des maisons abandonnées, au milieu de meubles et de vêtements éparpillés.

"Les combattants talibans ont pillé quasiment toutes les maisons des responsables locaux et, après, certains habitants sont même venus à leur tour les piller", a confirmé Jawed, un mécanicien de Spin Boldak.

Des habitants et commerçants de la zone ont indiqué à l'AFP que les talibans les avaient appelés à ne pas fuir, assurant qu'ils étaient en sécurité.

"Par haut-parleur, les talibans ont assuré aux gens qu'ils n'auraient aucun problème avec eux et qu'ils n'avaient aucune raison d'abandonner leurs domiciles", a déclaré Abdul Wali, un commerçant.

Des dizaines de pick-up appartenant aux talibans étaient garés jeudi sur le principal marché de Spin Boldak, alors que des groupes d'insurgés se déplaçaient alentour, a raconté Wali, un des rares commerçants ayant ouvert sa boutique.

La plupart des autres ont gardé le rideau fermé. "Les commerçants ont peur que la situation tourne mal", a expliqué à l'AFP l'un d'eux, Mohammad Rasoul. "Ils ont peur des pillages".

Le poste-frontière du district de Spin Boldak, plus important point de passage entre l'Afghanistan et le Pakistan et importante zone d'échange commercial entre les deux pays, a été rapidement fermé par les autorités pakistanaises mercredi dès que les talibans s'en sont emparés.

"Les talibans ont dit aux commerçants qu'ils étaient en contact avec les autorités pakistanaises pour trouver un accord et rouvrir le point de passage", a déclaré un commerçant Haji Hasti Mohammad, coincé du côté afghan de la frontière, où jeudi le drapeau blanc des "étudiants en religion" flottait toujours sur le poste-frontière.

"Il s'agit de la seule route commerciale dans le Sud afghan", en pleine saison des fruits, "on attend", dit-il.

A partir de vendredi, le passage entre les deux pays sera rouvert aux piétons, dont certains ont commencé à franchir la frontière sous "haute surveillance", a indiqué jeudi soir un responsable des gardes-frontières pakistanais.


Les célébrations de la Journée de l'Afrique à Riyad mettent l'accent sur l'unité et la croissance partagée

Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
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  • Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.
  • Le ministre saoudien présente un plan d'investissement de 25 milliards de dollars et une présence diplomatique accrue sur le continent.

RIYAD : Le vice-ministre des affaires étrangères, Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.

S'exprimant lors de la cérémonie de la Journée de l'Afrique au palais culturel du quartier diplomatique de Riyad, le ministre a décrit l'Afrique comme un continent riche en opportunités, doté de ressources naturelles, d'une population jeune et d'un potentiel renouvelable.

Il a déclaré que les pays africains étaient importants pour la politique étrangère de l'Arabie saoudite : "L'Afrique accueille le plus grand nombre de missions diplomatiques et consulaires saoudiennes, et le Royaume a l'intention de porter le nombre de ses ambassades en Afrique à plus de 40 dans les années à venir.

Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

M. Elkhereiji a ajouté que le Royaume avait fourni plus de 45 milliards de dollars pour soutenir le développement et les projets humanitaires dans 54 pays africains, l'agence d'aide saoudienne KSrelief ayant fourni à elle seule plus de 450 millions de dollars d'aide dans 46 nations africaines.

M. Elkhereiji a ajouté que l'objectif du Royaume était d'investir 25 milliards de dollars en Afrique, d'assurer 10 milliards de dollars d'exportations et d'offrir 5 milliards de dollars de financement du développement au continent d'ici 2030.

L'événement intitulé "Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations" a rassemblé plus de 400 invités, dont des responsables saoudiens, des diplomates, des hommes d'affaires et des membres de la société.

Le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite, Dya-Eddine Said Bamakhrama, a souligné l'importance symbolique et politique de cette journée, la qualifiant de rappel à la poursuite d'une Afrique fondée sur la dignité, l'équité et la justice. 

Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

"C'est une journée de commémoration, d'unité et de responsabilité collective. Nous honorons nos ancêtres, reconnaissons la vision de nos dirigeants et réaffirmons notre engagement en faveur d'un avenir africain fondé sur la dignité, l'équité et la justice", a-t-il déclaré.

Il a souligné la nécessité pour les États africains de faire entendre leur voix dans les forums internationaux, de renforcer la coopération panafricaine et de promouvoir la jeunesse, les savoirs autochtones et les identités culturelles.

M. Bamakhrama a ajouté : "Sur la voie du développement, l'Afrique ne marche pas seule et compte sur la solidarité de ses partenaires, en particulier l'Arabie saoudite. Nous saluons les résolutions adoptées par le sommet Arabie saoudite-Afrique qui s'est tenu à Riyad en 2023 et qui a marqué une étape importante dans le renforcement du partenariat stratégique. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Vision 2030 de l'Arabie saoudite offre de nouvelles possibilités de jeter des ponts durables entre nos peuples. Ensemble, nous pouvons transformer cette coopération en une alliance durable."

