L'Occident devrait aider les Iraniens à réaliser leur rêve démocratique

De nombreux Iraniens à l'étranger ont dit «oui» la semaine dernière à une alternative démocratique alors que des dizaines de milliers de personnes de 105 pays se sont réunies virtuellement pour le Sommet mondial de l'Iran libre 2021. (Photo, AFP)
De nombreux Iraniens à l'étranger ont dit «oui» la semaine dernière à une alternative démocratique alors que des dizaines de milliers de personnes de 105 pays se sont réunies virtuellement pour le Sommet mondial de l'Iran libre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

L'Occident devrait aider les Iraniens à réaliser leur rêve démocratique

L'Occident devrait aider les Iraniens à réaliser leur rêve démocratique
  • De nombreux Iraniens à l'étranger ont exprimé leur opposition à l'establishment théocratique
  • Le peuple iranien veut une république libre et démocratique tournée vers l'avenir, pas sur les dictatures passées du chah ou des mollahs

Par leurs protestations publiques, de nombreux Iraniens ont clairement indiqué qu’ils aspiraient à établir un système de gouvernance démocratique dans le pays. Et après le boycott de l'élection présidentielle théâtrale de l'Iran le mois dernier, la communauté internationale ne peut plus prétendre que le peuple iranien ne rejette pas la théocratie au pouvoir.

De nombreux Iraniens à l'étranger ont également exprimé leur opposition à l'establishment théocratique. Le mois dernier, le peuple iranien a dit «non» au régime à travers son boycott des élections. Et de nombreux Iraniens à l'étranger ont dit «oui» la semaine dernière à une alternative démocratique alors que des dizaines de milliers de personnes de 105 pays se sont réunies virtuellement pour le Sommet mondial de l'Iran libre 2021 et ont appelé à un Iran libre. Plus de 1 000 personnalités bien connues et une liste impressionnante de hauts responsables ont assisté à cet événement de trois jours, dont plus de 250 parlementaires des États-Unis, du Canada, d'Europe et d'ailleurs.

Les dirigeants iraniens ont exprimé leur colère face au soutien de hauts responsables politiques américains et européens au groupe d'opposition du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), organisateur de l'événement. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du régime, Saeed Khatibzadeh, a accusé ces politiciens de «se vendre à bas prix».

C’est le signe que le régime craint que les Iraniens à l'étranger ne se mobilisent contre les mollahs et obtiennent le soutien de l'Occident. Pourquoi les dirigeants iraniens sont-ils préoccupés par de tels rassemblements? Tout d'abord, certains anciens chefs d'État européens qui insistaient auparavant pour s’engager avec la théocratie, déclarent que la «modération» au sein du régime est un mythe. 

À titre d’exemple, l'ancien Premier ministre italien, Matteo Renzi, a souligné à plusieurs reprises lors de la conférence que l'Europe, y compris lui personnellement, avait essayé de négocier avec le régime mais avait échoué. Il a précisé que la seule voie à suivre pour l'Union européenne (UE) «est d’essayer de donner de l'espoir aux gens qui se battent contre le régime... Je suis absolument persuadé qu'il n'y a aucun moyen d’instaurer la paix, la prospérité et un meilleur avenir pour l'Iran si nous n'acceptons pas l'idée d'un changement radical de régime.»

Pour la première fois lors du rassemblement annuel ou d'une réunion du CNRI, un chef d'État en exercice s'est exprimé et a condamné avec véhémence les violations des droits humains commises par le régime. Le Premier ministre slovène, Janez Jansa, a mentionné l'horrible massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques par l'Iran en 1988. Il a déclaré: «Pendant près de trente-trois ans, le monde a oublié les victimes du massacre de 1988. Cela doit changer. Une commission d'enquête des Nations unies serait d'une importance cruciale pour faire la lumière sur le terrible massacre de 1988.»

Le régime a été particulièrement irrité par les propos de Janez Jansa et a convoqué l'ambassadeur de Slovénie à Téhéran. Mais la Slovénie a continué à défendre sa position courageuse et a maintenu son appel à une enquête internationale sur ce massacre. Les autres pays européens devraient prendre exemple sur Matteo Renzi et Janez Jansa.

 

 

Téhéran craint les soulèvements susceptibles de renverser le régime et a donc choisi Ebrahim Raïssi pour renforcer ses défenses.

Dr Majid Rafizadeh

Les dirigeants iraniens sont également inquiets car le rassemblement de l'Iran libre a révélé à quel point le régime est illégitime et indésirable parmi le peuple iranien. En effet, l'ancien secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, qui a également pris la parole lors de l'événement, a eu raison de dire: «Le combat central est dans les rues, dans les mosquées et dans la tête des Iraniens. C'est le clivage entre le peuple et l'opposition organisée en quête de liberté et de démocratie d'un côté, et l'ensemble du régime de l'autre.»

Il semble que les réalités sur le terrain en Iran se soient finalement imposées à la communauté internationale. Après quatre séries de bouleversements nationaux majeurs en autant d'années, la communauté internationale prend conscience du fait que l'Iran est à la croisée d'un changement majeur.

Le peuple iranien veut une république libre et démocratique tournée vers l'avenir, pas sur les dictatures passées du chah ou des mollahs. L'impressionnant boycott national de l'élection présidentielle du 18 juin, que même le régime a reconnu être un désastre pour la théocratie, a prouvé une fois de plus que les dirigeants sont méprisés chez eux.

L’ascension du président élu, Ebrahim Raïssi, – un meurtrier impliqué dans le massacre de 1988, selon le principal groupe de défense des droits humains Amnesty International – est un signe de faiblesse et de désespoir. Elle est la preuve que Téhéran craint les soulèvements susceptibles de renverser le régime et a donc choisi Ebrahim Raïssi pour renforcer ses défenses.

La montée en puissance de M. Raïssi montre également que les concessions et les mesures incitatives ne fonctionnent pas. Ce régime ne comprend que le langage de la force et de la détermination.

Le Conseil de sécurité des nations unies devrait enfin écouter le peuple iranien et tenir les auteurs de crimes contre l'humanité responsables de leurs horribles exactions. Ne pas le faire conduira à un désastre humanitaire.

 

• Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. 

Twitter : @Dr_Rafizadeh


NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.