Joie et manifestations dans les rues de Tunis après les annonces faites par Saïd

Un bras de fer en cours depuis six mois entre le chef du Parlement Rached Ghannouchi – aussi chef de file du principal parti, Ennahdha – et le président Kais Saïd, paralyse le gouvernement et désorganise les pouvoirs publics. (Photo, AFP)
Un bras de fer en cours depuis six mois entre le chef du Parlement Rached Ghannouchi – aussi chef de file du principal parti, Ennahdha – et le président Kais Saïd, paralyse le gouvernement et désorganise les pouvoirs publics. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 26 juillet 2021

Joie et manifestations dans les rues de Tunis après les annonces faites par Saïd

  • Klaxons, feux d'artifice, you-you: des centaines de personnes ont bravé le couvre-feu et se sont rassemblées sur l'avenue Bourguiba, la principale artère de Tunis
  • Des scènes similaires ont également eu lieu dans d'autrs villes du pays

TUNIS: "C'est ça le président qu'on aime", lance Nahla, une trentenaire brandissant le drapeau tunisien au milieu d'une foule compacte descendue dans la rue pour manifester sa joie après la décision nocturne du président tunisien de suspendre les travaux du Parlement.

"Ce sont des décisions courageuses, Saïd débloque la Tunisie, c'est ça le président qu'on aime", assure-t-elle, sa fille sur ses épaules.

Un bras de fer en cours depuis six mois entre le chef du Parlement Rached Ghannouchi – aussi chef de file du principal parti, Ennahdha – et le président Kais Saïd, paralyse le gouvernement et désorganise les pouvoirs publics.

Dimanche soir, le président Saïd a annoncé "le gel" des activités du Parlement pour 30 jours, "une décision qui aurait dû être prise depuis des mois" selon lui.

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(Photo, AFP)

Il a aussi décidé de démettre de ses fonctions le chef du gouvernement Hichem Mechichi. 

Il se chargera lui-même du pouvoir exécutif "avec l'aide d'un gouvernement dont le président sera désigné par le chef de l'État", a-t-il dit à l'issue d'une réunion d'urgence au Palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité.

"Enfin les bonnes décisions arrivent! On se débarrasse enfin des principaux maux de la Tunisie: le Parlement et Mechichi!", lance joyeusement Maher à Menzah 9, un quartier du nord-ouest de Tunis.

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(Photo, AFP)

L'opinion publique tunisienne est exaspérée par les conflits entre partis au sein d'un Parlement balkanisé, d'autant que le pays, face à un mur de dettes, traverse une profonde crise économique, sociale, et depuis début juillet, sanitaire.

«Débloque»

Klaxons, feux d'artifice, you-you: des centaines de personnes ont bravé le couvre-feu et se sont rassemblées sur l'avenue Bourguiba, la principale artère de Tunis, mais aussi dans de nombreux quartiers de la capitale.

Des scènes similaires ont également eu lieu dans d'autrs villes du pays. Ainsi à Gafsa (centre), des centaines de personnes sont sorties dans les rues.

"Saïd a montré qu'il était un vrai homme d'État! Il a compris ce que le peuple voulait: le dissolution du Parlement et le limogeage de Mechichi", estime à Tunis Farhat, 49 ans, enveloppé dans le drapeau tunisien.

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(Photo, AFP)

Dans les cortèges de voitures emplissant les rues, hommes et femmes, notamment des jeunes, hurlent, chantent et dansent, d'autres filment avec leurs portables "des moments historiques" selon eux.

Des habitantes lancent des youyous depuis leurs fenêtres, criant "vive la Tunisie".

Des jeunes sautent au milieu de la foule, scandant des slogans hostiles au parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principal parti parlementaire.

"Notre patience a atteint sa limite, il n'y plus de place pour les perdants! Ça suffit, game is over!", crie Ibrahim, 24 ans, reprenant un slogan des manifestations monstres qui avaient fait tomber le régime de Ben Ali en quelques jours début 2011.

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(Photo, AFP)

«Naissance d'un dictateur»

Ces habitants sont sortis peu après les annonces faites vers 22h locale (21H GMT), en dépit du couvre-feu nocturne imposé de 20H00 à 05H00 pour limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19.

Quelques heures auparavant, des milliers de Tunisiens avaient manifesté dans plusieurs villes du pays, malgré un important déploiement policier pour limiter les déplacements.

Les protestataires avaient notamment réclamé la "dissolution du Parlement".

"Tout ce qui se passe depuis ce matin est bien orchestré, ce qu'a fait Saïd est un coup d'État contre la Constitution", a accusé un haut responsable d'Ennhadha, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

"Nous sommes aussi capables d'organiser de grandes manifestations pour montrer le nombre de Tunisiens qui sont opposés à ces décisions", a-t-il assuré.

"Ces ignorants fêtent la naissance d'un nouveau dictateur", souffle un quadragénaire regardant les festivités sans enthousiasme.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.