Le chef du corps diplomatique africain et ambassadeur du Cameroun en Arabie saoudite, Iya Tidjani, a rendu hommage à la vision des pères fondateurs du panafricanisme, qui considéraient l'unité africaine comme essentielle au développement du continent et à son rayonnement dans le monde.

"Il y a 62 ans, alors que l'Afrique portait encore les stigmates de l'esclavage, de la colonisation, de l'apartheid et de la discrimination, les chefs d'État africains ont jeté les bases de la charte de l'Organisation de l'unité africaine, marquant ainsi un tournant dans la quête de l'indépendance. Leurs successeurs, soutenus par l'Union africaine, restent engagés", a-t-il déclaré. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Journée de l'Afrique, anciennement Journée de la liberté africaine et plus tard Journée de la libération africaine, trouve son origine dans la résistance collective du peuple africain. La commémoration de 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains, perpétue cet héritage".

Il a exhorté les jeunes générations à s'inspirer de cet héritage et à œuvrer à la réalisation des objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, à savoir une croissance économique inclusive et durable sur l'ensemble du continent.

En marge de la réception, la diversité culturelle de l'Afrique a été mise en valeur par une exposition d'artisanat représentant différents pays.

À travers cette célébration, le corps diplomatique africain a voulu transmettre à la communauté internationale sa solidarité, son unité et sa détermination, tout en appelant au dialogue, à la reconnaissance historique et à l'action concrète en faveur de la justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 

 


Le Dalaï Lama confirme qu'il aura un successeur, la Chine veut approuver son nom

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.  Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur. Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
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  • Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen
  • La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main

MC LEOD GANJ: Le Dalaï Lama a confirmé mercredi qu'un successeur serait désigné à sa mort pour perpétuer sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine, s'attirant la riposte immédiate de la Chine qui exige d'approuver son nom.

"J'affirme que l'institution du Dalaï Lama sera perpétuée", a-t-il indiqué dans un message très attendu lu lors d'une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil.

Sans surprise, la Chine, dont les troupes ont envahi le Tibet en 1950 et en ont fait une province chinoise, a aussitôt réagi.

"La réincarnation de grandes figures bouddhistes comme le Dalaï Lama et le Panchen Lama doit être désignée par tirage au sort (...) et ensuite approuvée par le gouvernement central", a rappelé Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien.

Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen.

La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main.

"Selon la tradition" 

"La responsabilité (de la nomination d'un successeur, ndlr) reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama", a rappelé mercredi le message du dirigeant tibétain.

"Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance (du successeur) en accord avec la tradition passée", a-t-il insisté", "personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question".

L'actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, a déjà écarté à plusieurs reprises l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois.

Il sera forcément "né dans le monde libre", a-t-il promis publiquement .

"Rien n'a changé en ce qui concerne l'implication de la Chine, le sujet n'a pas été évoqué en détail", a précisé devant la presse, après la diffusion du message, un représentant du bureau du Dalaï Lama, Samdhong Rinpoche.

En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan.

Et elle avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le "faux Panchen".

Le défi lancé à la Chine par le Dalaï Lama a réjoui mercredi la communauté tibétaine.

"Nous nous opposons résolument à toute interférence ou tentative de la Chine d'installer un Dalaï Lama fantoche", a souligné auprès de l'AFP un Tibétain en exil, Jigme Taydeh.

"Combat" 

"Cette décision donne à la communauté internationale l'occasion historique (...) d'envoyer un message fort à Pékin et à tous les régimes autoritaires", a renchéri une partisane de l'autonomie du Tibet, Chemi Lhamo, 30 ans.

"Je n'ai aucun doute sur le fait que notre combat pour la vérité et la justice finira par l'emporter", a ajouté cette femme, exilée aux Etats-Unis.

Même si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du "cycle de la réincarnation".

Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge.

"J'ai reçu en particulier, par divers moyens, de nombreux messages de Tibétains du Tibet répétant ce même appel", a-t-il indiqué.

An nom de son bureau, Samdhong Rinpoche, a précisé qu'aucune autre instruction n'avait pour l'heure été donnée sur la procédure de nomination.

"Elles ne sont pas nécessaires à cette heure", a indiqué M. Rinpoche lors d'une conférence de presse, "Sa Sainteté le Dalaï Lama est actuellement en pleine forme".

En 2011, le Dalaï Lama avait renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement en exil.

Les festivités organisées pour son 90e anniversaire se poursuivent jusqu'à la fin de la semaine.

 


Quatre responsables tués dans une explosion dans le nord-ouest du Pakistan

Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
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  • Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa
  • L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad

PESHAWAR: Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police.

Onze personnes ont également été blessées dans cette explosion survenue près d'un marché et qui n'a pas jusqu'ici été revendiquée, a ajouté Waqas Rafiq, officier de police à Bajaur, dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa.

Les violences se sont multipliées dans l'ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul à l'été 2021.

Islamabad accuse son voisin de ne pas déloger les rebelles qui utilisent son sol pour attaquer le Pakistan, ce que l'Afghanistan dément.

Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa.

L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad.

Au total, depuis le 1er janvier, selon un décompte de l'AFP, près de 300 personnes, en majorité membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l'Etat, dans le Khyber-Pakhtunkhwa, comme dans la province voisine du Baloutchistan.